25 avril 2008

RSA : "Prendre aux pauvres pour donner à plus pauvres qu'eux"

Pas très brillant notre timonier hier soir à la télévision. Il faut dire qu'entre des énumérations de chiffres sortis de leur contexte et une resucée de son programme de candidat, il n'avait pas grand chose "à vendre"

Si l'antienne libérale n'a surpris personne, beaucoup l'attendaient sur sa dernière cartouche sociale (le plan banlieue étant déja un mauvais souvenir) : Le RSA

Pour rappel, qu'est ce que le RSA :

Destiné aux travailleurs pauvres et aux bénéficiaires des minima sociaux (dans un premier temps ceux du RMI et de l'API, l'allocation parent isolé), le revenu de solidarité active (RSA) vise à inciter à la reprise d'une activité professionnelle grâce au cumul possible pendant trois ans d'un revenu du travail et des prestations sociales. Ce dispositif, défendu par Martin Hirsch, est destiné à faire sortir des bénéficiaires de la pauvreté.

Martin Hirsch qui dans une interview au JDD le 24 juin 2007 expliquait : Il estime ainsi que si 25 départements se portent volontaires pour l'expérimentation - comme le projet de loi en faveur du travail, de l'emploi et du pouvoir d'achat en donne la possibilité -, environ 50.000 bénéficiaires du RMI et de l'allocation de parent isolé (API) pourraient bénéficier de ce test en grandeur nature. Il annonce par ailleurs la mise en place, le mois prochain, d'un "Comité national d'évaluation" chargé de suivre ces expérimentations.

L'objectif final reste la généralisation du RSA, destiné à remplacer le RMI, "qui souffre d'une image négative depuis sa création", il y a vingt ans. Désireux de ne "pas avancer à la hussarde", Martin Hirsch estime que "la rédaction d'un projet de loi sur le RSA prendra un an" et pense donc être prêt "fin 2008". Il confirme également que la loi créant le RSA "intégrera les réformes des minima sociaux

Le haut commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté estime le surcoût du RSA à 3 ou 4 milliards d'euros. Selon lui, ce chiffre moins élevé que prévu - les premières estimations tablaient sur 6 à 8 milliards d'euros - se fonde sur le coût moyen de 1.200 euros par bénéficiaire, constaté par les premiers départements expérimentateurs. La réduction du nombre de bénéficiaires du RMI, qui semble désormais bien amorcée, pourrait également jouer en faveur d'un allègement du coût de la réforme. Reste néanmoins la question du financement de ce surcoût, et notamment celle de la part qui incomberait aux départements. Sur ce point, Martin Hirsch, tout en évoquant la nécessité de "générer des recettes supplémentaires", reste très évasif, évoquant surtout la nécessité d'une volonté politique : "Si le RSA s'avère utile et efficace, on trouvera les moyens"

Nous sommes, depuis hier soir, selon le chef de l'Etat, sur une base de 1 milliard pour financer le RSA ! Mais comment puisque les caisses sont vides ?

Et bien tout simplement en "redéployant" (terme pudique pour dire qu'on deshabille Paul pour habiller Pierre) les montants affectés à la prime pour l'emploi. "Le Revenu de solidarité active (RSA), dont Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi la généralisation en 2009 pour un coût de 1 à 1,5 milliards d'euros, soit moitié moins qu'évoqué initialement, doit compléter les ressources des travailleurs pauvres et des bénéficiaires de minima sociaux ... / ... «Le RSA se fera en maîtrisant le coût parce qu'on va redéployer une partie du coût de la prime pour l'emploi», créée en 2001 et versé aux titulaires de bas salaires, également dans le but d'inciter au retour au travail, a expliqué le chef de l'Etat ... / ... " Source Le Parisien

Petit retour et définition de la Prime pour l'emploi

Une prime pour l'emploi (PPE) est accordée aux personnes physiques fiscalement domiciliées en France. Pour en bénéficier, cinq conditions doivent être remplies.

Les conditions d'octroi de la prime

Le revenu fiscal de référence du foyer fiscal ne doit pas dépasser pour l'année 2007 16.251€ pour les personnes célibataires, veuves ou divorcées, et 32.498€ pour les couples soumis à une imposition commune. Ces limites sont majorées de 4.490€ pour chaque demi-part supplémentaire de quotient familial.

Pour bénéficier de la PPE, il faut que l'un au moins des membres du foyer fiscal exerce une activité professionnelle, qu'elle soit salariée (secteur privé ou public) ou non salariée (artisan, commerçant, agriculteur, profession libérale...). L'activité professionnelle peut être exercée à temps plein ou à temps partiel, sur toute l'année ou sur une partie de l'année seulement. Lorsque l'activité n'est pas exercée à temps plein, les revenus professionnels doivent être convertis en "équivalent temps plein".

Le montant des revenus d'activité professionnelle de chaque personne du foyer fiscal susceptible de bénéficier de la prime, doit être compris pour l'année 2006 et pour une activité exercée à temps plein, entre 3.743€ et 17.451€ si la personne est célibataire, veuve, divorcée sans enfant, ou avec des enfants qu'elle n'élève pas seule, ou s'il s'agit d'un couple marié bi-actif, ou enfin si une personne du foyer fiscal exerce une activité lui procurant au moins 3.743€. Si le couple est mono-actif, ou si la personne élève seule un ou plusieurs enfants, les revenus doivent alors être compris entre 3.743€ et 26.572€.

Les membres du foyer fiscal ne doivent pas être imposables à l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) au titre de l'année de réalisation des revenus d'activité professionnelle servant au calcul de la PPE. Cette exclusion est applicable aux personnes assujetties à l'ISF au titre du 1er janvier 2007 pour la prime versée en 2008 (disposition applicable depuis la PPE 2007). Source Le Particulier

Interrogé hier soir sur l'évenetualité d'un remise en cause du bouclier fiscal pour financer cette mesure fiscale, la réponse à été claire : Il n'est pas question de revenir sur cet acquis sous peine de voir les plus aisés quitter la France. Il est à noter que le chef de l'Etat avoue ne posséder aucune donnée concernant le nombre de migrants aisés depuis la mise en place du bouclier fiscal !!!

Au fait, n'avait-on pas parlé (rapidement) d'un bouclier sanitaire pour éviter que les franchsies médicales n'empêche les plus modestes de se soigner ?

C'est donc avec un budget réduit comme une "peau de chagirn" que notre Président et son Haut Commissaire vont lancer le RSA en 2009.

Enfin, nous avons une certitude depuis hier soir, un nouveau concept est né : "Prendre au pauvres pour donner à plus pauvre qu'eux" Et oui, tout est possible en France. Y compris d'inventer un "Robin Hood" gestionnaire des pénuries.

24 avril 2008

A la recherche de la popularité perdue

A la recherche d'un second souffle, le chef de l'Etat répond ce soir, pendant quatre-vingt-dix minutes, aux questions de cinq journalistes de TF1, France Télévisions et LCI.

Les sujets à aborder sont aussi nombreux que les sujets de réformes : Croissance en berne, Malaise étudiant, Sans papier, RSA, allocations familiales, flexibilité, gestion des chômeurs, avenir du rapport ATTALI, ouverture politique, remous et distensions à l'UMP et surtout grogne généralisé des français qui voient les prix augmenter sans le moindre espoir de voir leur salaire faire de même.

Si on ajoute son goût prononcé pour la provocation de quelques ministres pour lesquels il a des faiblesses (se reconnaît-il lorsqu'il était jeune ?) La détestation d'un Premier Ministre qui ne l'aurait jamais rejoint si Dominique de VILLEPIN l'avait nommé ministre. Une attitude de "Jet setter" ami et client du grand Massimo Gargia ... Une petite augmentation de salaire de 140% et le triplement du budget de l'Elysée qui est passé de 32 à 100 millions d'euros.

On obtient : "79% des cadres et professions libérales (79% de jugements défavorables contre 19%) sont les plus sévères quant à l'action de M. Sarkozy, dépassant les ouvriers (74% contre 16%). Plus les personnes interrogées sont diplômées, plus elles sont sévères. Selon le sondage, 58% des spersonnes interrogées estiment que M. Sarkozy "incarne mal la fonction présidentielle" Source Agence de Presse Xinhua Et oui même les chinois en parlent !!!

Notre omniprésent qui aime à se comparer à Charles De GAULLE pour son action de sauveur de la France a, nous semble t-il, un peu de mal à endosser ses habits.

Un point commun peut être ?

Le sauveur de la France perdait son aura et son pouvoir en 1968 en sera t-il de même 40 ans plus tard pour son successeur actuel ... avec quelques années de pouvoir en moins ?

En tout cas, ce soir, "travailler plus ..." ou "ensemble tout est possible" ne suffiront pas.


Crédit et copyright image
CABU

23 avril 2008

Coup de pub, coup de coeur : L'histoire de France selon ... Nicolas S

Slovar souhaite présenter à ses lecteurs un ouvrage qui vient de paraître et dont le titre est : "Comment Nicolas Sarkozy écrit l’histoire de France"

Guy Môquet, Jaurès, les colonies et tant d’autres… Nicolas Sarkozy en campagne, puis au début de son mandat, n’a cessé d’utiliser et de brandir des références historiques. Cet usage immodéré de l’histoire a alors mobilisé autant de mises en scène grandiloquentes que de discours de filiation destinés à dessiner les contours d’une France mythique du candidat puis du président. Comment voir clair dans tous ces personnages et événements sans cesse mélangés et associés les uns aux autres en dehors de tout contexte ? Comment comprendre le brouillage de références qui empruntent autant aux grandes figures de la gauche qu’à celles de la droite ? Quels sont les enjeux et les effets politiques de telles constructions historico-politiques ? Une vingtaine d’historiens ont disséqué les usages que fait de l’histoire Nicolas Sarkozy pour permettre de saisir les mécaniques à l’œuvre dans cette vaste entreprise de reconstruction d’un roman national. Sous la forme d’un dictionnaire, un véritable parcours critique dans l’histoire de France revue et corrigée par une droite qui entend refabriquer de l’ "identité nationale"

En librairie depuis le 18 avril 2008 - Collection "Passe et Present"

Editions AGONE
Comment Nicolas Sarkozy écrit l’histoire de France
Comité de Vigilance face aux usages publics de l’histoire

Pouvoir d'achat qu'il disait ...

"Christine Lagarde souligne que l'acquis de croissance se situe à 1,4%. Elle maintient la prévision faite par François Fillon de 1,7% à 2%.

De combien sera la croissance française cette année ? La ministre de l'Economie Christine Lagarde avait annoncé il y a quelques jours qu'elle serait finalement inférieure aux 2% initialement prévus. Le Premier ministre François Fillon avait ensuite donné une fourchette de 1,7% à 2% (contre 1,9% en 2007)

Invitée de Radio Classique, elle répond à ceux qui évoquent la perspective d'une croissance qui se limiterait dans la fourchette de 1,5 à 1,7% : "je crois que c'est très pessimiste parce qu'on a déjà un acquis de croissance de 1,4%, donc ce serait vraiment bien le diable si on allait qu'à 1,5" a-t-elle dit... / ... "
Source : La tribune 2 avril 2008

Devant tant de compétence, les français n'ont pas tardé à montrer leur enthousiasme.

"Après un rebond en février, la consommation des ménages français a de nouveau décroché en mars, reculant de 1,7% sous le coup de l'inflation, "première alerte sérieuse" pour la croissance depuis le début de l'année, aux yeux des économistes.

Selon les chiffres publiés mercredi par l'Insee, la consommation en produits manufacturés, qui ne représente qu'un quart de la consommation totale mais constitue un bon indicateur de la tendance globale, a subi sa deuxième plus mauvaise performance en plus de quatre ans.

"C'est la première alerte sérieuse sur la conjoncture française depuis le début de l'année", en conclut Nicolas Bouzou, chez Asterès.

Le recul est d'autant plus inquiétant qu'il affecte quasiment tous les types de biens. La forte baisse des dépenses de consommation en textile-cuir (-7,9% après +1,4 % en février), contribue à elle seule pour -1,6 point à la baisse des dépenses en produits manufacturés, relève l'Insee ... / ..." Source AFP 23 avril 2008

Pas certain que le nouveau hochet proposé aux français à savoir :

"Ce que je propose est de permettre aux commerçants de faire s'ils le souhaitent et quand ils le souhaitent deux semaines de soldes en plus", déclare la ministre dans un entretien publié dans l'édition de jeudi de France Soir.
Source l'Express

Ne modifie la situation.

Nous nous rapprochons encore un peu plus de la pire interprétation du slogan : "Ensemble tout est possible"

22 avril 2008

Intervention télévisuelle du pédagogue de l'Elysée

Un an après le premier tour de la présidentielle qui l'avait conduit à une victoire sans appel, Nicolas Sarkozy suscite déception et scepticisme chez les Français dans une ambiance économique et sociale de plus en plus morose. Alors jeudi, on va voir ce qu'on va voir ... En direct de l’Elysée, diffusée sur TF1 et France 2 pendant au moins 90 minutes (20 h 15 - 21 h 45) IL va nous parler !!!

L’entourage du Président ayant jugé le duo Patrick Poivre d’Arvor - Arlette Chabot trop « mou » et « daté », il sera cette fois interviewé par le même PPDA (TF1), accompagné cette fois de David Pujadas (France 2). Les rejoindront Véronique Auger (France 3) pour les questions économiques et sociales, Yves Calvi (France 2/France 5) pour le sociétal, et Vincent Hervouët (LCI) pour l’international (sources France Soir)

En attendant, l'équipe de Slovar les Nouvelles (bien aidée par Laurent du Sarkoshow ) dédie à notre une petite carte à l'auteur de cette première année de pouvoir.


Merci qui ?

21 avril 2008

Popularité présidentielle : De nouveaux records

"59% des Français considèrent que la première année de son quinquennat est "plutôt un échec", et ils sont 79% à estimer qu'en un an, il n'a pas permis d'améliorer la situation dans le pays.

Il est crédité de 36% de satisfaits, son plus mauvais score depuis mai 2007, et le pire résultat pour un président après un an de mandat depuis le début de la Vème république en 1958" AFP -Paris

"... / ... les personnes interrogées font part d’une amertume largement majoritaire : 59 % d’entre eux considèrent que cette première période du quinquennat est «plutôt un échec», contre 20 % qui estiment que c’est «plutôt un succès» (1). Si 79% des sympathisants de gauche jugent comme un échec ces premiers onze mois, une petite majorité seulement (52 %) des partisans de l’UMP les voient comme un succès. Il y a pire pour le président de la République : les ouvriers, qui constituaient le gros de ses bataillons électoraux en avril et mai 2007, expriment à 66 % leur désapprobation, et les personnes âgées de plus de 65 ans à 44 %. Dans les catégories socioprofessionnelles, les agriculteurs, les retraités et «autres inactifs» ne sont que 50 % à parler d’échec.

Sans appel. Pas un secteur n’échappe à la désillusion. Ainsi, sur le bilan de la présidence, le chef de l’Etat n’obtient que des soldes négatifs. Ses orientations politiques sont rejetées par 55 % de Français, tout comme la gestion de sa majorité (51 %), son style (54 %) et plus encore sa médiatisation et les résultats obtenus (67 % pour chacun de ces deux) ... / ..."Nous apprend de son côté Libération

On a les records qu'on peut. On aimerait en rire sauf que cela se passe en France et que notre Président n'est pas à un record ou un challenge près. Nous nous retiendrons de lui dire : "Peux mieux faire" ....

Au fait, la prochaine élection a lieu en Juin 2009. Il s'agit des élections européennes. Compte tenu du formidable "Traité de Lisbonne" qui risque de passer à la trappe (si les Irlandais le rejettent - ce qui est tout à fait possible) qui s"ajouterait à cette désastreuse première partie de mandat, il y a lieu de penser qu'il va y avoir des turbulence dans les rangs de l'UMP et du Nouveau Centre.

En regardant de plus près les mesures de restrictions budgétaires et l'arrivée imminente de la crise financière américaine qui impliquera un un resserrement du crédit (que les banques et établissements financiers touchés par les subprimes ne manqueront pas d'appliquer à leurs clients particuliers et entreprises) On se dit que décidement, le slogan "Ensemble tout est possible" était tout sauf anodin.

Bon, on peut se dire qu'il ne reste que ... 1475 jours à tenir !!!

Pour les fans ou ceux qui se demandent s'il ont rêvé en votant en 2007, nous leur proposons la lecture des pages tracts de la campagne présidentielle où ils retrouveront des morceaux de bravoure comme :



Le pouvoir d'achat
Résoudre la crise du logement
Contre les injustices

Attention cette lecture peut provoquer des rires intenses ou des dépressions profondes et peut être ... un nouveau record de popularité.

Merci qui ?

Sources et copyrights
Sarkozy.fr
AFP
Libération
Crédit image
HUB

Nicolas Sarkozy, c’est l’omniprésidence de courte vue

Laurent Fabius dénonce dans un entretien publié par La Croix "l’omniprésidence à courte vue" du président Nicolas Sarkozy, dont "l’énergie" s’est selon lui "transformée en agitation". Revenant sur le terme "omniprésidence", qu’il avait utilisé pour qualifier le style de Nicolas Sarkozy, Laurent Fabius complète : "Après un an d’expérience, je dois préciser : omniprésidence de courte vue."

La Croix : Nicolas Sarkozy s’exprime cette semaine à la télévision pour tirer le bilan de sa première année à la tête de l’État. Quel regard portez-vous sur son action ?

Laurent Fabius : Un regard critique. Non par réflexe pavlovien - c’est l’intérêt général du pays qui m’importe - mais parce que, au vu de son bilan, je constate que la déception l’emporte chez beaucoup de Français qui avaient voté pour Nicolas Sarkozy. De nombreuses promesses n’ont pas été tenues, notamment sur le pouvoir d’achat qui était pourtant son premier engagement. Quant aux marges de manœuvre, elles ont été dilapidées dans le paquet fiscal, que j’appelle plutôt le boulet fiscal, en consacrant 14 milliards d’euros par an à des dépenses qui n’étaient pas toutes prioritaires.

Reconnaissez-vous tout de même au président un vrai volontarisme ?

Son énergie de départ était incontestable mais elle s’est transformée en agitation ; souvent même en une sorte d’immaturité compulsive. Le problème avec Nicolas Sarkozy, c’est que le mot « réforme » est utilisé à toutes les sauces, au point de rendre impopulaire toute réforme. La France a besoin de changements positifs. Pour être acceptée, la réforme doit être juste. Or ce n’est en général pas le cas. Je déplore aussi l’improvisation qui règne au sommet de l’État. J’ai employé le premier l’expression « omniprésidence ». Après un an d’expérience, je dois préciser : omniprésidence de courte vue. Le président devrait être l’homme du long terme, de l’anticipation et de la pondération.

Vous ne le créditez donc d’aucune réussite ?

Il en existe, bien sûr, mais pas dans les domaines les plus décisifs. J’approuve les dispositions prises sur l’interdiction de fumer, même si on peut en discuter les modalités. De même, la poursuite de l’action sur la sécurité routière était indispensable. Tout n’est pas noir ou blanc, mais le bilan d’ensemble est gris nettement foncé. Regardez les dernières mesures antifamiliales : elles sont provocantes !

Et la relance de la construction européenne, stoppée par le « non » français...

C’est la crise de l’Europe qui a causé le « non », plutôt que l’inverse. En refusant un nouveau référendum sur le traité, Nicolas Sarkozy a court-circuité le peuple français. Sur le fond, on s’apercevra que le nouveau texte laisse beaucoup de points en suspens. Rien sur les moyens d’une Europe plus écologique et sociale ni pour lutter contre l’euro cher, rien sur la gouvernance économique de l’Union, rien sur l’Europe nécessaire de l’innovation et de la recherche. Sur le plan international, je déplore que le zèle déployé vis-à-vis de George Bush dans l’Otan, en Afghanistan, ou sur l’Iran, se double d’une prise de distance vis-à-vis de nos amis allemands. L’Europe a besoin d’un couple franco-allemand solide.

Vu le contexte économique difficile, un président de gauche aurait-il fait mieux ?

Toutes nos difficultés ne viennent pas de la crise financière mondiale. Malgré et avant celle-ci, il y avait moyen de faire largement autrement. Un président de gauche aurait choisi des priorités claires et différentes : éducation, recherche, formation, PME, pouvoir d’achat. C’est ainsi qu’il fallait utiliser nos marges de manœuvre. Si j’avais été en fonction, j’aurais affecté environ la moitié de l’argent disponible à la réduction de nos déficits et l’autre moitié à préparer l’avenir (éducation, recherche, investissements) ainsi qu’à améliorer le pouvoir d’achat des plus modestes. Et je n’aurais instauré ni les taxes sur les malades ni donné le feu vert aux OGM.

Un an après, le PS vous paraît-il avoir commencé à tirer les leçons de son échec ?

Beaucoup de progrès reste à accomplir. Le PS doit clarifier sa stratégie et trancher entre ceux qui veulent, comme moi, actualiser le rassemblement à gauche tout en l’ouvrant à d’autres, et ceux qui veulent lui substituer une démarche louvoyante. Il nous faut aussi adapter nos propositions au monde de demain avec les enjeux majeurs que sont l’allongement de la durée de la vie, le défi écologique ou les inégalités mondiales.

Que peuvent attendre les Français du prochain congrès du PS et de vous en particulier ?

Un congrès du PS réussi serait consacré à proposer des solutions d’avenir et à éviter de se déchirer. Il nous faut travailler sur le fond au lieu de nous focaliser sur la question de la candidature à la prochaine présidentielle. Quant à moi, je refuse de me mêler aux petites bagarres intestines. Il faut éviter le « bling-bling » et les paillettes.

Nous avons besoin de sérieux en politique. C’est le choix que je fais.

Sources et Copypright
La Croix
Le site de Laurent FABIUS