La retraite ou le chômage?

Eric Aubin et Maurad Rabhi, membres de la direction confédérale de la CGT, jugent que le recul de l'âge légal est une «absurdité économique et sociale». «Six salariés sur dix ne sont déjà plus au travail au moment de liquider leurs droits à la retraite.»

 

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On ne le dira jamais assez : l'allongement de la durée d'activité est une absurdité économique et sociale quand six salariés sur dix ne sont déjà plus au travail au moment de liquider leurs droits à la retraite.

La plupart sont au chômage, les autres en longue maladie ou en invalidité. Selon la Dares, le nombre de chômeurs de plus de 50 ans a encore augmenté de 16,8 % au cours de la dernière année.

Que se passerait-il avec le recul de l'âge légal du départ en retraite? La plupart resteraient chômeurs au lieu d'être retraités. Mais le statut de chômeur est beaucoup moins enviable que celui de retraité. L'actuelle convention Unedic permet aux demandeurs d'emploi de plus de 50 ans d'être indemnisés sous conditions pendant 36 mois à hauteur en moyenne de 57 % de leurs revenus d'activité antérieurs.

A l'issue de cette durée, ils basculent dans le régime des minima sociaux (RSA ou ASS) pour un montant d'environ 460 euros par mois. Ils peuvent aussi bien être condamnés à effectuer des petits boulots en application de la nouvelle réglementation sur l'offre raisonnable d'emploi (ORE).

Les chômeurs qui ont cotisé suffisamment mais n'ont pas atteint l'âge légal du départ à la retraite sont pris en charge par l'Etat, via l'allocation équivalent retraite (AER) d'un montant d'environ 980 euros par mois. Mais ce dispositif arrive à échéance à la fin de l'année et le Premier ministre. François Fillon, a demandé aux partenaires sociaux de prendre le relais dans le cadre de la renégociation de la convention d'assurance chômage. Autrement dit, l'Unedic est appelé à la rescousse pour pallier les conséquences de la réforme des retraites: un comble !

Au total, la note risque d'être particulièrement salée pour le régime d'assurance chômage financé par les cotisations et géré par les partenaires sociaux. Les services de l'Unedic l'évaluent à environ un demi-milliard d'euros par an. Nous pensons que ce chiffre est sous-évalué. Alors que le déficit de l'assurance chômage dépasse les 10 milliards d'euros, le système n'indemnise qu'un demandeur d'emploi sur deux seulement.

Sachant que le Medef ne veut pas entendre parler d'une augmentation des cotisations et que l'exposé des motifs du projet de loi sur les retraites prévoit même de baisser les cotisations chômage pour en transférer une partie vers les régimes de retraite, nous avons quelques raisons de redouter demain une nouvelle offensive contre les droits des chômeurs.

Au bout du compte, la réforme des retraites risque donc de se payer au prix d'une hausse de la pauvreté chez les salariés en fin de vie professionnelle, avec des répercussions en chaîne sur le montant de leur future pension. C'est pourquoi il est urgent de se mobiliser pour la mettre en échec.

Eric Aubin et Maurad Rabhi sont membres de la direction confédérale de la CGT, chargés respectivement des retraites et de l'emploi. 

J'avais laissé sur le billet de Mathieu Magnaudeix (la machine à fabriquer des chômeurs) le commentaire suivant:

"Ouf, merci Mathieu, enfin, on en parle, des "vieux" chômeurs ! A
peine si la question avait été effleurée dans les débats tellement tout
se focalisait sur la "pénibilité" et les "femmes ayant eu 3 enfants" et
une carrière en dents de scie.... 

Si mes calculs sont justes, le nombre de  "seniors" en "fin de
droits" nés après 51 (donc touchés par la réforme) va exploser dans les
deux ou trois prochaines années. Ça va faire pas mal de gens sous les
ponts.... ou à l'ASS pour ceux qui y auront droit.  Il y a ceux qui
auraient été prêts à prendre à 60 ans une retraite même avec forte
décote parce qu'ils n'avaient pas le nombre de trimestres nécessaires
et que ne trouvant pas de boulot, ils n'avaient pas le choix.  Mais non
seulement ils ne le pourront plus, mais en plus (la double peine) la
durée de cotisations a augmenté en même temps.....ce qui fait qu'ils
auront forcément un passage d'un, deux ou trois ans (sinon plus)
totalement "à blanc"....

Quant au dispositif actuel de l'assurance-chômage stipulant que tous
ceux qui n'avaient pas atteint leur nombre de trimestres à 60 ans et 6
mois étaient par accord tacite prolongés jusqu'à l'âge de leur taux
plein, va-t-il pouvoir être prolongé ? Rien n'est dit nulle part sur ce
sujet ! Déshabiller Pierre pour Paul, à savoir la branche vieillesse
pour la branche chômage ou laisser tout en l'état et que chacun se
démerde ?

Et quand on regarde les actualisations de règlementations sur le
site de Pôle Emploi, on se rend compte que même le dispositif qui
permettait aux chômeurs couverts pour 36 mois de prolonger leur
couverture par des reprises partielles d'activité (vacations, CDD...)
de proroger leurs droits de 18 mois a été réduit à 15 mois et risque
même bientôt peut-être se réduire à 12 mois..... Plutôt de mauvais
augure, non ?

Donc qu'on retourne le problème dans un sens ou dans l'autre, ça ne
le fera pas.  Il y aura de plus en plus de "vieux" exclus, couverts par
rien, sans droits, sans sécu, sans rien.... Les "nouveaux pauvres" de
demain ! Les syndicats y ont-ils pensé ?

Et ont-ils pensé aussi à évoquer le cas des handicapés ? Ou bien
tout a-t-il été englobé sans faire le détail ni pousser plus avant dans
le fumeux "concept" de pénibilité  à faire quantifier par médecins
habilités ?

La "fabrique à chômeurs" ?  J'aurais plutôt dit la "fabrique à
nouveaux clochards et autres SDF"... Tant que Pôle Emploi n'aura rien
annoncé d'officiel pour contrecarrer les effet pervers de la réforme,
je trouve le terme plus approprié..... Il faudrait vraiment savoir où
on va !"

 Depuis, j'ai entendu Woerth annoncer qu'ils avaient "consenti" quelques amendements concernant les handicapés et les "vieux chômeurs"...  Qu'en est-il exactement ? Avez-vous aussi des informations sur les dispositions que prendra Pôle Emploi pour pallier les effets de la réforme sur les fins de droits -sans emploi ?  Que va-t-il advenir du fameux "60 ans et 6 mois" dont je parle plus haut....

Voir là: http://www.notretemps.com/depart-en-retraite/2137425-le-lice...

et là: http://info.assedic.fr/unijuridis/index.php?chemin=%2Fntc%2F...

Je suis en demande d'informations précises en la matière...

Merci d'avance !

 

Pourtant l'histoire etait simple a raconter : "n'est il pas normal, Mme Chabot, que si l'on vit plus longtemps on travaille aussi plus longtemps?"

Après la Rilance, aura-t-on droit au Chomatraite ?

Partons du raisonnement que l'espérance de vie a augmenté et que donc on vit plus longtemps, donc est-ce à dire que la vieillesse apparait plus tard? Si ce fait est établit,effectivement il y a lieu de repousser l'âge de la retraite.Certains métiers exigent une certaine capacité physique, des aptitudes physiques...etc.Il serait long d'établir ici une liste référencant des aptitudes à exercer tel ou tel métier.Ce raisonnement à la base qui voudrait qu'on travaille plus longtemps du fait de l'espérance de vie est un raisonnement par l'absurde.L'espérance de vie n'est pas la même pour tout le monde,c'est une moyenne établie.Tout le monde n'est pas forcément en bonne santé,des métiers sont plus exigeants que d'autres.Le gouvernement,en agissant ainsi, procèce à la manière d'un slogan.A t-on la même forme, les mêmes capacités physiques à 60 ans qu'à 70 ans? Sans doute une des causes du chômage des séniors trouve ici sa réponse.

L'allongement de la durée du travail est inéluctable dans le système économique actuel, tout comme le cumul retraite-travail et la généralisation du statut d'auto-entrepreneur en remplacement du statut de salarié. On y va doucement mais surement !

Pourquoi "inéluctable" ?

Il y a plein d'argent dans les niches fiscales, les exonérations, les boucliers etc.

Autre volet : la généralisation de la précarité diminue les cotisations pour les retraites.

Enfin, retarder de deux ans l'âge légal sans décote, c'est déshabiller l'Unedic pour habiller la Cnav.

Ce coup d'épée dans l'eau est le symbole du dogmatisme sarkozyen.

 

Et que dire de cette loi qui autorise le conseiller de Pôle emploi à forcer l'adaptabilité salariale demandée aux chômeurs seniors aussi connus par M. Wauquiez comme " les trop chers". J'imagine que ce seraut démagaogique de rappeler que l'on a aussi côtisé sur nos "gros" salaires. Et si l'on ne saute pas de joie, le conseiller peut sévir !

J'aimerais qu'on parle plus de l'esprit de cette loi et du rapport créé avec certains conseillers. Certes les syndicats étaient contre mais ils semblent s'en accoutumer assez bien.

«absurdité économique et sociale». «Six salariés sur dix ne sont déjà plus au travail au moment de liquider leurs droits à la retraite.»

C'est effectivement un paramètre absurdement pas pris en considération

Mais le plus absurde, c'est le regard archaïque totalement déphasé que politiciens, syndicalistes et économistes (majoritairement unanimes) portent sur notre vraie situation sociéto-économique nationale, européenne et planétaire. Avec en ce qui nous concerne directement une dette nationale supérieure à 1489 milliards d’euros (qui enrichit les riches) et une Chine devenue la banquière des USA à l’économie à la dérive et à la pauvreté croissante.

Il nous faut dans tous les états des dirigeants, d’origine politicienne ou non, prêts à prôner par l’exemple la simplicité volontaire soutenable et durable et pour autant pas triste du tout, mais loin des plaisirs aussi vains qu’éphémères ? Autrement dit une indispensable décroissance soutenable de la consommation suicidaire des uns et de la pauvreté non méritée des autres.

Il y a longtemps que nous aurions dû réviser nos conceptions des besoins et du bonheur dans un monde aux ressources forcément non infinies et néanmoins quotidiennement gaspillées depuis au minimum cinquante ans ….. et plus.

"Quelle époque terrible que celle où des idiots dirigent des aveugles." disait déjà Shakespeare. Non seulement on pourrait intervertir les facteurs, mais surtout les deux maux n’ont fait, sauf trop rares exceptions, qu’empirer de manière exponentielle.

Ce qu'il y a de pas mal frustrant, avec cette édition "Les Invités de Mediapart", c'est que même quand on leur pose une question, ils ne répondent jamais.... Aucun dialogue possible.

Il ne s'agirait bien sûr pas de répondre à chacun l'un après l'autre, en un empilement bien inutile de commentaires, mais quand même de trouver une moyenne et de manifester quelques réactions, et notamment de répondre aux questions ! Sinon, il est où le débat ? Ils lancent leur truc et ils s'en vont ?

Voilà les seules infos que je trouve:

http://interetsprives.grouperf.com/article/0636/ms/intprims0...

Et elles sont datées de 2006 ! Y a t'il un spécialiste dans la salle capable de dire ce que tout ça va devenir avec la réforme ? 

Ou ça :

http://interetsprives.grouperf.com/article/0636/ms/intprims0...

qui pose les mêmes questions mais n'apporte pas l'ombre d'une réponse précise....

Ou ça :

http://www.marianne2.fr/SlovarMarianne/Reforme-des-retraites...

qui pose les mêmes questions mais n'apporte pas l'ombre d'une réponse précise....