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« Il ne faut pas un double langage des entreprises »

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Publié le mardi 02 novembre 2010 à 11H12 - Vu 73 fois

Pour Henri Sterdyniak, il y aura un transfert de charges entre les caisses de retraites et l'assurance chômage.	D.R.

Pour Henri Sterdyniak, il y aura un transfert de charges entre les caisses de retraites et l'assurance chômage. D.R.


Henri Sterdyniak est économiste à l'OFCE (observatoire français des conjonctures économiques).

Le report de l'âge légal du départ à la retraite va-t-il se répercuter directement sur le chômage des jeunes?

« Le taux de chômage devrait être de l'ordre de 10 % l'année prochaine et par ailleurs les pays de la zone euro mettent en œuvre une stratégie de restrictions budgétaires qui risque de freiner assez nettement la croissance en 2011-2012. Or, le report de l'âge de la retraite suppose que l'on retrouve 1,4 million d'emplois supplémentaires et pour cela il faut une croissance très vive. Si l'on veut réussir à embaucher ces seniors avec un taux de chômage de 5 % en 2020, comme le prévoit le projet gouvernemental, il faudrait une croissance annuelle de 2,7 %. Donc on a deux scénarios possibles. D'abord un scénario rose où la croissance aboutit à 2,7 % et effectivement il est possible d'embaucher des jeunes et des seniors. Mais il apparaît très peu probable. Ensuite, il y a un scénario gris, malheureusement le plus probable, qui est celui d'une croissance médiocre. On aura dans ce cas une hausse du chômage des 58-62 ans qui ne réussiront pas à se maintenir en emploi. Et quand ils réussiront à le faire, cela aura une répercussion assez nette sur l'emploi des jeunes. »

Y aura-t-il un transfert de charges entre les caisses de retraites et l'assurance chômage ?
« Oui. Heureusement, les chômeurs coûtent en général deux fois moins cher que les retraités. On va peut-être économiser 20 milliards sur les retraites mais en payant 10 de plus sur le chômage. Cela veut dire que la réforme des retraites sera payée par des jeunes qui ne trouveront pas d'emploi, et qui du coup n'auront pas d'indemnités, et par le fait que les 60-62 ans marineront à l'Unedic. »
Est-ce qu'il y avait une autre solution que de reporter l'âge du départ à la retraite ?
« L'autre solution, c'était de laisser vivre la réforme de 2003, avec à terme, le passage de la durée de cotisation à 42 ans. Il fallait attendre que l'activité économique se porte mieux et que les entreprises, des syndicats, le patronat, se secouent et prennent des mesures nécessaires pour améliorer les conditions de travail et réfléchir à l'évolution des carrières. C'est la méthode finlandaise ou suédoise. […]
Il ne faut pas que les entreprises aient un double langage. Qu'elles disent d'un côté : on est pour la retraite à 62 ans et de l'autre qu'elles jettent les travailleurs à 57 ou 58 ans. Il ne faut pas que d'un côté les entreprises disent : on est pour la retraite par répartition et de l'autre qu'elles développent des formules d'épargne entreprise par capitalisation. »

Pourquoi la réforme a-t-elle plus de mal à passer en France ?

« La question des retraites en France, c'est la question de l'emploi, c'est la question, typiquement française, de l'absence de dialogue social au niveau des entreprises et c'est, autre spécificité française, le fait que beaucoup de Français n'aiment pas leur travail et souhaitent le quitter le plus tôt possible. Si on dit aux gens ayant fait un travail pénible qu'après 50 ans ils auront des responsabilités et un travail plus intéressant, la question de la retraite à 60 ou 62 ans se posera avec beaucoup moins d'acuité. »

La réforme

Voici les principaux éléments du projet voté au Parlement.
Age légal : recul prévu de 60 à 62 ans à l’horizon 2018. Augmentation de quatre mois par an à compter du 1er juillet 2011. Le taux plein passe progressivement de 65 ans à 67 ans de 2013 à 2023.
Durée de cotisation : de 40,5 ans en 2010, elle sera de 41 ans en 2012.
Pénibilité : les salariés qui auront un taux d’incapacité physique supérieur ou égal à 10 % pourront continuer à partir à la retraite à 60 ans.
Parents et handicapés : les parents d’enfants lourdement handicapés soignés à domicile partiront à 65 ans sans décote ainsi que les mères de trois enfants, nées entre 1951 et 1955, ayant arrêté de travailler pour les élever. Pareil pour les aidants familiaux et les travailleurs handicapés.
Carrières longues : le dispositif de 2003 est élargi à ceux qui ont commencé à travailler à 17 ans. L’âge minimal de départ autorisé passe de 56 à 58 ans pour ceux qui ont commencé à travailler à 14 ans.
Fonction publique : alignement du taux de cotisation retraite des fonctionnaires sur celui du privé (passage de 7,85 % à 10,55 %) prévu sur dix ans.

 

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