Luna Lunedda

Giacomo Anastasi est Sicilien et villeurbannais depuis ses 25 ans. Après avoir fondé la compagnie « Il Melograno » à Messina, il crée à Lyon en 2001 le groupe « Zancle », qui lui confèrera une certaine notoriété sur les scènes de musiques traditionnelles de l’agglomération. Chanteur, guitariste, mandoliniste, il joue avec les frontières esthétiques et les registres émotifs, navigant entre le jazz, la commedia dell’ arte, les pizzicas et les tarantelles chantées en sicilen. Il nous reçoit chez lui en 2011, alors qu’il partage son temps entre répétitions, enseignements et responsabilités à l’Institut Culturel d’Italie. Et puis on y retourne, deux fois, tant le répertoire instrumental et chansonnier qu’il porte dans ses bagages est inépuisable. Entre un chant folklorique napolitain, une valse, une pizzica, Giacomo décide de nous livrer une sérénade qui a une place toute particulière dans son panthéon musical : Luna Lunedda, que Giacomo décrit comme « une berçeuse transformée en prière ».

Le jour où il livre cette berceuse aux micros du CMTRA, nous sommes venus chercher quelque chose de bien particulier : une chanson de l’immigration italienne, destinée à intégrer un documentaire sonore pour une soirée « italienne » au Rize. Giacomo décrit cette « Luna Lunedda » revisitée par ses arrangements comme une « berçeuse transformée en prière », que lui chantait sa grand-mère le soir, après les dures journées de labeur passées à s’occuper du terrain et de la maison que le décès de son mari avait laissé bien vide.

Lune, lune, petite lune, 
Envoie moi une Cuddura (petit pain sicilien)
Bien grande, pour que je l’apporte à l’église de San Juan
Saint Jean de la veut pas, et la donne à Saint Grégoire
Qui la prend, et la donne…au lapin.

« Et ça, c’est un chant de l’immigration ? » s’étonne aussitôt la collectrice derrière le micro ! La réponse de Giacomo est intéressante puisqu’elle nous rappelle qu’avant l’immigration, l’évocation de l’absence, de l’éloignement, l’espoir du retour, il y a la circulation d’une rive, d’une terre, ou d’une lune à une autre. Les chants de l’immigration sont aussi des chants de départ, de voyage. « Oui, c’est un chant que l’on chantait pendant l’immigration, quand on partait, pour endormir les enfants sur le bateau ».

Les amateurs de musique traditionnelle italienne ou les cinéphiles qui passeraient par ici auront peut-être une autre « Luna Lunedda » en tête, celle qu’a fait connaître le réalisateur français Philippe Claudel dans son film « Tous les soleils », réalisé en 2010. Cette petite lune-là est une pizzica traditionnelle chantée en sicilien et basée sur le rythme de la « Tarentella Montemarenese ». Difficile de trouver des informations, voire même des transcriptions des paroles de la Luna Lunedda de la grand-mère de Giacomo. Après une recherche obstinée dans les plis de la Toile, on peut tout de même trouver quelques perles, notamment cet enregistrement datant de 1996 d’une « sérénade à domicile » chantée et jouée par deux musiciens du groupe bien connu en Sicile « Taberna Myalensis« , domicilié…à Messina, la terre natale de Giacomo. Luna Lunedda serait-elle finalement un patrimoine local devenu avec Giacomo un chant de l’immigration sicilienne ?

Visuel : Wildernessman, photo libre de droit

Pour aller plus loin :
– consulter l’enquête complète auprès de Giacomo Anastasi : 1 / 2 / 3
– écouter le CD « Sicilia 1. Resuttano. I canti dei contadini » avec des enregistrements (1972-1995) rassemblés par Ignazio Macchiarella (lire la revue critique de cet album par Anne-Florence Borneuf)

Fonds des Amis du Vieux Saint-Étienne

L’archive de la semaine a un peu tardé…depuis 2 semaines ! Quelques jours de congés, une nouvelle recrue dans l’équipe (la bienvenue à Capucine Jaussaud !) et nous revoici dans la ronde.

Cette semaine, nous avons entamé le catalogage d’un nouveau fonds rassemblant des enquêtes enregistrées  entre 1993 et 1994 par le collectif des « Amis du Vieux Saint-Étienne », conservées aux Archives Municipales de Saint-Étienne. S’il n’y est pas question spécifiquement de musique, on retrouve dans le contenu de cette collection orale l’un des axes structurants des activités documentaires du CMTRA, à savoir son intérêt pour les questions mémorielles et la mise en résonance des différents récits individuels et collectifs qui composent l’histoire locale d’un territoire ; une histoire rarement univoque, parfois faite de conflits de représentation, d’ellipses et de non dits plus ou moins conscients ; une mémoire vivante, en constante renégociation.

Les dialogues recueillis lors de ces enquêtes mettent en lumière l’histoire sociale, politique et en particulier ouvrière de Saint-Etienne. Les informateurs y évoquent les spécificités de langage et des métiers « d’autrefois », mais aussi les souvenirs et les traces du bombardement du  26 mai 1944, de la catastrophe minière de la Chana le 21 janvier 1942, de la mode vestimentaire d’antan ou de l’histoire des marchés de quartier.

A l’époque où Anne-Catherine Marin, principale enquêtrice et auteure de cette collection sonore, tend son micro aux Amis du Vieux Saint-Etienne, elle est encore  conservatrice aux Archives municipales. Les membres les plus actifs de l’association avaient décidé de mettre en place des « ateliers-mémoire » réguliers afin de poursuivre le travail mémoriel qui était leur fer de lance depuis les premiers pas de ce collectif, en 1930. Il en résulte une série d’enregistrements réalisés sur le modèle de l’arroseur-arrosé : au-delà du contenu historique des témoignages des informateurs, c’est également de la documentation sur l’histoire de cette société d’historiens locaux qu’Anne-Catherine Marin a permis de rassembler.

Car cette « amicale » a eu une importance cardinale dans l’écriture de l’histoire stéphanoise. Aujourd’hui renommée Histoire et Patrimoine de Saint-Étienne, sa création remonte à la fin de l’année 1929, à une époque où d’importants travaux d’urbanismes sont entrepris au sein d’un vieux quartier de Saint-Étienne, entraînant d’importantes démolitions. L’idée germe alors de sauvegarder certains éléments d’architecture et de réaliser des photographies de la zone prête à tomber. Cet objectif verra notamment son aboutissement en 1932 avec l’édification d’un musée, toujours en activité. Très énergique, l’association ne s’arrête pas là : elle développe entre autres depuis 1936 une revue trimestrielle, Saint-Étienne, histoire et mémoire, et dispose d’un département d’action culturelle à travers duquel elle organise des conférences, et des animations en milieu scolaire…

Ce travail sur le fonds des Amis de Saint-Etienne est aussi l’occasion de mettre en lumière le rôle d’Anne-Catherine Marin quant à son implication pour une meilleure prise en compte du témoignage oral et de l’archive sonore au sein des institutions qu’elle a fréquentées au cours de sa longue carrière. Conservatrice des Archives municipales de Lyon, Anne-Catherine Marin avait été interviewée par le CMTRA en 2003 à ce sujet et l’article, « La face humaine des archives orales », toujours disponible ici, est un exemple de cet engagement fort en la matière.

Dans la piste sonore à l’écoute ci-dessus, trois extraits :  
– un aperçu de l’organisation des ateliers-mémoires mis en place par l’association ;
– quelques indications méthodologiques d’Anne-Catherine Marin
– et un court échange entre Anne-Catherine Marin et l’une des informatrices de l’atelier sur l’importance du témoignage oral. 

Pour en savoir +  : 

Visuel : photo libre de droit de Drippy Cat

La chanson de Roland

La chanson de Roland est l’exemple canonique des chansons de geste médiévales, ces longs poèmes épiques retraçant les prouesses de guerriers d’antan, les vertus de la foi et de l’honneur féodal.  Elle relate la fin tragique de l’arrière-garde que Charlemagne avait confié à son neveu et chevalier préféré, Roland.

Ganelon, rongé par sa jalousie de ne pas recevoir de Charlemagne son beau-frère, les mêmes honneurs que celui-ci offre pourtant à Roland, entreprend de trahir le roi des Francs et de monter un guet-apens contre son armée. Attaqué par surprise dans un col des Pyrénées par une armée de sarrasins bien plus forte et préparée que la sienne, Roland préfère mourir en guerrier plutôt que d’appeler à l’aide les troupes de Charlemagne. Quand par ses derniers souffles il fait sonner son cor, il est déjà trop tard : son armée est exterminée ; Saint-Michel, Chérubin et Saint-Gabriel emportent son âme. Il tentera bien de briser son épée sur un rocher pour ne pas risquer qu’elle revienne aux mains de l’ennemi, mais il succombe avant que Charlemagne ne parvienne à lui et ne mène une seconde bataille, victorieuse celle-ci, contre les troupes sarrasines.

De cette légende historique de 4000 vers, il demeure huit manuscrits aux versions différentes et éparpillés dans quelques bibliothèques et musées d’Europe. Il reste également quelques hauts-lieux le long de la route de Saint-Jacques de Compostelle et du col de Ronceveaux, où des rochers écaillés garderaient la marque de l’épée de Roland. Et enfin, il reste quelques chansons. Des chansons populaires composées au XXe siècle, certaines d’auteur bien connus, d’autres d’auteur incertain. C’est le cas de cette Chanson de Roland chantée par Germaine Panel dans le micro de Jacques Bardot en février 1984.  Germaine la décrit comme une « chanson d’école » :

Le noble Charles, Roi des Francs,
Avait passé monts et torrents,
Restait l’arrière-garde
Ayant pour chef Roland le Preux
Voilà qu’ils se hasardent
Au fond d’un val bien ténébreux.

Hélas ! Le traître Ganelon
Avait gardé ce noir vallon
Car une armée immense
Soudain descend des pics voisins,
La lutte à mort commence
Aux cris stridents des Sarrasins.

L’épée au poing, fier et sanglant,
Il crie aussi le bon Roland
Il court dans la bataille
Jonchant de morts le sombre val
Il frappe, il brise, il taille
Partout résonne Durandal.

Blessé trois fois, sire Olivier
Dit à Roland, beau chevalier :
« Sonnez vers Charlemagne,
Sonnez vers lui, sonnez du cor,
Sonnez par la montagne. »
Le bon Roland dit : « Pas encore »

Enfin, percé de part en part
Roland sonna ; c’était trop tard
Autour de lui, dans l’ombre
Râlaient les gens et les chevaux
Vaincu, mais par le nombre,
Roland mourut à Roncevaux.

Le tournant des années 1980 fut faste pour La Chanson de Roland puisque c’est également à cette période qu’Annie Cordy sort son 78 tours « Annie Cordy chante et raconte l’Histoire de France (pour rire) », dans lequel trône une interprétation bien personnelle du poème épique. Certes, celle-ci dépasse franchement le cadre thématique du portail rhônalpin du patrimoine oral, mais vous en conviendrez, on aurait tort de s’en priver…

Visuel : photo libre de droit de Markus Spiske

La Basse-Cour!

Lectrices, lecteurs : cette archive de la semaine est spéciale puisque c’est avec elle que Camille Frouin termine son stage au CMTRA ! Elle est la plume principale qui se cache derrière les billets consacrés aux fonds sonores du réseau régional des archives sonores depuis le mois d’avril. Nous la remercions pour son enthousiasme, pour sa finesse, et lui souhaitons bonne route vers de nouvelles aventures patrimoniales !

En 1975, l’ethnologue Charles Joisten collecte en Isère des contes, des récits légendaires et des musiques traditionnelles du Dauphiné. Un jour de mai, à Vignieu (Isère), il enregistre sa rencontre avec trois habitants : Joseph Clarard, Marcel Montagne et « Zin-Zin ». L’occasion pour les trois amis d’échanger autour du micro du chercheur quelques chansons  modernes (datant de 1900 à 1940), de trinquer autour de conversations diverses pendant près d’une heure et demi. A mesure que l’enquête progresse, l’ambiance semble de plus en plus conviviale et animée par les vapeurs d’alcool. Alors que Joseph et Marcel enchaînent les chansons et tentent de réfréner Zin-Zin dans ses élans d’expression, lui insiste pour interpréter un conte d’animaux : la Basse-Cour. L’assemblée commence par se moquer de lui avec une bienveillance amicale, s’amuse  finalement et  finit par se prendre au jeu. Un concert de mimologismes-saynètes, sous forme de dialogues facétieux entre animaux, s’offre alors au micro de Charles Joisten.

capture-decran-2016-09-13-a-10-16-21

le père Pigeon dit : « Ô, Ô, T’as de belles coulles, t’as de de belles coulles! »…

capture-decran-2016-09-13-a-10-17-30

Le Loriot dit : « fô cou-pa lé cou du cou-yo, fô cou-pa lé cou du cou-yo! » (Faut couper les couilles du curé)

Consultez ici la transcription partielle du conte, par Charles Joisten

Les contes mimologiques d’animaux ne sont pas à confondre avec les fables ou les contes mettant en scène des animaux. Les mimologismes sont des imitations de cris d’animaux sur la base de phrases amusantes, parfois grivoises. Le conte mimologique, au même titre que de nombreux récits collectés par les folkloristes et ethnologues du XXe siècle, n’est pas uniquement destiné à un public d’enfants. Ce genre appartient aux traditions orales que des acteurs culturels et patrimoniaux contribuent aujourd’hui à revitaliser : c’est le cas de nos collègues de l’UPCP-Métive, le centre de musiques et danses traditionnelles en Poitou-Charentes et Vendée, qui a rassemblé un grand nombre d’enregistrements de mimologismes dans le cadre de sa saison culturelle dédiée aux Métamorphoses.

Charles Joisten a pris soin de retranscrire des extraits du conte de la Basse-Cour. Cela témoigne d’un impératif scientifique et méthodologique : Charles Joisten joignait à ses collectes sonores  des documents accompagnant leur bonne compréhension et leur analyse. Parmi ces documents, l’exercice de retranscription, c’est à dire la traduction des paroles, des mélodies et des rythmes d’une performance musicale sous une forme écrite, a ici un statut particulier. De façon générale, la transcription musicale d’enregistrements de terrain est un outil formidable de compréhension d’un « moment de musique » dès lors qu’on l’assume comme une transformation – c’est à dire dès lors qu’on prend acte du fait qu’il s’agit d’une traduction nécessairement incomplète et non d’un miroir graphique des sons, des mélodies, des ambiances et des émotions éprouvées. Dans notre cas précis, la retranscription réalisée par Charles Joisten une fois revenu de son immersion joyeuse auprès des trois amis de Vignieu, nous rappelle qu’une chanson ne saurait être réduite à l’addition de musique et de paroles. La première détermine les secondes, et inversement.

Mais, alors que Zin-Zin ne semble pas en totale possession de ses moyens, l’acte de transcription revient-il à conférer une valeur de modèle à sa version de la Basse-Cour? Non car tout l’intérêt de la collecte de chants et d’airs instrumentaux traditionnels est justement d’en écouter et analyser les variations en fonction des époques, des interprètes, des contextes de performance…ou des degrés d’alcoolémie.

En faisant le choix de considérer la seule transcription des paroles comme insuffisante, de rendre visibles l’aspect mélodique, et l’expressivité d’une parole a priori externe à la performance chansonnière, Charles Joisten réaffirme la prédominance du caractère oral de cette pratique. A travers le conte de la Basse-Cour, le constat  est fait de l’insuffisance de la ponctuation et des indications en marge, même si Charles Joisten les utilisent (« ! », « Chuchoté »…), à rendre compte de la richesse de l’expressivité. Ce travail entrepris par le chercheur nous invite à penser des formes nouvelles d’écriture permettant au mieux de dégager les spécificités de l’oralité…les exemples ne manquent pas, mais ne nous plongeons pas ici dans les affaires des linguistes !

Pour aller plus loin…
> Consultez une partie du mémoire de Pentagon : De l’oral à l’écrit. Caractéristiques, transcription & interprétation du discours oral.
>
Les enquêtes de Charles Joisten auprès de Joseph Clarard, Marcel Montagne et Zin-Zin : la première / la deuxième / la seconde 

Visuel : « plumage dindon sauvage », photo libre de droit sur Pixabay.

Ando et le Gospel Colors

Andomalala Ratovelomanana, dit « Ando », née en France, partage ses racines malgaches à travers le chant. Chef de chœur de Gospel Colors, une chorale gospel qui se réunit au Centre Culturel Oecuménique (CCO) de Villeurbanne, Ando chante également dans différents groupes de musique malgache et dans des chorales, notamment Tiharea (polyphonies du Sud de Madagascar, basées sur le style beko ou békou : chant de griot). Elle est la fondatrice de l’association Ankathileis dédiée à la promotion de la culture malgache dans la région. En 2009, le CMTRA la rencontre à plusieurs reprises, seule ou accompagnée de la chorale Gospel Colors, l’occasion pour Ando de nous raconter le récit d’une vie musicale étroitement liée à la foi protestante.

Berceuse malgache : « Mamisolofo »
Les paroles et la traduction

« Mangina ‘nao zaza, mangina ka tomane
Avia ‘nao babeko, fafao ny rano maso »

« Calme toi mon bébé, arrête de pleurer
Viens là que je te berce, essuies donc tes larmes »

Les parents d’Ando  sont arrivés en France en 1981. Ils sont alors les premiers étudiants immigrés malgaches à Lyon. 0 Vaulx-en-Velin, ils créent leur propre église protestante et la chorale lui étant liée. Ce n’est qu’en 2007 que Ando s’initie au Gospel, alors peu chanté dans les églises protestantes en France. Autodidacte, elle apprend à chanter dans la langue du sud de Madagascar et est influencée par d’autres styles, notamment la variété nord-américaine. Ces diverses influences s’entendent de plus en plus dans les chorales Gospel protestantes qui tendent à apporter une « touche de modernisation » à l’interprétation de leurs répertoires traditionnels.

Le répertoire chansonnier malgache compte environ 900 chants religieux traduits des cantiques anglicans. Que ce soit en France ou à Madagascar, Ando a souvent éprouvé et a toujours dû s’accommoder des réticences des personnels ecclésiastiques à l’égard du Gospel. Pourtant souligne-t-elle, le rapport à la spiritualité est le terreau de ce genre musical, ce que son étymologie rappelle : « God Spell », annoncer la bonne nouvelle.

Gospel Colors : chant polyphonique sud-africain

Ce chant de résistance issu du répertoire de Gospel Colors leur a été présenté par l’une des chanteuses membres, originaire du Gabon. Les chanteurs du groupe sont tous de confessions et d’origines différentes. Ce qui compte pour Ando au sein de sa formation chorale, c’est davantage la spiritualité que la pratique d’une religion en particulier. Leur répertoire est le reflet de la diversité des cultures d’origine des choristes : chants en malgache, en français, en anglais, taki taki (Guyane), chants en zoulou, du Gabon (Swali), créoles (Martinique). Le groupe se produit lors de concerts, de mariages, de fêtes de quartiers…

Chant polyphonique malgache : « Espoir »
« On a faillit se laisser abattre par les choses de ce monde, mais de par ta venue, tu nous a donné un espoir nouveau … »

La musique malgache est riche d’influences diverses. Issue d’un patrimoine très ancien austronésien (de l’archipel indonésienne), elle emprunte aussi à de nombreuses cultures d’Afrique. Cette musique n’est pas homogène sur l’Île rouge: 18 ethnies aux cultures singulières y cohabitent. La Grande Île est victime d’un racisme latent, parfois de conflits ouverts, entre ethnies : celles des hauts-plateaux (parmi eux : les Mérinas, descendants des peuples asiatiques) et celles des plaines. La culture des côtes (essentiellement d’origines bantoues) représentée dans le groupe Tiharea, l’un des groupes d’Ando, n’est d’ailleurs pas celle d’origine de sa famille. Toutes les ethnies, si elles n’ont pas les mêmes traditions, partagent cependant certaines constantes dans la pratique musicale, et notamment celle du chant polyphonique. La chorale, dont la tradition remonte aux fêtes rituelles des sociétés traditionnelles, est la première, si ce n’est l’unique, mode d’expression musical vocal à Madagascar.

Au niveau international, le genre le plus connu reste certainement le répertoire “ba-gasy” (chants malgaches théatralisés, souvent accompagnés au gorodo). C’est dans les années 1990 que certains groupes s’exportent et redonnent à ce genre une écoute alors qu’il est en voie de disparaître (le groupe Feo-Gasy, avec Erick Manana).

Pour aller plus loin…
> Les enquêtes réalisées par le CMTRA auprès d’Ando : la première / la seconde
> Les répétitions, enregistrées par le CMTRA en 2011, d’une autre chorale Gospel de Villeurbanne : « Gospel Joy » ; la première / la senconde 

Visuel : Photo de profil Facebook du groupe Gospel Colors, 2009

Le carnet du CMTRA