Année passée en revue : 2004

Au fur et à mesure que furent démasqués en 2004 les mensonges sur lesquels la guerre en Irak avait été fondée et que l’occupation traînait en longueur, la nature vraiment brutale et criminelle de la guerre a été révélée dans les massacres qui eurent lieu à Falloujah et dans d’autres villes ainsi que dans la torture de prisonniers à Abou Ghraib. L’attaque des droits démocratiques aux Etats-Unis mêmes et dans tous les autres pays impliqués dans la « guerre contre le terrorisme » est allée de pair avec un militarisme croissant.


Les crimes de guerre et l’occupation de l’Irak

L’année 2004 a été la première année complète de l’occupation américaine de l’Irak et aussi la troisième année complète de l’occupation de l’Afghanistan par les Etats-Unis et l’OTAN. Cette année a connu un flot d’atrocités et de crimes de guerre dont les massacres de Fallujah, Najaf, Karbala et d’autres villes d’Irak, ainsi que des révélations sur les tortures sadiques commises à Abou Ghraib, à Guantanamo Bay et dans d’autres camps de prisonniers américains. Le WSWS a expliqué tout au long de l’année que l’explosion de la guerre impérialiste qui avait marqué le début du 21ème siècle n’était pas simplement la politique du gouvernement Bush mais le résultat de l’aggravation de la crise du capitalisme américain.

Après que des insurgés aient tués en avril quatre contractuels de l’entreprise privée de sécurité Blackwater (killed four Blackwater contractors) à Falloujah, les forces américaines ont systématiquement nivelé cette ville de 300.000 habitants lors d’une série d’attaques aboutissant, en novembre, à Phantom Fury. Durant le siège, on empêcha les hommes âgés de 15 à 55 ans de quitter la ville et ils furent pris pour cibles par les marines américains. Un assaut terrestre organisé par les marines fut combiné à un bombardement aérien aveugle et dévastateur et à l’utilisation de bombes au phosphore blanc, une arme chimique.

Des milliers et des milliers de civils périrent dans un massacre qui a vu des violations manifestes du droit international (violations of international law). Dans l’article « Des scènes épouvantables sorties des cendres de Falloujah, » (« Horrific scenes from the ashes of Fallujah, ») le WSWS a écrit :

L’assaut contre Falloujah est un châtiment collectif de style nazi et pas une libération. La ville a été réduite en ruines parce que ses chefs politiques, religieux et tribaux, motivés par le nationalisme irakien et l’opposition à la présence de troupes étrangères dans leur pays, ont organisé une guérilla de résistance contre l’invasion américaine…

L’Objectif de l’assaut américain est de faire de Falloujah un exemple pour le reste de l’Irak en montrant ce qui arrivera à tous ceux qui s’opposent à la transformation de leur pays en un Etat client des Etats-Unis. C’est le fer de lance d’une orgie de meurtres destinée à écraser et à pousser dans la clandestinité toute voix d’opposition pour garantir que les élections de l’année prochaine produiront un régime vénal et pro-américain.

Le WSWS a décrit le siège de Falloujah comme de la « folie meurtrière ». L’esprit de l’opération a été résumé dans une séquence vidéo montrant un marine américain exécutant (footage of a US marine executing) à l’intérieur d’une mosquée un prisonnier blessé et non armé et qui a été divulguée un an plus tard. Une punition collective identique a été infligée à d’autres villes en Irak.

Fin avril, le monde entier a pu voir pour la première fois les photos tristement célèbres de la prison d’Abou Ghraib. Les images de la torture sadique, y compris de prisonniers nus empilés les uns sur les autres pour former une pyramide humaine, de prisonniers menacés par des chiens et menacés d’électrocution, ont choqué le monde et ont mis à nu le visage réel de l’occupation américaine.

La torture à Guantanamo Bay et à Abou Ghraib ne constituait pas « des cas isolés. » Au contraire, un traitement brutal a été expressément autorisé aux niveaux hiérarchiques les plus élevés du Pentagone et du gouvernement Bush. Les crimes et la psychologie qui la sous-tendent ne peuvent être compris que comme résultant des conditions de la décrépitude sociale et de l’effondrement survenus au sein des Etats-Unis mêmes, parallèlement aux sales objectifs coloniaux sordides de la guerre.

Dans l’article « Abou Ghraib et l’échec de la société américaine » (Abu Ghraib and the failure of American society), David Walsh écrivait :

L’argument selon quoi la torture de prisonniers irakiens par le personnel militaire américain et des contractuels civils ne sont que les actions de quelques ‘ brebis galeuses ‘ doit être rejeté avec mépris. Chaque enquête quelque peu sérieuse menée par le Comité international de la Croix Rouge (ICRC), les médias ou l’armée américaine elle-même, indique un modèle ‘systémique’ d’humiliation, de terreur et – dans d’innombrables cas – de meurtre qui est courant dans les prisons et les camps où se trouvent des détenus irakiens.

Examinant les conditions de la décrépitude économique et culturelle aux Etats-Unis et le type social qui est généré par l’armée, Walsh a écrit :

Seuls des gens à qui leur société n’a rien donné moralement ou culturellement sont capables des crimes commis à Abou Ghrib. Et l’armée américaine aura un besoin toujours croissant de ce type social pour exécuter ses basses œuvres. L’avertissement doit être fait qu’une telle armée, assortie d’une armée grandissante de mercenaires ‘civils’ professionnels, représente un danger non seulement pour les peuples opprimés du Moyen-Orient, d’Asie centrale et d’ailleurs, mais encore pour les droits démocratiques de la population aux Etats-Unis mêmes.

En août, soulignant le fait qu’Abou Ghraib n’était pas une exception, trois Britanniques détenus en Afghanistan et à Guantanamo Bay depuis plus de deux ans par les forces américaines ont publié un dossier (released a dossier) détaillant leur traitement qui consistait à être détenus dans des cages en métal exiguës munies d’un grillage de fer. D’autres rapports (Other reports) sur les conditions des prisonniers en Irak décrivent un régime de matraquages, de menaces de mort, de nourriture avariée, d’eau sale et de torture psychologique.

Tout au long de l’année, le WSWS a continué de publier du matériel examinant les racines historiques et les conséquences politiques de la guerre en Irak. Le président du comité de rédaction international du WSWS, David North, a présenté lors de réunions publiques organisées en septembre en Australie (« Conférences de David North prononcées en Australie et en Nouvelle-Zélande La guerre en Irak et les élections présidentielles de 2004 aux États-Unis ») des conférences où il disait :

Les événements des quatre dernières années ont profondément changé la perception mondiale des États-Unis. Même parmi ceux qui n'avaient pas tendance à voir la société américaine au travers de lunettes teintées rose et qui n'acceptaient pas sans sourciller les interminables professions d'idéaux démocratiques et bénévoles de Washington, les récents développements sont apparus comme un choc. Les invasions de l'Afghanistan et de l'Irak sont des exemples d'impérialisme débridé comme le monde n'en avait pas vu depuis la Deuxième Guerre mondiale. L'image grotesque du sadisme représentée par les photographies prises à la prison d'Abu Ghraïb définira pour toute une génération le caractère brutal et prédateur de l'occupation américaine en Irak.

Dans une prise de parole publique ultérieure à Dublin (subsequent public appearance in Dublin, Ireland), où il a participé à un débat sur la guerre au Trinity College, North a cité le précédent du Tribunal de Nuremberg après la Deuxième Guerre mondiale, affirmant que la guerre en Irak était un crime de guerre pour lequel de hauts responsables du gouvernement américain devraient être poursuivis. Se référant à la résolution du débat, North a commencé en disant :

Un gouffre moral infranchissable sépare l’establishment politique, ivre de sa folie impérialiste des grandeurs, des millions de gens de la classe ouvrière qui détestent la guerre, ne veulent pas d’un empire américain, ne veulent ni tuer ni conquérir qui que ce soit, qui n’ont pas d’intérêts financiers dans les champs pétroliers du Moyen-Orient ou d’Asie centrale et croient en leur âme et conscience les mots de Lincoln – que c’est le droit qui fait la force et non l’inverse.

La proposition présentée à cette assemblée, ‘Que les Etats-Unis sont encore le gardien de la paix du monde’, met la réalité à l’envers. Qualifier les Etats-Unis de ‘gardien de la paix‘ équivaut à qualifier les pompes funèbres de ‘spécialistes pour une après vie améliorée’

Le WSWS a soutenu dès le début que les affirmations du gouvernement Bush concernant des « armes de destruction massive » étaient des mensonges. En 2004, ces mensonges avaient vécu et le Pentagone a discrètement rappelé (withdrew) ses ‘chasseurs d’armes’. Le WSWS a aussi analysé le simulacre de procès de Saddam Hussein (Saddam Hussein's show trial) en notant la nervosité de la classe dirigeante et des cercles médiatiques aux Etats-Unis à l’idée que ce procès pourrait révéler au grand jour la longue histoire sordide existant entre Washington et le régime baasiste de Saddam Hussein et causer un retour de bâton.

Une importante série de neuf articles « La diplomatie de l’impérialisme : l’Irak et la politique étrangère américaine, » (The diplomacy of imperialism: Iraq and US foreign policy), a analysé le bilan de l’impérialisme américain en Irak, en tirant les leçons historiques essentielles pour la classe ouvrière au Moyen-Orient et en démasquant les affirmations avancées par le gouvernement Bush pour justifier son occupation du pays.

L’année a connu une opposition grandissante contre la guerre. Il y a eu un nombre incalculable de manifestations et de réunions, mais aussi de nombreux cas où des soldats (soldiers) ont exprimé leur opposition à la guerre, y compris le cas d’un ancien sergent, Jimmy Massey, qui a fourni au WSWS un compte rendu détaillé de ses expériences en Irak.

Au premier anniversaire du déclenchement de la guerre en Irak, les 19 et 20 mars, on a assisté à un élan mondial d’opposition contre l’invasion et l’occupation. Lors des protestations, des partisans du World Socialist Web Site et du Parti de l’Egalité socialiste (Socialist Equality Party) ont largement diffusé la déclaration « Un an depuis l'invasion de l'Irak par les États-Unis, déclaration du World Socialist Web Site et du Parti de l'égalité socialiste. » Elle mettait en garde que les organisateurs des manifestations cherchaient à aligner le mouvement anti-guerre sur le Parti démocrate.

Il faut tirer les leçons fondamentales d'expériences aussi capitales que la guerre en Irak, les élections en Espagne et l'appui indéfectible du Parti démocrate à la continuation de la guerre en Irak. Il n'y aura pas de mouvement contre la guerre viable tant et aussi longtemps qu'il restera attaché au Parti démocrate. La lutte contre la guerre demande plus qu'un mouvement de protestation qui cherchera à faire pression sur les partis et les institutions de l'élite dirigeante. Elle exige de rompre entièrement avec les démocrates et d'implanter une nouvelle stratégie basée sur la mobilisation politique indépendante des travailleurs contre l'impérialisme, aux États-Unis et internationalement.


 

Les élections américaines de 2004

Alors qu’il y avait une opposition de masse grandissante à la guerre aux Etats-Unis mêmes, les électeurs anti-guerre ont été totalement dépouillés de leurs droits lors de l’élection présidentielle et du Congrès de 2004 durant lesquelles les deux partis pro-guerre étaient en concurrence quant à qui pourrait réaliser le plus efficacement les objectifs de l’impérialisme américain au Moyen-Orient et en Asie centrale. Par opposition aux deux grands partis patronaux, le Socialist Equality Party a présenté ses propres candidats, Bill Van Auken et Jim Lawrence (Voir ci-dessous.)

Le Parti démocrate a joué son rôle traditionnel de cimetière pour l’opposition populaire contre de la politique du grand patronat dans L'essor et la chute de Howard Dean Une leçon de choses sur la politique du Parti démocrate durant la course à la nomination présidentielle du parti. Un conservateur dans le domaine de la politique fiscale qui s’était initialement positionné comme un partisan de la réduction budgétaire, l’ancien gouverneur du Vermont devint l’instrument pour regrouper le sentiment anti-guerre dans le cadre du système bipartite contrôlé par le patronat.

Dean avait d’abord fait la course en tête, mais sa campagne fut sabotée par l’establishment politique (scuttled by the political establishment) et les médias au moment où il exploita la frustration et la colère qui existaient non seulement vis-à-vis de la politique du gouvernement Bush mais aussi vis-à-vis du refus du Parti démocrate de rien entreprendre contre celle-ci. Cet extraordinaire épisode révéla davantage encore le strict contrôle exercé par l’establishment politique sur le système « électoral » aux Etats-Unis.

Kerry arriva en tête des caucus (comités électoraux) de l’Iowa et s’imposa aux primaires du New Hampshire, puis remporta relativement facilement la nomination après que Dean se soit retiré de la course en février (Dean quit the race). Le résultat fut que, à l’élection de novembre, la majorité de la population américaine qui était opposée à la guerre en Irak n’eut plus d’alternative. Comme l’écrivait le WSWS dans une déclaration de la rédaction (The US political elite engineers a Bush-Kerry election):

Les conditions sont maintenant crées pour une élection présidentielle entre deux représentants de l’establishment politique américain, Kerry et George W. Bush, qui ne présentent aucune différence fondamentale entre eux. Dans un pays de près de 300 millions d’habitants, disposant d’une structure sociale complexe et de plus en plus polarisée, le choix politique soumis en novembre sera celui de décider lequel des deux rejetons d’une famille riche et éduqués à Yale gouvernera le pays.

« En ce qui concerne les questions les plus brûlantes, la guerre en Irak, les divergences existant entre Kerry et Bush sont d’ordre purement tactique. Kerry rejette les demandes de retrait des troupes américaines du pays occupé et appelle à engager tout ce qui sera requis en fait de forces militaires et de ressources pour écraser la résistance irakienne. »

La perspective de Kerry a été résumée par ses toutes premières paroles, prononcées en juillet 2004 lorsqu’il accepta l’investiture de la Convention démocrate nationale. Se trouvant sur une tribune pleine de généraux et d’amiraux à la retraite, il fit le salut militaire et déclara : « Je suis John Kerry et je suis prêt au service. » (I’m John Kerry and I’m reporting for duty.) Les sections de « gauche » du Parti démocrate, dont le candidat présidentiel Dennis Kucinich, (presidential candidate Dennis Kucinich), ont rapidement accordé leur appui à Kerry une fois qu’il fut désigné.

Kerry sélectionna comme son orateur principal à la convention un obscur sénateur de l’Etat de l’Illinois, l’« étoile montante » Barack Obama qui, plus tard dans la campagne, devait réclamer des frappes de missiles américains contre l’Iran (call for US missile strikes against Iran).

Kerry a mené une campagne en associant des panacées pro-guerre à des promesses « pro-patronales » d’austérité fiscale (fiscal austerity). « Je ne blâme pas George Bush d’en faire trop dans la guerre contre le terrorisme, » a dit Kerry (Kerry said) à moment donné durant sa campagne. « Je crois qu’il en a fait trop peu. » Il a poursuivi en déclarant qu’il aurait voté en faveur d’une invasion de l’Irak même s’il avait su qu’il n’y avait pas d’armes de destruction massive.

Le WSWS a aussi couvert la campagne de l’ancien candidat du parti des Verts Ralph Nader. Nader qui, en 2004, s’était présenté en tant que candidat indépendant avait fait part de son soutien pour la guerre en Irak en donnant des conseils à Kerry sur la façon de rallier les « Irakiens ordinaires » aux forces d’occupation. Les Démocrates ont mené une campagne réactionnaire (reactionary drive) pour empêcher que Nader ne figure sur le bulletin de vote.

Entre-temps, George W. Bush et le Parti républicain avaient fait campagne avec un mélange de militarisme, de chauvinisme national, de menaces (threats) et d’un « conservatisme compatissant » qui signifiait la mobilisation des chrétiens intégristes sur la base de la religion. La convention nationale républicaine a présenté une diatribe fasciste (fascistic rant) du démocrate pro-Bush, Zell Miller.

Le soutien de la guerre par Kerry et son refus de proposer toute mesure sérieuse pour venir à bout de la crise sociale montante aux Etats-Unis a quasiment assuré la réélection très serrée de Bush avec une marge de 3 pour cent, malgré la profonde impopularité de son gouvernement.

Les démocrates ont expliqué leur défaite électorale en 2004 en disant avoir viré trop à gauche. Cette autojustification pour une politique pro-guerre et droitière s’est faite en affirmant que ce qui avait pesé en fin de compte dans les élections c’était les « questions morales. » Dans le rapport donné par North après les élections, (After the 2004 election: perspectives and tasks of the Socialist Equality Party – Après les élections de 2004 : les perspectives et les tâches du Parti de l’Egalité socialiste), ces arguments et d’autres encore furent examiné. North y traça une perspective politique pour le second mandat du gouvernement Bush.

Le président américain George W. Bush reçoit l’appel de John Kerry reconnaissant sa défaite à la fin de l’élection présidentielle de 2004.

Changements politiques internationaux

Des évolutions politiques significatives ont eu lieu sur le plan international et qui étaient liées à la guerre en Irak, à l’éruption du militarisme et à la mobilisation de forces répressives dans un pays après l’autre au nom de la « guerre contre le terrorisme mondial. »

En janvier fut publié le rapport sur l’enquête Hutton (Hutton Inquiry’s report) sur les circonstances entourant le décès de David Kelly, l’ancien inspecteur en armement de l’ONU en Irak et dénonciateur d’abus. Le rapport a exonéré le gouvernement britannique de toute responsabilité dans la mort de Kelly et il a blanchi le premier ministre Tony Blair d’avoir manipulé et falsifié les informations des services de renseignement afin d’entraîner le pays dans une guerre illégale contre l’Irak. Ce dédouanement impliquait l’ensemble de l’Etat britannique et la guerre de conquête prédatrice.

Durant le mois de février, des protestations fomentées par d’anciens officiers de l’armée (former military officers) haïtienne et d’autres éléments de droite et soutenus par la CIA ont ouvert la voie à un coup d’Etat violent et sanglant (violent and bloody coup) contre le gouvernement nationaliste du président Jean-Bertrand Aristide. Des marines américains (US Marines), appuyés par des troupes canadiennes, ont atterri dans la capitale Port-au-Prince, et Aristide a été mis dans un avion et envoyé en exile en Afrique du Sud.

En Australie, la mort d’un jeune aborigène de 17 ans, TJ Hickey, dans le centre-ville de Sydney en février alors qu’il fuyait la police sur sa bicyclette, a provoqué une colère largement répandue et a suscité de violents affrontements (violent clashes) entre la population aborigène de la banlieue de Redfern et la police anti-émeute. L’establishment politique s’est servi de ces troubles pour attaquer les habitants aborigènes (attack Aboriginal residents) et pour préparer un nouveau et important renforcement de la police (police buildup).

La vie de TJ Hickey (TJ Hickey’s life) a été représentative de la génération entière de jeunes aborigènes condamnés à la pauvreté et au chômage. Les journalistes du WSWS ont assisté à l’enquête du coroner sur le décès et ont ensuite exposé le fait qu’elle a blanchi de façon flagrante (whitewash) la police qui était responsable de la mort du jeune.

Dans la capitale espagnole Madrid, un attentat terroriste à la bombe a tué, le 11 mars, 192 personnes. Le comité de rédaction du WSWS a condamné cet attentat dans une déclaration « Atrocité terroriste à Madrid : 192 morts au moins » en soulignant que « le recours aux attaques terroristes aveugles visant une destruction maximum de vies humaines est l’empreinte de groupes profondément hostiles aux intérêts de la classe ouvrière. »

Le gouvernement droitier de José María Aznar du Parti populaire chercha à rejeter le blâme de cette atrocité sur le groupe séparatiste basque ETA au lieu d’al Qaïda pour dissimuler le lien entre l’attentat à la bombe et sa décision de s’enrôler en Irak dans « la coalition des volontaires » de Bush.

Trois jours plus tard, le PP a dû quitter le gouvernement après une élection nationale, une issue qui, comme le WSWS l’a analysé (analyzed) reflétait le « profond sentiment anti-impérialiste et l’engagement actif [de la classe ouvrière espagnole] à défendre les droits démocratiques qui a trouvé son expression, d’abord dans l’écrasante opposition en Espagne à la guerre en Irak et ensuite dans le manque de confiance généralisé dans le PP d’Aznar ; et finalement dans la colère qui a explosé lorsqu’il fut révélé que les héritiers politiques de Franco avaient systématiquement menti sur les auteurs des atrocités de Madrid dans le but de préserver leur régime. »

Le gouvernement du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de José Luis Zaparo a ensuite annoncé (announced) que des troupes espagnoles seraient retirée de l’Irak, récoltant le courroux du gouvernement Bush et l’accusation que le peuple espagnol était composé de poltrons et de partisans du terrorisme. Cependant, en juillet le PSOE mettait en place une commission parlementaire restreinte sur les attentats de Madrid visant à empêcher une enquête publique à grande échelle (preventing a full-scale public inquiry) sur toute la politique du gouvernement PP concernant l’Irak.

Egalement au mois de mars, le régime stalinien en Chine a révisé la constitution du pays pour protéger explicitement la propriété privée sur les biens, les entreprises et la fortune (private ownership of property, business and wealth). Ceci indiquait la continuation du remaniement de l’appareil d’Etat conformément aux intérêts de la nouvelle classe capitaliste générée depuis 1979 par le programme de libre marché de Beijing. La rapide croissance économique de la Chine a vu l’élite dirigeante et capitaliste du pays accumuler de vastes richesses, tandis que la classe ouvrière chinoise subissait une détérioration continue de ses conditions sociales et de travail.

En mai eurent lieu des élections générales en Inde organisées prématurément par le parti droitier dirigeant Bharatiya Janatha Party (BJP) après que son gouvernement de coalition de la National Democratic Alliance (NDA) fut dissout en février, huit mois avant la date prévue. Le BJP avait espéré tirer profit des chiffres de la rapide croissance économique et du climat international réactionnaire mais il essuya une défaite cuisante (shock defeat). Le vote reflétait l’hostilité généralisée à l’égard du programme pro-patronal du BJP qui avait fait sa promotion sous le slogan d’une « Inde qui brille ».

Les staliniens et leur Front de Gauche (Stalinists and their Left Front) ont ensuite joué un rôle crucial dans la formation du nouveau gouvernement en Inde – dirigé par le parti gouvernemental traditionnel de la bourgeoisie, le Parti du Congrès – qui poursuivit les « réformes » de libre-marché du gouvernement vaincu, mené par le BJP et son partenariat stratégique avec les Etats-Unis.

La mort de l’ancien président américain Ronald Reagan en juin a été l’occasion de donner libre cours à un déluge de louanges et une mythification dans la pesse bourgeoise. Dans sa nécrologie (obituary), David North a examiné la véritable signification de la présidence Reagan : une orgie d’enrichissement pour l’élite financière aux dépens de la classe ouvrière et avec l’aimable autorisation de la bureaucratie syndicale de l’AFL-CIO et du Parti démocrate.

Loin d’avoir été le « grand communicateur » célébré par l’establishment politique américain, North a observé :

Le discours typique de Reagan était un mélange de charabia, de balivernes, de radotage et de poudre aux yeux du genre de ce qui est servi quotidiennement par des ‘orateurs motivateurs’, en même temps que la purée de pommes de terre et les poitrines de poulet marinées, au cours d’innombrables déjeuners dans les Marriotts, les Hyatts et les Hiltons d’Amérique.

En septembre, un groupe d’insurrectionnel tchéchènes se sont emparés d’une école à Beslan en Ossétie du Nord, une région avoisinant la partie du Caucase contrôlée par la Russie. La police russe a finalement pris d’assaut l’école et le bilan des victimes a pris des proportions effarantes. Le gouvernement Poutine a ensuite cherché à camoufler la catastrophe par une série de mensonges (series of lies), analysée et divulguée sur le WSWS, recourant à cette atrocité pour justifier des projets d’opérations militaires (justify plans for military operations) dans l’ensemble de la région.

Le gouvernement australien qui, après les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, avait engagé un grand nombre de soldats en Irak a dû faire face à une élection le 9 octobre. Après la publication des résultats des élections en Espagne, le dirigeant de l’opposition travailliste Mark Latham s’était engagé de façon très nuancée à retirer les forces australiennes avant la fin de l’année. Ceci a suscité une mise en garde sévère de Washington. Le parti travailliste est rapidement rentré dans le rang (fell into line) et a confirmé son soutien pour la poursuite de l’occupation en Irak. Il a fait connaître clairement et par avance son soutien pour toute guerre préventive que les Etats-Unis mèneraient à l’avenir.

La campagne électorale officielle n’a littéralement connu aucun débat sur la guerre en Irak. Howard a été réélu, le nombre de voix pour les travaillistes a chuté à moins de 38 pour cent, leur résultat le plus bas depuis 1931. Dans un article en deux parties, le WSWS a expliqué que, « Contrairement à ce que disent les pontes de la presse, la victoire électorale de Howard n’a pas exprimé un soutien pour l’invasion de l’Irak, une indifférence à l’égard des mensonges du gouvernement ou la confiance d’un électorat nanti et satisfait dans la politique économique et sociale du gouvernement de coalition. Au contraire, elle a montré que les graves inquiétudes éprouvées par des millions de personnes n’ont pu trouver un débouché dans le cadre du système bipartite. »

Au Moyen-Orient, l’un des événements clé de 2004 a été la mort le 11 novembre de Yasser Arafat, le symbole international de la résistance palestinienne pendant près de quatre décennies. Il avait précédemment été contraint de vivre des mois durant en résidence surveillée, entouré de soldats israéliens et privé des commodités les plus élémentaires. Un article nécrologique (Yasser Arafat, 1929-2004) paru sur le WSWS avait constaté :

Le monde se souviendra de Yasser Arafat comme d'un homme doté d'un immense courage personnel et d'une loyauté indéfectible à l'endroit de la cause palestinienne... L'échec ultime du projet national d'Arafat ne peut être attribué aux qualités subjectives d'un individu. Les forces et les faiblesses d'Arafat ne font que refléter les problèmes et les contradictions du mouvement politique qu'il a dirigé… La racine de la tragédie d'Arafat est la perspective politique erronée sur laquelle il a basé sa lutte politique. Plus que jamais, dans une économie mondiale dominée par une poignée de banques et d'entreprises transnationales, la leçon fondamentale du XXe siècle reste la même : le remède contre l'oppression nationale et l'exploitation sociale ne se trouve pas dans la voie nationale, mais bien dans la voie internationale et socialiste.

En Ukraine, le deuxième tour des élections présidentielles tenu le 21 novembre, a vu Viktor Yanukovich, le candidat entretenant d’étroits liens avec la Russie et représentant les intérêts des oligarques du charbon et de l’acier basés dans la partie orientale de langue russe, être déclaré vainqueur. Cependant, son adversaire, Viktor Yuschenko a affirmé que le vote avait été truqué et organisé une série de protestations publiques appuyées par les Etats-Unis et les élites dirigeantes européennes et surnommées « Révolution orange » par les grands groupes médiatiques. Le WSWS s’opposa au rôle joué par Washington (The WSWS opposed Washington’s role), et avertit de ce que les « révolutions de couleur » antérieures appuyées par les Etats-Unis avaient produit en Servie et en Géorgie.

Yushchenko voulait ouvrir l’Ukraine au capital occidental pour se rapprocher stratégiquement de Washington. Finalement, ses adversaires cédèrent en acceptant une réélection le 26 décembre lors de laquelle Yanukovich fut battu. Le WSWS formula une analyse indépendante de la lutte intestine au sein de l’élite dirigeante ukrainienne, y compris un reportage fait sur place (report) à Kiev soulignant que les rivaux présidentiels « n’avaient rien en commun avec les intérêts de la grande majorité de la population. »


Les droits démocratiques et les luttes sociales

En 2004, l’on a assisté dans le monde entier à une attaque drastique des droits démocratiques. Aux Etats-Unis, le gouvernement Bush a recouru à la présumée « menace terroriste » pour procéder à une extension massive des pouvoirs de l’appareil d’Etat. Cette tendance a été suivie par les élites dirigeantes de nombreux pays alliés soutenant la politique de guerre des Etats-Unis.

Moins de deux semaines après le début de la nouvelle année, Bush a décrété une loi prévoyant l’extension des pouvoirs policiers d’espionnage et de surveillance (expanded police spying powers) ainsi que le Patriot act, controversé. Le gouvernement a fait avancer ses plans à l’aide  d’arguments juridiques qui anéantissent de fait des droits fondamentaux tel l’habeas corpus. En réponse à une critique formulée par la Cour suprême américaine à l’égard de la détention indéfinie de prisonniers à Guantanamo Bay (indefinite detention of prisoners at Guantanamo Bay), le gouvernement a dit que ceux interpellés dans la « guerre contre le terrorisme » n’avaient aucun droit de contester leur incarcération.

L’année s’est terminée avec l’adoption par le Congrès américain d’une vaste réorganisation (sweeping reorganization) des services de renseignement américains dans le but de renforcer leurs pouvoirs à l’égard de la population du pays. Dans le même temps, le choix de l’ancien commissaire de police de New York, Bernard Kerik, comme chef du Département de la sécurité intérieure – qui aboutira à un scandale et à la démission de Kerik – a mis en lumière  la montée d’éléments criminels (the rise of gangster elements) dans l’appareil de sécurité américain.

Des développements identiques ont eu lieu en Europe où une politique de la ‘forteresse Europe’ a été imposée pour empêcher les immigrants d’entrer dans des pays de l’UE et qui comprenait la création d’une force spéciale de protection des frontières, Frontex, pour patrouiller en Méditerranée.

Plusieurs milliers de réfugiés en quête de moyens de subsistance ont perdu leur vie par an, se noyant dans la mer. Les réfugiés capturés sur le continent, notamment en Allemagne, (Germany) ont été soumis à une brutalité croissante.

En février, le parlement néerlandais (Dutch) a décidé la déportation en masse de plus de 25.000 réfugiés. En octobre, le gouvernement italien (Italian government) a commencé le renvoi immédiat de ceux qui avaient réussi à atteindre les côtes de l’Italie sans même leur accorder leur droit de demander, conformément à la loi internationale et européenne, le statut de réfugié.

En France, la campagne menée contre les Musulmans et les immigrés a pris la forme la plus ouverte et la plus réactionnaire où le gouvernement conservateur, l’opposition socialiste, les médias et la plupart des organisations libérales et même de « gauche » (La fête de Lutte Ouvrière Silence sur la guerre en Irak et soutien à la loi interdisant le port du voile) ont soutenu l’interdiction du port du voile islamique à l’école. Ceci a été fait sous le prétexte de défendre les « valeurs républicaines » et la laïcité. Mais ce n’était qu’une raison pour attiser la xénophobie dans le but de diviser et d’affaiblir la classe ouvrière face aux attaques contre les programmes sociaux.

Alors que les attentats du 11 septembre étaient utilisés comme prétexte tous azimuts pour toute action souhaitée par la Maison Blanche, le Pentagone et la CIA, l’enquête officielle sur ces attaques a été une couverte délibérée de l’indifférence, de l’inaction et carrément de la négligence de la part du gouvernement Bush en réaction aux avertissements qu’une attaque terroriste catastrophique était sur le point d’avoir lieu aux Etats-Unis.

Dans une analyse détaillée de ce que les auditions de la commission du 11 septembre ont révélé (What the September 11 commission hearings revealed), le WSWS a expliqué que la commission bipartite avait pour tâche de supprimer les preuves de plus en plus nombreuses comme quoi l’appareil de sécurité américain avait effectivement permis aux attaques d’avoir lieu et que la direction d’al Qaïda entretenait depuis des années des liens avec la CIA, liens qui n’ont jamais fait l’objet d’une enquête sérieuse.

En août 2004, le gouvernement américain a utilisé des « menaces » non corroborées d’une surveillance d’institutions financières par al Qaïda pour déclencher une alerte orange (orange alert). Des centaines de policiers locaux et fédéraux lourdement armés ont été déployés autour d’institutions financières clés à Washington, New York et Newark au New Jersey. Cette décision politique, soutenue par Kerry et les démocrates avait été calculée  pour promouvoir la réélection de George Bush et pour garantir que l’élection de novembre serait tenue dans un climat de peur.

Le même mois, en violation flagrante des droits démocratiques fondamentaux et constitutionnels, le Joint Terrorism Task Force (JTFF) du FBI et le Département de police de la ville de New York a mobilisé des agents pour espionner, interroger et menacer des manifestants anti-guerre et perturber leurs activités avant la tenue de la convention des Démocrates à Boston et de la convention des Républicains à New York (Republican convention).

Le NYPD a lancé une répression sévère (harsh crackdown) contre les manifestants anti-Bush, en arrêtant entre 1.500 et 2.000. Des manifestants ont été détenus dans des conditions épouvantables – dans certains cas pendant 24 heures ou plus – dans des cages renforcées de fil de fer barbelé où ils étaient obligés de dormir à même un sol en béton couvert d’huile et de produits chimiques.

Ces mobilisations policières ont montré que la véritable cible de la « guerre contre le terrorisme » n’était pas une poignée de fondamentalistes islamiques cachés dans des grottes d’Afghanistan et du Pakistan mais bien l’opposition sociale montante venant de la classe ouvrière, aux Etats-Unis et internationalement, contre les attaques de la classe dirigeante contre les emplois, le niveau de vie et les droits démocratiques.

En 2004, l’Amérique était devenue le pays le plus inégal parmi les principaux pays les plus industrialisés et le WSWS a accordé une considérable attention à l’aggravation de la polarisation sociale. Alors que 82 millions d’Américains étaient, à un moment ou un autre durant 2002 et 2003, privés d’assurance maladie (82 million Americans lacked health insurance) et que les entreprises supprimaient des milliers d’emplois, même durant une soi-disant reprise après la récession de 2001, la richesse de l’élite dirigeante a augmenté de façon exponentielle.

C’était là des tendances mondiales : le nombre des milliardaires dans le monde a augmenté jusqu’à 587, un chiffre record. Leur fortune combinée a augmenté de 36 pour cent (combined wealth soaring by 36) en une seule année. Parallèlement, un milliard d’enfants (one billion children) souffrait d’au moins une forme de privation sociale ; 500 millions étaient sans accès à des installations sanitaires et 270 millions étaient sans accès à des soins de santé. 

L’assaut contre les conditions de vie n’est pas resté sans réaction de la classe ouvrière. Une vague de protestations urbaines combatives contre la corruption et la pauvreté en Chine (China), une importante grève dans la province canadienne de la Colombie Britannique (British Columbia), une lutte à une usine Opel en Allemagne (Opel car factory) et des grèves des infirmières (nurses) et du personnel scolaire du Michigan figurent parmi les nombreuses actions entreprises par les travailleurs et couvertes par le WSWS.


Les campagnes du SEP sur quatre continents

Dans le courant de 2004, des sections du Comité International ont mené des campagnes électorales sur quatre continents. Au Sri Lanka, en Allemagne, en Australie et aux Etats-Unis, les candidats du Socialist Equality Party (Parti de l’Egalité socialiste, SEP) ont présenté un programme international commun, axé sur la lutte pour la mobilisation de la classe ouvrière contre la guerre impérialiste et l’attaque des droits démocratiques.
Au Sri Lanka, le SEP a participé aux élections parlementaires tenues en avril 2004. La déclaration du parti (statement) a présenté une perspective socialiste révolutionnaire pour l’unification de la classe ouvrière du Sri Lanka et d’Asie méridionale avec leurs frères et sœurs de classe en Amérique, en Europe et de par le monde.

Durant la campagne, le SEP a fait cette mise en garde (warned) que l’élection marquait un tournant, le coup constitutionnel de Kumaratunga, la présidente, signifiant qu’on se tournait vers des formes dictatoriales de gouvernement et vers une reprise de la guerre brutale et communautariste menée contre le peuple tamoul. Le SEP a aussi démasqué les différents partis d’opposition dont les partis cinghalais chauvins JVP et JHU et le pseudo-gauche NSSP. Après les élections, le SEP a averti de ce que le gouvernement Kumaratunga avait créé les conditions d’une nouvelle éruption de la guerre civile. 

La section allemande, le PSG, est intervenu dans les élections parlementaires européennes qui se sont tenues en juin dans de nombreux pays de l’Union européenne et avança un programme pour l’unification socialiste du continent européen en opposition à la constitution capitaliste proposée qui renforcerait le pouvoir des grands monopoles financiers (Déclaration du Parti de l'égalité sociale (Allgemagne) aux élections européennes Pour les Etats Unis Socialistes d'Europe).

La section britannique s’est associée à cette campagne contre la constitution européenne en publiant sa propre déclaration (statement) analysant la position contradictoire de la classe dirigeante britannique qui essaie de resserrer ses liens avec l’Europe tout en maintenant ses « relations spéciales » avec l’impérialisme américain.

Les sections du CIQI rejetèrent à la fois l’extension de l’OTAN (expansion of NATO) au territoire de l’ancien Pacte de Varsovie et l’assaut contre les emplois et le niveau de vie des travailleurs en Allemagne (assault on the jobs and living standards of workers in Germany) et dans d’autres pays faisant partie de l’UE depuis longtemps. Ces attaques ont résulté dans l’effondrement du soutien politique pour le Parti social-démocrate (SPD) qui a été ramené à 25 pour cent de voix en Allemagne, un niveau historiquement bas.

Dans le but de fournir un nouvel appui au capitalisme allemand, une partie de la bureaucratie syndicale et des éléments de « gauche » ont créé Le groupe Alternative électorale travail et justice sociale : une manoeuvre bureaucratique (WASG) qui finit par fusionner avec les ex-staliniens du PDS de l’Allemagne de l’Est pour constituer le parti La gauche (Die Linke).
Le PSG a recueilli plus de 26.000 voix pour ses candidats, son meilleur score jamais obtenu dans une élection allemande malgré un quasi boycott des médias. Ceci a inclus l’important soutien des cités et des villes où le PSG n’avait auparavant jamais eu une présence active. Dans le même temps, les résultats furent un choc (results were a shock) pour les gouvernements de tous les pays de l’UE avec un record d’abstentions et de pertes pour les partis dirigeants.

En Australie, le Socialist Equality Party a participé à l’élection fédérale d’octobre en procurant à la classe ouvrière une voix politique indépendante, une perspective et un programme (program) socialistes pour lutter contre la guerre, la réaction sociale et l’assaut contre les droits démocratiques. Dès le début, le SEP a caractérisé la campagne officielle comme une campagne du mensonge et de la provocation (lies and provocation). Le gouvernement Howard a étendu « de la guerre à l’économie la technique du grand mensonge », exploitant le niveau d’endettement record des ménages pour mener une campagne de la peur et disant que si le gouvernement n’était pas réélu, les taux d’intérêt allaient monter. La campagne contre la guerre en Irak (campaign against the Iraq war) que le SEP avait promu tout au long de l’année a été au centre de l’intervention électorale du parti.

Dans une série de déclarations électorales, ainsi que dans des réunions publiques et des forums, les candidats ont démasqué le programme droitier des principaux partis et exposé la différence entre le SEP et sa perspective pour la classe ouvrière et les divers partis plus petits et autres candidats protestataires. James Cogan a examiné l’évolution politique de Peter Garrett, ex-militant radical devenu politicien travailliste australien (from radical activist to Australian Labor politician). Dans un important article en deux parties, le secrétaire national du SEP Nick Beams a examiné l’idéologie et la politique des Verts australiens (The ideology and politics of the Australian Greens.)  

La campagne électorale la plus longue, s’étendant sur près de dix mois, a eu lieu aux Etats-Unis où le SEP a annoncé, dans une déclaration du 27 janvier, (statement January 27) qu’il présenterait des candidats tant aux élections présidentielles qu’à celles du Congrès. Bill Van Auken, un dirigeant de longue date du SEP, journaliste et rédacteur du WSWS, a été le candidat présidentiel tandis qu’un autre dirigeant de longue date du SEP, Jim Lawrence, un travailleurs de l’automobile à la retraite de Dayton (Ohio), a été candidat à la vice-présidence.

Dès le début de la campagne, le SEP a été l’unique parti à adopter une position de principe contre la guerre en Irak, comme le montre clairement les déclarations (statements) publiées par le candidat présidentiel, Bill Van Auken.

Une analyse objective de la crise du capitalisme, de l’explosion du militarisme américain et une étude détaillée du rôle joué par le Parti démocrate ont été au centre d’une conférence organisée par le SEP en mars 2004 sous le titre : « Les Elections américaines de 2004 : le bien-fondé d’une alternative socialiste » (The 2004 US Election: the Case for a Socialist Alternative).

Dans le rapport d’ouverture (opening report), après avoir examiné les causes objectives de la guerre, le président du WSWS, David North, a expliqué :

En se fondant sur toutes les leçons de l’histoire de la classe ouvrière américaine, le Socialist Equality Party rejette totalement l’affirmation qu’en 2004 la tâche la plus urgente, à laquelle doivent être subordonnée toutes les autres préoccupations et considérations, est de battre le président Bush.

Non, la tâche la plus immédiate et urgente est de lutter pour l’indépendance politique de la classe ouvrière sur la base d’un programme socialiste et internationaliste. Le problème Bush doit être résolu par la classe ouvrière elle-même. Elle doit mettre en avant sa propre solution et ne pas la confier à diverses sections de l’élite dirigeante.

Bill Van Auken et Jim Lawrence prirent également la parole devant la conférence tout comme des délégués du Comité International venus d’Australie, d’Allemagne, de Grande-Bretagne et du Canada, qui tous parlèrent du caractère international de la campagne.

La campagne présidentielle du SEP a jouit d’un important soutien parmi les travailleurs et les jeunes, et les candidats du SEP figuraient sur les bulletins de vote au Colorado, au Michigan, au Minnesota, au New Jersey et à Washington. En septembre, le SEP a publié une déclaration électorale dans laquelle il exposait les principaux thèmes des élections.

En plus de présenter des candidats aux postes de président et de vice-président, le SEP a aussi présenté des candidats aux élections législatives dans les Etats où à l’élection au Congrès en Californie, dans l’Illinois, le Maine, le Michigan et l’Ohio. Dans de nombreux Etats, les candidats du SEP ont dû faire face à une opposition virulente de la part du Parti démocrate et des fonctionnaires électoraux. Dans l’Illinois, les responsables de l’Université de l’Illinois ont cherché à harceler le candidat du SEP, Tom Mackaman, qui était étudiant et enseignant à temps partiel.

Parallèlement à ces campagnes politiques ambitieuses et menées avec énergie, les sections du Comité International ont continué à développer la critique trotskyste des intellectuels prétendument de « gauche » du genre de Noam Chomsky – qui ont soutenu Kerry et les Démocrates lors des élections présidentielles.

Nick Beams a fait une importante évaluation de la carrière et de la pensée politique de Paul Sweezy, le co-éditeur de longue date du magazine Monthly Review et auteur de l’influente revue Monopoly Capital, expliquant que Sweezy rejetait dans l’essentiel la théorie de Marx de l’effondrement du capitalisme et s’adaptait politiquement au stalinisme.

Peter Schwarz, le secrétaire du CIQI, a analysé en détail l’histoire des principaux groupes opportunistes français de « gauche », Lutte Ouvrière, la Ligue communiste révolutionnaire et le Parti des Travailleurs, les représentants politiques du radicalisme petit-bourgeois dans ses différentes variantes: capitaliste d’Etat, pabliste et syndicaliste. (La politique de l'opportunisme : l'extrême gauche en France Première Partie ­ Le pacte électoral LO-LCR)

Chris Marsden, le secrétaire du SEP britannique, a examiné la politique du principal dirigeant du groupe britannique capitaliste d’Etat, le Socialist Workers Party (anciennement International Socialists) Alex Callinicos dans un article en trois épisodes traitant d’un livre écrit par celui-ci et intitulé « An Anti-Capitalist Manifesto ».

Ce travail théorique a été absolument essentiel pour permettre au Comité International de prendre l’offensive politique contre les organisations de la pseudo-gauche qui, actuellement, émergent partout comme des piliers cruciaux de l’impérialisme et des gouvernements bourgeois dans les principaux pays capitalistes.

Matériel mis en ligne


Art et culture

En 2004, le WSWS a publié des critiques de films tant produits aux Etats-Unis qu’internationalement comme Cold Mountain, 21 Grams, Maria Full of Grace, The Dreamers, City of God, et du répugnant Kill Bill 2 de Quentin Tarantino. Il y eut aussi un commentaire sur la 76e remise d’oscars (76th Academy Awards) et des articles nécrologiques sur des personnalités importantes du cinéma telles que Alan Bates, Marlon Brando et Michelangelo Antonioni.

Les sujets culturels traités par le WSWS comprenaient la couverture en détail de festivals du film dans le monde entier, parmi lesquels ceux de Buenos Aires, San Francisco, et Berlin.

D’une importance particulière fut la critique d’une version entièrement restaurée du documentaire anti-impérialiste novateur La bataille d’Alger (The Battle of Algiers) et une interview de son metteur en scène Gilles de Pontecorvo. Richard Phillips écrivit dans sa critique :

Près de 40 ans après sa sortie initiale il possède encore un écho formidable parce qu’il montre le ‘modus operandi’ de l’oppression coloniale contemporaine et révèle ce qui engendre et alimente un mouvement nationaliste d’insurrection. En fait, les sièges visant des villes entières, les arrestations de masse et la torture montrés dans le film préfigurent les attaques israéliennes menées contre les Palestiniens et les méthodes utilisées aujourd’hui par les forces américaines en Irak et en Afghanistan.

La popularité véritable et étendue du documentaire Fahrenheit 9/11 de Michael Moore indiquait une opposition de masse à la politique de la « guerre contre la terreur » de l’administration Bush. Dans sa critique de ce film, David Walsh montra la signification du succès initial du film qui avait vu des milliers de personnes remplir les salles de cinéma et montrer ainsi leur hostilité à Bush et à la guerre en Irak.

Les médias américains et leurs personnalités dirigeantes se sont trouvés irrémédiablement démasqués par la réaction à Fahrenheit 9/11. La présence massive de spectateurs dans les salles de cinéma – sans précédent pour un film documentaire – démentait tout ce qu’on avait affirmé sur la popularité du « président de la guerre » et de son régime.

Cette critique mettait aussi le doigt sur les faiblesses politiques de Moore, en particulier sur son « refus de rompre avec le Parti démocrate, sa façon populiste de tirer avantage et son obsession de l’individu Bush. » L’évolution ultérieure de Moore a confirmé cette mise en garde. Si Fahrenheit 9/11 mettait bien explicitement en rapport l’explosion de militarisme et la structure de l’économie, Moore n’en est pas moins devenu un défenseur public de la politique militariste de l’administration Obama qu’il caractérise faussement comme plus modérée que celle de Bush.