Cet article a été publié en juillet 2016 dans la foulée de la victoire du « Brexit » au référendum du 23 juin au Royaume-Uni. Il contient toutefois des éléments de réflexion sur les évolutions en cours du système-monde qui ne se limitent pas à la situation conjoncturelle de sa publication.
Le 23 juin, le référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) a vu la nette victoire des partisans du Brexit. Un résultat accueilli comme un séisme sans précédent par les politiques et les commentateurs, qui ont avancé des explications variées et quelque peu contradictoires sur les causes et les conséquences de cet événement pour la Grande-Bretagne et le reste du monde.
On notera tout d’abord qu’aucune décision légale de retrait de l’UE n’a été prise à ce jour, ce référendum n’ayant, juridiquement, qu’une valeur consultative. Pour quitter l’Union européenne, Londres doit notifier formellement aux instances communautaires sa décision de recourir à l’article 50 du traité de Lisbonne, sur lequel se fondent le droit et les modalités de retrait d’un pays de l’UE. Nul n’ayant jamais invoqué l’article 50, on peut effectivement parler, en ce sens, d’un fait sans précédent. Pour cette raison même, personne ne peut prédire comment il s’appliquera en pratique. S’il semble très improbable que le gouvernement britannique, quel qu’il soit, se permette d’ignorer le résultat du référendum, on observe, curieusement, qu’aucun ténor de la classe politique britannique ne s’est montré très pressé d’invoquer l’article 50, ce qui constituerait une action irréversible.