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Ce que la montée de Marine Le Pen dit de la France et des Français

Et si ce n'était pas un vote "contre"? Pas un vote de sanction mais bel et bien un vote "Pour", égal aux autres? Une véritable victoire démocratique.

18/11/2016 16:40 CET | Actualisé il y a 4 heures
Charles Platiau / Reuters
Marine Le Pen pose devant son logo de campagne, au QG de campagne, le 16 novembre 2016 à Paris. REUTERS/Charles Platiau

Et s'il n'y avait aucune méprise ?

L'élection de Donald Trump et l'obscénité de la palette politicienne française semble réveiller ces temps-ci de nombreuses aspirations révolutionnaires. Alors que la menace populiste ne s'est jamais annoncée aussi distinctement dans l'Hexagone, les opinions se veulent plus tranchées... mais aussi plus imprécises. De Mathieu Kassovitz, qui appelle à voter pour le parti du Vote Blanc aux prochaines élections, jusqu'à Gérard Collomb et Emmanuel Macron qui parlent de "révolution démocratique", on sent comme un vent de panique.

Pourtant, jusqu'à preuve du contraire, tout s'est fait dans les règles outre-Atlantique. Il ne semble pas non plus que Marine Le Pen ressente le besoin d'avoir recours à la tricherie pour jouer les premiers rôles. Trump, le FN, le populisme décérébré monté en mayonnaise dans sa fierté nationale, et s'il n'y avait aucune méprise ? Estimer que "notre démocratie doit se remettre en question" ne reviendrait-il pas, dès lors, à critiquer les règles d'un jeu auquel on est entrain de perdre ? Derrière ces gémissements intellectuels, on n'entendrait plus que les plaintes de quelques mauvais perdants et leurs fausses bonnes idées.

La 5e République contient tant bien que mal le Front National hors des sphères du pouvoir depuis des années et voici qu'on voudrait nous faire croire qu'elle pourrait transformer une victoire électorale en fruit du hasard ? Au passage, on veut faire du vote blanc une opinion, alors qu'il est l'expression même de ceux qui n'en ont pas. Pire encore, le retour du mirage d'une 6e République qui, si elle voyait le jour, laisserait le problème entier en ne supprimant pas le suffrage universel direct. Ce ne serait qu'une question de temps avant que la droite ou l'extrême-droite ne revienne au pouvoir, toute fringante, pour confirmer l'inutilité de cette fuite en avant.

Il existe une vérité bien plus terrifiante que celle des rouages prétendument grippés de nos institutions. Après s'être vanté de leur choix, une fois confronté au débat, les électeurs du FN lâchent souvent un "j'en ai eu marre. J'ai voulu voter contre la classe politique actuelle". À la lumière de l'élection américaine, la supercherie apparaît dans toute sa splendeur. Et si ce n'était pas un vote "contre"? Pas un vote de sanction mais bel et bien un vote "Pour", égal aux autres? Une véritable victoire démocratique. Un cercle que l'humanité aurait dessiné en moins d'un siècle et qui la ramènerait tout droit au national-socialisme, alors que l'on compte encore quelques survivants de l'époque maudite.

Politiquement, les conséquences sont encore inconnues. Mais philosophiquement, cette victoire du populisme prouve que le véritable moteur de la majorité des hommes est bien l'égoïsme. Que la nature profonde de l'Homme est bien de rejeter l'étranger qui n'a pas les mêmes valeurs, de blâmer le miséreux qui a bien dû mériter sa pauvreté et d'oublier celui qui souffre dès qu'il vit trop loin. L'aveuglement au service de son propre confort moral, déjà affirmé par l'hégémonie de l'idéologie capitaliste et la nature outrageusement inégalitaire de notre monde. Mais un jour, peut-être, accepterons-nous de nous confronter à notre responsabilité collective, sans détour.

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