Par Emma Goldman (1911)
16 novembreQu’est-ce que le patriotisme ? Est-ce le fait d’aimer le lieu où l’on est né, l’endroit où se sont déployés les rêves et les espoirs de notre enfance, nos aspirations les plus profondes ? Est-ce l’endroit où, dans notre naïveté enfantine, nous regardions les nuages défiler dans le ciel à vive allure en nous demandant pourquoi nous ne pouvions nous déplacer aussi rapidement ? Le lieu où nous comptions des milliers d’étoiles scintillantes, effrayés à l’idée que chacune d’entre elles puisse être l’un des yeux (…)
Cela fait désormais trois nuits que la révolte embrase les rues de plusieurs villes à travers les Etas-Unis, et notamment sur la côte nord-ouest du pays (Oakland, Portand et Los Angeles). Ces émeutes ont commencé à éclater dès mardi soir lors de l’annonce de l’élection du milliardaire réactionnaire Donald Trump à la tête de l’Etat. Voici un petit compte-rendu à partir de la presse de ce qu’il s’est passé ces dernières nuits.
Ainsi, après avoir tant critiqué la conviction que l’on pourrait se référer à une science de la transformation sociale, après avoir affirmé qu’il n’existe pas de lois qui régissent les événements sociaux, après avoir démenti l’illusion d’un mécanisme historique objectif, après avoir débarrassé le champ de tous les obstacles au libre-arbitre, après avoir chanté l’excès qui renie toute forme de calcul, voilà que l’on se retrouve à prendre un mètre pour mesurer les pas accomplis. On compte les participants à une initiative, on contrôle la couverture médiatique obtenue, on fait sans cesse des prévisions de bilan. Evidemment, les passions n’étaient pas si méchantes, les désirs n’étaient pas si effrénés, les intérêts n’étaient pas si éloignés.
Dans les forêts de Tchernobyl ou les plaines de la région de Fukushima, il ne suffit pas d’être attentif pour percevoir le danger. Quand la pluie tombe, quand le vent se lève, quand on chute, la figure à même le sol, ce qui nous vient à la gueule, ce n’est pas une nature brute, mais l’effet d’une technologie qui nous pénètre. Nous ne sentons pas plus notre peau brûler que nos vêtements mouillés, nous ne voyons pas de loin un nuage de poussière s’approcher, nous ne respirons pas l’odeur d’un incendie. En (…)
Depuis Shakespeare, Sade et Lautréamont, les écrivains sans visage exercent un pouvoir de fascination presque incoercible. Dans le cas de Marut/Traven, cette absence a d’abord engendré une multiplicité de portraits imaginaires. Mais c’est l’énigme d’une identité tenue secrète pendant les longues années d’un succès croissant qui a ravagé le monde journalistico-littéraire, que par ailleurs l’auteur avait en bien piètre estime.
Chers compagnons,
Je vais parler brièvement de ma situation personnelle, pour laisser ensuite suffisamment de place notamment à la question du rôle concret et général de la répression et de la manière dont nous voulons l’affronter.
Communiqué de soutien au compagnon Fernando Bárcenas
7 novembreDepuis quelques jours de nombreux compagnonnes et compagnons anarchistes nous demandent quelle était la position que défendaient les compagnons anarchistes en prison concernant la demande d’une loi d’amnistie promue par le parti politique de gauche « Morena ». Nous avons lu opportunément la déclaration du compagnon Fernando Bárcenas qui se refuse à participer à ce cirque politique, à faire partie de cette tentative de récupération par Morena des compagnons prisonniers et des causes de leur lutte. Nous exprimons par conséquent notre soutien total au compagnon dans sa position et son attitude conséquente.
Pendant la nuit d’Halloween, plus de 100 personnes masquées ont déambulé à travers le quartier d’Hochelaga à Montréal. Tout en distribuant des bonbons aux enfants et aux voisin-e-s, elles ont tagué de nouveaux immeubles d’appartements et des commerces, responsables de l’embourgeoisement du quartier. Elles ont également défoncé des voitures de luxe et, lorsqu’un véhicule de patrouille a voulu s’approcher un peu trop près du cortège sauvage, il a reçu une pluie de pierres. Tout ce petit monde a disparu comme des fantômes dans la nuit.
Récit à la première personne d’une descente racialiste à Marseille
4 novembreSi aujourd’hui dans le milieu toujours plus décomposé la norme est au ressenti, à cette dictature latente des affects, des subjectivités émotives, de l’étalage de ses fragilités, de la victimisation et de l’hystérisation de la politique, je me contenterai ici d’un récit factuel qui n’engage que moi-même et ma présence en cette soirée ensoleillée d’automne à Marseille, voici donc quelques cuillères à café de « ressenti » subjectif, pas bio, sans sucre et sans victimes dedans.
Voyez qui vient de retirer son passe-montagne !
3 novembreC’est avec peu de surprise que m’est parvenue la nouvelle annonçant que l’EZLN et le Congrès National Indigène (CNI) devraient soumettre une candidature indépendante et indienne pour le scrutin présidentiel de 2018, qui vient confirmer pour la millième fois que les guérillas ne cessent pas d’être ce qu’elles sont : des groupes politiques armés, autoritaires et d’avant-garde pour la prise du pouvoir. Il semble que beaucoup avaient oublié ce fait, certaines tendances de l’« anarchisme » civil ou des (…)
Accusés de renvoyer au pouvoir un peu de sa violence quotidienne, celle qui s’exerce constamment sur des millions de personnes et qui garantie l’existence d’un ordre basé sur l’autorité et l’exploitation. La violence des frontières, de l’empoisonnement de la terre, du travail, de la guerre et de la terreur, du contrôle policier, du totalitarisme technologique et médiatique, de tout forme d’enfermement et de domination. La même violence qui s’acharne contre ceux qui osent lever la tête et se rebeller, individuellement ou collectivement, défiant la loi et l’ordre social.
Tentative de mise à sac, coups, gazage et vitrine détruite
31 octobreVendredi 28 octobre se tenait sur Marseille, dans le local militant « Mille Babords » une réunion publique autour du texte « Jusqu’ici tout va bien ? ». La discussion n’avait pas encore commencé lorsqu’un groupe d’une trentaine de personne a fait irruption dans le lieu. Ce groupe entendait empêcher la discussion prévue et à fait ce qu’il a pu, par des manœuvres aussi pénibles que ridicules, pour y parvenir.
Ce mercredi 25 octobre à Besançon, un deuxième rassemblement s’est tenu place pasteur à 18h pour marquer notre solidarité avec les sans-papiers expulsés du camp de Calais. Contrairement au rassemblement de la veille, un tract a cette fois-ci été distribué aux passant-es. Une banderole a été suspendue quelques heures plus tard à la périphérie de la ville, sur laquelle était marquée "Solidarité avec la jungle de Calais - No Border No Nation". Voici le contenu du tract diffusé :
Salut à tous/tes, juste deux mots concernant la situation du compagnon anarchiste Claudio Lavazza (incarcéré depuis 1996 dans les prisons de l’Etat espagnol). Claudio a été momentanément transféré de la taule de Teixeiro à celle de Valdemoro (Madrid), d’où, à sa demande, il sera envoyé en France pour le procès du tribunal de Paris concernant les accusations qu’on lui reproche (principalement le braquage de la Banque de France*).
Court résumé : Le 24 juin a eu lieu une balade sauvage à Bâle. Quatorze personnes ont été arrêtées pour leur participation présumée, sept personnes ont été placées en détention. Quelques semaines plus tard, une autre personne a été incarcérée. A la fin de l’été et au début de l’automne, toutes ont été relâchées – cela en partie avec la condition de se rendre au commissariat de police une fois par semaine.
NdNF : Le 15 octobre 2016, Houria Bouteldja et Franco Lollia étaient invités par le Front Antiraciste Alsacien (filiale du Parti des Indigènes de la République) à la maison des associations à Strasbourg, avec pour thème « qu’est-ce que l’antiracisme politique ? ». Cette affiche a été trouvée collée sur la maison des associations, nous la reprenons d’Indymedia Nantes qui l’a censuré sans explication sérieuse ni argumentée, pour la sauver du vent. Dédicace à toutes celles et ceux qui refusent de bouffer de la (…)
Dans la nuit du 19 juillet 2016, un homme de 24 ans, Adama Traoré, est tué par la flicaille lors d’une interpellation dans le Val d’Oise. Asphyxié par trois gendarmes, la version officielle parlera d’un « malaise cardiaque ». On ne compte plus les morts sous les coups des porcs en uniforme : abattus par des balles comme Medhi Bouhouta ou Amine Bentounsi, lynchés ou étranglés comme Hakim Aijimi, Wissam el Yamni, Houcine Bouras ou Abdelhak Goradia, tazés comme Loic Louise, tués par leurs « armes non (…)
Le Roi de Thaïlande, Bhumibol Adulyadej (alias Rama IX) est mort. Plus qu’un Roi, il était le Devaraja, le Dieu-Roi du bouddhisme Theravada, la religion d’État de la Thaïlande et des régimes monarchiques historiques du sud-est asiatique (Siam, Birmanie, Laos, Cambodge) qui ont établi leurs centres dans les régions de plaines rizicoles. Monté sur le trône il y a soixante-dix ans, il a depuis donné sa bénédiction à tous les régimes autoritaires qui se sont succédé au pouvoir en Thaïlande, le plus souvent liés aux généraux.
Le texte intitulé Jusqu’ici tout va bien ? est une prise de position minimale écrite cet été dans une dynamique de regroupement d’horizons politiques et géographiques variés. Il a été diffusé pour susciter discussions et prises de positions, pour servir de point de départ à l’expression large et ferme d’un clivage nécessaire et d’un refus commun indispensable pour rouvrir les perspectives révolutionnaires qui font particulièrement défaut en cette période.
La prison n’est pas seulement ce bâtiment glauque à la lisière de la ville et attaquable en tant que tel. Elle représente le degré d’enfermement le plus abouti et la continuité des autres institutions (patriarcat, école, religion, travail, justice..) qui tendent à soumettre et formater les individus.
Parce qu’elle n’existe que pour défendre les intérêts des riches et des puissants, Parce qu’elle vient réprimer toute envie de révolte contre ce monde qui nous veut docile et soumis à l’exploitation, Parce que chaque jour, dans les quartiers, aux frontières ou en manif, elle humilie, blesse et tue, TOUT LE MONDE DÉTESTE LA POLICE.
Par Pierre Chardon (juillet 1914)
20 octobreMais tous ces souvenirs sont odieux, épouvantables. Ils constituent le patrimoine moral le plus ignoble qu’on puisse rêver et il faut être fou à lier ou abruti totalement pour révérer ces horreurs qui montrent bien ce qu’est la patrie : une émanation du maître, du tyran, de l’exploiteur, empruntant les masques les plus divers pour duper, asservir et faire entretuer les peuples frustrés du patrimoine matériel.
Aujourd’hui, cependant, pour être accusé de nihilisme, il suffit simplement de souligner que ceux qui détiennent le pouvoir ne renonceront pas volontairement à leurs privilèges et d’en tirer les conclusions logiques. Au sein du mouvement anarchiste, comme partout, les temps changent. Autrefois, le débat parmi les anarchistes traitait de la façon de concevoir la révolution, aujourd’hui, il semble que toutes les discussions tournent autour de la meilleure façon de l’éviter. Quel autre but pourraient bien avoir toutes ces dissertations sur l’auto-gouvernement, le municipalisme libertaire, ou l’utopie bénie de bon sens ? Il est clair qu’une fois que l’on rejette le projet insurrectionnel en tant que tel, l’hypothèse destructrice commence à prendre des contours effroyables. Ce qui n’était qu’une erreur pour Malatesta - se limiter à la démolition de l’ordre social - est aujourd’hui une horreu pour beaucoup d’anarchistes.
En deux décennies à peine, les ravages sanitaires engendrés par l’industrialisation accélérée de la Chine sont énormes, en particulier ceux dus à la multiplication des sites pétrochimiques mortifères. Ces ravages sont l’une des causes des révoltes qui troublent, crescendo, « l’harmonie » au pays du « socialisme de marché ». Pour comprendre le sens de ces révoltes, il faut déjà saisir que les secteurs clés de l’économie, au premier chef le nucléaire, demeurent propriété d’Etat ou propriété de sociétés mixtes, placées sous le contrôle de l’Etat. Ainsi, la Compagnie nucléaire nationale chinoise (CNNC) possède et gère, pour l’essentiel, la filière électronucléaire en Chine. Ce qui signifie que les décisions importantes sont prises, en dernière instance, par le pouvoir central, à Beijing. Bien qu’elles soient l’objet de multiples tractations, plus ou moins mafieuses, avec les pouvoirs locaux, qui ne veulent pas jouer le rôle de boucs émissaires en cas d’échec.
Par Michele Bicchieri (janvier 1957)
14 octobreEn prison, Vanzetti lisait tous les livres qu’il recevait ; pas tant pour passer le temps que par souci d’apprendre, dans la recherche d’éléments valables pour la résolution du problème social. Ses écrits de cette période sont le fruit de beaucoup de réflexions et un précieux apport à la cause qu’il embrassait, ainsi qu’un miroir de son cœur noble et de son intelligence vive : d’innombrables lettres envoyées à des amis et compagnons, des articles pour des journaux prolétaires en langue italienne, des exposés que Vanzetti lui-même préparait pour la défense au cours de divers débats du procès, et enfin, deux œuvres autobiographiques, dont « Histoire d’une Vie Prolétaire » qui fut publiée en feuilleton dans 20 journaux et reçut de nombreux éloges.
Si Belleville est un village, alors sortons les fourches
12 octobreIl se trouve que la mairie de Paris veut nous civiliser. Ça tombe bien, nous on veut en découdre avec elle et tous ceux qui participent au triomphe de la civilisation, avec ses valeurs et sa morale cadenassée par le fric, ses flics et ses avant-gardes culturelles, militaires et politiques. Par le biais de ses artistes, la ville voudrait nous faire croire que cette vaste cage qui nous sert de monde est un havre de liberté et d’harmonie. Elle pose la création artistique comme un moyen d’exorciser les tensions sociales pourtant bien présentes. On nous avait déjà vendu le foot, la politique et la religion pour nous calmer, pour servir d’exutoire à la guerre sociale. Ouais, mais non. On préfère encore faire exploser les stats des voitures cramées et poser la conflictualité en acte comme seul rapport au système.
solidarité face à leurs coups de pression !
11 octobreLe sale travail du secrétaire général de la préfecture du Doubs, Jean-Philippe Setbon, a été mis au grand jour à Besançon à travers la publication de deux articles : le premier, sous le titre « Besançon : un ragoût préfectoral particulièrement écœurant », publié sur le blog du Libertaire Bisontin et l’autre intitulé « La charité : parfait alibi de la machine à expulser » qui comporte l’encart « Une pourriture nommé Setbon » publié dans le journal « Séditions » n°8 du mois de septembre 2016.
Alors non, Dagnaud, roi des ordures, nous n’agréons point l’expression de ta considération distinguée. Ce quartier ne nous appartient point, comme il n’appartient pas aux migrants. Il t’appartient, à toi, tes urbanistes et tes flics. Pour quiconque refuse de traiter les masses de pauvres en ordures humaines, tu es un ennemi.
À l’échelle européenne, les gouvernements sociaux-démocrates (Jospin, Blair, Schroeder) comme conservateurs (Berlusconi, Aznar, Raffarin) ont élargi la voie d’une modernisation libérale et d’une uniformisation du capitalisme européen. Face à ces attaques contre les salariés et les chômeurs, des luttes sociales sont réapparues, notamment en France et en Italie, tandis qu’un mouvement critiquant la « mondialisation libérale » se manifeste depuis quelques années à l’occasion de sommets internationaux (…)
Par Jacques Prévert (1946)
5 octobreDe deux choses lune l’autre c’est le soleil les pauvres les travailleurs ne voient pas ces choses leur soleil c’est la soif la poussière la sueur le goudron et s’ils travaillent en plein soleil le travail leur cache le soleil leur soleil c’est l’insolation et le clair de lune pour les travailleurs de nuit c’est la bronchite la pharmacie les emmerdements les ennuis
et quand le travailleur s’endort il est bercé par l’insomnie et quand son réveil le réveille il trouve chaque jour devant son lit la sale (…)
Internet est en effervescence d’informations depuis les émeutes survenues ici en Alabama, dans la prison de Holman (l’agression au couteau d’un maton et d’un officier de la correctionnelle, les incendies qui ont été allumés, la surpopulation, etc.) mais ce que l’on a omis dans ce récit, c’est que c’est une bagarre entre deux prisonniers queer, au sujet des relations queer, qui a été le catalyseur de ces émeutes. Une fois l’embrouille réglée, le porc et le maton ont essayé d’intervenir et se sont fait poignarder.
Fin août, Dilma Roussef, aux commandes de l’Etat brésilien pendant près de six ans, a été destituée par le Sénat. Elle a été remplacée par Michel Temer, qui était déjà vice-président du pays sous Roussef. S’en sont suivis plusieurs journées de protestations (en grande majorité citoyennistes), réclamant le départ de Temer. Toutefois, ces manifs ont montré une conflictualité qui a débouché sur des émeutes dans de nombreuses villes brésiliennes (Curitiba, Sao Paulo, Porto Alègre, Florianopolis, etc…). Des (…)
C’est un point sombre sur la carte, plongé dans la brume des gaz lacrymogènes ou du temps pourri du Nord de la France. Y aller, pour quoi faire ? L’humanitaire vous répugne, la météo vous rebute et sur le terrain un rapport de force démesuré et défavorable condamne à l’impuissance. Pas si vite, voici une proposition à saisir depuis là où vous êtes.
Par Zo d’Axa (octobre 1981)
29 septembreIl est, cette semaine, un coup de revolver dont tous les échos du monde ont répercuté le son. Les chroniqueurs de partout et les politiques d’ailleurs, depuis le bas-bleu — sensible à la ligne — jusqu’au faiseur implacable, tous et toutes, avec des mines de jongleurs misérables, se sont renvoyé la balle — la balle sanglante qui traversa les tempes de Boulanger.
L’atmosphère est réellement irrespirable ces temps-ci : comme des vagues tempétueuses qui remuent la vase, les sommations à se mettre au garde-à-vous derrière le drapeau national se succèdent. État d’urgence prolongé de mois en mois, durcissement continu du code pénal, pouvoirs sans cesse élargis de la police, perquisitions à tout-va et assignations à résidence distribuées à la pelle…
Le prétexte affiché par l’État serait de mettre un terme à la vétusté de cette vieille taule, et de créer des « conditions d’enfermement plus dignes » pour les détenu-es. Derrière le langage humanitaire, le véritable objectif de cette restructuration est clairement de pouvoir enfermer plus de monde, et de manière plus sécurisée (renforcer l’isolement des détenu-es, limiter les contacts entre elles-eux, empêcher les solidarités, les mutineries et les évasions).
Ce bref préambule étant posé, entrons dans le vif du sujet. Chère CGT de l’Isère, nous affirmons sans détour que tu ne vaux pas mieux que la flicaille. Et cela, pour plusieurs raisons que nous allons détailler dans la suite de cette lettre.
Nous ne faisons que jouer nos rôles, nous ne faisons que nos métiers, nous ne faisons qu’appliquer les normes et les lois en vigueur, nous ne faisons qu’obéir aux ordres, nous y sommes réduit, la plupart du temps, et c’est bien ça le problème.
Pour comprendre quelque chose aux dernières émeutes dans le village de Wukan, il faut déjà comprendre quelles sont les particularités du régime foncier en Chine continentale, caractérisé par l’absence de propriété privée du sol. Pour l’essentiel, il reste basé sur deux modes de propriété, établis à l’époque de la constitution de l’Etat maoïste. Le premier est fondé sur la propriété d’Etat. Seul le pouvoir central peut en disposer. Le deuxième est fondé sur les propriétés collectives. Les pouvoirs locaux peuvent (…)
Que les choses soient claires, nous ne considérons pas notre positionnement sur cette question comme étant supérieur aux autres, ni comme le seul valable. Néanmoins, nous voulons apporter notre contribution au débat. Nous trouvons que la question du citoyennisme et des attitudes militantes qui s’y rapportent n’est pas, ou peu, posée frontalement (de même que d’autres questions, qui seront abordées dans de prochains textes), ceci sans doute par peur de faire tomber l’illusion de l’unité, et nous (…)
Nous rappelons que le compagnon est accusé d’avoir placé un engin explosif dans le commissariat des Carabineros de San Miguel, et qu’après plusieurs mois de prison préventive il avait pu être placé en résidence surveillée, une mesure qu’il a décidé d’enfreindre en assumant sa clandestinité au mois de juin.
Il y a plus d’un an, dans la nuit du 21 août 1974, deux femmes sont violées par trois hommes, alors qu’elles campaient au bord de la mer, près de Marseille ; les trois hommes sont arrêtés et sont passés en correctionnelle le 17 septembre 1975 pour « coups et blessures » et non en Assises pour viol ! Implicitement la justice considère que les deux femmes étaient consentantes, ce qui confirme l’opinion très largement répandue qu’un « viol ça n’existe pas et qu’elles sont toutes plus ou moins consentantes ». En somme pour être violée, il faut être soit une jeune vierge, soit une vieille femme (et encore ! pour ce dernier cas).
Certains ont l’habitude, parce qu’ils sont fiers et probablement un peu désuets, d’autres pour se moquer, de dire « y en a pas un sur cent, et pourtant ils existent… » sur l’air bien connu d’un vieux clown. A la section AS2 de la prison de Ferrara, il y en a cent pour cent, et ils existent bel et bien, les anarchistes…
Parlons un peu de nous-mêmes, nous les humains. On nous a rangés dans des cases qui sont autant de cages, quand nous ne l’avons pas fait nous-mêmes, on nous a séparés sur des critères qui n’étaient pas les nôtres et en fonction de causes ou d’identités qui n’ont jamais été les nôtres. On nous a compartimentés, classifiés, on a transformé ce qui pourrait être des relations simples entres humains en de sinueux labyrinthes semés de séparations imaginaires rendues réelles et entretenues par une armada de lois, qu’elles soient inscrites dans des codes pénaux ou dans des codes sociaux, moraux et traditionnels. Mais au fond qu’est-ce qui nous différencie vraiment ?
Un nouveau consultant tourne dans les couloirs du parquet et de la préfecture de police de Turin. Plus squelettique que Fassino, plus nauséabond que Borghezio, plus décrépit que Mathusalem, il tourne dans ces lieux comme un véritable fantôme. Notamment parce que c’est un fantôme. Quand il était en vie, il s’appelait Caio Tito et officiait au Sénat de la Rome antique. C’est lui, soupçonne-t-on, qui a été l’auteur du diction « Verba volant scripta manent » (les paroles s’envolent, les écrits restent). Sauf que — contrairement à ce qu’on pense — le vieux sénateur n’entendait pas conseiller de laisser une trace des pensées qui risqueraient sinon de disparaître au vent, au contraire ! Son propos était plutôt une invitation à la précaution, à la prudence, qui s’adressait à ses honorables collègues de forfaitures. On peut toujours démentir les paroles prononcées, pas celles imprimées.