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Recensions

Doris Prechel & Helmut Freydank, Urkunden der königlichen Palastverwalter vom Ende des 2. Jt. v. Chr. Das „Archiv“ Assur 21101 (M7 F), Studien zu den Assur-Texten 5

Lionel Marti
p. 450-453
Référence(s) :

Doris Prechel & Helmut Freydank, Urkunden der königlichen Palastverwalter vom Ende des 2. Jt. v. Chr. Das „Archiv“ Assur 21101 (M7 F), Studien zu den Assur-Texten 5, Wiesbaden, Harrassowitz, 2014, 145 p., ISBN 978-3-447-10184-4.

Texte intégral

1L’ouvrage propose une édition en transcription, traduction et commentaire des tablettes portant le numéro de fouille Ass. 21101, correspondant à l’archive M7 F retrouvée à Aššur (selon la nomenclature de O. Pedersén, Archives and Librairies in the City of Assur. A Survey of the Material From the German Excavation. I [Studia Semitica Upsaliensia 6], Uppsala, 1985, p. 68-81). Ce groupe de textes a été découvert sur le pavement en brique d’une grande cour entourée de pièces du bâtiment Nr. e7 : 40 situé entre les temples de Sîn et Šamaš et le temple d’Ištar. Il appartient à une archive plus vaste, comportant au moins 420 tablettes, auxquelles on pourra ajouter des tablettes trouvées lors des fouilles du secteur en 2001 (voir E. Frahm, « Assur 2001: Schriftfunde », MDOG 134, 2002, p. 62-86), produite par les bureaux de l’intendant AGRIG du palais (pour cette archive voir en dernier lieu N. Postgate, Bronze Age Bureaucracy. Writing and the Practice of Government in Assyria, Cambridge, 2013, p. 147-176), du palais, pour lequel les auteurs préfèrent ne pas choisir entre la lecture traditionnelle d’abarakku ou celle (assyrienne) de mašennu. Sur ces questions voir S. Jakob, Mittelassyrische Verwaltung und Sozialstruktur. Untersuchungen (CM 29), Leyde/Boston, 2003, p. 94, n. 180. Samnuha-ašarêd, intendant bien connu par d’autres lots (N. Postgate, « Administrative Archives from the City of Assur in the Middle Assyrian Period », K. R. Veenhof, Cuneiform Archives and Libraries. Papers read at the 30e RAI, Leiden, 4-8 July 1983, Istanbul, 1986, p. 174-175) en provenance du même bâtiment, n’est ici mentionné que dans trois textes (45, 76 et 89), et c’est son successeur, Aplîya, qui porte le titre de grand intendant AGRIG GAL (voir les commentaires des auteurs sur la compréhension de l’idéogramme GAL p. 27, texte 7, commentaire l. 4), qui apparaît majoritairement dans le lot. Il est d’ailleurs fort probable que la majorité des textes illustrent les activités de ce dernier.

2Même si leur titre n’est pas explicitement lié au palais, la nature de la documentation et la place qu’il y tient ne laissent aucun doute sur le statut de ces personnages.

3L’ouvrage se compose d’une introduction (p. 1-12) présentant l’archive, avec notamment un catalogue des textes et une longue discussion sur les éponymes. Il est dommage que les auteurs n’y discutent pas l’éponyme du texte 44 que le catalogue donne comme étant « Sîn-… » tandis que l’édition p. 61-62 propose et discute la restitution en Sîn-[še?-ja?].

4La seconde partie du volume est consacrée à l’édition des tablettes, comportant notamment toutes les informations concernant le texte (no d’inventaire par exemple), la bibliographie, un résumé, la transcription, la traduction et le commentaire philologique. L’ordre de publication des textes suit celui des copies de H. Freydank, D. Prechel, Mittelassyrische Rechtsurkunden und Verwaltungstexte X (WVDOG 134), Wiesbaden, 2011, à l’exception du no 68, publié en copie comme MARV (I) 42, ainsi que les nos 87 à 92 publiés en copie dans des volumes antérieurs.

5L’ouvrage se termine par des tableaux de concordances et des index copieux, comportant le vocabulaire, les toponymes, les théonymes et des noms propres. On ajoutera, p. 137, les références suivantes au mois de abu-šarrâni : 14 : 12’ ; 27 : 17 ; MARV (I) 10 : 21.

6Cette documentation donne une vue assez claire des fonctions du bureau des intendants et des possibles activités qui auraient pu se dérouler dans le bâtiment, mais le peu de textes retrouvés rend difficile la reconstitution de dossiers spécifiques.

7Il est un lieu névralgique dans le traitement de biens en provenance du palais ou destinés à ce dernier. Ainsi la majorité des textes enregistrent-ils des biens reçus, transférés à des artisans pour être transformés, ou réparés (c’est notamment le cas des chars) et des biens envoyés au palais.

8Une bonne partie des textes traitent des textiles au sens large. Il est regrettable que les auteurs ne discutent pas plus avant des nomenclatures, notamment avec l’ouvrage de J.-M. Durand, La Nomenclature des habits et des textiles dans les textes de Mari (ARMT XXX), Paris, 2009. Par exemple, la question du túggú.è nahlaptu y est discutée p. 1, p. 67-68, p. 161 et p. 167 ; ou le túgi’lu « à trame serrée », p. 35. On y trouve aussi (voir le commentaire des auteurs p. 2-3 pour un résumé du contenu des textes et J. Llop, « Compte rendu de H. Freydank, D. Prechel, Mittelassyrische Rechtsurkunden und Verwaltungstexte X [WVDOG 134], Wiesbaden, 2011 », AuOr 30, 2012, p. 390, pour une liste des biens mentionnés) des plantes pour faire de l’huile et des produits issus de l’abattage des animaux, utilisés dans l’artisanat, tels les peaux, les tendons, etc. On constate que, comme dans le cas d’autres archives, telle celle de Mari, les textes enregistrant ces produits ne mentionnent pas de viande pour la consommation, montrant que les deux aspects étaient gérés par différents bureaux. Le texte 26 révèle que ces produits, même issus d’animaux offerts en sacrifice, étaient récupérés pour être utilisés. On notera que les intendants géraient aussi les stocks d’herbes nécessaires aux rituels et onguents, comme l’illustrent les textes 23 (réception par un exorciste de diverses plantes pour accomplir le rituel du palais), 68 et 90, où un autre exorciste en reçoit pour réaliser un onguent pour une fille et un fils du roi.

9Ce lot ainsi édité comporte quatre-vingt douze textes dont quarante-sept portent une date identifiable. Si l’intervalle de temps couvert va donc au moins des règnes de successeurs de Tukultî-Ninurta Ier jusqu’à celui de Aššur-bêl-kala, la majorité des textes (vingt-huit au minimum) datent du règne de Tiglath-phalazar Ier. Cela montre que cette documentation n’est qu’une infime partie de ce que ce bureau a produit, puisque le règne le plus représenté ne livre, tous types de textes confondus, qu’une moyenne de moins d’un texte par année. Néanmoins, parmi les éponymes les plus représentés (il s’agit de Gadîʾu et Ninurta-aha-iddina avec six textes chacun), il est possible de faire apparaître de petits dossiers cohérents. Ceux datés de Ninurta-aha-iddina illustrent à la fois la nature de l’archive et le fonctionnement de ce bureau. Il était par exemple particulièrement concerné par des travaux de menuiserie ; les textes 16, 31, 43 et 50 mentionnent tous du gišše-har, ce que les auteurs traduisent par « Aschebaum » — cette essence fait d’ailleurs partie de celles que le roi Aššurnaṣirpal II dit avoir rencontrées au cours de ses campagnes (RIMA 2, A.101.30, l. 44). Les trois premiers datent du même mois (Sîn). Le texte 43 date du 19 et correspond à une dépense pour fabriquer des chevilles en bois. Le texte 16, daté du 24, enregistre la réception par le bureau de 5 gišše-har de la ville de Umzahi, apportés par un batelier du palais. Le texte 31, daté de quatre jours plus tard, mentionne un apport d’un autre batelier au palais de 10 gišše-har en provenance de la même ville. Le palais fournit la matière première au bureau de l’intendant qui la lui rend quelques jours plus tard. On peut même se demander, à ce propos, s’il ne s’agissait pas simplement de faire la découpe de ce bois, puisque celui qui sort est le double de celui qui a fait l’objet d’une entrée.

10Il pouvait aussi s’agir de réparer des chars, comme le montre par exemple le texte 57, daté du même mois. Il n’est d’ailleurs pas impossible que le texte 9, sans date, mentionnant un char et du gišše-har, soit à rattacher à cet ensemble.

11Le texte 18, livraison de qermu au palais, montre que le bureau de l’intendant fournissait aussi le palais. On ne s’étonnera pas, comme les auteurs, du fait que, dans ce texte, les producteurs des biens ne soient pas mentionnés. En effet, ce texte est issu de l’administration du bureau des intendants et fournisseurs de ce bien, c’est pourquoi il ne mentionne que celui qui a reçu les qermu. Il s’agit d’un document de gestion interne. On notera pour ce texte avec grand intérêt leur poids, qui oscille entre 36,5 mines (environ 18 kg) et 38 mines (19 kg). Il est évident qu’il ne peut pas s’agir de vêtement, mais plutôt d’une couverture, d’une tenture ou d’un tapis. On notera le poids relativement équivalent de ces trois biens, qui devaient être de dimensions assez proches.

12Le fait d’avoir retrouvé ces textes, qui possèdent une cohérence archivistique certaine, montre qu’ils devaient être conservés ensemble, unité qui est matérialisée par le fait que les documents se retrouvèrent éparpillés sur le sol de la même cour. Ces tablettes montrent aussi que la plus grande partie de l’archive est encore à retrouver. J’ajouterais les remarques suivantes :

  • p. 39, texte 22 : la copie porte l. 3 : 1 šu-ši 8? ⸢kuš* gu₄*⸣-meš a-na é-⸢gal-lim⸣ ;
  • p. 43, texte 26 : on peut se demander si les produits issus de l’abattage des moutons aux l. 1 à 4 ne proviennent pas tous des mêmes animaux, ce qui permet ainsi d’en comprendre la structure. [x] peaux de <udu>-húl-meš, [y] peaux de <udu>-nita₂, [x+y] uzu sa.sal, tendons issus de [x+y] moutons ;
  • p. 47, texte 28 : la copie permet de proposer :
    • l. 2 (…) ⸢kuš udu?.máš?⸣-meš ⸢sa₅*-meš*⸣
    • l. 4 6 kuš ⸢eme₅*⸣-meš sa₅-meš
    • l. 7 30 uzu sa-sal-meš [šá?] ⸢eme₅*-meš*⸣
  • p. 52-53, texte 34 : la structure des l. 1 à 5 et 6 à 10 est la même ; l. 3 plutôt que i?-[ma?]-har? on devrait trouver un NP ; il vaut mieux lire l. 6 1 anše [š]e*-u[m*-me]š* ;
  • p. 81, texte 61 : compte tenu des nets parallèles existant entre l’ordre des toponymes de ce texte et de celui des offrandes-ginâʾê, la copie permet de proposer les lectures suivantes :
    • l. 8 (…) ⸢uru⸣ [šu*]-⸢du
    • l. 9 (…) [uru* ta*-i*-d]u*
    • l. 10 (…) [uru* a*-ma*-sa*]-⸢ku*⸣
    • l. 11 (…) ⸢uru⸣* [ku]-⸢liš⸣-[hi-na]-⸢áš*⸣
    Le x de la l. 11 appartient en fait à la l. 12 ; la logique de succession des toponymes permet de supposer que la l. 15’ suit directement la l. 14.
    • 15’ (…) [pa-hu-tu ki-ta]
    • 16’ (…) ⸢uru⸣ [t]ú[r*-šá]-⸢an*⸣
    • 17’ (…) ⸢uru⸣ ⸢šà*-bi*-uru*⸣

13Les lignes 26’-27’ de la transcription ne correspondent pas à la traduction. Il ne faut certainement pas comprendre ici qu’il est question d’orge, mais plutôt du total en ikû.

14Ce texte est très intéressant car, comme le remarquent les auteurs, la liste des toponymes suit scrupuleusement l’ordre que l’on retrouve dans les récapitulatifs de réception des offrandes ginâʾê.

15On ne peut que remercier les auteurs d’offrir une édition complète de ces textes si intéressants, les rendant enfin accessibles à la communauté assyriologique. Nous ne pouvons qu’espérer la poursuite de ces publications de qualité qui permettront de profiter au mieux des richesses du monde médio-assyrien.

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Pour citer cet article

Référence papier

Lionel Marti, « Doris Prechel & Helmut Freydank, Urkunden der königlichen Palastverwalter vom Ende des 2. Jt. v. Chr. Das „Archiv“ Assur 21101 (M7 F), Studien zu den Assur-Texten 5 », Syria, 92 | 2015, 450-453.

Référence électronique

Lionel Marti, « Doris Prechel & Helmut Freydank, Urkunden der königlichen Palastverwalter vom Ende des 2. Jt. v. Chr. Das „Archiv“ Assur 21101 (M7 F), Studien zu den Assur-Texten 5 », Syria [En ligne], 92 | 2015, mis en ligne le 15 février 2016, consulté le 17 septembre 2016. URL : http://syria.revues.org/3265

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