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Recensions

Jean Mesqui, Césarée maritime, ville fortifiée du Proche-Orient

Jean-Louis Huot
p. 487-492
Référence(s) :

Jean Mesqui, Césarée maritime, ville fortifiée du Proche-Orient, Paris, Picard, 2014, 375 p., ISBN 978-2708409743.

Texte intégral

1S’il existe un site fameux sur la côte de Méditerranée orientale, c’est bien celui de Césarée (maritime) : une destination touristique de premier ordre, un champ de recherches archéologiques intenses depuis plus de cinquante ans, une bibliographie d’une abondance rare, une succession sans égale de missions diverses et d’entreprises internationales, un champ clos où s’affrontent les exigences scientifiques et les contraintes touristiques et commerciales… bref, un énorme site qui ne laisse personne indifférent. La découverte, en 1961, d’une inscription latine mentionnant le célèbre Ponce Pilate (préfet de Judée de 26 à 36 apr. J.-C) ne contribua pas peu à sa renommée. Mais surtout, l’acharnement des spécialistes à en dégager les ruines, connues et parcourues de longue date par la plupart des voyageurs antérieurs au xxe s., finit par constituer un dossier assez gigantesque, qu’il devient chaque année plus ardu de maîtriser. Par-delà la mer de publications diverses, petites et grandes, rendant compte des travaux de terrain et l’accumulation des études particulières, on bénéficie toutefois de quelques outils pratiques si l’on veut suivre l’avancée des recherches sans trop se perdre. Au premier plan de ces outils, il faut mentionner les deux gros articles de la New Encyclopedia of Archaeological Excavations in the Holy Land, dite « Encyclopédie Stern », vol. 1, 1993 (s.v. « Caesarea », p. 270-291) qu’il convient de compléter désormais par la notice du vol. 5, Supplementary volume (s.v. « Caesarea », p. 1656-1684). On y trouvera d’abondantes informations, l’illustration de base et une bibliographie foisonnante.

2À ces ouvrages de langue anglaise, le volume récent de Jean Mesqui, en français, apporte désormais un outil de travail supplémentaire qui sera remarqué. Ce livre est d’une conception originale, qui n’est peut-être pas, au premier abord, d’une logique ou d’une cohérence évidente. Publication de fouilles récentes ? Synthèse des travaux des uns et des autres sur toutes les périodes représentées ? Histoire de la recherche ? Commentaire — non dépourvu d’enthousiasme, d’humour et parfois d’agacement — sur les travaux menés à Césarée par les uns ou les autres ? Un peu tout cela à la fois d’une manière qu’on pourrait juger peu cartésienne, et le plan suivi n’est pas toujours exempt de difficultés. D’où des redites, des retours, qui obligent parfois à feuilleter l’ouvrage, mais c’est peut-être le seul reproche qu’on pourrait faire à l’entreprise. Car ce gros ouvrage, magnifiquement illustré, bourré de dessins, de relevés, d’hypothèses graphiques, de photographies anciennes commentées ou de photographies récentes, apporte au lecteur un plaisir certain et servira longtemps de « manuel de Césarée » à qui désire s’imprégner d’un des sites majeurs de l’archéologie palestinienne, et ceci depuis les premiers pas du site à l’époque phénicienne, jusqu’à la colonisation bosniaque de la fin du xixe s. et les grandes entreprises archéologiques du xxe, et l’on excusera du peu ! Jean Mesqui est bien connu comme spécialiste d’architecture médiévale militaire, dans un vaste domaine géographique de part et d’autre de la Méditerranée. Maîtrisant toutes les techniques de relevé et d’analyse du bâti, il a publié naguère une belle étude du château d’Angers (2001) ainsi que des ouvrages de synthèse remarqués sur les châteaux et enceintes de la France médiévale (Picard, 2 vol. 1991-1993), ainsi que de nombreux travaux sur les constructions militaires du Proche-Orient médiéval. Il nous offre ici un maître-livre, à la fois synthèse des travaux antérieurs et publication de ses contributions récentes à la compréhension du rempart urbain de Césarée. Il ne s’agit pas d’un livre illustré, mais d’une très abondante série de documents graphiques et photographiques, souvent retravaillés ou surlignés, ainsi que de nombreux relevés, coupes, plans, dont le nombre a sans doute entraîné, trop souvent, une réduction d’échelle qui n’en facilite pas la lecture. Toutes ces images sont commentées de façon aussi claire que détaillée et l’ensemble se lit sans difficulté.

3Une grande première partie (« Chronique d’une ville fortifiée bi-millénaire ») s’attache à présenter ce que l’on sait ou ce que l’on devine de l’histoire de la ville, à travers les recherches sur le terrain du demi-siècle écoulé. Au fur et à mesure du texte, l’auteur rappelle, résume et commente la série impressionnante des entreprises archéologiques qui se sont attachées à la fouille de zones variées du site. Mais il faut attendre le chap. v (« De la ville morte au parc archéologique ») pour lire une présentation un peu détaillée desdites missions successives. Après un rappel des grandes descriptions vraiment précises, qui remontent à l’illustre Richard Pococke (1704-1765), J. Mesqui évoque les premières « visites archéologiques » de Guillaume Rey (1837-1916) puis de Victor Guérin (1821-1890) pour arriver aux travaux du Palestine Exploration Fund et du Survey of Western Palestine (1865-1871). À partir de cette époque, le site subit une transformation notable en raison de l’installation d’une colonie venue de Bosnie, à la suite des stipulations du Traité de Berlin (juillet 1878), qui entraîna une émigration de populations musulmanes qui quittèrent la Bosnie-Herzégovine, passée sous le contrôle de l’empire d’Autriche. Des familles de paysans bosniaques s’installèrent dans les ruines de Césarée dès 1884 et y édifièrent des maisons de façon assez anarchique. Mais quelques photographies de l’époque témoignent de ces transformations et de l’état des ruines antiques et médiévales à cette époque, en particulier celles du célèbre atelier Bonfils de Beyrouth. À partir de 1917-1918, des photographies aériennes commencent à documenter également le dossier. La malaria ne favorisa pas le développement de cette implantation bosniaque : une cinquantaine de familles, à la fin de la Première Guerre mondiale.

4Le mandat britannique, après guerre, a mis en place les premiers linéaments d’un service des antiquités, en particulier sous l’impulsion du grand spécialiste d’architecture musulmane qu’était K. Creswell (1879-1974). Dès les années 1920, le gouvernement britannique mandataire favorisa, comme on sait, une immigration juive et les autorités accordèrent à une société fondée par E. de Rotschild, en 1923, une concession sur le site pour assécher les marais et fixer les dunes de Césarée par des plantations. Malgré l’opposition de Palestiniens déjà impuissants, cette fondation permit « l’assainissement des immenses zones jusque-là plus ou moins désertes de la région ». Dès 1931, l’agglomération de Césarée compte environ 700 habitants. La situation change fortement durant la Seconde Guerre mondiale, avec l’installation du célèbre kibboutz Sdot Yam (les champs de la mer) en 1940, au sud du site médiéval. Officiellement dédié pacifiquement à la pêche et à la voile, ce kibboutz abritait surtout un centre de formation de marins de l’armée secrète Palmach, déguisé en centre sportif. La guerre de 1947-1948 scella la situation. Les habitants palestiniens évacuèrent la zone, Césarée fut conquise par le Palmach et les derniers habitants expulsés, les maisons dynamitées. Césarée redevenait une ville morte. Les hostilités calmées, un travail archéologique sérieux put enfin commencer. D’abord sous l’autorité des Antiquités israéliennes (1951-1955, par S. Yeivin) puis par M. Avi Yonah et A. Negev (1956-1962). Les grandes fouilles commencèrent en 1959 (expédition italienne d’A. Frova, de 1959 à 1964), avec le dégagement du théâtre et de son enceinte médiévale. En 1961, la découverte d’une inscription mentionnant Ponce Pilate fit du bruit. On établit alors un vaste programme de dégagement et de fouille de la ville ancienne (après destruction de la quasi-totalité des constructions bosniaques) à partir de 1960, sous la direction de A. Negev : intenses dégagements, et non moins intenses restaurations, en particulier des remparts et de leurs tours. L’esplanade du temple fut également dégagée, ainsi que les ruines de la cathédrale Saint-Pierre, et d’importants niveaux byzantins. Dans l’urgence, les publications trop détaillées ne semblent pas avoir suivi le même rythme.

5De 1970 à 2000, de grands programmes de fouille se succèdent : La Joint Expedition to Caesarea Maritima (Bull, Holum) prend la suite des travaux d’A. Frova sur de nombreux secteurs. 17 campagnes « ont permis de constituer la base de la connaissance archéologique actuelle ». Parallèlement, des fouilles de l’Université Hébraïque de Jérusalem (I. Levine et E. Netzer) s’attachèrent à explorer le promontoire dominant le port et le « Palais du Promontoire ». Un Center for Maritime Studies (CMS) et un Caesarea Ancient Harbour Excavations Project (CAHEP) développent les recherches sous-marines. En 1988, une nouvelle structure, la Combined Caesarea Expedition (CCE) jusqu’en 2000, voire 2007 en mer, analysent le port hérodien, l’esplanade du temple et le quartier musulman. À côté, des fouilles préventives sont menées par le Israel Antiquities Authority (IAA) sous la direction de Y. Porath.

6Ce rythme effréné fut ralenti par la deuxième intifada et le tarissement du volontariat, et l’enthousiasme semble avoir faibli. Le tourisme et ses exigences occupent désormais une place prépondérante. Et pourtant, il reste beaucoup à faire. C’est dans ce cadre restreint que la mission française dirigée par J. Mesqui fut autorisée à conduire cinq campagnes (2007-2011) consacrées à l’analyse des fortifications médiévales, dont le livre sous recension rend compte avec grand soin.

7On lira avec grand profit la présentation détaillée que donne J. Mesqui, dans sa première partie, de l’évolution de cette ville. Les quatre premiers chapitres de cette première partie (de l’installation hellénistique à la cité croisée) sont d’un grand secours. L’auteur évoque pour commencer le problème posé par l’appellation Tour de Straton (Stratonos Pyrgos) qui désignait la première agglomération (selon Flavius Josèphe). C’est une bonne mise au point qu’on aurait aimé voir accompagnée d’une bonne photographie de la célèbre Coupe de Césarée du Louvre, évidemment mentionnée dans le texte, avec toutes les références nécessaires, en particulier les articles fondateurs d’E. Will (1983 et 1987) et les discussions postérieures (rappelées dans la n. 10, p. 16). À qui voudrait la voir, J. Mesqui indique judicieusement les sites du musée du Louvre qui la reproduisent. On en trouvera également une belle photographie pleine page en couleurs dans le catalogue récent du Louvre (N. Bel, C. Giroire et al., L’Orient romain et byzantin au Louvre, Arles, Actes Sud, 2012, p. 38-39 et ill. p. 40-41). On est sur un terrain plus solide avec l’époque d’Hérode, qui reçut Stratonos Pyrgos en cadeau de la part d’Auguste après la bataille d’Actium. On sait qu’Hérode fut le créateur réel de Césarée, nommée ainsi en hommage à l’empereur Octavien Auguste, le véritable fondateur de la ville et du port et l’on connaît les éloges de Flavius Josèphe envers ce port nouveau installé sur une côte difficile et son maître d’ouvrage. On connaît bien, aujourd’hui, les dispositions du port hérodien. Les p. 23 à 41 du livre de J. Mesqui sont une remarquable mise au point, photographies et plans à l’appui, de la Césarée hérodienne, de son port, de son temple, son théâtre, son palais promontoire, pages accompagnées, comme dans tout le livre, d’une abondante bibliographie, bien à jour.

8Le chap. ii décrit l’évolution « de la ville royale à la capitale de la Palestine » (p. 43 à 75). Un grand plan reproduit pleine page (p. 42), dressé par J. Mesqui « d’après l’ensemble des sources disponibles », donne l’état des connaissances sur Césarée au-delà du viie s. Les plans de la ville à l’époque byzantine sont encore très hypothétiques et J. Mesqui en propose plusieurs (p. 51). Le texte nous mène ainsi jusqu’à l’occupation perse (614-630) et, après un court retour à l’empire byzantin, jusqu’au siège victorieux de la ville par l’armée musulmane (630-640). De cette longue époque « byzantine » témoigne une très belle photographie aérienne (prise vers 1970) reproduite en pleine page (p. 55). Éloquent contraste entre la taille de la ville byzantine et la très petite cité médiévale ! Depuis les fouilles italiennes des années soixante, le kastron qui enserre le théâtre antique et ses abords immédiats font l’objet de discussions passionnées. Les photographies abondantes du livre de J. Mesqui sont ici d’un grand secours, non moins que les parallèles établis avec des fortifications contemporaines, en particulier les fameux « châteaux du désert » omeyyades. Dossiers difficiles (car la datation exacte du kastron de Césarée reste ouverte) où les techniques d’analyse de l’auteur font merveille. Ce chapitre est une excellente mise au point sur une période aussi captivante que mal connue, à la jointure du monde byzantin et du monde musulman.

9Le chap. iii aborde la Qaysariyah musulmane (p. 77-99). On comparera avec profit le plan pleine page de la ville musulmane, p. 76, avec celui de la p. 42, en portant attention au changement d’échelle, pour être frappé par la restriction de l’espace urbain à partir du viie s. Après la conquête arabe, Césarée n’est plus capitale et les villes côtières sont désertées, par crainte de Byzance. La côte méditerranéenne forme désormais la frontière (la capitale musulmane de la Palestine est à Ramlah, à l’intérieur des terres). La fin du Ier millénaire est une période très troublée. C’est l’archéologie qui a révélé la Césarée musulmane, grâce à de nombreux chantiers menés depuis 1970 (surtout par Levine et Netzer). Un volume de Qudem en 1986 a rendu compte de ces travaux menés en 1975-1976-1979 (dont on trouvera une recension par J.-P. Sodini dans Syria 65 [1988], p. 469-471). De nombreuses photographies de l’ouvrage de J. Mesqui détaillent les travaux sur l’esplanade du temple et le dossier de la grande mosquée, qui se dressait fort probablement sur l’emplacement futur de la cathédrale franque. À l’occasion du dégagement d’un petit escalier byzantin, les fouilles ont récupéré en 1995 un beau trésor fatimide d’objets métalliques, caché aux environs de l’an mil (Zone TPS, à l’angle sud-est de la plateforme du temple). On en trouve une bonne photographie dans l’Encyclopédie Stern (vol. 5, Supplementary Volume, p. 1669). Il rappelle le grand trésor trouvé à Tibériade en 1998, qui renfermait presque un millier d’objets de métal (Encyclopédie Stern, 5, p. 2053 et photographie p. 2054), de même époque. Les occupants arabes tracèrent, selon J. Mesqui, une nouvelle enceinte en cernant le cœur de la ville antique. Cette nouvelle enceinte islamique, qui n’englobe plus que 24 ha, ne protège qu’un cinquième de la surface défendue par la muraille byzantine de la fin du ve s., laquelle était déjà une sévère contraction de la ville romaine… « [Cette] contraction montre l’énorme choc urbain que représente la conquête musulmane » (J. Mesqui, p. 86). Pour l’auteur, l’enceinte islamique de Césarée « est un exemple […] assez rare d’enceinte conservée construite a nihilo à l’époque islamique ancienne » (J. Mesqui, p. 95). Elle appartient au type des enceintes à contrefort hémicylindrique et tours circulaires, bien connues par les exemples des « châteaux du désert » (Anjar au Liban, Qasr el-Hayr esh-Sharqui en Syrie). J. Mesqui fournit à l’occasion une synthèse bienvenue sur les exemples nombreux d’enceinte ou de remparts musulmans des débuts de la conquête.

10Le chap. iv (p. 101-133) clôt cette présentation de Césarée par les « deux siècles d’une occupation franque discontinue ». De 1101 à 1187, une première période, à partir du siège et de la prise de Césarée par l’armée de la première croisade, conduit le lecteur jusqu’au désastre de Hattin. Une deuxième période, de 1218 à 1265, présente la réoccupation de la ville par les Francs et la fortification de la bourgade par Saint Louis (1251-1252) jusqu’au siège final par Baïbars. On sait que les énormes défenses construites par Saint Louis ne furent même pas mises à l’épreuve durant le seul siège qu’elles eurent à affronter. L’enceinte de Saint Louis est la seule fortification urbaine dont on ait connaissance au Proche-Orient comme en France, pour cette époque. Les architectes de Louis IX se servirent de l’enceinte précédente pour asseoir ce nouveau rempart. La ville de Saint Louis était donc identique à celle des premiers Croisés, et avant eux des Musulmans. L’essentiel des travaux était terminé en août 1251, comme l’écrit le roi à son frère. La maçonnerie était achevée en quatre mois, ce qui suppose une main-d’œuvre considérable et des moyens financiers importants, malgré la ponction exercée peu de temps auparavant sur le trésor royal par le versement de la rançon énorme payée par le roi après le désastre égyptien. Dès 1254, le roi regagne la France. Baïbars prit la ville en 1265 car les défenseurs n’étaient guère nombreux et ne semblent même pas avoir essayé d’empêcher l’assaut. Saint Louis avait oublié que sur des remparts, il fallait des défenseurs. À partir de 1265, Césarée devint une ville morte, pendant six cents ans.

11De nombreux chantiers intra muros ont permis d’éclairer l’urbanisme franc à Césarée. On connaît la cathédrale Saint-Pierre, construite au sud-est de l’esplanade du temple d’époque romaine. Le chœur à trois absides, datant probablement de Saint Louis, se dresse encore au milieu des ruines. Quant à l’enceinte de Saint Louis, elle a formidablement absorbé et fait totalement disparaître l’enceinte précédente. Seize tours furent élevées, dont deux tours-portes, un fossé fut creusé. Ce procédé de réutilisation d’une enceinte antérieure est connu ailleurs (au Crac des Chevaliers, entre autres). J. Mesqui détaille avec de nombreux arguments le mélange remarquable de sophistication et de pragmatisme, en faveur de la réalisation d’un ouvrage imposant qui, finalement, ne joua jamais aucun rôle militaire.

12La ville sombra alors dans l’oubli. Les voyageurs en route pour Jérusalem passent par Jaffa et évitent une côte malsaine. Les visiteurs, Pococke par exemple, notent la présence de deux ou trois familles. Bonaparte, en 1799, en route vers Acre, fait dresser une carte topographique de la ville. Césarée est devenue une carrière de pierre de construction, jusqu’à l’installation de la petite colonie bosniaque. À partir de 1970, les premiers grands programmes archéologiques internationaux commencent à révéler ce site extraordinaire.

13On comprend facilement l’attirance de J. Mesqui et Nicolas Faucherre pour le site. L’enceinte médiévale était, finalement, peu étudiée. D’où l’idée d’une mission française à Césarée, à la suite d’un colloque à Parthenay en 2004 sur « La fortification au temps des Croisades ». La première campagne, d’une série de six, débuta en septembre 2007. Une équipe réunissant des archéologues, des céramologues et des architectes travailla non seulement sur l’enceinte, mais aussi sur le château, deux églises et une maison. Elle identifia l’enceinte de la ville islamique précédant la ville franque, sur la totalité de son tracé terrestre. Pour en assurer la publication, J. Mesqui se lança alors dans un énorme travail de compilation de la bibliographie antérieure (50 ans de fouilles !), d’élaboration d’une documentation graphique abondante et de restitutions en 3D, tous documents qui font l’objet de la grande première partie de l’ouvrage.

14La deuxième partie, très différente, regroupe les « études archéologiques » : description de l’enceinte urbaine médiévale (p. 155-239), du château (p. 241-256), des deux églises et de la maison (p. 257-276), des tours 6, 7 et 9 (p. 277-330), complétées par quelques études plus spécialisées (datation au carbone et numismatique). Il y a peu à dire sur ces pages, publication aussi précise et détaillée que souhaitable de ces ruines difficiles. Le livre est complété par la publication bienvenue de nombreux textes, depuis des chroniques arabes de 641 jusqu’à la prise de Césarée en 1101 ou celle de 1219, les textes principaux de description de la ville par Flavius Josèphe jusqu’à Richard Pococke ou Victor Guérin, sans parler d’une abondante bibliographie.

15Cet ouvrage, malgré la disparité entre la première et la seconde partie, répond bien à son titre : Césarée maritime, ville fortifiée du Proche-Orient. C’est bien un véritable compendium de Césarée que fournissent ainsi J. Mesqui et son équipe. Il dépasse très largement la simple publication de travaux de fouille, comme on en voit tant. Il a profité de cette occasion pour se lancer dans la rédaction d’un véritable manuel des recherches archéologiques à Césarée (en français…) qui rendra les plus signalés services à ceux qui se doutaient déjà de l’importance de ce site exceptionnel et qui reculaient cependant devant l’abord touffu d’une bibliographie abondante. Les deux articles de l’Encyclopédie Stern étaient déjà d’une grande utilité. Mais nul doute que ce gros livre rendra les plus grands services à qui s’intéresse à ce site majeur de la côte palestinienne. Qu’il en soit vivement remercié !

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Pour citer cet article

Référence papier

Jean-Louis Huot, « Jean Mesqui, Césarée maritime, ville fortifiée du Proche-Orient », Syria, 92 | 2015, 487-492.

Référence électronique

Jean-Louis Huot, « Jean Mesqui, Césarée maritime, ville fortifiée du Proche-Orient », Syria [En ligne], 92 | 2015, mis en ligne le 29 février 2016, consulté le 17 septembre 2016. URL : http://syria.revues.org/3259

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