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L'élection de Donald Trump signe-t-elle la mort de l'Accord de Paris sur le réchauffement climatique?

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L'élection de Donald Trump signe-t-elle la mort de l'Accord de Paris sur le réchauffement climatique? | ASSOCIATED PRESS
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CLIMAT - "Le concept de réchauffement climatique a été créé par et pour les Chinois pour rendre l'industrie américaine non-compétitive". Cette citation a été prononcée par Donald Trump sur son compte Twitter, le 6 novembre 2012. Quatre ans plus tard, presque jour pour jour, celui-ci est devenu le 45e président des Etats-Unis, après une élection que personne n'avait vu venir. Une citation loufoque, l'origine humaine du réchauffement climatique est un fait validé par la communauté scientifique.

Autre coïncidence du calendrier, l'élection d'un climatosceptique à la tête d'un des pays les plus pollueurs de la planète a lieu alors que se déroule depuis lundi 7 novembre COP22 et que l'Accord de Paris, visant à lutter contre le réchauffement climatique, a été ratifié vendredi 4 novembre.

Mais ce fameux accord, réussite historique de la COP21, ayant permis pour la première fois à 195 pays de prendre une position commune sur le climat, a du plomb dans l'aile. Le candidat Donald Trump a notamment annoncé qu'il annulerait la participation des Etats-Unis à ce traité international. Des propos qui ont clairement inquiété le gouvernement français, au vu des premières réactions à la victoire de Trump, le ministre des affaires étrangères français Jean-Marc Ayrault évoquant l'Accord comme un des sujets d'inquiétude.

Dénoncer l'accord prendra quatre ans

Mais le peut-il vraiment? Interrogé par RTL mercredi 9 novembre, la ministre de l'Environnement françaises Ségolène Royal estime qu'il "ne peut pas empêcher sa mise en oeuvre". Et de rappeler que 103 pays l'ont déjà ratifié. De plus, la procédure pour quitter l'accord est longue. Il faut trois ans avant de pouvoir dénoncer le traité, puis un an avant que cela soit effectif, selon l'article 28. Bref, s'il le fait le plus tôt possible, sa (première) présidence sera terminée d'ici là.

En dehors de ces considérations techniques, la question de l'impact de cette élection sur l'Accord de Paris et, plus généralement, sur la lutte contre le réchauffement climatique se pose. Si les Etats-Unis démarrent la procédure pour partir, il y a un risque d'effet domino, avec d'autres pays choisissant de ne plus mettre tout leur poids dans la balance. En sachant qu'en l'état actuel, l'Accord de Paris n'est même pas suffisant pour enrayer le réchauffement climatique et qu'il faudrait de nouvelles et nombreuses initiatives pour y arriver.

Or, si le programme de Donald Trump possède de nombreuses lacunes, il a toutefois promis plusieurs choses concernant l'environnement. Mais qui ne vont pas dans le bon sens. Notamment, l'annulation des actions écologiques prises par Barack Obama, accusées d'être destructrices d'emploi, le fait de "sauver l'industrie du charbon" ou encore de ne plus participer financièrement au programme de l'ONU contre le réchauffement climatique.

Evidemment, l'élection de Donald Trump fut donc l'un des principaux sujets de discussion ce mercredi 9 novembre dans les couloirs de la COP22. Et les réactions des officiels, ONGs et autres "think tanks" oscillent entre effroi et optimisme forcé.

Sous le choc, la COP22 essaye de positiver

"L'élection de Trump est un désastre pour [l'Afrique]", a déclaré Geoffrey Kamese, de la version africaine de l'ONG Les amis de la Terre. "Le reste du monde ne doit pas vaciller et doit redoubler d'engagements pour s'attaquer aux dangers du réchauffement climatique", affirme-t-il dans un communiqué.

Pour Achim Steiner, directeur de l'institut Oxford Martin School, le résultat de l'élection "implique clairement un changement potentiel dans les politiques climatiques" américaines. Mais celui-ci estime que "l'économie mondiale a déjà commencé à se tourner vers un futur bas carbone" et que les Etats-Unis devront s'y plier, afin de ne pas se laisser distancer par les autres grands pays qui "investissent énormément dans les technologies bas carbone".

HIlda Heine, présidente des Îles Marshall, a elle espéré qu'après les "fanfaronnades sur le changement climatique" de Trump lors de la campagne électorale, il réaliserait, avec l'exercice du pouvoir, "que le changement climatique est une menace pour son peuple et pour des pays entiers qui partagent des mers avec les Etats-Unis, y compris le mien".

Dans une lettre adressée au nouveau président des Etats-Unis, Donald Tusk, président du Conseil européen, et Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe, ont invité Trump à un sommet américano-européen afin de discuter des coopérations entre les deux entités".

Notamment sur les questions du réchauffement climatique, de l'Etat islamique, la crise ukrainienne, celle des migrants. Et de rappeler, comme une prophétie autoréalisatrice, que "le partenariat EU-US est vaste et profond", citant notamment "nos efforts communs pour améliorer la sécurité énergétique et d'aborder le changement climatique".

Le candidat malheureux à la présidentielle Al Gore a lui déclaré qu'il était prêt à travailler avec Donald Trump et qu'il espérait que le nouveau président "travaillerait avec l'écrasante majorité d'entre nous qui croient que la crise climatique est la plus grande menace à laquelle nous devons faire face en tant que nation".

S'il y a fort à parier que l'élection présidentielle américaine n'aura pas d'impact direct sur la COP22 (qui est avant tout technique et ne devait pas accoucher de gigantesques mesures), les premiers mois du mandat Trump seront certainement déterminants pour la lutte contre le réchauffement climatique.

Reste à voir quelles seront les décisions prises par le nouveau président des Etats-Unis. Dans son programme, il précise que "toute future régulation devra passer un simple test: est-elle bonne pour les travailleurs américains?" Reste à voir, pour Trump, quelle est la définition de "bonne".

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