26 juillet 2016

Impuissance

On ne peut pas y échapper : on est assailli par les nouvelles funestes, les attentats à répétition, les meurtres de masse, les attaques au couteau, à la machette, à la Kalashnikov, avec Daesh pour leitmotiv. Mon cerveau est au mois de novembre, dans une grisaille que je ne lui connaissais pas au mois de juillet.

Je passe mon temps à lire des articles de presse intitulés "Ce que veut vraiment Daesh", "Qui sont vraiment les terroristes ?", "L'Etat islamique est-il vraiment très islamiste ?" et toutes ces questions en titre ne trouvent jamais de réponse dans le corps de l'article. Pire : les soi-disant experts se contredisent et on ne sait plus à quel saint se vouer. Y'a t-il des saints dans la religion musulmane ? Je n'en sais rien.

On ne peut pas se vouer aux politiques, en tout cas, tous aussi médiocres les uns que les autres, ils se posent sans doute autant de questions que moi. Voire moins.

Aujourd'hui, c'est un curé qui a été égorgé dans une église. On voudrait une bonne occasion pour démarrer une guerre civile qu'on n'aurait pas trouvé meilleure cible. Un vieux curé sans doute très sympathique de 86 ans, dans la banlieue de Rouen. Toute mes pensées à ses proches et aux victimes blessées et traumatisées par cet acte barbare.

On peut espérer avoir un peu de répit, mais on peut s'attendre à beaucoup de dépit, si l'on regarde sur les réseaux sociaux. On a déjà lu le pire, de toute façon. On peut être sûr qu'il y aura une polémique sur les mots utilisés : "catholiques" vs "tous les français". Est-ce seulement la "communauté catholique" qui est touchée ? Est-ce toute la France ?

On s'en foutra, dans le fond, mais ça va faire couler de l'encre. Et puis fiché S ou pas, les terroristes seront disséqués. On se demandera s'ils étaient fous, homosexuels ou catholiques refoulés, on se demandera si l'on peut être terroriste et fou, si l'on peut être fou et terroriste et - thèse, antithèse, synthèse - s'il faut être fou pour être terroriste ou si un terroriste peu raisonnablement être sain d'esprit.

On aura le droit aux propos va t'en guerre du FN, on a déjà vu ce que ça pouvait donner. Dans notre torpeur, on n'y répondra même plus, on est habitué à ces propos de planqués...

On s'en foutra dans le fond, mais ça fera s'évaporer de la salive dans l'air sec du mois de juillet.

Et puis sur le fond, on n'aura pas bougé d'un iota quand le prochain attentat surviendra. Il faudrait qu'on fasse quelque chose, mais quoi ? On ne peut pas mettre des policiers derrière chaque français, sinon, qui serait derrière les policiers ? On va nous dire qu'il faut qu'on soit unis, qu'on soit forts et qu'on rejette la haine, qu'on aime son prochain comme soi-même, qu'on tende l'autre joue et qu'on s'habitue. L'idéologie chrétienne fait des ravages. (Je crois que ce trait d'humour est de mauvais goût. Mais désolée, je suis pétrie par cette philosophie christique et j'ai même ma Confirmation, alors...)

Habituons-nous donc à tressaillir à chaque alerte info nous annonçant un crime terroriste...

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17 juillet 2016

We are Nice

On ne peut pas trouver les mots pour l'horreur qui a eu lieu le soir du 14 juillet.

On a tous pensé qu'on aurait pu y être, qu'on y était, ailleurs, mais là-bas aussi : ces rassemblements festifs sont les mêmes partout. On vient en famille, avec les enfants, entre amis, on a le coeur à la fête, on regarde le feu, on va boire un verre, on va au bal, dans toutes les villes, dans tous les villages. On profite de la douceur d'un soir d'été.

Quand c'est au milieu tout cela que cette horreur intervient, c'est indicible.

Quand j'ai appris cela, sur twitter et Facebook, j'ai pensé aux quelques personnes que je connais à Nice, j'ai pensé qu'on aurait pu y être, que d'autres amis, des proches auraient pu y être, et puis j'ai éprouvé de la colère : j'ai pensé "pourvu qu'on n'apprenne pas que le terroriste était fiché S" et puis j'ai pensé, "pourvu que ce ne soit pas un type qu'on n'avait pas repéré avant".

Dans un cas comme dans l'autre, c'est un problème : si on l'a repéré mais qu'on a rien fait, c'est une faillite de la sécurité. Si au contraire, on ne le connaissait pas, c'est un échec aussi.

C'est un piège. On ne peut pas savoir qui va entendre le message de Daesh. On ne sait pas qui va décider, presque du jour au lendemain, de tuer des innocents au nom de cette idéologie moisie.

C'est évidemment un déséquilibré : qui, sain d'esprit, prendrait un 33 tonnes pour foncer sur une foule  pacifique ?

Mais là aussi, c'est le piège : l'extrême droite dira qu'on se voile la face, qu'on ne veut pas lutter contre l'islam. Et l'extrême droite en profitera encore une fois pour dresser les uns contre les autres.

Mais doit-on aller vers plus de rigueur sécuritaire ? Doit-on abandonner notre liberté au profit d'une sécurité illusoire ? Parce que finalement, qui peut prévoir et arrêter l'oeuvre d'un fou qui prend un camion pour détruire des vies ? On a bien vu que les caméras d'Estrosi n'avaient été d'aucun secours, que les conditions de sécurité étaient aussi importantes que possible dans le contexte actuel...

Est-ce vraiment l'ultime symptôme qu'il faut traiter ou faut-il agir avant ? Prévenir pour guérir et ne pas tomber dans les deux pièges : celui de Daesh, qu'il faut bombarder une bonne fois pour toute, et celui de l'extrême droite qui empêche l'intégration et le débat autour de cela...

Ces réflexions sont naïves et sincères...Et toutes mes pensées vont avant tout aux victimes et à leurs proches...
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6 juillet 2016

Comment vaincre ma naïveté crasse ?

Je suis beaucoup trop naïve pour faire de la politique. Je suis même beaucoup trop naïve pour comprendre la politique.

Par exemple, à un an d'une élection présidentielle, innocente que je suis, je me plaisais à penser que le gouvernement en place allait redistribuer un peu, après la rigueur du mandat, qu'il allait soigner un peu sa gauche, le coeur de son électorat.

Une photo publiée par @cycee le

Au lieu de ça, on sort le 49.3. Carrément. On fait preuve d'autorité, pour une loi impopulaire, que toute la gauche réprouve, qui va à l'encontre de tout le mouvement ouvrier du XXe siècle. L'année des 80 ans de 1936, des avancées sociales majeures et des congés payés, et le jour des grandes vacances, le premier ministre décide de passer en force une loi qui promet de laisser les mains libres aux entreprises pour régler les salaires, notamment...

C'est un symbole fort.

Mais il doit y avoir une stratégie secrète qui m'échappe à moi qui suis tellement naïve.

Le calcul doit être digne d'un coup au billard à trois bandes :

Hypothèse 1

- Valls devient impopulaire à gauche, il perd les voix du PS au premier tour.
- Les partisans du MEDEF et de la droite libérale apprécient la loi Travail.
- Les Républicains, par convention, sont obligés de tenir leur rôle d'opposition et disent du mal de la réforme.
- Les partisans du MEDEF et de la droite libérale se voient contraints de voter pour le PS en 2017 pour être  cohérents.
=> Valls est élu au second tour, contre le FN et grâce aux voix de la droite libérale.

Hypothèse 2

- C'est Hollande qui a poussé Valls à utiliser le 49.3, pour le rendre impopulaire au sein du PS.
- Hollande a prévu une mesure de gauche pour terminer le mandat en beauté : par exemple une 6e semaine de congés payés ou la PMA pour les lesbiennes. Ou le vote des étrangers. Ou une revalorisation du salaire des enseignants (ah, non, c'est déjà fait). Ou tout ça en même temps. On peut rêver, on fait des hypothèses.
- Hollande, dans la foulée, annonce sa candidature tout en se refaisant une image d'homme de gauche.
=> Il est élu au second tour contre le FN.

Hypothèse 3

- Pire : Hollande désavoue Valls en annonçant finalement qu'on abandonne cette loi et qu'on n'utilise pas le 49.3, véritable déni de démocratie. Valls dépité, démissionne, la gauche et même la vraie gauche est heureuse et Hollande est élu au second tour contre le FN.
=> Myriam El Khomri peut enfin changer de lunettes. Celles qu'elle porte actuellement la vieillissent terriblement.

Hypothèse 4

- On découvre que Myriam El Khomri était un agent infiltré du Front de Gauche pour faire monter Mélenchon dans les sondages.
- A deux doigts de réussir, Myriam craque et avoue tout. La loi est abandonnée.
=> Le candidat de gauche est élu au second tour contre le FN.

Hypothèse 5

- La droite manifeste un peu trop bruyamment sa satisfaction à l'annonce du 49.3.
- Cela paraît suspect aux électeurs de droite.
- Ils votent massivement pour le PS. Quand on peut voter pour l'original, pourquoi voter pour la copie.
=> La gauche est élue au second tour contre le FN.

Hypothèse 6

- Tout le monde part en vacances.
- A la rentrée, personne ne se souvient plus de la loi travail, l'actualité est passée à autre chose et les anges de la télé réalité sont à Honolulu pour de nouvelles aventures.
- Comme la loi travail n'a aucune conséquence sur le travail et encore moins sur le chômage, tout le monde s'en fout.
=> Le jour de l'élection présidentielle, une majorité de français vote par SMS pour que Kevin soit viré de l'émission.

...

Avez-vous d'autres hypothèses ?

CC






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19 juin 2016

Rudy Reichstadt voit des complots partout !

De gauche à droite : Martial Bourquin, Renaud Fouché, Rudy Reichstadt
Et moi aussi : c'est un thème d'actualité et c'était l'objet d'une conférence du Cercle Jean Jaurès, jeudi dernier.

Tenez, par exemple, je ne peux pas projeter un tableau en classe - qu'il soit de Picasso, de Léonard de Vinci ou de Nicolas Poussin - sans que mes élèves y voient des triangles. Les triangles, c'est la preuve irréfutable du complot Illuminati. C'est le complot suprême : un groupe de quelques personnes très influentes contrôlerait le destin du monde, dans le but de réduire la population à 500 000 mille personnes.

Les élèves y croient dur comme fer.

Mais évidemment ça ne touche pas que les collégiens et ça ne date pas d'hier.

Certes, depuis les attentats contre les tours du World Trade Center, en 2001, c'est revenu en force, amplifié par internet, démultiplié par les réseaux sociaux.

Après le 11 septembre, il a fallu quelques jours pour qu'apparaissent les premières théories d'un complot de la CIA ou du Mossad. Pour les attentats du Bataclan, alors que l'assaut a été donné à 00h20, les premières théories d'un complot fomenté par les services secrets français sont apparus à 22h30, sur twitter. Tout s'est accéléré.

Mais il est bon de reposer cela dans une histoire et de s'interroger un peu sur les raisons de ces théories.

C'est ce que fait Rudy Reichstadt, qui a créé en 2007 le site Conspiracywatch.info et membre de l'Observatoire des radicalisés politiques de l'Observatoire des radicalités politiques pour la Fondation Jean Jaurès.

Il nous rappelle qu'avant les théories sur les attentats récents, avant le 11 septembre, avant même l'assassinat de JFK, il y a eu le protocole des Sages de Sion, il y a eu les Illuminati, pas vraiment ceux de mes élèves, mais ceux de la Révolution Française, et qu'encore avant, il y a eu les sorcières qu'on tuait au Moyen Âge.

Pourquoi les hommes, donc, depuis si longtemps, se plaisent et se complaisent dans ces affabulations ?  (et je ne vous parle pas des chemtrails et autres reptiliens...)

Peut-être parce qu'il est rassurant de penser qu'il y a quelqu'un derrière nos problèmes, qu'il y a des explications à l'insupportable, qu'il y a une vérité surplombante : un "on nous ment" général, qui permet de se sentir moins bête que les autres, parce qu'on a compris ce que les autres ignorent...

Il y a aussi des gens qui savent tirer profit de la crédulité des autres : il ne faut pas oublier qu'il existe une industrie du complot : la nébuleuse internet de Soral emploie une trentaine de personnes, c'est une petite entreprise qui marche...

Malheureusement, ces soupçons de conspiration ont parfois des effets bien réels : c'est bien sur le faux Protocole des Sages de Sion qu'Hitler s'est basé pour exterminer les Juifs. Aujourd'hui, c'est à cause des soupçons portant sur les vaccins que des maladies qui avaient disparu dans notre pays sont entrain de réapparaître.

C'est bien beau, de dire que ce n'est pas vrai, tout ça. Mais quoi faire devant mes ados boutonneux, qui voient des complots partout et qui aiment y croire ? Les professeurs sont en première ligne depuis bien des années maintenant et ont mis en place des ateliers de débat et essayent par tous leurs maigres moyens de développer l'esprit critique des élèves. Mais cela n'est pas bien fort à côté des vidéos chocs que l'on trouve sur internet...

Espérons que les croyances des ados ne soient pas ancrées définitivement...
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19 mai 2016

Gilles Finchelstein et la nostalgie du clivage gauche droite

Et vous, dans tout ça ? Cliquez sur l'image... (source)
Parlez avec n'importe quel militant PS, n'importe quel citoyen un peu concerné par la politique de notre pays et vous entendrez que la gauche et la droite, aujourd'hui, on ne sait pas trop ce que ça veut dire : Sarko n'est pas revenu sur les 35h, aujourd'hui, Hollande attaque le code du travail, c'est la gauche qui a ouvert le travail du dimanche, après que la droite avait longuement hésité...Et puis, c'est Sarko qui avait permis des allégements d'impôts pour la classe moyenne, la défiscalisation des heures sup...

Alors on ne sait plus. Et nombreux sont ceux qui ne savent plus comment voter : il y a eu 4 millions d'électeurs qui ont changé d'intention de vote durant les 6 derniers mois avant l'élection présidentielle.

On peut se demander ce qu'est la gauche, ce qu'est la droite, on peut se demander si le reblochon est de droite, plus que le camembert, mais moins que le babibel. On peut avoir une culture de gauche, une culture de droite...Mais il semble que les nouvelles générations, celles d'après 1983 n'ont plus tellement de culture politique et que le clivage gauche droite ne leur parle pas tellement : il faut dire que ces citoyens ont connu l'alternance systématique, la cohabitation et le flou que cela implique.

C'est ce flou qui entraîne la recherche d'autres clivages. Le premier à voir jour, c'est le clivage peuple élite. C'est celui dont s'emparent les extrêmes, à gauche comme à droite. Mélenchon comme Le Pen ne se posent-ils pas en défenseurs du peuple contre l'oligarchie, contre les pourris, contre la gauche et la droite, tous dans le même sac, le fameux UMPS cher au FN...?

C'est bien ce qui peut nous faire regretter le bon vieux clivage gauche droite : celui-ci n'était pas un clivage identitaire, c'était un clivage beaucoup plus libre, basé sur des idées.

Le risque, donc, c'est de voir un piège d'identité se refermer sur nous, au mépris d'une égalité réelle, d'une égalité pas seulement en terme d'imposition, mais une véritable égalité des chances, une égalité à l'école, dans le monde du travail...

C'est cela, et bien plus encore que Gilles Finchelstein développe dans son essai "Piège d'identité. Réflexions (inquiètes) sur la gauche, la droite et la démocratie." Il le fait avec beaucoup de simplicité et une belle plume, ce qui ne gâche rien !

Et il était en conférence à Audincourt le 12 mai, avec le Cercle Jean Jaurès et la Fondation Jean Jaurès.
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1 avril 2016

Déchéance déchue

Tout l'esprit français est là : quand on a annoncé la réforme de la constitution, tout le monde a semblé heureux, unis, pris dans un même élan solidaire contre les affreux terroristes, assemblée et sénat réunis à Versailles, symbole s'il en faut d'une France forte, fière et éternelle.

Puis quand il a fallu s'y coller, comme on avait dit, tout le monde a râlé. On a crié au scandale, moi la première, on a dit que c'était inutile, inégalitaire, dangereux, malsain. Mais certains ont râlé contre ceux qui râlaient, parce que rien ne vaut la bagarre, les "pour", les "contre", les "bien au contraire". Il y en avait qui pensait que c'était un beau symbole et la force d'un symbole, c'est la France fière et éternelle.

Et puis, devant cette cacophonie, quand on a délicatement retiré l'idée de faire ce qui causait tellement de tiraillements, on a encore râlé, on a rouspété, bien fort, on s'est moqué. Quoi ? Qu'est-ce que c'est que ces chiffes molles qui ne vont pas au bout de ce qu'ils avaient promis ? Baltringues, jean-foutre, foutriquets !

Malgré tout, glorifions la tâche tellement ingrate qui consiste à gouverner ce bordel.
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19 mars 2016

Jérôme Fourquet et les fantasmes du vote "arabo-musulman"

Les chiffres me font vite tourner la tête, en général. J'avais peur du statisticien, mais il faut croire que je suis aussi un peu scientifique. A moins que la clarté du conférencier y soit pour beaucoup.

Jeudi soir, Jérôme Fourquet a réussi à décrypter très clairement les dessous des derniers scrutins, au regard d'une thématique qui porte beaucoup de fantasmes : le vote "arabo-musulman". Les guillemets sont nécessaires, puisqu'il est interdit de faire des statistiques ethniques en France et qu'en matière de religion, il faut toujours être prudent. 

La technique utilisée par Jérôme Fourquet, responsable de l'IFOP, pour analyser les résultats des élections est simple : le comptage systématique sur les listes électorales des prénoms d'origine arabe ou musulmane. En retirant les Sarah et quelques autres prénoms, on arrive à un résultat fiable.

Alors ?
- Un petit jeu, pour commencer : classez dans l'ordre croissant ces villes selon le nombre de prénoms arabo-musulmans que l'on trouve sur les listes électorales : Aulnay, Roubaix, Mulhouse, Toulouse, Marseille, Perpignan.
- Pourquoi est-ce qu'on vote plus FN dans les quartiers où il n'y a presque pas de prénoms arabo-musulmans sur les listes électorales ?
- Pourquoi est-ce qu'il y a plus de vote FN quand il y a jusqu'à 16 ou 18 % de prénoms arabo-musulmans, puis que cela diminue ensuite ?
- Et pourquoi les quartiers où il y a le plus d'arabo-musulmans ont voté en très grande majorité pour la gauche aux présidentielles mais beaucoup moins pour les municipales ?
- Dans quelle catégorie sociologique range-t-on les retraités ?
- Que signifie l'expression "le dernier arrivé ferme la porte derrière lui" ? 

J'ai appris des tas de choses, jeudi soir !

- Dans les quartiers limitrophes aux grands ensembles, ont vote plus FN, en rejet de l'immigration voisine, même si l'on y est pas directement confronté. C'est sans doute un peu le même phénomène dans les campagnes...

- 16/18% est le seuil de tolérance pour ceux qui votent FN : ensuite, ils changent de quartier. Ceux qui restent alors ne voient pas d'inconvénient à la présence d'arabo-musulmans autour d'eux.

- Le vote de la présidentielle était surtout guidé par un rejet très fort de Sarkozy qui a bénéficié à Hollande, sans pour autant être un vote d'adhésion au PS. Pour les municipales, sur le terrain, le candidat de droite pouvait être plus satisfaisant que Sarkozy et il y a eu entre temps des déceptions : certes, le mariage pour tous, mais bien plus fortement, les promesses économiques et sociales non tenues.

- Les retraités sont en général classés dans les catégories supérieures, avec les professions libérales, les cadres...

- Quant aux derniers arrivés qui ferment la porte, ce sont ces descendants de l'immigration italienne ou portugaise ou maghrébine de première génération qui votent aujourd'hui pour une politique plus restrictive face à la nouvelle immigration.

Voilà des choses qui vont faire écho à ce que je constate quand je tiens le bureau de vote, les jours d'élection : c'est un quartier populaire qui vote très fortement FN, où vit une population retraitée qui veut fermer la porte derrière elle.

La statistique est une chose. L'action politique en est une autre : mais il est important de comprendre ces mécanismes pour pouvoir agir sur le terrain, pour proposer une politique qui répond aux attentes.

Les livres de Jérôme Fourquet, pour ceux qui aiment les chiffres (mais il y a des gens, derrière ces chiffres), sont éclairants : Karim vote à gauche et son voisin vote FN et L'an prochain à Jérusalem ?

Et la réponse au petit jeu : Toulouse (8,4%), Perpignan (10,7%), Marseille (12,3%), Mulhouse 20,6%), Aulnay (26,2 %), Roubaix (33,3%). Les idées reçues ne sont pas toujours conformes à la réalité, non ?
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