AccueilDes élites administratives de second ordre : positions, trajectoires et logiques de corps

Des élites administratives de second ordre : positions, trajectoires et logiques de corps

Congrès de l'Association française de science politique (AFSP) 2017 – Section thématique 35

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Publié le mercredi 12 octobre 2016 par Elsa Zotian

Résumé

Ce panel vise à rassembler et discuter les travaux qui se focalisent sur une partie méconnue de la haute administration publique, qu'on pourrait qualifier provisoirement comme un « second ordre » administratif, par opposition à la fois à la Noblesse d'État constituée des grands corps, et à une multitude de cadres qui sont caractérisés dans la littérature d’abord par leur position d'intermédiaires. C’est moins le processus de décision qui nous intéresse ici que l’analyse des trajectoires de hauts fonctionnaires qui ne sont pas passés par les grands corps administratifs et techniques. À titre d'exemple, on pourrait évoquer les corps d'inspection ministérielle, les administrateurs coloniaux, les administrateurs territoriaux, les contrôleurs d'État, les ingénieurs des Travaux publics de l'État, les ingénieurs des Études et techniques de l'armement, les conseillers des Chambres régionales des comptes. Il s’agit donc d’étudier les logiques d’appartenance à ces corps, dans une perspective de renouvellement de la sociologie de l’administration.

Annonce

Dans le cadre du prochain congrès de l’AFSP qui se tiendra à Montpellier du 10 au 12 juillet 2017, vous trouverez ci-dessous notre appel à communications intitulé : « Des élites administratives de second ordre : positions, trajectoires et logiques de corps ».

Argumentaire

Ce panel vise à rassembler et discuter les travaux qui se focalisent sur une partie méconnue de la haute administration publique, qu'on pourrait qualifier provisoirement comme un "second ordre" administratif, par opposition à la fois à la Noblesse d'Etat constituée des grands corps, et à une multitude de cadres qui sont caractérisés dans la littérature d’abord par leur position d'intermédiaires. Les sommets de l’Etat français ont fait l’objet d’une ample littérature (Bourdieu, 1989 ;  Suleiman, 1979 ; Thoenig, 1987). Des analyses plus récentes ont ensuite cherché à poursuivre cette ligne d’investigation en articulant connaissance des élites et analyse de ces élites en action (Genieys & Hassenteufel, 2012). Mais c’est moins le processus de décision qui nous intéresse ici que l’analyse des trajectoires de hauts fonctionnaires qui ne sont pas passés par les grands corps administratifs et techniques qui ont le pouvoir de recruter à la sortie de l'ENA, de Polytechnique ou de l'ENS. A titre d'exemple, on pourrait évoquer les corps d'inspection ministérielle, les administrateurs coloniaux, les administrateurs territoriaux, les contrôleurs d'Etat, les ingénieurs des Travaux publics de l'Etat, les ingénieurs des Etudes et techniques de l'armement, les conseillers des Chambres régionales des comptes. Il s’agit donc d’étudier les logiques d’appartenance à ces corps, dans une perspective de renouvellement de la sociologie de l’administration.

Plus récemment, les cadres intermédiaires de l'action publique (Barrier, Quéré et Pillon, 2015) ont fait l'objet d'investigations qui se sont particulièrement attachées à leur rôle dans la mise en œuvre des politiques associées au New Public Management dans différents secteurs (Barrier, Musselin, 2015 ; Belorgey, 2010 ; Bezes et al., 2011 ; Hugrée, 2010). Nous faisons l'hypothèse que ces corps ne se caractérisent pas uniquement par leur fonction d'intermédiaire dans l'action publique mais aussi par une position commune dans la fonction publique. Les logiques de corps, que n’épuise pas la seule analyse des politiques publiques, jouent un rôle non négligeable dans l'action de ces individus, en ce qu'elles balisent les carrières, structurent des représentations communes, et conditionnent l'accès à des ressources sociales, économiques, techniques. Par rapport aux grands corps, les corps de "second ordre" que nous proposons d'étudier ici se caractérisent par des logiques d'action collective de faible intensité.

Pour renseigner cette question, il serait intéressant de mettre en regard des travaux s’inscrivant dans différentes temporalités. L’appel est ouvert à des enquêtes socio-historiques prenant en compte la longue durée de la constitution des services administratifs (Baruch et Duclert, 2000), comme à des études davantage centrées sur le contexte récent de la réforme de l’Etat (Bezes, 2009 ; Hood, 1991 ; Le Gales et Scott, 2008). Si l’appel est centré sur le cas de la France, il serait très intéressant de pouvoir disposer de points de comparaison dans d’autres pays. Trois directions non exclusives et qui pourront évoluer selon les réponses à cet appel sont proposées :

Des corps sans organes (contraintes)

Nous proposons ici de focaliser l'attention sur les trajectoires individuelles des hauts fonctionnaires qui appartiennent à ces corps de second ordre, aux difficultés qu'ils rencontrent pour faire avancer leur carrière et pour exprimer des revendications collectives. Si les grands corps d'Etat se caractérisent par leurs capacités à organiser la circulation de leurs membres de manière fluide entre des positions hétérogènes (public/privé ; ministère d'origine/nouveau ministère ; administration centrale/agences et établissements publics), les carrières des individus que nous souhaitons observer s’inscrivent dans d’autres logiques. Leurs possibilités d'ascension comme de circulation sont limitées, et nous faisons l'hypothèse qu'ils s'en remettent à des stratégies plus individuelles pour se déplacer au sein de la haute fonction publique. La mise en regard de différents travaux prosopographiques permettrait par exemple d'éclairer cette question de l'articulation des trajectoires individuelles et des logiques de corps.

Des corps en action (ressources)

Nous proposons également de travailler sur la délimitation du champ d’action de ces différents corps de second ordre. On peut s’interroger sur la manière dont ils parviennent à agir collectivement, pour prendre part aux processus de décision et faciliter les carrières de leurs membres. Les grands corps leur servent-ils de point de référence ou développent-ils des stratégies de mobilisation propres ? A quelles barrières organisationnelles et professionnelles se heurtent-ils ? Quelles alliances et quelles ressources mettent-ils en œuvre ? Nous faisons l’hypothèse que l’étude des cadres intermédiaires de l’administration, focalisée sur la mise en œuvre des politiques sectorielles, gagnerait à prendre en compte l’inscription de ces individus dans des corps. Il s’agirait alors de retracer les trajectoires de ces corps. La question de la professionnalisation, ou des professionnalisations, nous paraît un enjeu central pour les corps de second ordre. Ces processus passeraient notamment par l’appropriation de nouveaux savoirs et instruments, combinée à une connaissance empirique fine des positions et des personnels au sein de l'administration à laquelle ils appartiennent.

Des corps en mission (représentations)

Nous proposons enfin de nous interroger sur la singularité des représentations des corps de second ordre. Ces représentations se distinguent-elles de celles de la Noblesse d’Etat, ou de celles des agents administratifs de guichet ? Sont-ils passés par des écoles spécifiques, ont-ils suivi des modules de formation transversaux aux différents secteurs d’activité ? Le fait que les opportunités et stratégies de pantouflage soient limitées peut nous inciter à travailler sur le rapport qu’ils entretiennent au service de l’Etat. Si les grands commis de l’Etat continuent de se positionner comme serviteurs de l’intérêt général, y compris lorsqu’ils pantouflent (Suleiman, 1979), les élites de second ordre pourraient se caractériser par une conception plus restreinte du service de l’administration et de la défense de ses intérêts. On peut faire l’hypothèse que les projets récents de réforme de l’Etat, caractérisés par le souci de soi de l’Etat (Bezes, 2009), ouvrent de nouvelles opportunités pour les corps de second ordre. Sont-ils en mesure de renverser les hiérarchies sectorielles ? En quoi l’externalisation de services de l’Etat dans de nouvelles agences ou établissements publics leur donnent de nouvelles  possibilités de carrière ? De quelle manière investissent-ils les instruments de mesure d’évaluation des politiques publiques ?

Conditions de soumission

Chaque communicant.e disposera d’un temps de présentation de vingt minutes et d’une discussion de vingt minutes, lancée par un·e discutant·e dédié·e.

Nous accorderons une attention particulière aux propositions mettant en œuvre des approches empiriques. Nous espérons que cette session sera l’occasion de voir la science politique dialoguer avec d’autres disciplines et nous inviterons à ce titre les contributeur·e·s potentiel·le·s dont les approches relèvent de la sociologie et de l’histoire à répondre à l’appel.

Les propositions doivent être envoyées aux deux organisateurs et responsables scientifiques

avant le 15 octobre

Elles ne doivent pas excéder 5000 signes.

Reponsables scientifiques

  • Sylvain Brunier, post-doctorant au Centre de sociologie des organisations, SciencesPo (sylvain.brunier [at] sciencespo.fr)
  • Scott Viallet-Thévenin, doctorant à SciencesPo (scott.vialletthevenin [at] sciencespo.fr)

Lieux

  • Montpellier, France (34)

Dates

  • samedi 15 octobre 2016

Mots-clés

  • corps, administration, action publique, État

Contacts

  • Sylvain Brunier
    courriel : sylvain [dot] brunier [at] sciencespo [dot] fr
  • Scott Viallet-Thévenin
    courriel : scott [dot] viallet-thevenin [at] sciencespo [dot] fr

Source de l'information

  • Sylvain Brunier
    courriel : sylvain [dot] brunier [at] sciencespo [dot] fr

Pour citer cette annonce

« Des élites administratives de second ordre : positions, trajectoires et logiques de corps », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 12 octobre 2016, http://calenda.org/379888