The Scenery, « Thread of Time » (1967)

ScanHunter

Hiver 1966, Ian Hunter débarque à Londres en provenance de Northampton, sa petite famille sous le bras ; il trouve un boulot à l’usine mais est bien décidé à intégrer fissa le « music business ». Il fait la connaissance dans son voisinage de Miller Anderson, guitariste de The Voice, formation restée dans les annales pour l’incroyable « Train to Disaster » (Mercury).

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The Voice est contrôlé en sous-main par la très inquiétante Process Church of the Final Judgment, la secte sataniste du couple formé par les ex-scientologues Robert et Mary Ann DeGrimston (cette dernière pense être la réincarnation de Joseph Goebbels…). L’Église a installé son quartier général dans le district londonien de Mayfair et cherche à attirer à elle des représentants du show-biz (Marianne Faithfull sera ainsi approchée). Avant que la secte émigre vers le Mexique puis la Californie (où elle nouera des liens avec Charles Manson), Miller Anderson avait prudemment quitté The Voice, laissant la place chaude comme l’enfer à son pote Mick Ronson.

Ian Hunter (à g.) et Miller Anderson, période The Scenery.En compagnie de l’ex-batteur de The Voice, Dave Dufort (également ex-Paper Blitz Tissue), Anderson monte The Scenery et Ian Hunter est recruté à la basse. La formation devient le « groupe maison » des studios Regent Sound, à Soho, rejointe parfois par un Mitch Mitchell mis au chômage par la séparation des Blue Flames de Georgie Fame. Parallèlement aux activités de « session men » de ses membres, le groupe tourne au Royaume-Uni en première partie des Dubliners ou en backing band de David MacWilliams (The Day of Pearly Spencer).

Et à l’occasion enregistre des démos de ses propres morceaux. C’est le cas des deux compositions figurant sur le 45 tours qui nous occupe ici, toutes deux cosignées par Ian Hunter, Miller Anderson et Bill Farley, le patron des Regent Studios. Miller se souvient que deux anciens Merseybeats fournirent  la section rythmique de cette session, dont Johnny Gustafson, à la basse, futur membre de Roxy Music.

C’est sans le consentement du groupe que ces démos sortiront sous licence internationale en Belgique (sur Impact), en France (sur le même label mais sans pochette) ainsi qu’au Japon (Columbia). À vrai dire, les membres du groupe n’entendront parler de ce single que dans les années 90 ! Il se rappelleront avoir enregistrer la face A (To Make a Man cry) quand la face B ne leur aura laissé aucun souvenir, au point que certains continuent de se demander si c’est bien The Scenery qu’on entend sur cette face… C’est néanmoins ce Thread of Time qu’on peut écouter ici, superbe secousse de freakbeat anglais à délatter les parquets tandis que l’énorme basse fait trembler les murs…

La suite est mieux connue. Tandis que Dufort (East of Eden, Angel Witch…) et Anderson (Savoy Brown, Mick Taylor…) continueront à multiplier les collaborations, Ian Hunter sera recruté par Guy Stevens comme chanteur à talonnettes de Mott the Hoople, qui triomphera en 1972 avec le morceau offert par Bowie All the Young Dudes. Et que rejoindra pour un temps le guitariste de Ziggy, Mick Ronson, qui, on l’aura compris, était parvenu à échapper aux satanistes de la Process Church. Ouf !

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