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mardi 5 octobre 2010

[Histoire] Il y a 90 ans : Le fascisme met fin aux années rouges italiennes

Un texte extrait du numéro de septembre du mensuel Alternative libertaire

Quand, en septembre 1920, les plus grandes usines du nord de l’Italie sont occupées par des ouvriers et ouvrières en armes, une perspective révolutionnaire semble se dessiner après deux années de luttes intenses. La bourgeoisie a alors recours à un nouveau type de mouvement, le fascisme, pour mettre fin à ces « deux années rouges » (bienno rosso).


Ce premier bienno rosso, avant celui de 1968 et 1969, est le produit du massacre mondial, qui s’achève le 4 novembre 1918 pour l’Italie. Malgré une place parmi les puissances victorieuses, le pays est plongé dans une profonde crise sociale et politique, qui provoque l’irruption massive du prolétariat et de la paysannerie sur la scène politique. Comme dans les autres pays belligérants, le ralliement à la guerre d’une bonne partie du mouvement ouvrier [1], a poussé les classes populaires dans la « guerre patriotique » avec la promesse d’un avenir meilleur. Après avoir payé de son sang le prix fort pour cette guerre, la déception fut grande. Ces promesses ne furent tenues ni par la monarchie ni par la bourgeoisie, laquelle s’était énormément enrichie grâce à l’économie de guerre.

Le réveil de la lutte de classe

Le système industriel développé par la guerre ainsi que l’importante urbanisation des centres productifs du nord de l’Italie, a généré un prolétariat combatif et déterminé, qui a salué la Révolution des Soviets en Russie comme perspective pour l’Europe toute entière. En août 1917, à Turin, – grand centre de l’arsenal de guerre italien – des milliers de travailleurs et travailleuses descendent dans la rue pour exiger du pain et des aliments qui commencent à manquer et l’arrêt immédiat de la guerre. Cette insurrection antimilitariste turinoise est écrasée par l’armée royale. Le mouvement ouvrier laisse des dizaines de morts et de blessés et des centaines de travailleurs seront envoyés au front en représailles.

Dans tous les centres industriels du nord, le ferment révolutionnaire se référait à l’expérience soviétique. La victoire militaire désastreuse mettait en évidence la situation de la bourgeoisie, sortie du conflit militaire enrichie mais épouvantée par la lutte de classe qui se profilait et les révolutions russe et allemande. La monarchie était incapable d’affronter la transformation d’une économie de guerre, pas plus que de comprendre la situation déplorable de la grande masse des paysans qui réclamaient en vain une réforme agraire.

Alors que les ouvriers et ouvrières agricoles lancent des luttes pour améliorer leurs conditions de vie, dans les usines, l’exigence du contrôle ouvrier débouche en septembre 1919 sur la création de premiers Conseils d’usines, combattus par les forces syndicales, dont les pratiques réformistes sont remises en cause. Ils parviennent à s’imposer en quelques mois dans les grandes usines et à briser les directions patronales et leurs relais, les « Commissions internes » affiliées aux syndicats. La Chambre du travail de Turin (sorte de bourse du travail) reconnait les Conseils d’usine mais les dirigeants syndicaux restent méfiant envers cette organisation qui pratique et théorise la démocratie prolétarienne. Pour la première fois, cette expérience, s’éloigne de l’organisation syndicale pour emprunter la voie d’un parcours de classe autonome.

Deux tendances révolutionnaires…

Le 24 décembre 1919, une foule immense accueille le militant anarchiste Errico Malatesta sur le port de Gènes. Il revient de son exil londonien grâce à l’intervention de Giuseppe Giulietti, président de l’association des travailleurs de la mer, qui l’a transporté clandestinement jusqu’à Gènes. Les anarchistes sont extrêmement actifs dans ce mouvement et fondent une nouvelle organisation : l’Union des communistes anarchistes d’Italie, qui deviendra en juillet 1920, l’Union anarchiste italienne. La fondation du quotidien L’Humanité Nouvelle permet de lier toutes les initiatives de lutte sur l’ensemble du territoire national et d’affirmer la portée révolutionnaire et libertaire de ce mouvement né d’en bas. Pour convaincre la partie du prolétariat, habituée à une représentation syndicale et politique, qui hésite encore face à ce mouvement, les anarchistes diffusent leur vision d’une révolution, communiste et libertaire.

Mais la bonne audience des militants et militantes anarchistes tient aussi à leur forte implantation dans l’Union syndicale italienne (USI), et pour quelques dizaines de cadres ouvriers, dans la Confederazione generale del lavoro (Confédération générale du travail).

Mais c’est aussi, sans nul doute, la revue L’Ordre Nouveau d’Antonio Gramsci qui, depuis Turin, sut interpréter et alimenter l’expérience des Conseils. Angelo Tasca, Palmiro Togliatti, Antonio Gramsci et d’autres, dont les analyses fortement influencées par l’expérience soviétique ont mûri dans les rangs du courant maximaliste du Parti socialiste italien, ne tardent pas à entrer en conflit aussi bien avec la nomenclature syndicale qu’avec les dirigeants du PSI, hostiles aux Conseils d’usines, mais sortis victorieux des élections politiques de novembre 1919 et renforcés par le consensus électoral obtenu.

La réaction s’organise

Cependant, y compris dans les rangs du courant maximaliste [2], les divergences sont évidentes avec l’aile dirigée par Amedeo Bordiga. Celui-ci explique dans un article paru dans le journal napolitain Soviet intitulé « Prendre les usines ou prendre le pouvoir », que les Conseils sont un frein au projet bolchévique.

Les positions exprimées dans cet article trouvèrent un allié involontaire en la personne de Gino Olivetti, industriel et chef de la Confédération des industriels, une fusion de différentes organisations patronales qui s’unirent pour combattre le mouvement prolétaire. C’est ainsi que lors d’une réunion qu’il présidait et s’adressant à d’autres industriels turinois, il rappela qu’y compris Lénine, en Russie, avait dû mettre fin aux expériences de démocratie directe qui avaient constitué les bases organisationnelles de la révolution, dans la mesure où dans un contexte autogestionnaire, celles-ci ne permettaient ni l’efficacité, ni les résultats qui pouvaient être obtenus dans un système hiérarchisé de direction des usines.

Mais l’allié le plus important de la bourgeoisie n’apparaît qu’en mars 1919, à Milan, quand les Fasci de combattimento (faisceaux de combat) [3] sont fondés, avec à leur tête Benito Mussolini. Cette force politique ne remporte que quelques milliers de voies aux élections politiques de novembre. Son programme, publié en juin 1919 dans le Popolo d’Italia de Mussolini, mêle des revendications syndicales habituelles (journée de 8 heures, salaire minimum, confiscation de tous les biens des congrégations religieuses, etc.) à une culture futuriste [4] et nationaliste issue de l’interventionnisme militaire. Malgré la présence de quelques syndicalistes révolutionnaires qui avaient rejoint Mussolini à l’aube de la guerre, les revendications syndicales sont très vite mises de côté et le mouvement s’oriente clairement vers les intérêts des classes bourgeoises.

Vers la révolution ?

Durant les premiers mois de 1920, les luttes se multiplient ainsi que les occupations de terres et d’usines. L’augmentation des prix et de la répression gouvernementale conduisent à l’intensification de la lutte et accentuent la détermination du mouvement ouvrier.

En avril 1920, commence la grève des « aiguilles » [5] , appelée ainsi pour protester contre l’introduction de l’heure légale qui oblige les travailleurs à ne sortir de l’usine que lorsque tombe la lumière du jour. Rapidement la grève change de sens, réclamant le contrôle de la production, et s’étend à toutes les régions du nord, touchant des millions d’ouvriers et ouvrières, mais aussi de paysans et paysannes. Les cheminots refusent de transporter les troupes militaires destinées à la répression. Le fort mécontentement et les affrontements réguliers avec les forces de police font tomber le gouvernement présidé par Francesco Nitti, remplacé par Giovanni Giolitti [6].

Les industriels, refusant d’augmenter les salaires et de remettre la direction des usines, demandent à Giolitti une intervention répressive pour mettre fin aux mouvements de protestation qui se poursuivent avec des obstructions d’usine et des « grèves blanches ». À la campagne, les premiers affrontements ont lieu entre travailleurs en lutte et fascistes.

Fin août, les industriels tentent de lock outer les usines. Chez Alfa Roméo à Milan, où les ouvriers et ouvrières se battent contre les licenciements, l’usine est immédiatement occupée et les métallos prennent le chemin d’une lutte qui en deux jours armera les ouvriers dans toutes les usines du nord. Le rôle des Conseils d’usine s’avère alors déterminant : l’autonomie et l’action directe dans les usines, le succès grandissant et l’activité effrénée des mouvements communistes, anarchistes ou syndicalistes révolutionnaires, laissent entrevoir une issue révolutionnaire à la crise.

Place au fascisme

Giolitti refuse de répondre aux demandes formulées par les industriels d’évacuer les usines occupées par les travailleurs en armes mais engage une négociation avec le PSI et la CGL, qui se sont clairement refusés à diriger le mouvement insurrectionnel, et acceptent le 10 septembre que la direction des usines retourne aux mains des propriétaires, simplement contrôlés par des Commissions syndicales. Il s’agit en définitive, de signer la défaite des Conseils d’usines qui durent depuis deux ans et de restaurer le pouvoir capitaliste.

La Federazione impiegati operai metallurgici (FIOM), le plus important syndicat de la métallurgie, organise un référendum parmi les travailleurs le 23 septembre. Le découragement dû à la trahison de la CGL et du PSI commence à faire reculer les luttes. Seule l’Union syndicale italienne avec une forte présence de militants et militantes libertaires et communistes, conserve une position critique et ferme sur l’épilogue d’une lutte qui aurait pu connaître un tout autre succès.

La dynamique du mouvement cassée, il ne reste plus qu’à réprimer les principaux protagonistes. En plus de la répression étatique, le fascisme sponsorisé par les industriels, commence son œuvre criminelle : des centaines de dirigeants politiques, de syndicalistes, de travailleurs et travailleuses en lutte sont assassinés. Les prisons d’État se remplissent de subversifs. Ce que Luigi Fabbri [7] nommera « la contre révolution préventive » a débuté, ouvrant ainsi tout grand la voie à 25 années de dictature fasciste [8].

Selon Fabbri, « le fascisme répond à la nécessité de défendre les classes dirigeantes dans la société moderne ». La fracture entre prolétariat et bourgeoisie mise en évidence dans le contexte de l’après guerre en Italie mais aussi dans d’autres pays d’Europe, avait posé les bases d’un affrontement de survie conduisant à l’affaiblissement de l’État libéral. [9]

L’analyse de Fabbri a été sans aucun doute une des plus lucides et mieux argumentées sur la défaite du prolétariat. La guerre en tant que catalyseur des courants nationalistes imbus d’héroïsme futuriste, le mépris du parlementarisme socialiste et bourgeois et le culte de la violence et de la mort ont alimenté une soumission politique et intellectuelle d’une grande partie des masses populaires. Le fascisme, fils de la première guerre mondiale, devint l’outil de la défense des intérêts de la bourgeoisie et de la machine d’État.

Gino Caraffi (FDCA, Italie)



Repères : Le premier bienno rosso italien

1919

Mars : Occupations des usines à Bergame.

23 mars : Fondation à Milan des Fasci di combattimento de Benito Mussolini.

12 au 14 avril : Constitution de l’Union anarchiste d’Italie à Florence.

15 avril : Le siège du quotidien socialiste Avanti ! à Milan est saccagé par les fascistes.

1er mai : Sortie du premier numéro du journal L’Ordine Nuovo d’Antonio Gramsci.

Août : Ample mouvement de lutte pour l’occupation des terres.

Novembre : La FIOM, syndicat des métallurgistes de Turin, reconnaît la constitution des « conseils ouvriers d’usine », à travers l’élection des commissaires d’atelier.

16 novembre : Élections politiques, le PSI devient le premier parti.
1920

Février : Début de la publication, à Milan, de Umanità Nova, dirigée par Malatesta.

27 mars : L’Ordine Nuovo lance un appel, signé par des socialistes et des libertaires, à un congrès national des Conseils d’usines. Ce congrès n’aura jamais lieu.

24 avril : Après 10 jours de grève générale dans le Piémont, l’armée impose le retour au travail.

Juin : Début du gouvernement Giolitti qui succède à Francesco Nitti.

4 juillet : Fondation de l’Union anarchiste italienne au congrès de Bologne.

30 août : Annonce de la fermeture de l’usine Alfa Roméo de Milan, immédiatement occupée. En quelques jours, la plupart des usines du Nord sont occupées, et souvent la production est relancée en autogestion.

15 septembre : Après des négociations avec la CGL, Giolitti annonce la création d’une commission paritaire d’étude pour préparer une loi sur « l’intervention des ouvriers dans le contrôle technique et financier et dans l’administration entreprises ».

25 septembre : Suite au référendum de la FIOM, beaucoup d’usines sont évacuées.

15 octobre : Errico Malatesta est arrêté, 3 jours après Armando Borghi, secrétaire général de l’USI et militant anarchiste. Ils sont considérés comme responsables des occupations d’usines à Milan.

21 octobre : Les 25 délégués de l’USI, réunis à Bologne, sont arrêtés.



Notes

[1] Benito Mussolini, rédacteur en chef du quotidien socialiste Avanti ! lance le « Popolo d’Italia » en 1914 pour militer en faveur de l’intervention de l’Italie contre l’Autriche-Hongrie.

[2] Ce courant maximaliste donnera naissance au Parti communiste d’Italie en janvier 1921.

[3] Le terme fait référence aux faisceaux, assemblage de verges liées autour d’une hache, qui représentaient l’unité du peuple et l’autorité de Rome dans l’antiquité.

[4] Le futurisme est un mouvement artistique et littéraire d’origine italienne, né peu avant la guerre de 1914, qui fait l’apologie de la modernité et de la vitesse. Certains futuristes, dont le fondateur du mouvement Filippo Marinetti, rejoindront le fascisme.

[5] Il s’agit des aiguilles de la montre, symbole de la soumission aux temps de l’exploitation.

[6] Alors âgé de 78 ans, Giolitti est le principal dirigeant italien des années 1900-1914, pendant lesquelles il avait fait voter le droit de grève et le suffrage universel masculin.

[7] Luigi Fabbri est l’un des principaux militants anarchistes italien.

[8] Les faisceaux deviennent le Parti national fasciste en novembre 1921. Mussolini est appelé au pouvoir, par le roi Victor Emmanuel III, le 30 octobre 1922

[9] Le gouvernement libéral, attaché aux formes « démocratiques », comme celui de Giolitti qui avait négocié avec les socialistes et syndicalistes « responsables », semble dépassé pour la bourgeoisie.
Related Link: http://www.alternativelibertaire.org

mercredi 8 septembre 2010

Les deux derniers épisodes des Fils de la nuit

RAPPEL: Voix de faits et CKIA se sont associés pour diffuser le feuilleton radiophonique « Souvenirs de la guerre d’Espagne. 19 juillet 1936 - 9 février 1939 » à raison de deux épisodes par semaine.


Au menu cette semaine


Épisode 19 - La démobilisation des volontaires étrangers




Episode19.mp3


Épisode 20 - Épilogue Marseille 1974-1976




Episode20.mp3

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« Souvenirs de la guerre d’Espagne. 19 juillet 1936 - 9 février 1939 » est diffusé tous les mercredi de l'été, de 23h à 24h sur les ondes de CKIA 88,3 FM (rediffusion en podcast dès le lendemain sur notre blogue pour les gens de l'extérieur et les couche-tôt).

Ce feuilleton est basé sur les mémoires qu'Antoine Gimenez, milicien du groupe international de la colonne Durruti, a écrit au milieu des années 1970. Il comporte vingt épisodes d’une demie-heure (que nous diffuserons deux par deux). Chaque épisode est construit autour de la lecture des chapitres de ses mémoires, précédée d’une présentation du contexte de la guerre et de la révolution, et suivie de commentaires cherchant à approfondir certains points soulevés par le document.

Le feuilleton a été produit en 2005 par le collectif français « Les Giménologues ». Après leur diffusion en feuilleton, les mémoires ont été publiées en 2006 sous la forme d’un ouvrage intitulé « Les Fils de la Nuit. Souvenirs de la Guerre d’Espagne », en coédition avec l’Insomniaque. Le livre est malheureusement épuisé mais on peut le trouver en format pdf sur le site de l'éditeur : http://insomniaqueediteur.org/spip/spip.php?article62

jeudi 26 août 2010

Deux épisodes des Fils de la nuit, le feuilleton radio sur la guerre d'Espagne

RAPPEL: Voix de faits et CKIA se sont associés pour diffuser le feuilleton radiophonique « Souvenirs de la guerre d’Espagne. 19 juillet 1936 - 9 février 1939 » à raison de deux épisodes par semaine.


Au menu cette semaine


Épisode 17 - L'attaque contre le communisme libertaire




Episode17.mp3


Épisode 18 - La perte de l'Aragon ou le commencement de la fin




Episode18.mp3

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« Souvenirs de la guerre d’Espagne. 19 juillet 1936 - 9 février 1939 » est diffusé tous les mercredi de l'été, de 23h à 24h sur les ondes de CKIA 88,3 FM (rediffusion en podcast dès le lendemain sur notre blogue pour les gens de l'extérieur et les couche-tôt).

Ce feuilleton est basé sur les mémoires qu'Antoine Gimenez, milicien du groupe international de la colonne Durruti, a écrit au milieu des années 1970. Il comporte vingt épisodes d’une demie-heure (que nous diffuserons deux par deux). Chaque épisode est construit autour de la lecture des chapitres de ses mémoires, précédée d’une présentation du contexte de la guerre et de la révolution, et suivie de commentaires cherchant à approfondir certains points soulevés par le document.

Le feuilleton a été produit en 2005 par le collectif français « Les Giménologues ». Après leur diffusion en feuilleton, les mémoires ont été publiées en 2006 sous la forme d’un ouvrage intitulé « Les Fils de la Nuit. Souvenirs de la Guerre d’Espagne », en coédition avec l’Insomniaque. Le livre est malheureusement épuisé mais on peut le trouver en format pdf sur le site de l'éditeur : http://insomniaqueediteur.org/spip/spip.php?article62

samedi 21 août 2010

Deux épisodes des Fils de la nuit, le feuilleton radio sur la guerre d'Espagne

RAPPEL: Voix de faits et CKIA se sont associés pour diffuser le feuilleton radiophonique « Souvenirs de la guerre d’Espagne. 19 juillet 1936 - 9 février 1939 » à raison de deux épisodes par semaine.


Au menu cette semaine


Épisode 15 - La contre-révolution à l'oeuvre




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Épisode 16 - La guerre industrielle




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« Souvenirs de la guerre d’Espagne. 19 juillet 1936 - 9 février 1939 » est diffusé tous les mercredi de l'été, de 23h à 24h sur les ondes de CKIA 88,3 FM (rediffusion en podcast dès le lendemain sur notre blogue pour les gens de l'extérieur et les couche-tôt).

Ce feuilleton est basé sur les mémoires qu'Antoine Gimenez, milicien du groupe international de la colonne Durruti, a écrit au milieu des années 1970. Il comporte vingt épisodes d’une demie-heure (que nous diffuserons deux par deux). Chaque épisode est construit autour de la lecture des chapitres de ses mémoires, précédée d’une présentation du contexte de la guerre et de la révolution, et suivie de commentaires cherchant à approfondir certains points soulevés par le document.

Le feuilleton a été produit en 2005 par le collectif français « Les Giménologues ». Après leur diffusion en feuilleton, les mémoires ont été publiées en 2006 sous la forme d’un ouvrage intitulé « Les Fils de la Nuit. Souvenirs de la Guerre d’Espagne », en coédition avec l’Insomniaque. Le livre est malheureusement épuisé mais on peut le trouver en format pdf sur le site de l'éditeur : http://insomniaqueediteur.org/spip/spip.php?article62

vendredi 13 août 2010

Quatre épisodes des Fils de la nuit

Voix de faits et CKIA se sont associés pour diffuser le feuilleton radiophonique « Souvenirs de la guerre d’Espagne. 19 juillet 1936 - 9 février 1939 » à raison de deux épisodes par semaine. Comme on a eu des problèmes de serveur la semaine dernière, voici 4 épisodes en rafale...

Au menu cette semaine


Épisode 11 - La guerre dévore la révolution




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Épisode 12 - L'affaire Ruano




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Épisode 13 - La mort de Durruti




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Épisode 14 - La bataille de Barcelone




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« Souvenirs de la guerre d’Espagne. 19 juillet 1936 - 9 février 1939 » est diffusé tous les mercredi de l'été, de 23h à 24h sur les ondes de CKIA 88,3 FM (rediffusion en podcast dès le lendemain sur notre blogue pour les gens de l'extérieur et les couche-tôt).

Ce feuilleton est basé sur les mémoires qu'Antoine Gimenez, milicien du groupe international de la colonne Durruti, a écrit au milieu des années 1970. Il comporte vingt épisodes d’une demie-heure (que nous diffuserons deux par deux). Chaque épisode est construit autour de la lecture des chapitres de ses mémoires, précédée d’une présentation du contexte de la guerre et de la révolution, et suivie de commentaires cherchant à approfondir certains points soulevés par le document.

Le feuilleton a été produit en 2005 par le collectif français « Les Giménologues ». Après leur diffusion en feuilleton, les mémoires ont été publiées en 2006 sous la forme d’un ouvrage intitulé « Les Fils de la Nuit. Souvenirs de la Guerre d’Espagne », en coédition avec l’Insomniaque. Le livre est malheureusement épuisé mais on peut le trouver en format pdf sur le site de l'éditeur : http://insomniaqueediteur.org/spip/spip.php?article62

mardi 10 août 2010

Georges Fontenis : une figure internationale du communisme libertaire nous a quittés

Nous avons reçu ce communiqué de nos camarades d'Alternative libertaire annonçant le décès de Georges Fontenis. Triste nouvelle. La biographie de G. Fontenis dont il est question est disponible à la librairie sociale autogérée La Page Noire.

Georges Fontenis : une figure internationale du communisme libertaire nous a quittés

C’est une des dernières personnalités du mouvement anarchiste des années 1940-1950 qui vient de disparaître avec Georges Fontenis, décédé à Tours le 9 août 2010 dans sa quatre-vingt-dixième année. Il restera, dans la mémoire du mouvement ouvrier, comme un infatigable combattant du communisme libertaire, un acteur du soutien aux indépendantistes algériens, un syndicaliste de l’École émancipée, un des animateurs de Mai 68 à Tours et un des piliers de la Libre-Pensée d’Indre-et-Loire. Jusqu’à ses derniers jours, il a été adhérent d’Alternative libertaire.

Issu d’une modeste famille ouvrière des Lilas, Georges Fontenis fut projeté dans le militantisme anarchiste par Juin 36 et l’enthousiasme pour la Révolution espagnole. Membre de la CGT clandestine sous l’occupation, ce jeune instituteur à Paris 19e devint, à la Libération, un des militants les plus en vue de la Fédération anarchiste (FA). Dès 1946, il fut élu secrétaire général de cette organisation, véritable pôle de résistance à l’hégémonie stalinienne dans le mouvement ouvrier de l’époque.

Très proche des Espagnols de la CNT-FAI en exil, Georges Fontenis fut, en 1946-1950, un des promoteurs de la CNT française (CNT-F), qui se présentait comme une alternative à la CGT stalinisée et à une CGT-FO atlantiste. Après l’effondrement de la CNT-F en 1950, il rejoignit la Fédération de l’Éducation nationale (FEN) et fut actif au sein de sa tendance syndicaliste révolutionnaire, l’École émancipée.

Georges Fontenis fut ensuite un des principaux protagonistes des luttes d’orientation qui déchirèrent l’organisation anarchiste en 1951-1953, et qui aboutirent à la transformation de la FA en Fédération communiste libertaire (FCL). Il devait en garder, par la suite, une réputation sulfureuse. Il s’en expliqua dans ses Mémoires, publiés une première fois en 1990. Réédités en 2008 par les éditions d’Alternative libertaire sous le titre Changer le monde, ces Mémoires constituent une pièce de premier ordre pour les historiens de l’anarchisme, mais aussi une forme de bilan politique de cette période, non exempt d’autocritique.

Quand éclata l’insurrection algérienne de la Toussaint 1954, la FCL s’engagea dans le soutien aux indépendantistes et Georges Fontenis mit sur pied, avec ses camarades, un des tout premiers réseaux de « porteurs de valises ». Ce n’est cependant pas son action clandestine, mais sa propagande au grand jour qui valut à la FCL d’être démantelée par la répression. Interpelé par la DST au terme de plusieurs mois de cavale, Georges Fontenis passa près d’un an en prison et fut définitivement proscrit de l’Éducation nationale en Région parisienne. Cette période a été racontée dans un documentaire de 2001, Une résistance oubliée (1954-1957), des libertaires dans la guerre d’Algérie.

Après sa libération, Georges Fontenis s’installa dans la région tourangelle, qu’il ne devait plus quitter. La FCL étant détruite, il continua néanmoins son action dans les réseaux de soutien à l’indépendance algérienne.

Il fut de nouveau appelé à jouer un rôle en mai-juin 1968, en étant un des principaux animateurs du Comité d’action révolutionnaire de Tours. Dans la foulée, il tenta de relancer un Mouvement communiste libertaire (MCL), fortement teinté de conseillisme, mais qui fut un échec. Il devait par la suite adhérer, en 1980, à l’Union des travailleurs communistes libertaires (UTCL), puis à Alternative libertaire.

La vie de Georges Fontenis a, pendant plusieurs décennies, été liée au mouvement ouvrier et à son courant libertaire. Il en a partagé les avancées, les reculs et les luttes passionnées. Militant politique, il savait tirer les enseignements des échecs sans céder au découragement. Mais l’itinéraire de Georges Fontenis fut aussi un itinéraire personnel. Façonné par l’anarchisme, il voulut le transformer en profondeur. Pour cela, il fut vivement décrié par certains, et considéré par d’autres, en France et ailleurs, comme une référence. Son bilan forme-t-il pour autant un bloc, à prendre ou à laisser ? Nullement. Mais Alternative libertaire et, au-delà, le courant communiste libertaire international savent ce qu’ils lui doivent, et c’est pour cette raison que nous rendons hommage à un homme qui, désormais, appartient à l’Histoire.

Les militants qui l’ont côtoyé dans ses combats en garderont, pour beaucoup, le souvenir d’un camarade chaleureux, bon vivant, doué d’humour et d’une grande lucidité. C’est encore l’image qu’il laisse dans le documentaire qui lui a été consacré en 2008, Georges Fontenis, parcours libertaire.

AL assure sa compagne Marie-Louise ainsi que sa famille de sa solidarité dans ce moment douloureux. Le mensuel Alternative libertaire saluera longuement Georges Fontenis dans son numéro de septembre. Nous envisagerons également l’organisation d’un événement public en son souvenir à l’automne, probablement à Tours.

Alternative libertaire, le 10 août 2010

[video] Free voice of labor / Fraye Arbeter Shtime



La semaine dernière j'ai publié une minute du patrimoine révolutionnaire sur une chanson anars yiddish. Le vidéo qui l'accompagnait était un extrait d'un documentaire réalisé en 1980 sur le mouvement anarchiste juif américain. Je n'avais pas réalisé que le film était en ligne. Le voici. C'est en anglais mais ça vaut le détour... Comme on dit, «défaites vos idées toutes faites sur l'anarchie»!

mercredi 4 août 2010

La minute du patrimoine révolutionnaire: Hey, hey, daloy politsey! (À bas la police!)

La minute du patrimoine est une chronique musicale. L'idée est de faire connaître l'histoire et les dessous de certaines chansons révolutionnaires.

Cette semaine: Hey, hey, daloy politsey! (À bas la police!)




J'ai découvert cette chanson par hasard, grâce à Face book (honte à moi!). Il s'agit d'un classique du mouvement révolutionnaire juif / yiddish. Selon ce que j'ai compris, c'est Zalman Mlotek qui l'a enregistré pour le documentaire Free Voice of Labor: The Jewish Anarchists (1980). Le clip de You Tube est d'ailleurs tiré de là. Apparemment qu'il l'a appris de sa mère.

Il semble que cette chanson ait eu une origine dans le mouvement anarchiste mais que les socialistes du Bund ne la dédaignait pas non plus. Bref, un truc non-sectaire! Qui sait, peut-être pouvions-nous entendre des membres de Frayhayt la chanter au début du siècle, dans le bout du boulevard Saint-Laurent, à Montréal...

Plus d'info (en anglais)

Traduction rapide (d'après cette traduction anglaise, qui est légèrement différente des sous-titres du vidéo).

À bas la police!

Partout oû vous allez, dans toutes les rues
Vous entendez le mécontentement.
Les hommes, les femmes et les enfants
Parlent de grèves.

Frères, assez de travaux abrutissants
Assez d’emprunts et de prêts,
On tombe en grève,
Frères, libérons-nous!

Frères et sœurs, joignons les mains,
Et brisons les murs du petit tsar Nikolai!

Hé, hé à bas la police!
À bas l’aristocratie russe!

Frères et sœurs, rassemblons nous,
Ensemble nous sommes assez forts
Pour faire tomber ce tsar!
Hé, hé…

Frères et sœurs, laissons faire les formalités,
Raccourcissons les années du petit Nikolai!
Hé, hé…

Hier il conduisait
Un petit wagon plein d’ordure,
Aujourd’hui c’est un capitaliste!
Hé, hé…

Frères et sœurs, rassemblons nous,
Enterrons le petit Nikolai avec sa mère!
Hé, hé…

Cosaques et gendarmes,
Descendez de vos chevaux!
Le tsar de Russie est déjà mort et enterré!
Hé, hé…


jeudi 29 juillet 2010

Trois épisodes des Fils de la nuit

Voix de faits et CKIA se sont associés pour diffuser le feuilleton radiophonique « Souvenirs de la guerre d’Espagne. 19 juillet 1936 - 9 février 1939 » à raison de deux épisodes par semaine. Comme la semaine dernière on a pas été capable, de téléverser le deuxième épisode, on en poste 3 cette semaine. [bande de veinard-e-s!]

Au menu cette semaine


Épisode 8 - La république sabote la guerre




Episode8.mp3


Épisode 9 - Perdiguera




Episode9.mp3


Épisode 10 - Barcelone, très loin du front




Episode10.mp3

* * *

« Souvenirs de la guerre d’Espagne. 19 juillet 1936 - 9 février 1939 » est diffusé tous les mercredi de l'été, de 23h à 24h sur les ondes de CKIA 88,3 FM (rediffusion en podcast dès le lendemain sur notre blogue pour les gens de l'extérieur et les couche-tôt).

Ce feuilleton est basé sur les mémoires qu'Antoine Gimenez, milicien du groupe international de la colonne Durruti, a écrit au milieu des années 1970. Il comporte vingt épisodes d’une demie-heure (que nous diffuserons deux par deux). Chaque épisode est construit autour de la lecture des chapitres de ses mémoires, précédée d’une présentation du contexte de la guerre et de la révolution, et suivie de commentaires cherchant à approfondir certains points soulevés par le document.

Le feuilleton a été produit en 2005 par le collectif français « Les Giménologues ». Après leur diffusion en feuilleton, les mémoires ont été publiées en 2006 sous la forme d’un ouvrage intitulé « Les Fils de la Nuit. Souvenirs de la Guerre d’Espagne », en coédition avec l’Insomniaque. Le livre est malheureusement épuisé mais on peut le trouver en format pdf sur le site de l'éditeur : http://insomniaqueediteur.org/spip/spip.php?article62

vendredi 23 juillet 2010

L'épisode 7 des Fils de la nuit

Voix de faits et CKIA se sont associés pour diffuser le feuilleton radiophonique « Souvenirs de la guerre d’Espagne. 19 juillet 1936 - 9 février 1939 » à raison de deux épisodes par semaine.

Au menu cette semaine


Épisode 7 - Un automne crucial




Episode7.mp3


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« Souvenirs de la guerre d’Espagne. 19 juillet 1936 - 9 février 1939 » est diffusé tous les mercredi de l'été, de 23h à 24h sur les ondes de CKIA 88,3 FM (rediffusion en podcast dès le lendemain sur notre blogue pour les gens de l'extérieur et les couche-tôt).

Ce feuilleton est basé sur les mémoires qu'Antoine Gimenez, milicien du groupe international de la colonne Durruti, a écrit au milieu des années 1970. Il comporte vingt épisodes d’une demie-heure (que nous diffuserons deux par deux). Chaque épisode est construit autour de la lecture des chapitres de ses mémoires, précédée d’une présentation du contexte de la guerre et de la révolution, et suivie de commentaires cherchant à approfondir certains points soulevés par le document.

Le feuilleton a été produit en 2005 par le collectif français « Les Giménologues ». Après leur diffusion en feuilleton, les mémoires ont été publiées en 2006 sous la forme d’un ouvrage intitulé « Les Fils de la Nuit. Souvenirs de la Guerre d’Espagne », en coédition avec l’Insomniaque. Le livre est malheureusement épuisé mais on peut le trouver en format pdf sur le site de l'éditeur : http://insomniaqueediteur.org/spip/spip.php?article62

lundi 19 juillet 2010

Les épisodes 5 et 6 des Fils de la nuit

Voix de faits et CKIA se sont associés pour diffuser le feuilleton radiophonique « Souvenirs de la guerre d’Espagne. 19 juillet 1936 - 9 février 1939 » à raison de deux épisodes par semaine.

Au menu cette semaine


Épisode 5 - Il n'y a pas d'hommes libres sans femmes libres




Episode5.mp3

Épisode 6 - Les milices anarchistes



Episode6.mp3

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« Souvenirs de la guerre d’Espagne. 19 juillet 1936 - 9 février 1939 » est diffusé tous les mercredi de l'été, de 23h à 24h sur les ondes de CKIA 88,3 FM (rediffusion en podcast dès le lendemain sur notre blogue pour les gens de l'extérieur et les couche-tôt).

Ce feuilleton est basé sur les mémoires qu'Antoine Gimenez, milicien du groupe international de la colonne Durruti, a écrit au milieu des années 1970. Il comporte vingt épisodes d’une demie-heure (que nous diffuserons deux par deux). Chaque épisode est construit autour de la lecture des chapitres de ses mémoires, précédée d’une présentation du contexte de la guerre et de la révolution, et suivie de commentaires cherchant à approfondir certains points soulevés par le document.

Le feuilleton a été produit en 2005 par le collectif français « Les Giménologues ». Après leur diffusion en feuilleton, les mémoires ont été publiées en 2006 sous la forme d’un ouvrage intitulé « Les Fils de la Nuit. Souvenirs de la Guerre d’Espagne », en coédition avec l’Insomniaque. Le livre est malheureusement épuisé mais on peut le trouver en format pdf sur le site de l'éditeur : http://insomniaqueediteur.org/spip/spip.php?article62

dimanche 11 juillet 2010

Les épisodes 3 et 4 des Fils de la nuit



Voix de faits et CKIA se sont associés pour diffuser le feuilleton radiophonique « Souvenirs de la guerre d’Espagne. 19 juillet 1936 - 9 février 1939 » à raison de deux épisodes par semaine.

Au menu cette semaine

Épisode 3 - La guerre et la révolution



Episode3.mp3

Épisode 4 - Vers le front d'Aragon



Episode4.mp3

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« Souvenirs de la guerre d’Espagne. 19 juillet 1936 - 9 février 1939 » est diffusé tous les mercredi de l'été, de 23h à 24h sur les ondes de CKIA 88,3 FM (rediffusion en podcast dès le lendemain sur notre blogue pour les gens de l'extérieur et les couche-tôt).

Ce feuilleton est basé sur les mémoires qu'Antoine Gimenez, milicien du groupe international de la colonne Durruti, a écrit au milieu des années 1970. Il comporte vingt épisodes d’une demie-heure (que nous diffuserons deux par deux). Chaque épisode est construit autour de la lecture des chapitres de ses mémoires, précédée d’une présentation du contexte de la guerre et de la révolution, et suivie de commentaires cherchant à approfondir certains points soulevés par le document.

Le feuilleton a été produit en 2005 par le collectif français « Les Giménologues ». Après leur diffusion en feuilleton, les mémoires ont été publiées en 2006 sous la forme d’un ouvrage intitulé « Les Fils de la Nuit. Souvenirs de la Guerre d’Espagne », en coédition avec l’Insomniaque. Le livre est malheureusement épuisé mais on peut le trouver en format pdf sur le site de l'éditeur : http://insomniaqueediteur.org/spip/spip.php?article62

mardi 22 juin 2010

Un feuilleton sur la guerre d'Espagne à CKIA cet été


Voix de faits et CKIA 88,3 FM sont heureux de diffuser « Souvenirs de la guerre d’Espagne. 19 juillet 1936 - 9 février 1939 », un feuilleton radiophonique, tous les mercredi de l'été, de 23h à 24h (rediffusion en podcast dès le lendemain sur notre blogue pour les gens de l'extérieur et les couche-tôt).

Ce feuilleton est basé sur les mémoires qu'Antoine Gimenez, milicien du groupe international de la colonne Durruti, a écrit au milieu des années 1970. Il comporte vingt épisodes d’une demie-heure (que nous diffuserons deux par deux). Chaque épisode est construit autour de la lecture des chapitres de ses mémoires, précédée d’une présentation du contexte de la guerre et de la révolution, et suivie de commentaires cherchant à approfondir certains points soulevés par le document.

Le feuilleton a été produit en 2005 par le collectif français « Les Giménologues » et a été diffusé sur de nombreuses radios associatives et communautaires des deux côtés de l'Atlantique. À notre connaissance, c'est la première fois qu'il sera présenté à Québec. Ça commence le 23 juin !

Après leur diffusion en feuilleton, les mémoires ont été publiées en 2006 sous la forme d’un ouvrage intitulé « Les Fils de la Nuit. Souvenirs de la Guerre d’Espagne », en coédition avec l’Insomniaque. Le livre est malheureusement épuisé mais on peut le trouver en format pdf sur le site de l'éditeur : http://insomniaqueediteur.org/spip/spip.php?article62

Notons, pour finir, que « Les Giménologues » animent un site web très complet sur le sujet à http://gimenologues.org

samedi 1 mai 2010

[Reprise] Notre histoire : le Premier mai !

Aujourd'hui c'est la journée internationale des travailleurs et des travailleuses. Comme c'est une journée traditionnellement chômée, on me pardonnera de ne pas vouloir travailler et de reprendre un texte que j'avais fait en 2007 pour «Sur les lignes»...

  • Origines du Premier mai
  • Le premier ‘Premier mai’ montréalais
  • Renaissance du Premier mai au Québec


Origines du Premier mai

Aux origines du Premier mai se trouve la lutte pour la journée de huit heures aux Etats-Unis. En 1884, ça fait une paie!, les syndicats américains se donnent deux ans pour obtenir la journée de huit heures faute de quoi ils promettent la grève générale. La date butoir du 1er mai est choisie parce qu'elle marque le début d'une nouvelle année financière dans beaucoup d'entreprises. Au 1er mai 1886, plus de 200 000 syndiqué-es ont réussi à arracher la journée de 8 heures. Un mouvement de grève générale, suivi par 340 000 personnes, est lancé pour étendre le gain dans les autres entreprises. Il s'agit de l'un des premiers mouvements revendicatif offensif à voir le jour en Amérique.

À Chicago, le centre ouvrier le plus radical des Etats-Unis, la situation dégénère. Dans la journée du 3 mai la répression patronale s'abat sur les grévistes : la police ouvre le feu et fait 6 morts et de nombreux blessés. Un appel est lancé pour une manifestation de protestation le 4 mai au soir. Cette manifestation, qui regrouppe 3 000 personnes, se déroule pacifiquement. Ce n'est qu'à la toute fin, alors qu'il ne reste plus qu'un milier de personnes que la police charge la foule. Dans la confusion, une bombe éclate dans les rangs policiers, faisant 8 morts et 60 blessés (...du côté des manifestant-es ont a jamais connu le nombre exact de morts et l'on parle de plus de 200 blessés). La police accuse les anarchistes d'avoir fait le coup, les grévistes, eux, penchent plutôt vers la thèse de l'agent provocateur. Reste que l'auteur de l'attentat ne fut jamais connu.

Malgré l'absence de preuve, la justice trouva huit leaders ouvriers, huit anarchistes, responsables. Responsables d'avoir organisés la grève, d'avoir prôné la révolution, donc d'avoir contribué à créer un climat encourageant les attentats. Au bout du compte, August Spies, Albert Parsons, George Engel et Adolph Fischer furent pendus, Louis Lingg se suicida en prison et Michael Schwab, Oscar Neebe et Samuel Fielden y croupirent de longues années (condamnés à perpétuité). C'est pour commémorer cette lutte et pour que ce crime ne tombe pas dans l'oubli que, 3 ans plus tard, la Deuxième Internationale décréta que dorénavant le 1er mai serait une journée internationale de manifestations pour la journée de huit heures. Cette tradition s’est maintenue jusqu’à aujourd’hui, malgré l’obtention depuis longtemps de la journée de huit heures (...quoi que, comme le souligne Richard Saint-Pierre dans un très beau texte publié dans le dernier numéro de la revue À Babord, le temps de travail a recommencé à augmenter).

Le premier ‘Premier mai’ montréalais

Contrairement à ce que laisse sous-entendre une certaine littérature syndicale, il y a maintenant plus de 100 ans que l’on souligne le Premier mai au Québec. Non, le premier ‘Premier mai’ québécois n’a pas eu lieu en 1973 mais en... 1906. L’initiative en revient à un groupe d’inspiration socialiste libertaire, le cercle « Aide Mutuelle », composé principalement de travailleurs et de travailleuses d’origine juive, mais aussi de quelques immigrants irlandais. La manifestation fut planifiée minitieusement pendant plusieurs mois mais elle faillit ne pas avoir lieu : les militant-es d'origine juive craignent que leurs camarades francophones et anglophones ne se désistent à la dernière minute en les laissant manifester seul-es dans les rues de Montréal. C'est finalement un membre du cercle « Aide Mutuelle », le poète Jack Dorman, qui servit de pont entre les différents groupes linguistiques, permettant à chacun d'eux de compter sur l'appui des autres. Des socialistes et des libertaires francophones, dont Albert Saint-Martin (une sorte de Michel Chartrand d’avant-guerre), se joignent à la manif.

Les commentateurs étaient incrédules face à cette première manifestation de gauche à Montréal. La veille du défilé, le chroniqueur ouvrier du journal La Patrie doute fortement du succès de celui-ci : « Les gens ont hâte de voir quelle figure vont faire les socialistes à cette première manifestation qu’ils organisent ici à l’occasion de la fête du 1er mai. On se demande également s’ils déploieront le drapeau rouge en tête de leur procession. (...) La procession se composera croyons-nous, presqu’exclusivement d’étrangers, de juifs russes notamment. »

La manifestation est finalement un succès. La Patrie le reconnaît d’ailleurs quand elle écrit : « la manifestation socialiste d’hier soir a été imposante et par le nombre de manifestants et par l’enthousiasme qui n’a cessé de régner dans les rangs de la longue procession (...). Autant que nous avons pu en juger, les personnes qui portaient hier soir les couleurs du socialisme, l’insigne rouge, étaient au nombre de 5 à 600 (...). Quand le drapeau rouge fit claquer ses plis à la tête de la procession, des hourras formidables l’accueillirent. Les socialistes batirent des mains et la musique italienne joua l’air de l’hymne L’Internationale. MM Dorman et Albert Saint-Martin, les organisateurs de la démonstration, ayant donné le signal du départ, un millier de personnes se mirent en marche à la suite du drapeau rouge sur lequel était inscrit en lettres blanches ses mots : « Travailleurs du monde, unissons-nous! ». » Devant l’Université, les manifestant-es lancent les slogans « A bas la calotte! » et « Vive l’anarchie », des étudiants veulent leur faire un mauvais parti mais la police s’interpose.

Malgré les injonctions du chroniqueur de La Patrie, qui avait prédit que « pas une seule des unions professionnelles locales, affiliées aux unions internationales, ne prendra part à cette manifestation si toutefois elle a lieu », il y eut même des grévistes à ce premier Premier mai au Québec. En effet, toujours selon La Patrie, les employés de la « Bargain Clothing Co » s’étaient « mis en grève parce que le propriétaire avait refusé de leur donner congé le 1er mai et de signer un contrat pour la diminution des heures de travail. »

À leur arrivée au Champ de Mars, Jack Dorman prend la parole pour dénoncer « le pouvoir des despotes », tout en prédisant « le triomphe du socialisme dans tout l'univers ». Il encourage les participant-e-s à manifester leur solidarité avec trois membres de la Western Federation of Miners accusés du meurtre du gouverneur de l'Idaho. Une quête s'organise séance tenante parmi les manifestant-e-s et rapporte la somme de 8 $. Albert Saint-Martin, quant à lui, déclara en français, en anglais et en esperanto, que le drapeau rouge est le drapeau des nations, que c’est celui qui « brisera les fers de l’opprimé et qui anéantira les tyrans ».

Cette première célébration du 1er mai marque le début d’une tradition à Montréal. Chaque année, des centaines, voire des milliers de personnes (comme en 1914) défileront dans les rues de Montréal malgré la répression qui s'abat progressivement sur eux. Le clergé catholique cherche par tous les moyens à interdire toute autre démonstration. Cet appel sera entendu par des étudiants de l'université. Ceux-ci iront par dizaines attaquer les manifestant-e-s réuni-e-s au Champ de Mars le 1er mai 1907 avant que le rassemblement ne soit finalement dispersé par les charges répétées de policiers à cheval. Le même scénario se reproduira pendant plusieurs années sans pour autant freiner l'ardeur des militant-e-s socialistes, communistes et anarchistes qui poursuivent néanmoins leurs activités jusqu’à la veille de la Deuxième guerre mondiale.

Renaissance du Premier mai au Québec

Ce n’est q’au début des années 1960, une fois l’essentiel de la répression anti-communiste passée, que des militant-es politiques vont recommencer timidement à souligner le premier mai à Montréal. Au début des années 1970, toutefois, la donne change du tout au tout. Dans la foulée du front commun de 1972, le Conseil central de Montréal de la CSN (alors sous la présidence de Michel Chartrand) propose d’organiser un Premier mai pour exiger la libération des présidents de la CSN, de la FTQ et de la CEQ alors en prison. Plus de 30 000 syndiqué-es participeront à cette première édition de ce qui deviendra le traditionnel Premier mai syndical que nous connaissons aujourd’hui.

Qu’on n’aille pas croire que les révolutionnaires des Premiers mai d’hier sont absent-es de ces « nouveaux » Premier mai syndicaux. Au contraire! Le 1er mai 1973 sort le premier numéro d’un nouveau journal, En lutte!, animé par l’ex-felquiste Charles Gagnon. C’est le début du mouvement marxiste-léniniste qui sera si puissant quelques années plus tard (allant jusqu’à regroupper plus de 5 000 personnes à la queue des cortèges syndicaux). Les anarchistes aussi, quoi qu’avec un peu de retard, se manifesteront rapidement. Ainsi, le 1er mai 1976 paraît le premier numéro d’un journal anarchiste : La Nuit. L’idée du journal, qui se sort qu’une fois par année!, est d’aller titiller les rouges, dont les cortèges du Premier mai sont la principale démonstration de force, mais aussi les nationalistes (le titre au complet du journal est « La Nuit où il n’y aura plus de maître du tout », un pied de nez au quotidien indépendantiste Le Jour, dont le slogan était « Le Jour où nous serons maîtres chez-nous »).









Source :

Origine du premier mai - Article de Wikipedia et l’article de Richard Saint-Pierre « Albert Parsons et l’origine de la fête du 1er mai – Dans le sommeil de nos os » dans le no 19 d’À Babord.

Premier mai au Québec - Le 1er mai au Québec : 100 ans de luttes! et Albert Saint-Martin, militant d’avant-garde (par Claude Larivière).

vendredi 30 avril 2010

La minute du patrimoine révolutionnaire: Wich side are you on?

La minute du patrimoine est une chronique musicale. L'idée est de faire connaître l'histoire et les dessous de certaines chansons révolutionnaires.

Cette semaine:Wich side are you on?




À la veille du Premier mai, journée internationale des travailleurs et des travailleuses, quoi de mieux qu'une chanson syndicale traditionnelle pour cette chronique? On vous avait déjà parlé de LA chanson syndicale par excellence, Solidarity forever, en voici maintenant une autre un peu moins connue dans la francophonie.

«Wich side are you on?» (Dans quel camp êtes-vous?) a été écrite par Florence Reece en 1931. Elle était l'épouse d'un syndicaliste des United Mine Workers du comté de Harlan, au Kentucky (USA). En 1931, les mineurs de cette région ont été mis en lock-out dans une lutte âpre et violente avec les propriétaires de la mine. Dans une tentative d'intimidation de la famille Reece, des hommes de main embauché par la compagnie minière sont entré par effraction dans la maison familiale des Reece et l'ont fouillé. Sam Reece avait été averti à l'avance et s'était échappé, mais Florence et leurs enfants étaient terrorisés à sa place. Cette nuit-là, après le départ des hommes de main de la compagnie, Florence a écrit les paroles de «Wich side are you on» sur un calendrier accroché dans la cuisine de sa maison. Elle a pris la mélodie d'un hymne baptiste traditionnel, «Lay Low Lily», ou la ballade traditionnelle «Jack Munro». Florence a enregistré la chanson et ont peut l'entendre sur le CD «Coal Mining Women».

Florence Reece a appuyé une deuxième vague de grèves des mineurs vers 1973, comme le raconte le documentaire «Harlan County USA». Elle et d'autres ont joué «Wich side are you on» un certain nombre de fois durant le conflit.

La chanson est évoquée par Bob Dylan dans la chanson «Desolation Row». C'est Pete Seegers qui a rendu la chanson populaire dans un enregistrement pro-syndical réalisé en 1941 («The Original Talking Union with the Almanac Singers & Other Union Songs with Pete Seeger and Chorus»). Différents montages de cette version sont disponible sur You Tube (ici par exemple).

Les paroles (ma traduction):


Notre père était un syndicaliste
Et un jour j'en serai un aussi
Les patrons ont licencié papa
Qu'est-ce que notre famille va faire

Venez tous, vous les bons travailleurs
J'ai des bonnes nouvelles pour vous
Je vais vous dire comment le bon vieux syndicat
s'est installé ici

Refrain:
De quel côté êtes-vous?
De quel côté êtes -vous?

Mon papa était un mineur
et je suis un fils de mineur
Et je vais rester au syndicat
tant que toutes les batailles ne seront pas gagnées

On dit qu'à Harlan County
Il n'y pas de neutres ici
T'es soit un syndicaliste
ou un bum de J.H. Blair

Oh travailleurs, pouvez vous le supporter?
Oh dites moi comment vous le pouvez?
Serez-vous des maudits scabs?
Ou serez-vous des hommes?

Scabez pas pour les patrons
n'écoutez pas leurs mensonges
Nous les pauvres on a aucune chance
à moins de s'organiser.

P.S.: Oui, c'est très genré. Mais ça a été écrit en 1931.

P.P.S.: La photo représente Harry Simms, un organisateur syndical qui avait été envoyé dans les mines de charbon du Kentuky et qui a été assassiné en 1932 par les milices patronales.

lundi 29 mars 2010

[radio] Ronald Creagh - Utopies américaines

Chouette entrevue trouvée sur Anarsonore (via le perce-oreille)...




Ronald Creagh - Utopies américaines

Entretien avec Ronald Creagh réalisé dans les studios de Canal Sud Toulouse le 11 mars 2010 aux côtés de 2 membres de l’Athénée Libertaire Groupe Albert Camus (CGA) qui l’ont fait venir le lendemain pour présenter sa dernière parution "Utopies américaines, expériences libertaires du XIX° siècle à nos jours" chez Agone, oct.2009.

Du voyage du socialiste gallois Robert Owen en 1825 aux premières communautés fouriéristes, des mouvements contestataires des années 1960 à l’écologie et aux groupes punks ou lesbiens d’aujourd’hui, les États-Unis ont abrité nombre de communautés utopiques. Souvent installés comme jadis les moines dans des paysages magnifiques et isolés, mais aussi dans l’hôtel d’un village de l’ancienne Réserve de l’Ouest ou exploitant une mine de charbon sur leur territoire, ces groupes mettent à l’épreuve une volonté de vivre en dehors de la logique de la société dominante.

En revenant sur près de deux siècles d’expériences communautaires, ce livre lève non seulement le voile sur un phénomène méconnu et toujours actuel, mais le réinsère parmi les tentatives de lutte contre un système omnipotent, ouvrant une autre voie, originale et non exclusive, vers l’émancipation sociale.

L’histoire des communautés intentionnelles aux États-Unis montre que leur apparition provient de la réflexion et d’un libre choix plus que des conditions économiques et sociales.

Les colonies américaines, puis la jeune République présentaient sans doute une situation favorable à une solidarité communautaire. Dans les premiers temps, les régions faiblement peuplées bénéficiaient d’un réseau de communications peu fiables mais de terres peu coûteuses. Les agglomérations bénéficiaient parfois de l’aide de quelque philanthrope ou de spéculateurs avisés, prompts à offrir leurs propriétés inoccupées ou à investir leur argent pour des raisons diverses. Il existait même parfois des structures d’accueil, vestiges de communautés antérieures.

La disponibilité des terres et de l’argent a ainsi bénéficié aux associations warréniennes ; de même que les communautés owéniennes, elles se sont établies dans une conjoncture où les prix des terrains étaient en baisse et le crédit disponible. Aucun de ces groupes n’aurait pu se former sans ces conditions, et lorsque ces deux tendances se renversèrent, les groupes furent généralement balayés par les spéculateurs fonciers. Les circonstances changèrent par la suite, mais la presse locale fut toujours prête à claironner une nouvelle initiative collective. Plus récemment, une abondante littérature utopique, y compris dans la science-fiction, invente fréquemment de nouveaux types de société

lundi 1 février 2010

Patrimoine révolutionnaire: la CNT revisite ses classiques



À l'occasion du centième anniversaire de la CNT, les anarchosyndicalistes espagnols revisitent leurs classiques. Et ils sont nombreux! Dans le lot, un projet un peu fou: redonner vie aux enregistrements de 1936 des chants libertaires «Hijos del pueblo» et «A las barricadas».

Impossible de remastériser les bandes originales pour la très simple et bonne raison qu'elles n'existent pas! Difficulté supplémentaire, on ne retrouve pas les partitions d'époques. Qu'à cela ne tienne, des passionnés s'y mettent et, à partir d'une seule partition de piano et d'un vinyle d'époque, réécrivent la musique, ligne par ligne, instrument par instrument.

Au final, le tout a été enregistré le 14 novembre 2009, en présence de 23 musiciens et un choeur mixte de 35 personnes. Les versions finales sont légèrement différentes des enregistrements mais l'esprit y est.








Hijos del Pueblo (lien vers le MP3)









A las barricadas (lien vers le MP3)

Source et complément d'information: Hijos del pueblo… ¡A las barricadas! La recuperación de dos himnos históricos