Messages les plus récents portant le libellé Syndicalisme. Messages plus anciens
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lundi 25 octobre 2010

On en apprend tous les jours...

Connaissez-vous Aldo Miguel Paolinelli? Moi non plus. Pourtant, on gagnerait à connaître cet ancien prisonnier politique argentin, ouvrier de la construction et président de sa fédération à la CSN. Si les médias pouvaient s'intéresser à d'autre chose qu'aux grosses poches, ce ne serait pas un inconnu. Mais aucune information n'a été publiée sur lui, même si c'est un de ceux qui ont menés la dernière négo dans la construction. Rien, niet, nada. À Babord comble cette lacune avec un portrait impressionniste et intimiste.

Je savais, comme tout ceux qui s'intéressent de près au syndicalisme que le nouveau président de la CSN-Construction avait un nom à consonance italienne. J'avais trouvé ça rigolo que les «monsieur propre» du syndicalisme du bâtiment aient choisi d'élire un Paolinelli à la tête de leur centrale alors que ceux d'en face, qu'on accuse régulièrement de corruption et de pratiques mafieuses, ont des dirigeants aux noms bien pure laine. Un genre de pied de nez.

J'étais loin de me douter de qui ils avaient élu! Oh, ne partez pas en peur, ce n'est pas un anarchiste. Il le dit lui-même: «Je ne suis pas anarchiste, je n'ai pas cette prétention, mais tu ne peux pas savoir comme je les aime.» Il faut dire que là d'où il vient, Buenos Aires, l'image mentale de l'anarchiste n'est pas celle d'un punk pouilleux. L'Argentine est le pays du monde, après l'Espagne évidemment, où les anars ont pesé le plus lourd historiquement. Au début du siècle, et jusque dans les années 1930, ils étaient dominants dans le mouvement ouvrier. Pour quelqu'un qui a grandi dans les années 1970, les anarchistes ce sont en quelque sorte «les anciens», des gens entêtés, comme il dit, généreux et d'un engagement indéfectible contre la tyrannie et l'abrutissement, prêts à risquer leur vie pour défendre la liberté et la dignité.

Le président de la CSN-Construction trouve donc les anarchistes sympathiques. Mais ce n'est pas tout. Dans sa jeunesse, Aldo Miguel Paolinelli s'est engagé sur le chemin de la révolution socialiste. Il a été arrêté en avril 1975, à l'âge de 16 ans, pour «diffusion de propagande». Il ne sera libéré qu'en avril 1983, à 24 ans. C'est en prison qu'il s'est instruit et trempé. Dans l'année suivant sa libération, il émigre au Québec pour refaire sa vie. Ici il continue de militer, entre autre dans le milieu communautaire, à Radio Centre-Ville où il tient la barre d'une émission sur l'immigration et dans le milieu syndical.

Aldo Miguel Paolinelli a une conception plutôt rare de la société, du syndicalisme et de l'industrie de la construction. Voici quelques citations tirées d'À Babord!.

Sur la société : «Il y a de moins en moins de portes de sortie dans la société de consommation. Ça devient une prison. Dans le milieu de la construction, c'est terrible : mon 4X4, ma piscine creusée, les cours de ma fille. Ça rend les ouvriers extrêmement dépendants. Ils s'endettent et sont prêts à accepter n'importe quoi pour travailler, au détriment de leurs droits et de leur qualité de vie. Et c'est une réalité qui ne touche pas juste le milieu de la construction. Le système de consommation est plus envahissant ici qu'en Argentine.»

Sur le syndicalisme : «Le rôle des syndicats est bien sûr de rassembler des gens qui ont des intérêts communs et de les défendre, mais une fois ces objectifs atteints, les autres membres de la société, qui ne sont pas syndiqués, doivent y accéder aussi. Je ne suis pas un intellectuel, des éléments me manquent, mais parfois on a des intuitions... Écouter parler les dirigeants syndicaux aujourd'hui... on ne parle plus des intérêts des travailleurs, on parle de développement économique... Le développement économique... Ça favorise qui, au juste? [...] Les syndicats ont renoncé à toute transformation sociale et travaillent essentiellement à ne pas perdre des droits et des acquis. Bon, il y a une nuance important à apporter. Il y a encore des vrais militants qui se battent pour ça à la CSN, mais ils doivent se battre aussi contre les fonctionnaires syndicaux qui parlent et pensent en langue de bois.»

Sur l'industrie de la construction : «Aujourd'hui dans la construction il y a une hypocrisie énorme, celle du partenariat. T'entends parler les dirigeants syndicaux: « Notre industrie », qu'ils disent! Ça ne m'appartient pas cette industrie-là, je n'ai pas d'intérêts là-dedans... Le travailleurs de la construction vend sa force de travail, sa santé, pour grossir les profits des compagnies. En échange de quoi il obtient des conditions de travail précaire, peut-être un fonds de pension. S'il est chanceux et n'est pas charcuté. [...] Notre industrie? Attends un peu là. Si c'est notre industrie, comment ça se fait qu'on ne peut pas déterminer les règles du jeu? Et partager les profits? [...] Ce n'est pas une religion le partenariat. Quand on nous opprime, ce n'est plus notre industrie. Le jour où les patrons viendront nous voir pour nous demander ce qu'on veut, on sera dans un autre système.»

À la CSN, la tradition veut que les syndicalistes s'appellent «camarade» entre eux. Sauf pour quelques copains et des militants que je connais un peu, j'ai toujours trouvé ça un peu bizarre de penser aux bureaucrates et aux dirigeants comme à des «camarades». En voilà bien un, de dirigeant, qui semble mériter le terme. Dommage qu'ils ne soient pas plus nombreux.

Source des citations:
Aldo Miguel Paolinelli - «Fils de pute» et président de la CSN-Construction, dans À Babord! no 36, actuellement en kiosque.

dimanche 24 octobre 2010

Pendant ce temps aux États-Unis...


Vendredi, un effort de syndicalisation a échoué dans un fast-food américain, à Minneapolis. Par un vote de 85 pour à 87 contre les salariés d'une dizaine de succursales de Jimmy Johns, une sandwicherie branchée, ont rejeté la syndicalisation.

C'est peu surprenant dans la mesure où le syndicalisme américain est en perte de vitesse, sans parler du que seulement 1,5% des salariés du secteur de l'alimentation rapide sont syndiqués au pays de l'Oncle Sam [ça ne doit pas être bien mieux ici]. Ce qui est un peu plus surprenant c'est que la campagne de syndicalisation, qui est passée à un cheveu de réussir, était mené par le vieux syndicat révolutionnaire IWW.

Le fait que 85 salariés d'une grande ville américaine, la moitié de la force de travail d'une chaîne de restaurants qui offre des mcjobs, aient voulu se syndiquer est significatif. Qu'ils n'aient pas eu peur de signer la fameuse carte rouge de ce que leur patron qualifie, non sans raison (!), de syndicat «anarchiste-socialiste» en dit long sur leur état d'écoeurement.

Le propriétaire des franchises visées par la campagne de syndicalisation aurait dépensé plus de 85 000$ dans sa campagne contre le syndicat (il a embauché un cabinet d'avocats spécialisé dans le union busting). C'est 1000$ du vote! Notez que les wobblies n'ont pas dit leur dernier mot dans ce dossier (comme dans celui de Starbuck). À force, les syndicalistes révolutionnaires américain vont bien finir par percer quelque part.

Source

dimanche 22 août 2010

Topo sur la situation en construction au Québec.

Depuis janvier 2010, les ouvriers de la construction du Québec sont sans contrat de travail. Pourtant, autant patrons que syndicats avaient annoncé, dès octobre 2009, une négociation exemplaire qui se règlerait pour la date d’échéance des conventions collectives. Pratiquement neuf mois plus tard, les travailleurs en chantiers n’ont toujours pas de conventions de signées et la situation devient de plus en plus tendue.

Ce qu’il ne faut pas perdre de vue ici, c’est que le concept de « rétroactivité » si logique et répandu dans la fonction publique ne s’applique pas. Chaque jour qui passe représente plusieurs milliers de dollars d’économie directement dans les poches des patrons. Bref, depuis pratiquement neuf mois, les moyens de pressions sont à sens unique : envers les travailleurs.

Dernièrement, les centrales syndicales qui constituent un front commun pour les négociations, toutes les 5 représentées dans le domaine de la construction sont impliquées cette fois-ci, ont commencé à faire appliquer un plan de moyens de pression voté en assemblée générale par les membres présents. Bien évidemment, pour toute personne qui provient des autres domaines de travail, c’est plutôt louche de voir des délégués syndicaux débarquer sur les lieux de travail demandant aux membres de quitter les lieux. Toutefois, il ne faut pas oublier que la construction est un secteur qui est excessivement éparpillée sur le territoire et que c’est la seule façon efficace de faire passer le mot.

Dans les médias, on entend toujours deux ou trois « honnêtes travailleurs » qui disent ne pas être au courant du tout de ce qui se passe et de s’être sentis « intimidés » voire « forcés » de quitter les chantiers ciblés. Tout d’abord, l’ignorance de la situation actuelle de ces travailleurs n’est imputable qu’à eux même puisqu’il y a des réunions syndicales régulières où il est possible à tous de s’impliquer, de s’informer. Ensuite, tous les travailleurs de la construction, incluant les contremaîtres, sont syndiqués et ont des délégués syndicaux munis de cellulaires qui sont joignables toute la semaine et qui ne demandent qu’à répondre aux interrogations de leurs membres. Pour ce qui est de l’intimidation, c’est un peu n’importe quoi. Sur les chantiers, les travailleurs présents n’ont pas trop l’habitude de mesurer un mètre trente et peser cinquante kilos. Bref, évidemment que lorsqu’une « équipe syndicale » débarque sur les chantiers, ce sont souvent des grands et gros gaillards, mais ils ne lèvent pas le ton sauf en cas de besoin (par exemple, confrontation avec des patrons ou des ouvriers anti syndicalistes). Bref, il faut prendre connaissance de l’existence de ces cas, mais il ne faut pas en faire tout un plat comme les médias de masse où l’on voit le jupon patronal dépasser.

Demandes patronales

Les demandes patronales suivent une logique implacable excessivement répandue dans le capitalisme du vingt et unième siècle : flexibilité et dérèglementation. On veut plus d’heures ouvrables sur les chantiers avec moins de temps supplémentaire payé en conséquence (temps et demie, temps double, etc.). On demande la disparition de nombreuses primes jugées « non productives ». Ces primes peuvent aller de celles appelées de « chef d’équipe » (un peu comme un petit contremaître) au travail de nuit ou dans des conditions spéciales.

Les patrons en veulent aussi le plus possible pour leur argent, sinon il y en a moins qui rentre dans leurs poches et ça, c’est l’ennemi de la classe bourgeoise. Dans cette optique, on veut couper sur les frais d’opération directement liés à la main d’œuvre. On veut couper dans les compensations offertes à ce qui a trait à l’hébergement sur les chantiers éloignés, étirer la notion de zone territoriale des travailleurs (un travailleur de la région de Québec ne pouvant pas aller, sauf exceptions, travailler en Abitibi) et, dans le secteur industriel, commencer à payer le travailleur uniquement lorsque directement sur son poste de travail. Ainsi, on le laissera poiroter aux différents points de contrôles pendant de longues minutes, voire des heures, sur son temps personnel.

En gros, la logique patronale est simple : on veut accroître la compétitivité via une dérèglementation, un allègement des charges salariales et une flexibilité accrue de la main d’œuvre. Bref, on s’approche tranquillement du modèle d’emploi dans un fast food. Simplement, les règles des conventions collectives s’appliquent à tout le Québec, alors on peut tout de suite se demander ce que les patrons veulent bien vouloir dire par « compétitivité ».

Demandes syndicales

Chez les représentants ouvriers, la situation est toute autre. On demande de resserrer les règles en lien avec les territoires des travailleurs, augmenter les primes que les patrons jugent « non productives », améliorer le concept de dédommagement financier en ce qui à l’hébergement sur les chantiers éloignés. Bref, comme d’habitude, les patrons et les ouvriers tirent tous les deux les couvertures de leurs côtés en espérant améliorer leurs sorts.

C’est un peu simpliste, mais dans l’optique d’alléger le texte et d’éviter les répétitions ennuyantes, prenez les demandes patronales énumérées plus haut et inversez les et vous obtiendrez les positions syndicales, grosso modo.

La logique des syndicats est aussi toute autre. On part du principe que le marché de la construction évolue de manière « fermée », c’est-à-dire que tout le monde doit fonctionner avec les mêmes règles sur le territoire québécois, ce qui élimine la logique de compétitivité aussi chère aux patrons. Bref, quand la logique derrière les demandes est opposée, il ne faut pas s’attendre à avoir des demandes très proches les unes des autres.

Fait intéressant à noter, la question salariale n’est pratiquement pas à l’ordre du jour!

Critiques sur les syndicats

Nous vivons dans un système qui laisse peu de place au radicalisme, encore moins à l’anticapitalisme. Il ne faut donc pas se surprendre de voir les centrales demander d’améliorer les conditions des travailleurs dans le cadre actuel du mode de fonctionnement économique sans plus.

Aussi, le milieu de la construction est un domaine où tout le monde est syndiqué sans avoir d’autre choix que de se caser dans une des cinq centrales présente. Cela entraine l’effet pervers de déconnecter les syndicats des syndiqués. Les assemblées générales ne sont pas courues et les efforts pour y attirer les syndiqués ne sont pas massifs.

Les centrales, avec le temps et excepté lors des négociations de conventions collectives ou des griefs, ressemblent à des centres de services sans plus. Il y a même une centrale qui ressemble plus à un magasin général qu’à un syndicat, mais ce n’est pas le sujet de ce texte ici. Bien évidemment, ce sont les membres qui font leurs syndicats et ce sont eux qui doivent se mobiliser, mais l’absence de l’option de ne pas se syndiquer entraîne l’effet pervers d’avoir une masse amorphe qui rechigne plus quant à payer ses cotisations qu’autre chose.

Finalement, d’un point de vue libertaire, on pourrait aussi se demander pourquoi on ne va pas chercher à modifier le cadre même de fonctionnement et tendre, par exemple, vers une sorte d’anarcho-syndicalisme, mais ce serait vivre dans un bulle que d’ignorer la société qui nous entoure et que de croire que les centrales syndicales actuelles possèdent le moindre élan révolutionnaire.

La grève générale?

C’est effectivement cette option qui est envisagée pour la fin du mois d’août, au moment même où ça fera neuf mois que les travailleurs de la construction seront sans contrat de travail et que les patrons auront sauvé des millions de dollars en salaires versés.

Ce moyen d’action sera dur, mais sera certainement court. Un des grands employeurs et l’état Québécois, surtout en voirie. Il faut comprendre que les quatre différents secteurs actuellement en négociations retourneront au travail au même moment, même si trois sur quatre possèderaient des ententes de principes.

Cette solidarité ouvrière fait du bien à voir, mais elle entraînera aussi certainement le coup de massue étatique qui s’exprimera sans aucun doute d’un décret gouvernemental qui forcera le retour au travail. Par principe, les travailleurs ne s’avoueront pas vaincus sans avoir au moins essayé de faire des pressions, mais, aussi par principe, le gouvernement jouera son rôle dans la lutte des classes et viendra aider son allié naturel, le patronat.

En attendant, les travailleurs continueront à démontrer leur colère en désertant, aléatoirement et pour une journée à la fois, les chantiers de la province. Ainsi, légaux ou non, les moyens de pression exprimant la colère des ouvriers continueront pour quelques semaines et, espérons-le, feront plier le patronat avant la fin du mois.

* * *

L'auteur est un travailleur de la construction qui milite à l'UCL et dans son syndicat.

vendredi 16 juillet 2010

Restauration et bars : même les normes minimales ne sont pas respectées...

Une étude récente de la Commission des normes du travail du Québec, dont les résultats préliminaires ont été rendus publics par La Presse, révèle que les travailleurs et les travailleuses du secteur de la restauration et des bars se font brimer dans leurs droits. 68% des employé-e-s se disent victimes d'une infraction à la loi sur les normes minimales du travail. Heures supplémentaires et pourboires non-versés, uniformes aux frais de l'employé, pauses non-respectées, etc.

Pour l'organisme de défense des non-syndiqués «Au bas de l'échelle», la situation n'est guère surprenante. Les gens ne connaissent pas leurs droits ou ont peur de les faire respecter, sans compter que la Commission des normes du travail n'a tout simplement pas les ressources sur le terrain pour faire appliquer la loi. Du côté patronal, on se réfugie candidement derrière le fait que c'est pareil dans les autres industries de service, donc ce n'est pas vraiment un problème.

Au Parti québécois, où l'on reconnaît pourtant que les droits du travail sont peu appliqué en milieu non-syndiqué, on propose la création d'associations régionales de travailleurs non-syndiqués. Il ne serait bien sur pas venu à l'esprit de la très sociale-démocrate (sic) opposition officielle de proposer des mesures pour faciliter la syndicalisation du secteur! Pourtant, des solutions il y en a, comme l'accréditation multi-patronale et les négociations coordonnées, mais elles sont peu applicables dans les petits milieux à cause de la difficulté de les syndiquer en premier lieu (pour preuve le taux de syndicalisation dans le secteur québécois de l'hébergement et de la restauration n'est de 11,5% alors que dans l'ensemble du secteur privé, toutes industries confondues, il est de 26,3%).

Et dire qu'ils sont nombreux à nous faire croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ce syndiquer c'est tellement dépassé... Un syndicat, on a pu besoin de ça nos jours, c'est évident.

Source

lundi 24 mai 2010

Pendant ce temps en Irlande...

Nos camarades du Workers Solidarity Movement (WSM) viennent de lancer un nouveau magasine gratuit: Irish Anarchist Review. L'idée de base du groupe est de publier un magasine politique pour explorer des idées et des luttes pratiques qui peuvent nous enseigner une chose ou deux sur la construction d'un mouvement révolutionnaire aujourd'hui.

À juger par la première livraison, le WSM a visé juste. On n'est pas face à une simple opération de propagande visant à donner la «ligne juste» au public. Au contraire, on a plutôt un patch-work de textes alimentant réellement un débat. C'est assez rare pour le souligner.

Le numéro 1, donc, est structuré autour des idées de «travail» et de «syndicats». Le tout s'ouvre sur une réflexion plutôt positive portant sur une grève générale de 24h du secteur public qui a secoué l'Irlande le 24 novembre dernier. Que cette grève ait eu lieu après 20 ans de partenariat social est en soit sensationnel. Quelle ait en plus été le théâtre d'une floraison d'initiatives à la base, d'une part parce que plus personne ne semble savoir comment organiser une grève en Irlande et d'autre part parce que les syndicats n'ont plus vraiment de présence dans les lieux de travail, est source de réjouissance. Ça montre une fois de plus le pouvoir potentiel d'une classe ouvrière organisée. Ça ce sont les fleurs. Après vient le pot. Cette grève a permis au WSM de constater l'impotence du mouvement syndical irlandais et l'insuffisance de leur propre stratégie syndicale. En effet, la grande majorité des membres de l'organisation communiste libertaire irlandaise n'ont pu appliquer la stratégie syndicale de l'organisation parce que celle-ci présuppose la présence d'une structure syndicale minimalement fonctionnelle à la base, ce qui est loin d'être le cas dans la majorité des lieux de travail (même ceux qui sont syndiqués). La réflexion est alors lancée et abordée sous plusieurs angles allant d'un militantisme syndical plutôt traditionnel, visant à la fois à reconstruire «l'outil syndical» et la présence de la gauche libertaire en son sein, aux expériences de mouvements de précaires européens en passant par les réflexions (plutôt ultragauchistes) sur le «faceless resistance».

Au final, il s'agit d'une lecture plutôt stimulante intellectuellement. De plus, elle n'est pas dénuée d'intérêt pratique, la situation syndicale et politique irlandaise étant finalement assez proche de la situation québécoise (mais peut-être un peu plus sombre) ce qui n'est pas le cas de ce qu'on peut lire provenant d'Europe continentale ou d'Amérique latine.

Le tout est disponible gratuitement, en HTML ou en PDF, sur le site du WSM: http://www.wsm.ie/c/irish-anarchist-review-1

jeudi 13 mai 2010

Vidéotron retire des affiches contre l'homophobie


Le Soleil nous apprenait ce matin que Videotron a fait enlever des affiches contre l'homophobie dans ses bureaux. Selon ce que le syndicat a dit au journaliste, les gestionnaires ont justifié leur décision par la réception de trois plaintes d'employés qui n'auraient pas apprécié voir ces affiches annonçant la Journée internationale contre l'homophobie, lundi.

L'article du Soleil soulève, avec raison, que le geste est déplorable et démontre tous le chemin qui reste à faire pour sensibiliser à la question de l'homophobie en milieu de travail. Disons que ça fait un peu l'effet d'une douche froide. D'ailleurs, à ce chapitre, il faut souligner le geste du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) qui a pleinement adhéré à cette campagne contre l'homophobie et qui a fait poser ces affiches en milieu de travail. Ce qui nous amène à notre deuxième point, que Le Soleil n'a pas jugé bon de soulever. Selon l'article, les affiches étaient posées sur les panneaux d'affichage du syndicat. Comment ça se fait que les patrons se mêlent de ce qu'il y a sur les panneaux syndicaux? Depuis quand laissent-on les boss retirer unilatéralement une affiche posée par le syndicat sur le panneau du syndicat?

(Source)

P.S.: À Québec, il y a une marche samedi contre l'homophobie dans le cadre de cette campagne. Rendez-vous à 13h30 devant l'Assemblée nationale. Remis au lendemain en cas de pluie.

lundi 3 mai 2010

[Premier mai] Pendant ce temps-là à Montréal...

À Montréal, la parade syndicale aboutissait dans Pointe Saint-Charles cette année. Les camarades de La Pointe libertaire accueillaient les manifestant-e-s dans le parc. Voici leur article et leur photo-reportage.

* * *




2 manifs à la Fête internationales des travailleuses et travailleurs

Par l'Agence de presse libre de la Pointe - 2 mai 2010.

Manif syndicale

Parce que le 1er mai tombait un samedi cette année, 2 manifestations célébrant la fête internationale des travailleurs-euses se tenaient le même jour. Exceptionnellement, le collectif La Pointe Libertaire a décidé de participer à la manif syndicale du 1er mai. Le point d’arrivée de la marche se faisait au parc Saint-Gabriel dans Pointe-Saint-Charles et les libertaires ont décidé de souhaiter la bienvenue aux manifestantes et manifestants. Des militantEs de la Table communautaire Action-Gardien étaient aussi présentes dans le parc.

>>> Photos de l'Agence de presse libre, sur Flickr

La Pointe Libertaire a donc décidé d’afficher massivement le long du parcours et de déployer une large banderole et une table d’information dans la parc, banderole qui reprenait l’idée de grève sociale et d’autogestion en ces temps réactionnaires du patronat et du gouvernement Charest.

Manifestation bien encadré par un « service d’ordre syndical » et tout de même joyeuse à voir la mine des gens. S’il n’y a pas eu de grand discours à l’arrivée, rien n’avait été prévu, à part de la musique, pour inciter les manifestant.e.s à demeurer sur les lieux. Les organisateurs ont évalué le contingent à 14 000 personnes (7 000 selon la police). Sans aucune intention de les discréditer, nous croyons plutôt que ce sont de 5 à 10 000 marcheuses et marcheurs qui ont déambulé jusqu’au parc.

Manif anticapitaliste

Contrairement à la manif précédente, c’est la police qui encadrait très fortement la manifestation anticapitaliste qui s’était regroupée au carré St-Louis et tout le long du parcours. Avant même le début de la marche, des personnes pouvaient facilement douter du départ de cette manif à cause de l’attitude agressive des policiers. En effet, ceux-ci ont commencé, sans aucun motif valable, à fouiller les sacs à dos dans la foule et à tenter d’enlever à des manifestant.e.s des pancartes et des banderoles. Cela a provoqué quelques étincelles et un début d’échauffourée lorsque les policiers à chevaux se sont mis de la partie et ont tenté de traversé la foule. La police a finalement battue en retraite devant la ténacité des militant.e.s qui se sont mis à scander « police partout justice nulle part ».

Photo: Jacques Nadeau, Le Devoir

Ensuite une maître-chien visiblement nerveuse n'a pas réussie à contrôler son animal, lequel a pris "le mors aux dents" et a sauté sur un homme sans raison. Encore une fois la police montre qu'elle est incapable de ne pas faire de bavures.

Si depuis quelques temps la police a abandonné sa stratégie « d’arrestation de masse », d’ailleurs condamné par un comité de l’ONU, elle a cependant adopté celle de la dispersion des manifestations et de la perturbation des manifestations anticapitaliste. Lors de la manifestation contre la brutalité policière du 15 mars dernier, le SPVM a arrêté la personne qui amenait le système de son; elle a intimidé les personnes qui se rassemblaient et elle a tenté d'étouffer les discours en faisant descendre à ras du sol son hélicoptère.

La même stratégie a été employée le 1er mai: resserrer les manifestants dans le parc en les entourant, intimider avec les chiens et les chevaux, poster des lanceurs de lacrymogène derrière les personnes qui faisaient les discours d'ouverture et tenter d'étouffer ces discours en utilisant leur camion-système de son pour lancer des avertissements. En un mot comme en cent: de la provocation!

Organisé par la Convergence des luttes anticapitaliste 2010 (CLAC 2010), le parcours de la manif fut inutilement long bien que parsemé d’arrêts symbolisant quelques enjeux de fond. En face d’un hôtel chic une large banderole avait été accrochée sur la devanture du building du Club Mont-Royal. En grosses lettres ont y lisait « Ils sont riches parce qu’on est pauvre ». Plus loin, des confettis dénonçant la Standard Life (Cie d’assurances) ont été éparpillés sur la voie publique. En face d’un bureau de recrutement de l’armée canadienne sur la rue Ste-Catherine, les manifestant.e.s ont scandé des slogans anti-guerre. Cette longue marche s’est conclue en face des bureaux du premier ministre Jean Charest où on y a brûlé une marionnette à son effigie.

Enfin, l’Agence de presse libre de la Pointe a compté, avec une méthode qui a fait ses preuves, environ 1 500 personnes, un contingent qui grossit tranquillement. Rappelons que lors de la première année en 2008, environ 500 personnes ont marché. L’année dernière près de 1 000 personnes étaient au rendez-vous. D’ailleurs ont pouvait y voir cette année des militantEs de Québec solidaire, plusieurs syndiqué.e.s en plus de la base militante des groupes et collectifs radicaux.

Revue de presse (notre presse)

[vidéo] Premier mai 2010 à Québec (Voix de faits)

Une journée entière de célébrations vivantes du 1er mai à Québec! (CMAQ)

Plus de 800 personnes dans la rue contre le capitalisme le 1er mai ! (CLAC 2010 sur CMAQ)

Revue de presse (leur presse)


C'est malheureux à dire, mais les journalistes sont plutôt...épaisSES. Les articles sur les manifestations du 1er mai sont truffées d'erreurs, la palme revenant à la Grosse Presse qui titre Manifestation "anarchiste" à Montréal pour parler uniquement de la manif syndicale avec des photos de la manif anticapitaliste... C'est ce qui arrive quand on ne sort pas de son bureau...


Manifestations du 1er mai - Les travailleurs unis contre le gouvernement Charest (Le Devoir)

Montreal May Day rally draws thousands (The Gazette)

Des milliers de travailleurs marchent pour un Québec équitable (Rue Frontenac)

vendredi 30 avril 2010

La minute du patrimoine révolutionnaire: Wich side are you on?

La minute du patrimoine est une chronique musicale. L'idée est de faire connaître l'histoire et les dessous de certaines chansons révolutionnaires.

Cette semaine:Wich side are you on?




À la veille du Premier mai, journée internationale des travailleurs et des travailleuses, quoi de mieux qu'une chanson syndicale traditionnelle pour cette chronique? On vous avait déjà parlé de LA chanson syndicale par excellence, Solidarity forever, en voici maintenant une autre un peu moins connue dans la francophonie.

«Wich side are you on?» (Dans quel camp êtes-vous?) a été écrite par Florence Reece en 1931. Elle était l'épouse d'un syndicaliste des United Mine Workers du comté de Harlan, au Kentucky (USA). En 1931, les mineurs de cette région ont été mis en lock-out dans une lutte âpre et violente avec les propriétaires de la mine. Dans une tentative d'intimidation de la famille Reece, des hommes de main embauché par la compagnie minière sont entré par effraction dans la maison familiale des Reece et l'ont fouillé. Sam Reece avait été averti à l'avance et s'était échappé, mais Florence et leurs enfants étaient terrorisés à sa place. Cette nuit-là, après le départ des hommes de main de la compagnie, Florence a écrit les paroles de «Wich side are you on» sur un calendrier accroché dans la cuisine de sa maison. Elle a pris la mélodie d'un hymne baptiste traditionnel, «Lay Low Lily», ou la ballade traditionnelle «Jack Munro». Florence a enregistré la chanson et ont peut l'entendre sur le CD «Coal Mining Women».

Florence Reece a appuyé une deuxième vague de grèves des mineurs vers 1973, comme le raconte le documentaire «Harlan County USA». Elle et d'autres ont joué «Wich side are you on» un certain nombre de fois durant le conflit.

La chanson est évoquée par Bob Dylan dans la chanson «Desolation Row». C'est Pete Seegers qui a rendu la chanson populaire dans un enregistrement pro-syndical réalisé en 1941 («The Original Talking Union with the Almanac Singers & Other Union Songs with Pete Seeger and Chorus»). Différents montages de cette version sont disponible sur You Tube (ici par exemple).

Les paroles (ma traduction):


Notre père était un syndicaliste
Et un jour j'en serai un aussi
Les patrons ont licencié papa
Qu'est-ce que notre famille va faire

Venez tous, vous les bons travailleurs
J'ai des bonnes nouvelles pour vous
Je vais vous dire comment le bon vieux syndicat
s'est installé ici

Refrain:
De quel côté êtes-vous?
De quel côté êtes -vous?

Mon papa était un mineur
et je suis un fils de mineur
Et je vais rester au syndicat
tant que toutes les batailles ne seront pas gagnées

On dit qu'à Harlan County
Il n'y pas de neutres ici
T'es soit un syndicaliste
ou un bum de J.H. Blair

Oh travailleurs, pouvez vous le supporter?
Oh dites moi comment vous le pouvez?
Serez-vous des maudits scabs?
Ou serez-vous des hommes?

Scabez pas pour les patrons
n'écoutez pas leurs mensonges
Nous les pauvres on a aucune chance
à moins de s'organiser.

P.S.: Oui, c'est très genré. Mais ça a été écrit en 1931.

P.P.S.: La photo représente Harry Simms, un organisateur syndical qui avait été envoyé dans les mines de charbon du Kentuky et qui a été assassiné en 1932 par les milices patronales.

mercredi 28 avril 2010

Provigo ferme son entrepôt en lock-out


Loblaw : Une belle bande de salauds!


Loblaw a annoncé mardi dernier quelle fermait l'entrepôt Provigo flambant neuf du parc industriel Armand-Viau à Québec. Les quelques 400 travailleurs et travailleuses, qui étaient déjà en lock-out depuis le congé de Pâques, se retrouveront sans emploi à compter du 22 juin. C'est la deuxième installation, en comptant la boulangerie Weston de Longueuil qui lui appartient aussi, que la compagnie ferme depuis le début de l'année parce que les syndiqué-e-s ne plient pas comme des roseaux.

Pour être bien certain que le message sera reçu 10 sur 10, les patrons ont également annoncés que les syndiqué-e-s de l'entrepôt de Boucherville, dont la convention collective arrivera à échéance le 31 mai, perdront d'ici trois mois le département des viandes (une perte de 170 emplois). Peut-être est-il utile de préciser qu'il ne s'agit nullement d'une compagnie en difficulté (elle affichait des profits de 1,2 milliards $ l'an dernier).

Provigo, Weston, Walmart, Olymel... autant de symboles du cul de sac dans lequel nous sommes collectivement. Des groupes de syndiqué-e-s qui se tiennent debout et résistent face à des patrons de choc mais dont les luttes demeurent isolées et finissent par se faire casser. Pour que la peur change de camp, des fois je me dis qu'on devrait s'inspirer des cousin-e-s des vieux pays.... Va bien falloir trouver le moyen de leur apprendre à vivre!

mercredi 14 avril 2010

Salut Chartrand



Michel Chartrand est mort. Certainement l'un des plus grand syndicaliste que le Québec ait connu. Peut-être le plus grand. Un homme qui, bien qu'issu de la petite bourgeoisie et ayant flirté jeune avec des mouvements pas très net, a consacré sa vie à la cause ouvrière, à la justice sociale et au socialisme.

Chartrand qui sympathisait avec les réfugiés anarcho-syndicalistes espagnols dans les années 1960 et 1970. Chartrand qui invitait Augustin Souchy (délégué par la CNT et l'AIT) à prendre la parole lors d'un congrès du Conseil central de Montréal de la CSN. Chartrand dont on a dit de lui que c'était un anarchiste alors que c'était tout simplement un homme libre.

Chartrand n'a méprisé aucun terrain de lutte (même le terrain électoral... ce qui en ferait un bien drôle d'anar!). Jamais du côté des oppresseurs, toujours avec les opprimé-e-s... jusqu'en prison s'il le fallait. Chartrand profondément internationaliste, bien que tout aussi profondément indépendantiste (mais jamais péquiste). Chartrand pro-féministe et don juan.

Chartrand bourré de contradictions, bourru et haïssable mais Chartrand intègre, incorruptible et irremplaçable. Chartrand qui va nous manquer.

Chartrand que les hommages dégoulinant et de mauvaise foi de la presse et des bureaucrates peureux écœurerait sans doute. Chartrand pour qui le plus bel hommage serait une bonne vieille grève générale pour faire tomber ce gouvernement pourri.

Salut Chartrand. La lutte continue.

samedi 10 avril 2010

[vidéo] La messe basse des lucides


La messe des Lucides from CanalZap.tv on Vimeo.


Pause kit-kat. Cette vidéo, fruit de la collaboration entre la CSN et les Zapartistes, circule beaucoup. Si vous ne l'avez pas encore vu, ça vaut le coup.

jeudi 8 avril 2010

Ville de Québec: deux poids, deux mesures

Le Journal de Québec fait sa 'une' ce matin avec les bonis accordés aux cadres de la Ville de Québec cette année. On atteint la rondelette somme de 1,6 M $ distribué à 517 personnes en 2009. Pour faire simple, il s'agit de bonis de performance données aux cadres en fonction de l'atteinte ou non d'objectifs préétablis. Règle générale, il n'y a pas de scandales. Sauf exception, on semble parler de petits montants de quelques milliers de dollars représentant en tout 3% de la masse salariale des cadres.

Mais il faut lire la défense passionnée de Richard Côté, vice-président du comité exécutif, qui pense que les patrons de la fonction publique municipale sont sous-payés. Ainsi, le pauvre directeur général de la Ville est payé 159 000$ alors qu'il pourrait faire 200 000$ dans le privé. Le V.P. plaide pour une politique salariale «compétitive». Il a peut-être raison, qui sait, mais il n'empêche que le ton détonne avec celui employé pour parlé des conditions des simples syndiqués de base qu'on a accusé dans le passé de «fourrer le système».

Le message est limpide: les mandarins méritent d'être très bien payés et récompensés alors que les ti-clins qui gagnent de 30 000 à 40 000$ devraient se compter chanceux d'avoir encore un fonds de pension. C'est aussi ça la lutte de classe.

lundi 22 mars 2010

Blocus d'usine à Beaupré



Selon les médias régionaux, une centaine de travailleurs et de travailleuses d'AbitibiBowater bloquent l'entrée de l'usine de Beaupré depuis 6h ce matin. Le blocus vise à empêcher la compagnie de sortir du matériel de l'usine. Le plus récent bulletin disait qu'une vingtaine de personnes étaient encore sur les lieux en soirée. Une vigile permanente est installée sur les lieux.

L'usine est fermée mais la compagnie doit encore de l'argent à ses ancien-ne-s employé-e-s (12M $ en primes diverses!). Comme AbitibiBowater s'est placée sous la protection de la «loi sur les arrangements avec les créanciers», la seule garantie qu'ont les gens de la région d'être payé un jour c'est d'empêcher le démantellement des machines. C'est là leur ultime rapport de force.

Le geste est qualifié de symbolique par le président du syndicat local. Pourtant, il s'agit bel et bien d'action directe. De tels blocus --parfois agrémenté de menaces diverses de détruire le matériel-- ont donnés des résultats un peu partout dans le monde (de la France à l'Ontario). C'est peut-être pas «légal« mais c'est tout à fait légitime! Lâchez pas le morceau!

Y'a des vidéos sur le site de LCN et sur celui de Radio-Canada (Le Soleil a aussi fait un papier sur le sujet).

Notons que la reprise des activités de l'usine sous contrôle capitaliste s'avère très improbable (et ce n'est pas faute d'avoir essayé, notamment avec un comité de relance appuyé par les élites locales!). Curieusement(!), personne ne semble avoir pensé à la relancer sous contrôle ouvrier, comme ça se fait en Argentine, au moins en attendant le versement des sommes dues. Une idée à creuser?

jeudi 18 mars 2010

Desjardins, la crise et l'équité salariale

La crise est belle et bien terminée pour le mouvement Desjardins. Pour bien marquer le coup, les médias nous apprenaient que le salaire de la présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Monique Leroux, a plus que doublé en 2009, atteignant 1,56 million $.

Dans une logique libérale, le salaire de la grande patronne de la coopérative financière, qui comprend un salaire de base de 851 367 $ et une «prime d'intéressement» de 706 234 $, est sans doute justifié dans la mesure où Desjardins annonce des «excédents avant ristournes» de 1,08 milliards $ en 2009.

Il n'empêche, 1,56 millions $, ça commence à faire beaucoup d'argent! Et pourtant... C'est moins que les 1,64 millions $ qu'a touché Alban D'Amours, le prédécesseur masculin de Madame Leroux, en 2007. C'est également moins que ce qu'ont touché en 2009 Louis Vachon (6,15 million $) et Réjean Robitaille (1,94 millions $), respectivement patrons de la Banque Nationale et de la Banque Laurentienne. Deux banques pourtant plus petites que Desjardins. (source)

Cette «injustice» a fait pondre un communiqué ironique à l'un des syndicats du mouvement Desjardins. Constatant que «le niveau de sa rémunération est nettement inférieur à celui de ses prédécesseurs et à celui des présidents d'autres institutions financières», la section locale 575 du SEPB dit «s'attendre à ce que Madame Leroux se sente plus interpelée par le dossier d'équité salariale actuellement en cours pour les employées de son entreprise puisqu'elle semble elle-même être victime de discrimination salariale».

«Nous sommes donc heureuses d'apprendre que le mouvement Desjardins a enregistré pour la dernière année des excédents record de 1,08 milliard ce qui nous permet de croire que nous obtiendrons finalement cette année, le règlement tant attendu du dossier d'équité salariale. Il est important de rappeler que ce dossier a été amorcé il y a déjà plus de 10 ans» ont déclarée les dirigeantes du syndicat, qui représente 3500 membres, à 85% des femmes, travaillant pour Desjardins.

Pour le syndicat, «il existe actuellement un problème important de rémunération chez Desjardins: un sérieux écart sépare les hauts dirigeants du mouvement de leurs employées». Le moins que l'on puisse dire c'est qu'à ce chapitre rien ne distingue la coopérative financière du reste de l'économie capitaliste... (source)

lundi 8 mars 2010

Ramassage des poubelles: l'arbitre ne tranche pas

Le syndicat des cols bleus de Québec a perdu une manche dans le dossier de la privatisation du ramassage des poubelles à Québec. En effet, l'arbitre qui devait statuer sur leur grief a refusé de trancher la question. Tout simplement parce que la question ne se pose pas encore, selon lui.

Rappelons que les cols bleus attaquaient la décision de la Ville de privatiser entièrement la collecte des matières résiduelles [c'est beau la langue de bois!] à Québec sur la base d'un article de leur convention collective leur garantissant un plancher d'emploi et d'heures travaillées. Leur raisonnement est simple: si on donne un service au privé, il va y avoir perte d'emploi. Pour l'arbitre, ce n'est pas si simple et il leur dit en gros: vous ferez un grief quand vous pourrez prouver qu'il y a eu perte d'emploi...

À la Ville on prétend garantir que la quarantaine de permanents vont être affecté ailleurs. Et les occasionnels? «On va les traiter au cas par cas. Quand on regarde le nombre d'employés qui partent à la retraite, je ne suis pas inquiet pour eux. S'il s veulent travailler à la Ville, ils vont travailler. On va tenir compte de leur ancienneté,» a dit Richard Côté, responsable des relations de travail au comité exécutif, au journaliste du Soleil.

Le syndicat regarde ses options et va peut-être contesté la décision. Il n'empêche, le moyen employé était un peu tordu et légaliste. En effet, le fond de l'affaire est politique et aurais du le demeurer. La vraie question c'est de savoir s'il est sage de confier l'ensemble de la collecte des ordures au privé. Et, d'ailleurs, c'est de ça dont parlait la propagande du syndicat.

Question: le syndicat aurait-il pu, comme ça c'est vu entre autre dans le cas de l'entretien du transport en commun à Longueuil, soumissionner pour faire la job à l'interne sous contrôle syndical? Existe-t-il une troisième voie entre la bureaucratie publique et la bureaucratie privée?

Source

lundi 22 février 2010

L'esprit olympique c'est le plus bas salaire au Canada...

L'un des principaux commanditaires des jeux olympiques de Vancouver paie le plus bas salaire au Canada selon Jim Sinclair, président de la Fédération du travail de Colombie-Britannique. En effet, McDonald, le «restaurant officiel» des jeux, paie ses nouveaux employés en deçà du salaire minimum provincial, déjà le plus bas au Canada.

Selon la centrale syndicale, la Colombie Britannique a le plus bas salaire minimum au Canada, soit 8$, un montant gelé depuis huit ans. Cependant, McDonald utilise une nouvelle disposition du code du travail, un salaire d'entrainement introduit par les libéraux, pour payer aussi peu que 6,36$ de l'heure.

«J'ai parlé à plusieurs employés de McDonald depuis quelques jours et ils ne sont pas impressionné par la compagnie», a dit M. Sinclair. Le syndicaliste pense que si la compagnie est capable de trouver des millions et des millions de dollars pour commanditer les jeux, la moindre des choses serait d'offrir un salaire décent.

«Ces employés méritent un salaire décent et le respect, c'est ça l'esprit olympique», conclu le syndicaliste. La centrale syndicale demande que McDonald paie tous ses employés au moins 10$ de l'heure, ce qui serait le montant nécessaire à une personne seule travaillant à temps plein pour sortir de la pauvreté.

(Source)

samedi 20 février 2010

Les cols bleus en rajoutent une couche...

Nouvelle offensive publicitaire du syndicat des cols bleus dans le dossier de la privatisation du dernier bastion publique dans le ramassage des poubelles à Québec. Cette pub tourne sur les radios privées depuis mercredi, au moment même où les syndiqués s'affairent à diffuser 100 000 exemplaires d'une brochure.

Certain n'aiment pas ce type de propagande un tantinet populiste. À notre avis, le maire n'a ce qu'il mérite. C'est pas comme s'il avait toujours été très respectueux des cols bleus et des autres syndiqués de la Ville. [...et, avouons le, ça fait du bien!]








mercredi 10 février 2010

Les zapartistes s'engagent aux côtés de la CSN


Code Rouge from CanalZap.tv on Vimeo.



On en a parlé à l'émission, les zapartistes s'engagent aux côtés de la CSN dans le cadre des négociations du secteur public. Toutes les deux semaines une nouvelle capsule humoristique, «parce que rire est une si belle façon de montrer les dents» (...et de dire les choses telle qu'elles sont, sans se casser le bécique avec le médiatiquement correct), sera publié sur le site SecteurPublic.Info. Vous en avez entendu des extraits, voici la vidéo!

(Y'a d'autres capsules sur le site.)

mardi 9 février 2010

Les cols bleus ont touchés une corde sensible

Régis Labeaume aurait qualifié de «vicieuse» une pub radio du syndicat des cols bleus qui roule depuis la fin janvier sur les ondes des radios privés de la capitale. Pour mémoire, cette pub souligne les risques inhérents à la privatisation du ramassage des ordures en cette ère de corruption généralisée. «Crédibilité zéro» clame le maire qui n'oublie pas de rappeler les visites du président de la FTQ sur le bateau de Tony Accurso. Selon le journaliste du Soleil, notre bon maire était «visiblement irrité».

Et il y a de quoi! L'affaire fait l'objet d'un grief qui est maintenant entre les mains d'un arbitre. La cause est médiatisée à souhait. Et ça commence à jaser dans les salles de rédaction. Quand c'est rendu que même un allié indéfectible comme François Bourque soulève des questions dans sa chronique, ça va mal à la shop!

Le plus drôle c'est que Régis Labeaume lui-même donne des arguments aux critiques. En effet, l'an dernier il plaidait pour une présence du public dans le déneigement au côté du privé pour mieux contrôler les prix. La question assassine de François Bourque demeure on ne peut plus pertinente.

Il est possible que le marché des ordures soit différent de celui du déneigement et que les risques de collusion y soient moindres. Mais qui peut le garantir?


Avec un peu de chance, le maire devra peut-être reculer sur celle là. Ou au moins répondre aux questions. Surtout que, suite à la pub, le syndicat commence la distribution cette semaine de 100 000 dépliants dans les chaumières.

Notons tout de même l'ironie de voir celui qui a traité ces mêmes cols bleus de fourreur de système sur les ondes de la radio populiste s'offusquer de se faire servir la même médecine (à dose homéopathique en plus!).

* * *

Voici la pub en question pour nos lecteurs et lectrices qui n'écouterait pas la «radio privé» (probablement la majorité!).






jeudi 28 janvier 2010

Marois a le PQ bien en main

Il est des signes qui ne trompent pas. Pauline Marois a pu déclarer cette semaine, sans trop de mal, que les demandes du Front commun des syndicats du secteur public sont «un peu élevées». Certes certains députés ne sont pas tout à fait d'accord lorsqu'on leur pose la question mais ça ne rue pas fort dans les brancards. Il n'y a que la porte-parole officielle des syndicats pour réagir vivement (source). Le silence des «Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre», le club politique «de gauche» du PQ, en dit long. C'est clair: Pauline Marois a le PQ bien en main. Dubuc, le directeur de l'Aut Journal, et Laviolette, l'ex président de la CSN, peuvent aller se rhabiller. Leur stratégie politique a fait long feu. Pas qu'on soit surpris mais ça vaut la peine de le noter.