La cocaïne est un alcaloïde tropanique extrait de la feuille de coca.
Psychotrope, elle est un puissant stimulant du système nerveux central, et sa consommation est addictive.
Elle constitue également un vasoconstricteur périphérique. Elle est classifiée comme stupéfiant par la convention unique sur les stupéfiants de
1961 de l'
ONU. Illégale dans tous les pays, elle est cependant dépénalisée dans quelques pays comme la
République tchèque et le
Portugal. Un vaccin anti-cocaïne a été testé avec succès chez l'animal et chez l'homme, sans effets indésirables graves ; il semble être un traitement porteur d'espoir contre l'addiction à ce produit, sous réserve que des études faites à plus grande échelle confirment son innocuité.
La cocaïne est présente en quantité infime dans le maté de coca, boisson traditionnelle de la civilisation andine ainsi que de manière un peu plus importante dans la feuille de coca, mâchée également dans la cordillère des
Andes. La feuille de coca joue alors le même rôle social et culturel que le café ou le thé dans d'autres cultures. Elle a de plus une utilisation rituelle et médicinale. La culture de la coca, son usage traditionnel, déjà communs sous l'empire
Inca, ainsi que la commercialisation de feuilles de coca (et non de cocaïne extraite sous forme de poudre) sont ainsi légaux au
Pérou et en Bolivie.
Histoire
La feuille de coca est utilisée, de manière empirique, de très longue date par les indigènes des Andes. La feuille de coca est mâchée ou utilisée en infusion pour les aider à résister à la fatigue et à l'altitude.
Sous cette forme, la coca a un léger effet stimulant, comparable à celui de la caféine. Une feuille de coca contient 0.5 % de cocaïne.
Des traces plus anciennes — sur des momies égyptiennes — ont été découvertes en
1992 sans pouvoir expliquer comment une telle substance a pu être présente en
Egypte au cours de l'Antiquité. Cependant, ces niveaux de cocaïne sont inférieurs aux seuils proposés par la suite pour différencier un résultat positif d'un négatif, et étaient à la limite de la détection par les techniques d'alors ; de plus, on ne peut exclure une contamination à l'époque moderne.
Un spécimen de feuille de coca a été rapporté en
Europe par
Joseph de Jussieu en 1750.
En 1855, le chimiste allemand
Friedrich Gaedcke (en) obtient des cristaux en réduisant des feuilles de coca, il nomme cette substance « érythroxyline ».
En 1859, le voyageur
Carl Scherzer rapporte à
Vienne des feuilles de coca, à la demande du chimiste allemand
Friedrich Wöhler qui en confie l’étude à un de ses élèves autrichiens,
Albert Niemann. Dès l’année suivante, Niemann isole le principe actif des feuilles de coca et il en décrit l’action anesthésique. Il meurt peu après et c’est un de ses collègues,
Wilhelm Lossen, qui, en 1865, détermine la formule brute de la substance, prouvant qu'il s'agit bien d'un alcaloïde.
Mais il faut attendre 1879 pour que le physiologiste Wassili von Anrep en établisse, sur un modèle animal, les propriétés psychotropes.
Il faut noter par ailleurs que la cocaïne a été utilisée tout au long du xixe siècle dans le traitement des maladies respiratoires.
Entre la découverte de Niemann et la mise au
point des premiers dérivés de synthèse, l'eucaïne de
Georg Merling, lancée par
Schering à
Berlin en
1897, l'orthoforme et le néo-orthoforme d'
Alfred Einhorn et sa nirvanine, produite en 1898 par les usines de colorants de Hoechst, la benzocaïne, peu soluble, synthétisée chez Eduard Ritsert à
Eberbach en 1902, et enfin la stovaïne de Fourneau (1904) et la novocaïne d'Einhorn (
1906), la cocaïne, largement employée en ophtalmologie, est pratiquement le seul anesthésique local dont disposent les chirurgiens, emploi dont
Sigmund Freud est l'un des inventeurs.
Sigmund Freud fait quelques expériences sur ses effets et en conseille l'utilisation, notamment comme aphrodisiaque, comme traitement des troubles gastriques, du mal de mer, de la neurasthénie ou des addictions à l'opium, à la morphine et à l'alcool, dans deux articles, en juillet 1884 et mars 1885, avant de la proscrire en 1887 dans l'article « Cocaïnomanie et cocaïnophobie ». Il l'a notamment prescrite pour essayer de soigner l'un de ses amis médecins,
Ernst von
Fleischl, de sa morphinomanie. Non seulement Fleischl continuera à prendre de la morphine, mais il développera une telle dépendance à la cocaïne qu'il sera contacté par le laboratoire Merck qui « avait remarqué son importante consommation de cocaïne et voulait apprendre ce qu'il savait au sujet de la valeur thérapeutique de ce remède. » Fleischl est mort six ans plus tard morphinomane et cocaïnomane.
- published: 04 Apr 2016
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