La Fondation

Histoire et Architecture

Le bâtiment en lumière (fin des années 1960)

Depuis 1968, la Fondation Maison des sciences de l’homme occupe l’immeuble situé à l’angle du boulevard Raspail et de la rue du Cherche-Midi, à l’emplacement de l’ancienne prison militaire de Paris, dite « prison du Cherche-Midi ».

A partir de 1976, la Maison des sciences de l’homme partage ses locaux avec l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS).

  • La prison du Cherche-Midi

    Rue du Cherche-Midi. Photo prise à hauteur de la rue du Regard en direction du carrefour de la Croix Rouge. Vers 1900. A gauche, la maison militaire d'arrêt et de correction (Prison du Cherche-Midi), à droite, l'Hôtel des Conseils de guerre. Le percement du boulevard Raspail date de 1907.

    La recherche des origines du lieu nous conduit sous l’Ancien Régime.

    En 1688, Louis XIV remet à la communauté des Filles du Bon Pasteur un immeuble de la rue du Cherche-Midi confisqué au calviniste Léonard Laudouin. Sécularisée à la Révolution, la Maison du Bon Pasteur est mise à la disposition du ministre de la Guerre qui y installe les magasins aux effets de campement et d’habillement de la garnison de Paris, puis le service de la manutention des vivres de l’armée.

    En 1847, l’ancien couvent est démoli pour faire place à la toute nouvelle prison militaire de Paris, destinée à remplacer la prison de l’Abbaye.

    De 1800 à 1907, les conseils de guerre siègent au 37 de la rue du Cherche-Midi, tandis que la maison militaire d’arrêt et de correction leur fait face, au 38, à l’actuel emplacement de la Maison des sciences de l’homme. Largement inspirée du système américain (prison d’Auburn, New York), cette prison cellulaire est prévue pour deux cents détenus militaires. Le régime mis en place est celui du travail en commun et en silence pendant le jour et de l’isolement en cellule pendant la nuit.

    Les 10 et 12 juin 1940, alors que les troupes allemandes sont sur le point de pénétrer dans la capitale, les prisons de la Santé et du Cherche-Midi sont évacuées. La population pénale composée de militaires condamnés à des peines de droit commun, de déserteurs, d’insoumis et de détenus politiques, est repliée au sud de la Loire, jusqu’au camp d’internement de Gurs (Pyrénées-Atlantiques). Du fait du repli et de l’installation des tribunaux militaires de Paris à Périgueux, en Dordogne, une nouvelle prison militaire est créée, en novembre 1940 : la "prison militaire de Paris repliée à Mauzac".
    Pendant toute la période de l’occupation, la prison parisienne du Cherche-Midi est entièrement sous commandement allemand. Après la libération de Paris, la prison accueille des prisonniers de guerre allemands.

    La prison militaire fonctionne du 30 décembre 1851 au 1er décembre 1947, puis, vidée de ses prisonniers en 1947, devient le siège d’un tribunal militaire. Du 1er décembre 1947 au 18 mars 1950, le Cherche-Midi passe sous contrôle du ministère de la Justice et devient une simple maison d’arrêt. Insalubre et délabrée, la bâtisse est rasée en 1961.

  • Le 54 boulevard Raspail

    Démolition de la prison du Cherche-Midi

    La maison des sciences de l’homme est bâtie sur un terrain chargé d'histoire humaine : c’est en effet là que se trouvait la communauté des Filles du Bon pasteur, fondée en 1686, pour les filles dévoyées sur le chemin du repentir ! Après la Révolution française, les lieux furent un temps un dépôt de vivres destinées aux troupes de la garnison de Paris, puis en 1851 devinrent la prison du Cherche-Midi jusqu'à sa démolition en 1961.

    Au même moment, les sciences humaines sont nombreuses et dispersées dans des locaux dans tout Paris. L’idée est alors de les regrouper en un seul lieu afin de favoriser les échanges entre les chercheurs. La démolition de la prison offrait au cœur de Paris une véritable opportunité de créer ce centre de recherche en sciences sociales. Le projet soutenu par la Fondation Ford pouvait enfin voir le jour.

  • Des originalités technologiques et architecturales

    Les architectes du bâtiment, Henri Beauclair, Serge Capelle, Paul Depondt, Marcel Lods et André Malizard, devaient intégrer l’environnement particulier du travail de chercheur, en créant des conditions de travail, notamment de concentration et de calme, isolé du bruit continu du boulevard Raspail. Cette donnée a eu pour effet de créer des façades totalement étanches au bruit et du même coup une climatisation complète du bâtiment.

    Le respect du site et la volonté d’ouvrir la perspective au piéton conduiront  également à construire des bâtiments légèrement en retrait des axes des immeubles de la rue du Cherche-Midi. Par ailleurs, le bâtiment pour correspondre aux fondamentaux de la Fondation MSH se devait d’être ouvert sur le monde, ce qui explique outre le choix de façades de verre, la transparence totale du hall d'accueil, avec une vue très « moderne » sur le jardin intérieur.

  • Structure métallique précontrainte

    L'ossature du bâtiment

    Les planchers

    Dans le budget imparti, répondre aux besoins de service imposait d'abandonner les solutions traditionnelles se révélant trop coûteuses pour choisir une structure dont le principe sans être récent est encore nouveau. Il s'agit du système de construction métallique précontrainte au montage et collaborant avec les dalles en béton armé formant plancher système mis au point par Léon K.Wilenko. 

    Ce dispositif permet de réaliser un gain appréciable de 20% en comparaison avec les structures métalliques traditionnelles  et d'au moins 50% sur l'acier, en particulier si l'on fait s'encastrer les poutrelles par soudures dans les poteaux subissant une contrainte dans le sens inverse et continuant de travailler une fois l'ouvrage terminé.

    L'ordinateur joue un rôle clé dans les calculs pour adopter cette structure qui devait être la première au monde de cette taille.

  • Une façade mobile par le jeu des lumières et des volets

    Pose de la façade

    Pose des façades qui ne nécessite que 3 hommes

    Pose des vitrages

    Pose des volets métalliques

    La structure érigée les façades pouvaient être posées. Leurs innovations tenaient aux nécessités de calme pour les lecteurs et chercheurs avec un éclairage maximal des locaux.

    La recherche également d'esthétisme de l'ensemble une grande sobriété alliée à une mobilité de l'ensemble constante est rendue possible grâce au choix des matériaux aluminium et vitrage  : l'ensemble reflète l'environnement comme un immense miroir !

    Quant au jeu de lumière, il est donné par les occupants eux-mêmes par l'éclairement de leur bureau et en jouant avec leur volet ! "C'est en quelque sorte une expérience raisonnée d'architecture spontanée".

  • Des bâtiments-tyrans aux bâtiments-serviteurs : les cloisons amovibles

    Etage en attente de cloisons

    Pose des cloisons

    Pose des cloisons

    Pose des cloisons

    Enfin selon Marcel Lods, l'un des architectes il est temps de sortir des bâtiments-tyrans qui contraignent l'organisation du travail, pour aller vers des bâtiments serviteurs qui vont pouvoir se monter et se démonter en fonction des besoins et des évolutions.

    Dès l'origine de la conception du bâtiment la solution des cloisons amovibles est retenue, permettant de répartir l'espace en fonction des besoins. Ces cloisons sont réalisées en bois et panneaux de particules : simples et rapides à monter ou à démonter.

    La solution technique répond aux fondamentaux de la FMSH

    Cette technique était effectivement indispensable au principe même de la fondation, qui doit adapter, au gré des programmes de recherche, son espace pour accueillir des équipes variées en nombre et surtout temporaires.
    Ainsi, elle peut répondre à un de ses fondamentaux : l'accueil de chercheurs, en leur apportant des conditions de travail adaptées à leur besoins.

  • Un relogement provisoire dans le 13e arrondissement de Paris

    Le France - 190 avenue de France - Paris 13e

    Dans le cadre de travaux importants de désamiantage, le bâtiment du 54 boulevard Raspail a dû être vidé de ses occupants. Depuis janvier 2011, la Fondation occupe, avec l'Ecole des hautes études en sciences sociales, le bâtiment "Le France" dans le Nouveau Quartier Latin, dans le 13e arrondissement de Paris, à deux pas de la Bibliothèque François Mitterrand. La Fondation réintégrara le "54" en 2016.