Un juge néo-zélandais a estimé, mercredi 23 décembre, que le fondateur du site de téléchargement MegaUpload,
Kim Dotcom, pouvait être extradé vers les Etats-Unis, où il est accusé de fraude, de blanchiment et de racket.
Le juge Nevin
Dawson, qui siège à
Auckland, a estimé qu’il existait des preuves « accablantes » contre le prévenu.
Cette décision, prise au terme d’un procès qui a duré neuf semaines, est l’épilogue d’une saga judiciaire qui a débuté il y a quatre ans.
Les avocats de Kim Dotcom ont confirmé dans la foulée de la décision que la procédure d’appel avait été lancée. Ils comptent aller jusqu’à la Cour suprême si nécessaire, même si cela prend « un an et demi, deux, trois ans ou plus ». « C’est un marathon, pas un sprint », a déclaré son avocat américain,
Ira Rothken. Il encourt jusqu’à vingt ans de prison en cas de condamnation aux Etats-Unis.
Il encourt vingt ans de prison
Le département américain de la justice et le
FBI accusent cet Allemand de 41 ans – de son vrai nom
Kim Schmitz – d’être l’architecte d’un pillage en ligne à grande échelle grâce à son emblématique plate-forme de téléchargement direct. Celle-ci a été fermée par la justice américaine en
2011.
Outre Kim Dotcom, trois anciens de MegaUpload –
Finn Batato, Mathias
Ortmann et
Bram van der Kolk – sont accusés d’avoir retiré quelque
175 millions de dollars (155 millions d’euros) de profit et entraîné plus d’un demi-milliard de dollars (
440 millions d’euros) de pertes pour les ayants droit des œuvres musicales, films et autres produits piratés. M. Schmitz se défend de toute infraction, se présentant comme un entrepreneur du
Net.
Kim Dotcom s’est installé définitivement en Nouvelle Zélande en
2010, avant que l’empire MegaUpload s’effondre. Il a aujourd’hui quitté son célèbre manoir d’Auckland pour un grand appartement luxueux, selon le
New Zealand Herald, ne pouvant plus payer le loyer d’un million de dollars par an. Le quotidien affirme cependant que son avocat hongkongais a réussi à lui débloquer une somme de 50 millions de dollars sur les avoirs saisis par la justice américaine.
L’homme aux cent carrières ratées
Depuis le début de ses déboires judiciaires, Kim Dotcom n’est pourtant pas resté sans rien faire dans son manoir. En janvier
2013, alors peu connu du grand public, il organise une soirée démesurée dans son manoir, avec des musiciens, des comédiens de stand-up et des mannequins en uniforme militaire, pour présenter
Mega, un nouveau service de téléchargement qu’il assure à l’abri des autorités et sécurisé.
Le lancement chaotique a été suivi de nombreuses critiques, visant aussi bien l’ergonomie du service que la sécurité du chiffrement utilisé pour protéger ses utilisateurs.
Deux ans et demi plus tard, il dénonce « une prise d’intérêt hostile » dans l’entreprise « de la part d’un investisseur chinois » et déconseille aux internautes d’utiliser le site. Il attend désormais la fin de sa clause de non-concurrence pour lancer une alternative à Mega, lui-même ex-alternative à MegaUpload.
Toujours en 2013, il se lance dans la musique en ligne avec la création de la plate-forme Baboom. Le développement du service accumule les mois de retard, et Kim Dotcom se retire abruptement du projet en octobre 2014, jugeant que son nom associé au piratage empêche l’entreprise de prendre son envol.
Son intérêt pour la musique s’est également matérialisé, plus individuellement, avec la sortie d’un
album de musique électronique mis en ligne gratuitement sur Baboom en 2014. Le service musical a finalement été inauguré en août, mais sans avoir signé d’accord avec les grandes maisons de disques, et donc sans artistes célèbres.
En mars 2014, Kim Dotcom a lancé sa propre formation politique, l’
Internet Party, fortement engagée sur les sujets liés aux libertés numériques. Il avait même lancé une invitation au lanceur d’alerte
Edward Snowden, au journaliste
Glenn Greenwald et au fondateur de WikiLeaks
Julian Assange. A l’époque, l’Internet Party avait été tancé par le premier ministre néo-zélandais, qui le qualifiait de blague. Le parti a finalement subi une défaite écrasante lors des élections législatives, quelques mois plus tard.
- published: 04 Jun 2016
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