Hier, mercredi 29 juin, vers 17 heures, des matons du centre pénitentiaire de Soto de Real se sont présentés dans la cellule de la compagnonne arrêtée le 13 avril pour l’informer de son transfert immédiat et lui faire emballer toutes ses affaires.
Cette nuit le centre de rétention de Vincennes, prison spéciale pour les personnes dites sans papiers a en partie brûlé suite à une révolte contre l’expulsion d’un Algérien selon ce que dit Le Parisien.
Par Simone Weil (novembre 1936)
1er juilletCe que je vais écrire déplaira, je le sais, à tous les camarades ou peu s’en faut. Mais quoi ! Nous n’avons pas ici à nous plaire mutuellement, nous avons à dire, chacun pour son compte, ce que nous pensons.
Dans la nuit du 24 au 25 juin 2016 des compagnons-nes d’une “Cellule parmi tant d’autres…” ont attaqué le siège national du syndicat de la CGT. Action qui fût revendiqué dans la foulée pour dénoncer la collaboration des syndicats avec la préfecture de police et en solidarité avec les rebelles prisonniers en France ainsi qu’avec les membres de la CCF dont le procès pour leur tentative d’évasion assumée est en train de se terminer ; précisant sur le revendiqué qu’illes étaient gravement blessé(e)s, traqué(e)s par les flics et en clandestinité.
La soirée du 28 mai 2016, une balade pour la dégentrification a eu lieu dans les rues de St-Henri. Un black bloc d’approximativement 30 personnes a brièvement déambulé sur la rue Notre-Dame puis a pillé la boutique bobo “Le 3734”. Alors que la plupart du groupe tenait la rue, quelques personnes sont rentrées dans le magasin avec des sac de sports qu’elles ont remplis de saucisses fraîches et séchées, de fromage, de sirop d’érable et d’autre denrées. La vitrine extérieure était pendant ce temps redécorée (…)
L’après-midi du jeudi 16 juin dernier, quelques organisations gaies respectables ont tenu une vigile dans le Village Gai de Montréal en mémoire des victimes de la récente tuerie à Orlando. Le Collectif carré rose (CCR), qui dirige la campagne visant à augmenter la quantité de flics et la sécurité dans le Village pour contrer les « attaques homophobes » (lire ici : les riches qui se font agresser), a invité un tas de politiciens locaux et provinciaux pour parler à la foule, dont le premier ministre québécois Philippe Couillard.
A propos des manœuvres minables menées pour tenter de saboter le débat sur l’idéologie anti-islamophobe qui s’est déroulé au Rémouleur le 13 juin 2016, parce que faire taire, diffuser des ragots, calomnier et empêcher de débattre, c’est toujours asseoir son petit pouvoir sur un petit milieu.
Par Belgrado Pedrini (1978)
28 juinTrès chers compagnons !
Je crois pouvoir interpréter votre pensée en affirmant que vous aussi considérez la reconstitution du Cercle anarchiste « Bruno Filippi » comme un fait positif : un signe tangible de la volonté des anarchistes carrarais de continuer, avec des forces toujours plus grandes et plus aguerries, le chemin sinueux que Michel Bakounine nous a indiqué dans le but d’arriver, dans les plus brefs délais, à la libération du genre humain de toute forme d’esclavage, d’humiliation et de misère (…)
Dès le début, le mythe fondateur de l’État syrien fut celui d’un Etat protecteur des minorités religieuses et ethniques. Pays majoritairement sunnite, la Syrie englobe plusieurs « communautés » confessionnelles : alaouite, chiite, chrétienne, assyrienne, arménienne, etc. La famille Assad, en tant que représentante d’une minorité alaouite, était censée protéger toutes les autres et jouait la carte, à au moindre signe d’opposition, d’une guerre sectaire dans le cas de son absence.
Depuis 50 ans, les paysans vietnamiens sont en état d’insurrection permanente contre le féodalisme agraire, contre les impérialismes japonais, français, puis américain. La lutte continuera-t-elle contre la nouvelle domination bureaucratico-militaire qui est en train de se mettre en place ? C’est peu probable pour l’instant, car une chose est certaine, c’est que les Vietnamiens en ont marre de la guerre, et que d’autre part, les nouveaux maîtres ont su « incarner » ces révoltes, aux yeux des paysans, sous les traits du Viet-cong, d’abord, du FNL ensuite, du GRP enfin.
Qui sont ces nouveaux maîtres ?
NdT : Ce texte est une tentative de réflexion suite à la mort d’un veilleur de nuit dans l’incendie d’un immeuble, qui a eu lieu dans le contexte d’une manifestation à Valparaíso, au Chili, le 21 mai dernier. Plus en général c’est une réflexion sur la conflictualité contre l’existant et les conséquences de nos actes et des moments de lutte auxquels on participe. Il n’est pas inintéressant de réfléchir à ce sujet, toute proportions gardées, dans un moment où ici en France on débat sur la “légitimité” ou pas de certaines attaques et la façon dont elles seront perçues (on parle évidemment des dissociations de la casse à l’hôpital Necker)
Et à ceux qui invoquent la nécessité d’une armée pour la défense contre les attaques de la « réaction interne et de l’impérialisme international », les révolutionnaires répondront en créant des forces non professionnelles créées sur la base du volontariat et de l’affinité personnelle, et ils refuseront le principe d’autorité et de hiérarchie. Ces forces ne seront les appendices d’aucune armée rouge, ni l’exécutif d’aucun pouvoir populaire, mais des organes de la volonté révolutionnaire pour transformer le monde, pour changer la vie.
[NdNF : Il y a une semaine, nous publiions quelques informations et réflexions sur l’exécution anonyme d’un dealer à Exárcheia, un assassinat qui n’a toujours pas été revendiqué, n’en déplaise aux amateurs de sensations fortes sur les réseaux sociaux. Nous y soulignions les conflits théoriques (et donc pratiques) entre des tendances dites « hygiénistes » et « anti-hygiénistes « du mouvement anarchiste local. Pour approfondir, nous avons décidé de rendre disponible en français le contenu dune affiche collée il y a quelques années à Athènes, qui prend le parti d’une critique anarchiste de l’hygiénisme et des postures et attitudes de vigilants, de machos et de beaufs à l’intérieur du mouvement, notamment sur la question de la toxicomanie et des toxicomanes. Elle répond, entre autres, à quelques descentes armées contre des junkies, et au refus de certains compagnons de différencier les usagers et les dealers de came.]
Le 26 janvier dernier, alors qu’ils et elles s’apprêtaient à ouvrir la bibliothèque anarchiste la Discordia, les compagnons et compagnonnes anarchistes qui organisaient un débat intitulé « Islamophobie : du racket conceptuel au racket politique » ont eu le « plaisir » de découvrir que la façade de l’immeuble qu’ils et elles louent dans le 19ème arrondissement de Paris avait été recouverte de tags.
Depuis le dernier mouvement social (celui sur les retraites en 2010), le durcissement des conditions de vie d’un côté (contrôles au RSA ou à l’indemnité chômage entre autres) et l’imposition de l’état d’urgence ont entrainé leurs lot de misère, de colère mais aussi une forme d’acceptation…
Des milliers de vitres ont été brisées mardi. Mais une dizaine d’entre elles ont recueilli plus d’attention qu’elles n’en méritaient. Une volée de baies vitrées de l’hôpital Necker ont été minutieusement étoilées lors de la manifestation. Mais tandis qu’on n’attend rien d’autres des médias que de s’indigner jusqu’à la nausée, il est plus surprenant de voir des « alternatifs », « anticapitalistes », ou autres contestataires de rue ou de salon se sentir sommés de s’exprimer à leur sujet.
Dis Tonton, pourquoi qu’t’as un œil tout violet, la bouche en sang et une dent d’cassée ?
Ah, Pierrot, j’étais en tête de la manif quand le S.O. d’la Ligue [LCR/NPA] a cogné sur n’importe qui pour se venger d’avoir été attaqué 100 mètres plus haut par un groupe de mecs casqués.
Réflexions et souvenir sur le meurtre de Mike Brown
15 juin[Ce texte a été écrit par Michael Kimble, prisonnier américain noir et homosexuel condamné à perpétuité pour le meurtre d’un bigot homophobe, il y a une trentaine d’année. Il s’agit d’une lettre qui fait partie d’un recueil en anglais, publié sous forme de fanzine, intitulé To struggle means we’re alive (« Lutter veut dire que nous somme en vie »), et réunissant des textes de prisonniers sur les révoltes de Ferguson, de Baltimore et contre la police aux États-Unis. Il nous semble être la contribution du fanzine la plus intéressante d’un point de vue anarchiste, d’abord parce qu’il est une critique des tenants du racialisme américain, qu’il soit d’Etat ou militant, mais aussi parce que nous sommes là bien loin des quelques dérives judiciaristes, familiaristes et culturalistes des réponses politiques souvent portées en France (et ailleurs) face aux assassinats policiers, qu’ils soient racistes (comme souvent aux États-Unis) ou non.]
Il y a quelques jours dans le quartier d’Exárcheia, à Athènes, un homme de 35 ans, membre actif de la mafia albanaise et dealer connu du mouvement anarchiste pour des propos déplacés envers des compagnonnes et des attaques au couteau, a été exécuté. Touché par quatre balles, il meurt une heure plus tard à l’hôpital.
Ne la joue pas comme Mayotte…
13 juinChaque week-end depuis des semaines, des villageois mahorais se forment en milices et s’attaquent aux maigres moyens de survie de sans-papiers (dont la plupart viennent des Comores) en saccageant leurs baraques de fortune situées à la périphérie des villes et villages.
Plus précisément il est interdit aux personnes concernées d’être présentes dans les 5e, 6e, 7e, 13e, 14e et 15e arrondissements de Paris entre 10h et 20h mardi 14 juin et sur la place de la République aux alentours de 18h à 7h le lendemain matin.
Je suis libre, et visiblement, d’ici 45 jours ils vont essayer de m’emprisonner de nouveau, et ils lâcheront de nouveau leurs chiens. Évidemment je ne me livrerai pas et je ne participerai d’aucune façon à une quelconque sortie négociée avec la « vermine », par conséquent, je suppose que je n’ai pas d’autres solutions que de continuer comme toujours à lutter dans l’ombre, soutenant ces processus et projets anti-autoritaires que je considère nécessaire de promouvoir, soutenir, par tous les moyens à ma disposition dans la clandestinité qu’ils m’imposent.
Nous sommes actuellement face aux conséquences de la normalité des conditions existantes : fuites de masse, provoquées par la guerre, par l’exploitation et par l’ordre de ce monde. Des gens sont contraints d’endurer des conditions de vies hallucinantes, des trajets et la fatigue. Puis subir ici-même le nationalisme et le patriotisme, la peur de tout perdre caractérisée par le racisme, qui se solde par des centaines d’attaques et d’agressions contre les migrants et centres pour demandeurs d’asile. (…)
Hier, mercredi 8 juin, une manif se disperse dans le secteur Picpus après une action devant le meeting pro-loi travail du Parti socialiste à Cour Saint Emilion. Une demi-heure après, dans le métro Nation, au moins cinq flics en civil se jettent sur une personne pour l’interpeller. Cette personne a juste eu le temps de crier un nom aux témoins avant de se faire emmener. A noter que nous ne savons pas à ce stade si les policiers ont interpellé quelqu’un qui était à la manifestation dispersée à Picpus où s’ils se sont trompés de cible, mais en tout cas ils pensaient, d’après les témoins, s’en prendre à un manifestant.
[Contribution à la critique nécessaire de l’Appel à un cortège en commun contre les violences et l’impunité policière lors de la manifestation du 14 Juin 2016 contre la loi Travail, proposé et signé par divers militants du racialisme.]
Il y a à peine quelques jours, lorsque nous croyions que la compagnonne arrêtée le 13 avril allait être extradée, la nouvelle de l’Audiencia Nacional nous est arrivée, avec la décision de reporter d’un mois de plus sa remise aux mains de l’État allemand, répondant ainsi à une demande émise par la défense basée sur les démarches de mariage que la compagnonne avait commencé avant sa détention. Juste au moment de connaître cette décision la compagnonne a été transférée à la prison pour femmes de Brieva (Avila), (…)
Depuis quelques semaines, la France bourgeoise prend peur devant les épisodes de révolte les plus durs du mouvement contre la Loi Travail. Ici à Nice, le mouvement n’a pas pris. Victoire du Pouvoir et de l’autorité ? Pas si sûr !
Bal tragique à Nemours
8 juinLes crues en cours sont elles une manifestation du désarroi des valeurs de la république qui prennent l’eau sous les coups de butoirs assassins de la mouvance anarcho-autonome d’ultra-gauche francilienne et transcontinentale ? Cette multinationale du crime aurait elle encore frappée ? C’est le point de vue de la DGSI, qui dans une note confidentielle, révèle que des camps d’entrainements d’ultra-gauche ont été découverts au sud du Sahara par ses enquêteurs, dans lesquels « les militants les plus aguerris se livrent à des exercices de cannibalisme et de dégradation de chemises de cadres », avant d’ajouter que « cela n’est pas sans rappeler la radicalisation rapide de groupes mieux organisés comme Daesh ou la secte davidienne ».
À la fin du mois de février ils m’ont remis en liberté, mais dès le début on savait qu’ils allaient revenir sur cette décision maximum une semaine après pour ensuite me faire comparaître à un procès où je serais condamné à 3 ans de taule. Face à cela la décision, sans être sûr de moi, c’était la cavale.
Extrait de Des Ruines n°2
7 juin[Texte publié pour la première fois dans la revue anarchiste apériodique Des Ruines, n°2, automne 2015, à l’intérieur du dossier « Old-school ou post-modernes, les gauchistes nous emmerdent ». Il fut édité sous forme de receuil, avec d’autres textes de Cassandre, dans la brochure Nos « révolutionnaires » sont des gens pieux, De la complaisance envers la religion et les théories de la race dans les milieux radicaux, Ravage Editions, janvier 2016.]
Solidarité avec les anarchistes d’Azerbaïdjan
5 juinNous relayons par solidarité avec les militants anarchistes arrêtés, emprisonnés et torturés en Azerbaïdjan, un appel international à « faire du bruit » pour eux entre le 28 mai et le 5 juin, devant consulats ou ambassades.
Lors de la manifestation contre la loi travail du jeudi 26 mai à Paris, l’attaque de la devanture d’un concessionnaire Skoda est chaleureusement soutenue par des centaines de manifestant-e-s. Quelques minutes plus tard, des personnes qui applaudissaient la chute de la vitre du magasin automobile se mettent autoritairement en cordon devant une boutique Emmaüs Solidarité pour la protéger de celles et ceux qui peut-être auraient souhaité s’attaquer à sa vitrine. Ce petit épisode nécessite de refaire un (…)
A la prison de Korydallos, les ouvriers continuent d’installer des grilles épaisses et des barbelés dans la zone morte entre les cellules souterraines et les salles d’audience, dans le but d’occulter la petite ouverture qui permettait encore aux prisonniers de regarder le ciel. Ce confinement des prisonniers dans une cage de métal et de barbelés survient quelques jours après la conférence "Prisons, droits, transparence et responsabilité", organisée par le ministère de la Justice. Le 27 mai, les prisonniers révolutionnaires de la CCF et de Lutte Révolutionnaire ont annoncé dans une lettre (traduite sur Indy Nantes) au ministre de la Justice qu’ils lutteraient contre cette mesure :
Dans CamOver, vous jouez un groupe d’humains confronté à une invasion de caméras dans un quartier en pleine gentrification. La lutte contre les caméras est importante, mais votre propre survie est primordiale ! Pour gagner vous allez devoir nouer des alliances avec vos ami.es dans vos quartiers et détruire le plus de caméras possible. La partie se déroule tout au long de l’été. À la fin, le quartier qui totalise le plus de points remporte la partie. Que le vandalisme commence ! Rendons nos nuits d’été magiques et excitantes !
Grues et engins de chantier s’agitent depuis plusieurs années. La prison qui existe depuis près d’un siècle était réputée pour être particulièrement surpeuplée, vétuste et insalubre, ce qui avait déclenché plusieurs « scandales » médiatiques. Le ministère de la justice, par le biais des encravatés de l’APIJ (la sinistre Agence pour l’immobilier de la justice) a décidé, après plusieurs revirements et une interruption des travaux, de rénover certains des bâtiments et d’en construire de nouveaux. Ces derniers (…)
Je ne veux ni cracher, ni me hausser au dessus de tout ce qui se passe et ne se passe pas au cours de ce mouvement dit « contre la loi travail ». Parfois, les mots servent précisément cette fonction-là. Au final, il est vrai que dire et écrire est une mobilisation très limitée des fonctions corporelles et mentales. Il y en a d’autres qui ont autant d’importance : les bras qui font des gestes, les jambes qui savent courir, et les cœurs qui battent. Les premiers se détachent trop aisément de ces derniers et risquent ainsi de se constituer comme monde à part. Le risque, on le porte chaque fois qu’on ouvre la bouche ou qu’on se met à bouger nos petits doigts pour écrire. Et pourtant…
[Une énième édition du festival “Bien Urbain” – dont les organisateurs se vantent de sa renommée mondiale en matière d’art urbain – débute ce vendredi 3 juin et durera pendant plus d’un mois. C’est l’occasion pour nous de publier cet article tiré du journal ‘Séditions’ n°7 (mai 2016) et de rappeler ainsi que derrière son aspect culturel et artistique, cet événement est avant tout un rouage utile du pouvoir et du capital.]
Dans la nuit du 21 avril, les vitrines de la bibliothèque anarchiste la Discordia ont été brisées à coups de marteau. Les discordistes expliquent dans un communiqué que les positions qu’ils ont adoptées à l’égard de « l’islamophobie » sont la cause de cette attaque anonyme.
Le 7 mai 2012, à Gênes [Italie ; NdT], le PDG de l’époque d’Ansaldo Nucleare, Roberto Adinolfi, est blessé par balle à une jambe. Deux compagnons anarchistes, Alfredo Cospito et Nicola Gai revendiquent cette attaque et sont encore détenus dans la prison de Ferrara.
On se souvient encore de ces affreux méchants méchants qui en 2005, lors des trois semaines d’émeutes qui ont secoué les banlieues, avaient vandalisé « leurs » écoles. Des bandes de révolté-e-s fracassaient ce modèle éducatif, explosaient ce dispositif d’intégration sociale, foutaient le feu à ce symbole démocratique qu’est l’éducation nationale. Ces images firent le tour du monde et nombre de spectateurs-trices s’émurent devant ces scènes de guerre civile et les discours réactionnaires tenus par les (…)
Il est des matins où l’on ferait mieux de rester au lit. Ainsi en alla-t-il de cette sinistre aube d’octobre 2010 où j’eus l’idée saugrenue de prendre le métro pour la mairie de Saint-Ouen, avec l’espoir de rencontrer quelques grévistes hors du commun, du côté de l’incinérateur d’ordures de la Tiru, installé dans la zone industrielle de la ville. Car, je l’avoue, il m’arrive de parcourir Indymédia et de me faire avoir, comme bien d’autres, par la présentation plus ou moins fantaisiste que de tels sites donnent des grèves et d’autres formes de luttes qui auraient, d’après eux, commencé à « bloquer l’économie » en automne 2010. De toute façon, sans trop me faire d’illusions sur la possibilité de rencontres étonnantes, aussi aléatoires qu’improbables, l’idée d’aller déguster quelques cafés calvas en compagnie de l’une de mes vieilles connaissances du coin, bête noire des syndicalistes depuis belle lurette, n’était pas pour me déplaire.
Dans la nuit du dimanche 22 au lundi 23 mai 2016, trois compagnons ont été arrêtés à proximité du parking du poste de police au sud de Varsovie. Les flics prétendent avoir trouvé un dispositif explosif sous une voiture de police. Tous les trois ont été placés en détention au commissariat et un d’entre eux a été sévèrement frappé. Les compagnons ont refusé de coopérer et ont nié toute accusation de “terrorisme”. Les trois ont reçu le soutien du milieu anarchiste et de trois squats de Varsovie (Przychodnia, Syrena, Radykalne Ogrody Działkowe), une représentation légale leur a été fournie.
NdNF : Dans un conflit contre une entreprise, un employeur, un proviseur, contre la justice, ou contre toute autre forme de pouvoir, que faire lorsque la gréve, le piquet, les rassemblements ne suffisent pas ? Lorsque le rapport de force est nécessairement défavorable ? Plutôt que d’abandonner, lutter encore, par d’autres moyens, comme l’attaque directe, pour renverser le rapport par l’asymétrie. Et pourquoi pas, la proposition existe, commencer directement par l’attaque directe, en luttant. On pourrait citer l’exemple d’actualité des blocages de lycées, quand il n’y a plus moyen, il y a d’autres moyens qui apparaissent aux révoltés pour parvenir à leur fin, des barricades, des chaînes pour contrôler le blocage, et mieux encore, l’incendie pour faire fermer l’établissement comme dans de nombreux lycées de la région parisienne ces derniers mois. Voici un exemple parmi d’autres, pas si lointain, que nous transmettent des compagnons tchèques et dont nous traduisons un extrait ci-dessous.
Le 20 juin 2010, avait lieu dans le quartier de Belleville (Nord-Est de Paris) une manifestation pour la « sécurité », organisée par diverses associations censées représenter la « communauté asiatique » pour demander aux autorités le renforcement d’un arsenal répressif qui nous pourrit déjà la vie (plus de flics, de caméras, de sanctions etc.). Durant cette manifestation, des échauffourées ont éclaté dans le quartier entre des centaines de manifestants contre la police, accusée de mal faire son travail, puis après le départ programmé de celle-ci, contre quelques gamins isolés et identifiés par la vindicte populaire comme des « voleurs » à punir par des critères tels que la tenue vestimentaire et la couleur de peau.
Pour des raisons pas forcément toutes dépendantes de ma volonté, je me suis retrouvé embarqué avec Nuit Debout. Je n’avais aucune volonté de vouloir « radicaliser » la révolte des classes moyennes, mais on m’a dit que ça ne serait pas l’image que je m’en fais en tant qu’individualité révolutionnaire. Admettons.