Le Grand Condé, la bataille de Rocroi (1643) | Au cœur de l’histoire | Europe 1
Louis II de Bourbon, 4e prince de Condé, dit le
Grand Condé (
Paris 1621-Fontainebleau 1686), porte le titre de « duc d'Enghien » jusqu'à la mort de son père (1646). Dès l'âge de 15 ans, son père l'initie au gouvernement de la
Bourgogne, qu'il assurera de fait à partir de 1638. En 1640, il prend part à son premier combat à
Arras. En 1641, il doit épouser contre son gré
Claire Clémence de Maillé-Brézé, nièce du cardinal de
Richelieu.
Distingué par le cardinal, il se voit confier le commandement de l'armée de
Picardie chargée d'arrêter les Espagnols, qui organisent une grande offensive en direction de Paris en 1643 : le 19 mai, le jeune duc d'Enghien écrase la « redoutable infanterie » des tercios à
Rocroi.
Cette victoire, qui annonce la prééminence française militaire, fait de lui la gloire incontestée du moment.
Avec Turenne, il remporte la bataille de
Fribourg (1644), qui entraîne l'occupation de toute la rive gauche du
Rhin (de la
Suisse à Mayence), puis celle de Nördlingen (1645) sur les
Bavarois. Devenu prince de Condé (1646), il bat les Espagnols à
Lens (1648), victoire qui décide de la capitulation de l'empereur et de la signature des traités de Westphalie.
Lors de la
Fronde parlementaire, Condé est le bras armé de
Mazarin : en 1649, il fait le blocus de Paris et oblige les parlementaires à composer (paix de Rueil). Condé, alors au faîte de sa gloire, ambitionne le pouvoir et songe à remplacer Mazarin.
Mais, en janvier 1650,
Anne d'Autriche le fait arrêter et enfermer à
Vincennes, puis au Havre avec son frère Conti et son beau-frère Longueville. Libéré l'année suivante par Mazarin, il prend la tête de la Fronde des princes. Installé à
Bordeaux, il traite avec l'Espagne, gagne à sa cause le
Berry, le
Poitou, l'
Anjou, l'
Aunis, la
Saintonge, la
Guyenne et la
Provence, puis marche sur Paris.
Tenu en échec par Turenne à
Bléneau (1652), battu sous les murs de Paris, au combat du faubourg Saint-Antoine (juillet 1652), il est sauvé par l'intervention de la
Grande Mademoiselle, qui fait tirer les canons de la
Bastille sur les troupes royales et lui ouvre les portes de la capitale. Rentré dans Paris, Condé s'appuie sur le menu peuple exaspéré par la disette, se brouille avec la bourgeoisie et les magistrats, et se trouve bientôt sans autorité dans la capitale, qui négocie avec la Cour. En octobre, il s'enfuit aux Pays-Bas et se met au service de l'Espagne.
Déchu de tous ses biens, titres et fonctions, il est condamné à mort (1654). Pendant 4 ans, le vainqueur de Rocroi dévaste le nord du royaume, mais n'obtient aucun succès décisif face à Turenne.
Après l'échec devant Arras (1654), c'est la défaite des
Dunes (1658), qui oblige l'Espagne à traiter. Après avoir fait sa soumission, il est rétabli dans ses biens, ses titres et son gouvernement de Bourgogne au traité des
Pyrénées (1659).
Candidat malheureux au trône de
Pologne (1668), Condé reprend du service : lors de la guerre de Dévolution, il occupe la Franche-Comté (1668). Pendant la guerre de
Hollande, il passe le Rhin (1672) et arrête l'armée de
Guillaume d'Orange à Seneffe (1674).
Chargé du commandement de l'armée de Turenne tué à
Sasbach (1675), il réussit à repousser les Impériaux et sauve l'
Alsace.
Après ce brillant épilogue, Condé se retire dans son château de
Chantilly, qu'il fait embellir par
Le Nôtre, et où, pendant quelques années, il va se comporter en grand seigneur libertin et en mécène, protégeant en particulier
Molière. C'est d'ailleurs à Chantilly que sera joué en 1668 le
Tartuffe, alors interdit à Paris. À la fin de sa vie, il se convertira. Bossuet prononcera son oraison funèbre (1687).
Source :
http://www.larousse.fr/encyclopedie/groupe-personnage/maison_de_Cond%C3%A9/114312
« Au cœur de l’histoire » sur
Europe 1
« Condé, un héros oublié », émission du 30 janvier
2012
Franck FERRAND reçoit
Simone Bertière, historienne auteur de « Condé, le héros fourvoyé » (Editions de Fallois)