Merci à Jean-Clément
Martin de son accord gracieux.
Qui est
Maximilien Robespierre ?
Nous avions commencé avec l’historien
Hervé Lewers à nous interroger sur les facettes du personnage imposées par l’histoire : celle de la légende dorée d’un côté et, de l’autre, celle autrement plus sombre d’un odieux personnage certes honnête, incorruptible, intraitable mais déterminé à l’excès et salement arrogant.
Bref, le sabre froid, méthodique et sans pitié, d’une machine de guerre écrasante.
Jean-Clément Martin poursuit la déconstruction du mythe.
Première nuance d’importance, rappelle-t-il, La terreur, ne s’appelait pas «
La Terreur » du vivant de
Robespierre. Seconde information essentielle, le
Terreur a été mise à l’ordre du jour de manière postérieure à sa mort. Troisième
point d’importance, si en février 1794, Robespierre parle de « La terreur et la vertu », ce n’est que pour mieux opposer les deux termes. Effectivement,
Cynthia Fleury souligne également ce fait dans son excellent livre « Les pathologies de la démocratie ». La philosophe écrit : «
La République doit donc veiller à ce que le
Vice ne l’emporte pas sur la Vertu, et en cela, le contrat social est indissociable du pacte moral. […] Si « la
Morale est l’ultime garante de la république. On ne s’étonnera évidemment pas des dérives totalitaires d’un tel système, car à défaut de Morale, on institue volontiers sa caricature, à savoir la terreur. »
Jean-Clément Martin poursuit en nous mettant en garde contre les croyances instillées par les vainqueurs de l’histoire.
Ainsi nous invite-t-il à nous interroger sur les réels pouvoirs du révolutionnaire… Que pouvait-il ? Que contrôlait-il ?
Afin d’illustrer son propos, l’historien reprend une anecdote significative : lorsque Robespierre essaye de sauver
Catherine Théo de l’échafaud, ce dernier échoue. C’est qu’il n’est pas seul décisionnaire. Certes était-il un acteur important, très influent de la révolution mais ceci – insiste-t-il – ne saurait être confondu avec de la toute-puissance. Par exemple, ajoute-t-il, il ne contrôlait-il plus les
Jacobins.
Pire, martèle le spécialiste de la révolution française, Robespierre récuse le phénomène de terreur, le dénommant dans son discours du 8 thermidor de : « Système des despotes ».
Dès lors, que s’est-il passé ? Pourquoi cette vindicte ?
Cette haine du personnage ? en d’autres termes, pourquoi cet acharnement ? S’agirait-il d’une construction, de la fabrication d’un monstre fomentée par des protagonistes de l’histoire ayant survécu à Robespierre ?
Une chose est sûre, Robespierre avait conscience de ses ennemis. L’avocat les désigne même de manière claire et explicite au sein du même discours : « Disons donc – proclame-t-il - qu’il existe une conspiration contre la liberté publique ; qu’elle doit sa force à une coalition criminelle qui intrigue au sein même de la
Convention ; que cette coalition a des complices dans le Comité de
Sûreté générale et dans les bureaux de ce comité qu’ils dominent »
Mais un coup bas d’ennemis jaloux, autrement dit, un retour de bâton d’esprits revanchards, n’explique pas tout. On peut s’étonner, en effet, de ce retournement rapide d’opinion, de cette condamnation unanime, d’une appropriation aussi forte et généralisée de la parole accusatoire. Car Robespierre avait des amis tout de même et pas des moindres : le président du tribunal révolutionnaire par exemple ou le maire de
Paris, pour ne citer qu’eux.
L’événement historique n’est pas sans rappeler les travaux menés par le philosophe
René Girard sur le phénomène de «
Bouc émissaire ».
Effectivement, désigner un coupable, ne pas questionner les responsabilités des survivants – met non seulement ces derniers à l’abri du couperet de la justice mais – et sans doute faut-il voir ici l’explication d’un silence unanime et complice – constitue un moyen extraordinairement efficace et rapide de stopper un bain de sang devenu insupportable à tous.
De quoi, malheureusement, entonner :
Au lynchage, citoyens !
Tournons la page marchons… Marchons !
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http://www.coleresdupresent.com/le-salon-du-livre-arras/programme/programme-1er-mai-2015
- published: 25 May 2016
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