Enquête de la RTBF : Affaire Mercenaires pourquoi Joseph Kabila a peur de Moïse Katumbi ?
Moïse Katumbi entendu par la
Justice : une volonté de faire barrage à sa candidature à la présidence?
En
République démocratique du Congo (
RDC), les tensions montent autour du processus électoral. Toujours au
point mort alors que l'élection présidentielle est sensée avoir lieu fin novembre 2016.
L’ancien gouverneur du
Katanga, le très populaire
Moise Katumbi, s'est déclaré candidat la semaine dernière. Le même jour le ministre de la Justice avait tenu un point presse accusant Katumbi d'avoir "recruté des mercenaires étrangers".
L'ancien allié de
Joseph Kabila est-il devenu l'homme à abattre aujourd'hui? Il a en tous cas été entendu pendant près de huit heures par la justice congolaise lundi. Les barrages se dressent face à sa possible candidature à l'élection. La
Belgique suit le processus électoral avec attention.
C'est une foule impressionnante qui hurle son soutien. Le soleil tape dur lundi à
Lubumbashi. Au milieu de ses milliers de partisans, Moïse Katumbi, chemise blanche, avance calmement. Il se rend au parquet de Lubumbashi pour y être entendu. Il est accusé du "recrutement de mercenaires étrangers". Ses partisans y voient une manœuvre pour lui faire obstruction alors qu'il venait d'annoncer sa candidature à l'élection présidentielle.
"C'est politisé", affirme sans détour l'un des manifestants. "La majorité au pouvoir a peut-être peur de
Monsieur Katumbi, vu son ampleur sa popularité", poursuit-il.
"Des Rambos aux armes sophistiquées"
Le ministre de la Justice congolais est en ce moment à
Bruxelles.
Nous l'avons rencontré ce mardi. Il nous explique être en possession d'un dossier étoffé contenant des photos publiées sur les réseaux sociaux sur lesquelles apparaitraient "les Rambos aux armes sophistiquées" qu'a engagés Moise Katumbi.
"Nous avons des éléments troublants dans ce dossier", affirme
Alexis Thambwe Mwamba. "Ils démontrent qu'une douzaine d'Américains sont arrivés au Katanga au service de Monsieur Katumbi et qu'ils ont été recrutés plus particulièrement parce que ce sont des experts dans le domaine des armes.
-Une milice privée selon vous?
-C'est ce que nous voulons savoir", conclut le ministre.
Alors mercenaires ou garde du corps? Selon les proches de Moise Katumbi "un" expert en sécurité rapprochée a bel et bien été engagé. "Pour organiser la sécurité de l'ancien gouverneur. Il ne dispose plus d'escorte de la police".
La Belgique attentive et vigilante
Sous pression au pays, Moïse Katumbi, a en tous cas demandé la protection de la Belgique.
Didier Reynders, depuis
Gaza où il est en déplacement nuance: "Il a demandé conseil. Il a demandé d'abord comment nous pouvions intervenir auprès des autorités congolaises pour que les choses se passent calmement et correctement. Ce que j'ai fait. Et j'espère qu'il va en être ainsi dans les prochains jours".
L'
ONG Human Rights Watch dénonce pour sa part des manœuvres d'intimidation contre le candidat à la présidence. Dans une communiqué elle écrit : "Les arrestations et les agressions commises à Lubumbashi semblent consister en autre chose que les habituels cas de harcèlement policier, mais plutôt en des actes visant précisément un prétendant à la présidence et ses proches partisans."
Le ministre Alexis Thambwe Mwamba balaie ces allégations: "
Vous savez il y a des gens qui écrivent n'importe quoi. Je me suis opposé à de nombreuses reprises à ce que la représentante de Human Rights Watch en RDC soit expulsée parce que je ne voulais pas que l'on en fasse une martyre.
Mais ce sont des gens qui vont chercher des informations à gauche et à droite, juste pour faire sensation", tranche-t-il.
"Rendre inéligible la seule personne capable de faire barrage au clan présidentiel", c'est l'hypothèse avancée par le clan Katumbi. Le pouvoir congolais, affirme lui, que "les opposants seront libres de se présenter aux élections".
Mais la tension monte en RDC, d'autant que le calendrier électoral n'est toujours pas déterminé et que le Ministre de la Justice nous confiait cet après-midi qu'il y aura "au moins 14 mois" de retard par rapport à la date annoncée pour cette présidentielle congolaise et fixée en théorie au 27 novembre 2016.