Duplessis - La Série #3 : L'Échec (1939)
L'épisode L'échec nous montre un
Duplessis, premier ministre encore roide et inexpérimenté, abusant de son penchant pour le gin et accumulant les maladresses politiques. Il se laisse dicter une portion de son programme de gouvernement par le cardinal
Jean-Marie Rodrigue Villeneuve (joué par
Roger Garand), le très réactionnaire archevêque de
Québec (qui lui suggère toutes les régressions sociales imaginables dont la moindre n'est pas le maintient de l'interdit du droit de vote des femmes). Duplessis instaure la fameuse Loi du Cadenas (Nom officiel: Loi protégent la province contre la propagande communiste. Son libellée, lapidaire: « Il est illégal pour toute personne qui possède ou occupe une maison dans la province de l'utiliser ou de permettre à une personne d'en faire usage pour propager le communisme ou le bolchevisme par quelque moyen que ce soit). Duplessis trahit une par une les figures progressistes qu'il s'était acquises en 1936, le docteur
Philippe Hamel (joué par Yves Létourneau),
Oscar Drouin (joué par
Jacques Tourangeau). Ceux-ci l'abandonnent et retournent au Parti Libéral, se regrouper autour de la pâle figure d'
Adélard Godbout (joué par Roger
Blay).
Mais l'événement déterminant qui mènera Duplessis à l'échec, c'est le déclenchement de la Deuxième Guerre Mondiale. L'ancien conservateur se souvient de s'être fait lancer des œufs par la foule en
1917, quand il faisait la promotion de la conscription, et n'entend pas subir le même sort aujourd'hui. En
1939, voulant un mandat clair (entendre: voulant que l'électorat approuve ses tendances d'extrême droite et «neutres» dans un contexte politique qui désormais, vu la guerre, les défavorise), Duplessis déclenche des élections générales anticipées. Le libéral Adélard Godbout se tourne dare-dare vers les puissances du gouvernement fédéral. S'impose alors la figure d'
Ernest Lapointe (joué puissamment par
Guy Provost), ministre de la
Justice du
Premier Ministre libéral fédéral
William Lyon Mackenzie King. Ernest Lapointe est l'homme lige de
King pour le Québec. C'est donc ce ministre libéral d'
Ottawa qui mènera toute la campagne d'Adélard Godbout avec la menace compradore suivante pour les entreprises finançant Duplessis: une cenne à l'
Union Nationale et vous perdez tous vos contrats de guerre et avec la menace suivante, encore plus insidieuse, pour les électeurs: votez pour Duplessis, ce sinistre sympathisant nazi, et tous les Canadien-français du gouvernement fédéral, moi le premier, démissionneront en bloc.
Plus rien ni personne n'empêchera alors le
Canada anglais d'imposer la conscription aux québécois. Drapé dans le
Carillon Sacré-Cœur (ce vieux fanion des canadien-français, ancêtre catholique de l'actuel drapeau du Québec), Duplessis déclare qu'il défendra son peuple de toutes ses forces contre la conscription et contre la tyrannie d'Ottawa.
Rien n'y fait. Le rouleau compresseur fédéral opère et Duplessis perd les élections de 1939. Quand la nouvelle tombe, paqueté de gin, il lâche une flopé de jurons devant son poste de radio.
Mademoiselle Cloutier hausse alors un peu le ton en lui disant sévèrement: «Blasphémez pas! Blasphémez pas!».