Que sont la
Lune, le
Soleil, les étoiles? Pourquoi se déplacent-ils au cours
du temps? Ont-ils toujours été là? De ces interrogations sont nés les grands
récits de création et les cosmogonies. Les progrès des moyens d’observation,
de l'œil nu aux satellites modernes, en passant par la lunette de Galilée
et les télescopes géants, ont transformé la contemplation en astronomie, puis
en astrophysique. La spéculation intellectuelle n’a pas disparu pour autant :
l’astrophysique moderne repose sur un constant va-et-vient entre l’observation
et l’élaboration de théories explicatives. L’entrée en lice des ordinateurs
a introduit dans le jeu un troisième élément, l’expérimentation numérique,
qui consiste à observer le comportement de modèles informatiques décrivant
les objets de l’Univers.
Qui voit loin dans l'espace remonte le temps. L’astronomie repose sur ce
constat imposé par le fait que la lumière se propage à une vitesse finie. Il en
résulte que plus les moyens d’observation sont puissants, plus ils révèlent
un Univers «jeune», voire primordial. Car l’Univers n’est pas éternel. Il a bel
et bien une histoire, que les astrophysiciens s’efforcent aujourd’hui de retracer
en détail. Selon le scénario communément admis, dit à «big bang», l’Univers
est en expansion depuis 13,7 milliards d’années. Le fond diffus cosmologique
nous montre que, âgé de 380000 ans, l’Univers était encore très dense, très
chaud et quasiment homogène. À partir des minuscules grumeaux de cette
«soupe» primordiale, la gravité a engendré les structures hautement
hiérarchisées que nous connaissons aujourd’hui avec ses étoiles regroupées
en galaxies, elles-mêmes assemblées au sein d'amas de galaxies. Ces objets
eux-mêmes naissent et meurent, modifiant les conditions de naissance, et donc
les caractéristiques, des générations ultérieures.
Est-ce à dire que le scénario est désormais écrit? Certes pas. Beaucoup reste
à apprendre sur la formation de ces objets et l’origine de leur diversité. De plus,
cet approfondissement n’est pas à l’abri de surprises de taille, voire de remises
en cause radicales. Que l’on songe par exemple à la découverte de planètes
extrasolaires, détectées depuis
1995 et vues directement pour la première fois
en novembre 2008. Ou à l’existence d’une matière noire, supposée dès 1933 et
toujours pas identifiée.
Plus mystérieuse encore est l’énergie noire, introduite
en
1998 pour expliquer l’accélération «récente» de l’expansion universelle.
Les astrophysiciens comptent beaucoup sur une nouvelle génération
d’instruments, qu’ils soient dans l’espace (
Fermi,
Herschel,
Planck,
James Webb) ou au sol (
ALMA,
ELT).
Sans oublier le
LHC, nouvel accélérateur
du
Cern, puisque la physique des particules, science de l’infiniment petit,
et l’astrophysique, science de l'infiniment grand, se rejoignent pour comprendre
les premiers instants de l'Univers.
Restent enfin les questions fondamentales de la forme et de la finitude de
l’Univers. Étonnamment, ces interrogations essentielles pourraient recevoir
des réponses avant que les «détails» fins de l’histoire des objets soient élucidés
- published: 13 Apr 2016
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