Le « réseau social » planctonique de la pompe carbone biologique enfin dévoilé

L’océan est le plus important puits de carbone de la planète. A l’instar d’un réseau social, le réseau d’organismes planctoniques impliqué dans ce puits de carbone a été décrit par une équipe interdisciplinaire réunissant des océanographes, des biologistes et des informaticiens, principalement du CNRS, de l’UPMC, de l’Université de Nantes, du VIB, de l’EMBL et du CEA.

Le catalogue d’organismes planctoniques collectés durant l’expédition Tara Oceans (2009-2013) livre peu à peu ses secrets : aujourd’hui, la première vision globale du réseau d’espèces liées à la pompe biologique des océans a mis en lumière de nouveaux acteurs et les principales fonctions bactériennes concernées dans ce processus. Elle a été obtenue en analysant des échantillons récoltés lors de l’expédition de la goélette Tara, dans des zones pauvres en nutriments, qui couvrent la plus grande partie des océans. Les scientifiques ont également démontré que la présence d’un petit nombre de gènes bactériens et viraux prédit la variabilité de l’export de carbone vers les profondeurs océaniques.

Ces découvertes permettront notamment aux chercheurs de tester la robustesse de ce réseau face aux perturbations climatiques et les conséquences sur la pompe à carbone biologique. Publiés le 10 février 2016 sur le site de la revue Nature, ces travaux soulignent l’importance du plancton dans la machine climatique.

L’océan est le principal puits de carbone planétaire grâce à deux mécanismes principaux : la pompe physique, qui entraîne les eaux de surface chargées en gaz carbonique dissous vers des couches plus profondes où il se trouve isolé de l’atmosphère, et la pompe biologique. Cette dernière fixe du carbone, soit dans les tissus des organismes via la photosynthèse, soit dans les coquilles calcaires de certains micro-organismes. Une partie du carbone ainsi fixé sous forme de particules marines est par la suite entraînée en profondeur (on parle d’export de carbone) avant d’atteindre les grands fonds où elle sera stockée (on parle alors de séquestration). La pompe biologique est donc l’un des processus biologiques majeur permettant de séquestrer du carbone sur des échelles de temps géologiques.

Ce processus largement étudié depuis les années 80 fait intervenir le plancton des océans. Ces êtres microscopiques d’une variété extraordinaire (le plancton comprend des virus, des bactéries, des eucaryotes [1] uni- et multicellulaires) produisent la moitié de l’oxygène de notre planète et sont à la base de la chaîne alimentaire océanique qui nourrit les poissons et les mammifères marins. De nombreuses études ont mis en évidence que l’intensité de la pompe biologique est directement corrélée à l’abondance de certaines espèces planctoniques. Mais l’organisation des communautés impliquées dans le puits de carbone restait encore très largement méconnue.

PuitsCarboneBiologique
En analysant des échantillons prélevés durant l’expédition Tara Oceans (2009-2013), une équipe interdisciplinaire réunissant des biologistes, des informaticiens et des océanographes, a levé le voile sur ces espèces planctoniques, leurs interactions et les principales fonctions associées à la pompe biologique dans les régions océaniques particulièrement “pauvres” en nutriments. Ces zones dominent dans les océans (plus de 70 %). Les chercheurs, principalement du CNRS, de l’UPMC, de l’Université de Nantes, du VIB, de l’EMBL et du CEA (cf. liste des laboratoires ci-dessous), se sont appuyés sur de précédents articles publiés dans Science le 22 mai 2015, notamment sur la première cartographie des interactions entre organismes planctoniques [2]. Grâce à des analyses informatiques, ils ont ainsi décrit le premier “réseau social planctonique” associé à l’export de carbone dans les régions “pauvres” en nutriments. De nombreux acteurs recensés, tels certaines algues photosynthétiques (en particulier des diatomées) ou des copépodes (ce sont des crevettes microscopiques), étaient déjà connus. Mais, l’implication de certains micro-organismes (parasites unicellulaires, cyanobactéries et virus) dans l’export du carbone était jusqu’alors largement sous-estimée.

Allant plus loin, les chercheurs ont ensuite caractérisé un réseau de fonctions, cette fois-ci constitué à partir de l’analyse des gènes des bactéries et des virus. La base de données Tara Oceans a ainsi permis d’établir que l’abondance relative d’un petit nombre de gènes bactériens et viraux prédit une fraction significative de la variabilité de l’export de carbone vers les profondeurs océaniques. Une partie de ces gènes est impliquée dans la photosynthèse et le transport membranaire, favorisant, entre autres, la dégradation et la sédimentation de la matière organique. Cependant, la fonction de la majeure partie de ces gènes est encore inconnue.

Connaître la structure de ces réseaux et la fonction des gènes impliqués dans le cycle du carbone ouvre de nombreuses perspectives, notamment la possibilité de modéliser des processus biologiques impliqués dans le cycle du carbone au sein des océans. Il devrait ainsi être possible de tester la robustesse de ces réseaux dans différentes conditions climatiques et de mieux appréhender comment les différentes espèces planctoniques influencent le cycle du carbone et la régulation du climat. Un des objectifs à venir est de reproduire ce travail pour des régions océaniques riches en nutriments afin de compléter les réseaux planctoniques révélés et ainsi de mieux comprendre leurs dynamiques au niveau global. Pour disposer d’une vision complète de la pompe biologique à carbone, des travaux futurs devront être complétés par une approche intégrée de plus grande ampleur, notamment sur la mesure spatio-temporelle de la pompe elle-même (nature particulaire, répartition du carbone dans la colonne d’eau de la surface au fond de l’océan, saisonnalité du processus…).

plancton-christian sardet

 


[1] Ce sont les organismes, uni- ou multi-cellulaires, dont le matériel génétique est compris dans un noyau (contrairement aux bactéries et aux archées).
[2] Lima-Mendez G, Faust K, Henry N, Decelle J, Colin S, Carcillo F, et al. Top-down determinants of community structure in the global plankton interactome. Science. 2015;  348: 1262073-1262073. doi: 10.1126/science.1262073

 

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COP21 : L’océan rejoint le grand concert de la négociation climatique  

Après des années de travail et de négociations, l'accord climatique approuvé à Paris ce samedi 12 décembre marque un moment historique pour la planète : il jette les bases d’une transition progressive vers une économie verte et non carbonée.

corail

Pour l’Océan, la donne a définitivement changé. Apparu dans le préambule du texte final ("notant qu’il importe de veiller à l’intégrité de tous les écosystèmes, y compris les océans…"), cette mention est le signe d'une prise de conscience mondiale quant à l’importance des liens entre Océan et Climat. L’intégration de l’Océan dans l’Accord de Paris témoigne de la reconnaissance de son intégrité comme partie prenante de l’équilibre climatique.

C’est ici une victoire symbolique pour tous les membres de la Plateforme Océan et Climat qui ont travaillé sans relâche pendant près de deux ans avec le soutien de la Commission océanographique de l’UNESCO, pour faire entendre la voix de l’Océan, et bien au-delà de la communauté Océan elle-même : elle est la première pierre d’une œuvre collective et internationale pour faire de l’Océan un élément incontournable des prochaines conférences climat.

La force de cette mobilisation menée par la Plateforme Océan et Climat a été d’être particulièrement audible par les autres communautés. Alors que l’Appel de l’Océan pour le Climat a été signé par plus de 30.000 citoyens, des pays comme Monaco et la France ont accordé une attention particulière aux enjeux océan énoncés par la Plateforme, en amont et pendant la COP21.  

Cette prise de conscience s’est traduite au niveau des chefs d’État et des délégations nationales par la signature de la déclaration Because The Ocean : 22 pays se sont ainsi engagés à préparer dès 2016 un plan d’action dédié à l’océan dans le cadre de la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique.  

Autre belle avancée : l’objectif d’une limitation du réchauffement bien en-deçà des 2°C avec une référence à 1,5°C, ainsi qu’un dispositif sur l’adaptation qui a su satisfaire les pays insulaires et les plus vulnérables.  

Bien entendu, il reste encore beaucoup à accomplir pour aboutir aux 9 revendications de la Plateforme Océan et Climat. La sortie du transport maritime du texte final en est un exemple alors que les premières versions de l’accord en faisaient mention. Il s’agit là d’une déception pour les armateurs français et européens et les ONG environnementales, qui s’étaient collectivement exprimés en faveur de cette inclusion.

Une prochaine étape importante avant la COP22 sera la décision prise en avril 2016 par le GIEC concernant la réalisation d’un Rapport Spécial sur l’Océan dans la période d’élaboration du Sixième Rapport d’évaluation sur le changement climatique AR6.

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Retour sur les #OceanforClimate days : une mobilisation sans précédent pour l’Océan

Du 2 au 6 décembre, la Plateforme Océan et Climat a organisé les #OceanForClimate Days, vaste mobilisation au Bourget et à Paris pour sensibiliser les négociateurs, les institutions, les communautés scientifiques et économiques ainsi que le grand public au rôle fondamental de l’Océan en tant que régulateur du climat et aux dangers des changements climatiques sur celui-ci. Retour sur les temps forts.

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2 DÉCEMBRE AU COEUR DE L'ACTION WEEK

Pour la première fois dans une COP CLIMAT une Session « Océan » de grande ampleur était organisée par la France en collaboration avec la Plateforme Océan et Climat dans le cadre de l’Action Week organisée par le Pérou.

Du nécessaire approfondissement des connaissances scientifiques pour mieux comprendre les interactions entre Océan et climat, à la diversité des mobilisations multi-partenariales pour préserver les milieux marins et côtiers, en passant par l’innovation technologique des acteurs industriels et l’impérative sensibilisation des populations locales et des jeunes générations. Animée par Gilles BOEUF, biologiste et professeur à l'Université Pierre et Marie Curie, cette session inédite avait pour maître mot l'action et a témoigné du dynamisme et de l’inventivité de la communauté « Océan » pour faire face aux effets du changement climatique autour d’intervenants emblématiques (GIEC, CNRS, Tara Expéditions, CMA CGM, Association Norvégienne des Armateurs, COI-UNESCO, Polynésie française, Banque Mondiale, Mauritanie, Seychelles, Chili, UICN – International, Institut de recherche pour le développement, CRPM).

La ministre de l’Ecologie Ségolène ROYAL a par ailleurs réaffirmé combien l’Océan constitue une solution majeure pour le climat. La ministre a réitéré le soutien de la France à la préparation d’un rapport spécial du GIEC sur l’Océan et la demande de la France de généraliser à l’international un système obligatoire de surveillance, déclaration et vérification des émissions de CO2 par le transport maritime.

3 DÉCEMBRE : L'ESPACE GÉNÉRATIONS CLIMAT DU BOURGET AUX COULEURS DE L'OCÉAN

Les Espaces Générations Climat étaient aux couleurs de l’Océan avec l’organisation du premier Forum Océan et Climat et plus de 20 side events et projections de films dédiés aux enjeux Océan et Climat.  Près de 1 000 participants et plus de 1 500 internautes du monde entier ont suivi les débats du Forum Océan et Climat.

Celui-ci avait pour objectif de sensibiliser les scientifiques, les acteurs associatifs, institutionnels et socio-économiques et les décideurs politiques mais également le grand public et notamment la jeunesse au rôle fondamental de l’océan dans les enjeux climatiques. Les débats ont porté sur les problèmes liés aux changements climatiques (acidification, réchauffement, augmentation du niveau de l’océan,…) mais également sur les solutions pour permettre à l’océan de continuer à jouer son rôle de puits de carbone, de premier producteur d’oxygène et de capteur de chaleur.

Plus de 50 intervenants venus du monde entier se sont succédés à la tribune avec notamment la Ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, Ségolène ROYAL, des scientifiques internationaux spécialistes de l’océan comme Lisa LEVIN du Scripps ou Éric KARSENTI, Médaille d’or 2015 du CNRS et du climat comme Jean JOUZEL, ancien Vice-Président du GIEC mais aussi des représentants de la société civile comme Pierre-Yves COUSTEAU et des représentants d’institutions internationales comme Paula CABALLERO de la Banque mondiale ou Brice LALONDE du Global Compact des Nations unies. Ce forum s’est conclu sur une session institutionnelle rappelant les engagements d’États « champions des océans » comme la Principauté de Monaco, la Suède, Fidji ou encore le Chili qui ont fait de la protection de l’océan une priorité dans la lutte contre les changements climatiques. Retrouvez l'intégralité du Forum, ici

4 DÉCEMBRE : REMISE DES 25 000 PREMIÈRES SIGNATURES #OCEANFORCLIMATE

L'Oceans Day at COP21 dans les Espaces Générations Climat a réuni des organisations internationales, des hauts représentants des Etats dont S.A.S le Prince Albert II de Monaco et Ségolène ROYAL pour rappeler l’importance de l’océan dans le régime climatique.

Romain TROUBLE, Secrétaire général de Tara Expéditions et Catherine CHABAUD, Présidente d'Innovations Bleues ont remis au nom de la plateforme les premières 25 000 signatures de l’Appel de l’océan pour le climat à la Directrice générale de l’UNESCO, Irina BOKOVA, qui a été le premier soutien de la Plateforme lancée à l’UNESCO le 10 juin 2014.

5 DÉCEMBRE : UN WEEK-END CULTUREL ET FESTIF 

Au Pavillon Tara « Océan et Climat », une série de documentaires abordant les liens intrinsèques entre océan et climat était proposée au grand public. Le continent Arctique a été particulièrement présent avec « Voyage au cœur de la machine climatique », un documentaire sur l’histoire de l’expédition TARA ARCTIC. C’est ensuite avec « Sea Blind » que la question des désastres écologiques causé par le transport maritime dans les pôles a été abordée, en présence de la réalisatrice Bernice NOTEBOOM, suivi de « Penguin Counters » de Peter GETZELS. Le film phare « océan et climat » du petit écran français lors de la COP21 « Le Climat, les Hommes et la Mer » de Christophe COUSIN, a fait salle comble. Enfin, « Polynésie : le corail fait de la résistance » de Franck GRANGETTE a été diffusé en présence de Mme Maina SAGE, députée de Polynésie, venue donner un éclairage sur ces enjeux et conclure cette journée.

Sur le plateau de Place to B, lieu concentrant les médias durant la COP21, le journaliste Alex Taylor a interrogé des personnalités de tous horizons (politiques, scientifiques, techniciens, pédagogues...) sur le rapport entre Océan et climat. L'importance que représente l'océan dans la machine climatique a été démontrée par des scientifiques de renoms tels que Françoise GAILL du CNRS, coordinatrice du comité scientifique de la Plateforme Océan et Climat. La quasi-absence des océans au sein des négociations climatiques internationales est dès lors apparu comme un véritable paradoxe et le symptôme d’un manque de connaissance mais aussi d’une non appropriation politique des enjeux océan bien que les orientations évoluent comme l’a souligné le député européen Ricardo Serao Santos. Le débat a apporté des réponses et des exemples de solutions concrètes provenant du monde « maritime », notamment en matière d’innovation techniques et d’exemplarité (transport maritime, énergies marines renouvelables, restauration et biodiversité marine….).

6 DÉCEMBRE : DES MANCHOTS DANS PARIS ET LA VISITE EXCEPTIONELLE DE BAN KI-MOON À BORD DE TARA

Cette journée a conclu les #OceanforClimate Days avec une mobilisation de la communauté océan à Paris autour de Catherine Chabaud (Innovations Bleues), Stéphane Latxague (Surfrider Foundation Europe) et Romain Troublé (Tara Expéditions) et avec une cinquantaine de manchots réalisés par les artistes Stéfano Bonadonna et Luc Richard  pour Surfrider.

En ouverture de cette journée, ce ne sont pas moins de 500 sportifs paddlistes de la Nautic SUP Paris Crossing qui ont traversé Paris au fil de la Seine pour l’océan et le climat dans le cadre de l’Armada pour le Climat. C’est avec Luc Jacquet, réalisateur de la Marche de l’Empereur, et Laurent Ballesta photographe sous-marin, en duplex depuis l’Antarctique que les conséquences des changements climatiques sur la biodiversité marine et notamment les manchots d’Antarctique ont été mise en évidence. Enfin Nicolas Hulot, après avoir participé à la course de paddle pour le climat, est venu témoigner de l’importance d’un accord ambitieux à la COP21 et de prendre en compte l’océan dans les négociations climatiques.

Cette matinée s’est conclue par la visite exceptionnelle de Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations unies, à bord de Tara pour soutenir ses actions de recherche scientifique et saluer la sensibilisation menée également par Tara et la communauté océan, grandement mobilisée pour la COP21. Le Secrétaire général a confié son inquiétude quant à l’acidification et l’avenir des populations menacées par la montée des eaux avant de rappeler l’urgence de mener des actions fortes pour préserver l’océan. « L'océan est malade, les Nations unies veulent que vous, les enfants, puissiez hériter d'une planète durable, en bonne santé », a-t-il dit en s'adressant aux enfants venus le rencontrer à bord.

 

Grâce à cette mobilisation de la communauté océan, ces #OceanforClimate Days (qui ont généré plus de 13 millions de vues sur twitter) ont permis de mettre en lumière les interactions fondamentales entre l'océan et les enjeux climatique. Pour les négociations de la COP21, la Plateforme Océan et Climat continue de réclamer un accord ambitieux permettant de limiter le réchauffement en deça des 2 degrés, avec le mécanisme de révision nécessaire, seul à même d'assurer une limitation des impacts des changements climatiques sur l'Océan et de permettre à celui-ci de poursuivre son rôle fondamental de régulateur du climat.

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Les impacts de l’acidification des océans sur les récifs coralliens

Les récifs coralliens sont parmi les écosystèmes les plus dynamiques et variés au monde. Ils fournissent un habitat idéal pour des centaines d’espèces marines et procurent de nombreuses ressources importantes et indispensables à l’economie de nombreux pays. Néanmoins, l’acidification des océans est l’une des plus grandes menaces à laquelle les coraux doivent face aujourd’hui. Il est désormais nécessaire de comprendre le problème, et d’agir rapidement pour limiter les conséquences potentiellement dramatiques dans le cas où les récifs coralliens viendraient à disparaître.  

Comment un récif corallien se forme-t-il ?

Les récifs coralliens sont une structure naturelle construite essentiellement par les colonies de coraux durs. Chaque corail est un animal invertébré composé de polypes. Le polype est un organisme constitué d’une bouche, d’un estomac, d’une paroi et de tentacules utilisés pour se nourrir et se défendre. La plupart des coraux sont constitués de centaines de ces polypes génétiquement identiques. Chaque polype secrète son propre exosquelette à base de carbonate de calcium. Ainsi, les espèces de coraux durs construisent les récifs grâce à l’accumulation progressive de ces squelettes calcaires. Les coraux sont de plus considérés comme l’un des puits naturels majeurs de carbone de notre planète.

La vidéo ci-dessus nous montre des images en gros plans de plusieurs polypes en train de se nourrir. 

Pourquoi les récifs coralliens sont-ils importants ?

Les récifs coralliens sont parmi les plus riches en biodiversité, et procurent des niches écologiques à de nombreux animaux, qui y trouvent protection et nourriture. D’après la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), plus de 25% de la biodiversité marine mondiale est abritée par les coraux, ainsi que 4000 espèces de poissons différentes.

Les coraux sont également une nécessité pour de nombreux pays côtiers. Les récifs coralliens procurent une barrière naturelle contre l’érosion et les inondations à la suite de fortes tempêtes (cyclones, ouragans ou typhons). De plus, les récifs coralliens ont une importance économique inestimable, et fournissent des biens et services indispensables tels que la nourriture, les matières pures, la filtration des eaux, ou encore le tourisme. Plus de 30 millions de personnes dépendent exclusivement de ces récifs pour leur subsistance et leur logement, en particulier celles vivant sur des iles coralliennes ou des atolls (Wilkinson 2008).

Il est difficile de calculer la valeur exacte monétaire d’un tel écosystème, mais d’après des estimations des experts de Diversitas en 2009, les biens et services procurés par les récifs coralliens ont une valeur moyenne annuelle d’environ 172 milliards de dollars.

Pourquoi les récifs coralliens sont-ils désormais en péril ?

Les coraux sont des animaux très sensibles, et supportent difficilement des faibles changements dans leurs conditions de vie. Ils font face depuis plusieurs années à de nombreuses menaces, comme la surpêche, la pollution, la destruction par le chalutage de fond, l’élévation des températures de l’eau, ou bien encore l’acidification des océans.

Il est possible que d’ici le milieu du siècle, les coraux soient incapables de survivre dans de nombreuses régions en raison de l'acidification des océans, et leurs dissolutions seront plus rapides que leurs reconstructions (Guinotte et Fabry 2008). Comme Lemonsea vous l’expliquait dans le premier article à ce sujet, plus l’acidité augmente, plus la formation d’un squelette demande de l’énergie, et les coraux deviennent donc plus vulnérables.

Clive Wilkinson révélait en 2008 que le monde avait déjà perdu plus de 20% des récifs coralliens. En 2011, un rapport du World Resources Institute indiquait que 75% des récifs coralliens risquaient de disparaître. En juillet 2015, une équipe de chercheurs internationaux menée par le Dr. Jean-Pierre Gattuso du Laboratoire d’Océanographie de Villefranche a publié une étude inquiétante sur le futur de nos océans. Si nous continuons à agir comme si de rien n’était et si les émissions de CO2 continuent au même rythme, il faudra s’attendre à des conséquences irréversibles sur les écosystèmes marins.

Sans coraux, la biodiversité marine va diminuer fortement, car cela équivaudra à une perte d’habitat viable pour de nombreuses espèces marines. De plus, les secteurs du tourisme et de la pèche dans de nombreuses économies locales et nationales souffriront fortement de la disparition des récifs coralliens. Au final, les zones littorales feront inévitablement face à plus d’érosions des plages, d’inondations et de dégâts dans les villes situées à proximité des océans.

Que faire ?

corailTout espoir n’est néanmoins pas encore perdu. Une équipe de chercheurs a déjà démontré que certains coraux peuvent réguler leurs niveaux de pH de manière interne (McCulloch et al. 2012). De plus, plusieurs scientifiques dans de nombreux pays, tel Ken Nedimyer en Floride aux Etats-Unis, ont établi avec succès des « nurseries » de coraux pour reproduire et faire grandir certaines espèces en voie de disparition et pour assurer la présence de nombreux et différents génotypes (voir photo ci-contre). Ces coraux sont ensuite transplantés près d’anciens récifs, auparavant victimes de blanchiment ou de maladies, afin que le récif se reconstruise à nouveau. La recherche sur les coraux et leur résistance à de tels évènements continue à travers le monde.

En France, l’Initiative française pour les récifs coralliens (IFRECOR), dépendant du Ministère de l’Ecologie, s’engage depuis 1999 pour la protection et la gestion durable des récifs coralliens dans les eaux françaises.

Tout dans notre environnement est connecté, et il est donc possible d’aider les récifs coralliens au niveau individuel. N’hésitez pas à consulter l’article de Lemonsea présentant 5 gestes simples pour lutter contre l’acidification des océans et pour aider les coraux à survivre au changement climatique.

Il n’est pas trop tard pour signer la pétition créée par Sylvia Earle, ambassadrice de la plateforme Océan et Climat, afin que le futur de nos océans fasse partie intégrale des négociations de la COP21.

Christina Marmet

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COP21: Visionnez aujourd’hui le Forum Océan & Climat en direct

Ne manquez pas l'événement phare au Bourget des OceanforClimate Days : la journée Océan à la COP21. Aujourd'hui, de 10h30 à 18h30 les Espaces Générations Climat de la société civile sont entièrement dédiés à la thématique « Océan » et la Plateforme Océan et Climat y organise le premier Forum Ocean et Climat.

en présence notamment de Ségolène Royal, Catherine Chabaud, Françoise Gaill, Jean Jouzel, Eric Karsenti, Lisa Svensson, Brice Lalonde, Pierre-Yves Cousteau ...

Animé par le journaliste Alex Taylor et retransmis en streaming :

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11 pays signent la déclaration « Because the Ocean » au Pavillon Tara

A la veille de l’ouverture officielle de la COP21, les représentants du gouvernement et de la société civile se sont retrouvés ce soir lors de l’événement Because the Ocean, événement de haut niveau tenu au Pavillon Tara "Océan & Climat" à Paris.

Alors que le monde espère la conclusion d’un accord fort sur le climat à l'issue de la COP21, l’Océan -élément vital de l’équation- est souvent oublié.

Parce que l’océan est le moteur le plus important de notre machine climatique, responsable de la moitié de l’oxygène que nous respirons; il nous a silencieusement préservés de conséquences beaucoup plus graves et rapides du changement climatique en absorbant 90% de l’excès de chaleur et 25% du carbone que nous produisons.

Romain Troublé, Secrétaire Général de Tara Expéditions

Romain Troublé, Secrétaire Général de Tara Expéditions

Ce soir, 11 Etats ont signé la déclaration "Because the Ocean” qui soutient:

1) Un rapport spécial sur l’océan par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)

2) Le respect de l’Objectif de Développement Durable nº14 dédié à l’Océan et aux ressources marines

3) L'engagement d'une task force inédite, un groupe de travail "Ocean" sous l’égide de la CCNUCC

Ont signé la déclaration :

•       La Ministre chargée de l’écologie, Ségolène Royal, France

•       SAS Prince Albert II de Monaco

•       La Ministre de l’Environnement du Canada, Catherine McKenna

•       Le Président de Kiribati, Anote Tong,

•       Le Président de Palau, Tommy Remengesau,

•       La Ministre de la Coopération et du Développement de Suède Isabella Lövin,

•       La Ministre du Développement Rural et Maritime et de la Gestion des Catastrophes Nationales des îles Fidji, Inia Seruiratu

•       Le Ministre des Affaires Etrangères du Chili, Heraldo Muñoz

•       Le Ministre of Regional Planning, Infrastructure and Integration, Oslin B. Sevinger,  Aruba

•       La Directrice Générale de l’Institut National de l’Ecocologie et du changement climatique, Dra. Amparo Martínez Arroyo, Mexique

•       Représentante Adjointe Permanente auprès de l’OCDE, Rebekah Riley, Nouvelle-Zélande.

 

L’initiative « Because the Ocean » est née du partenariat de 6 organisations :

•  Le Gouvernement du Chili

•  Le Gouvernement français

•  La Fondation Prince Albert II de Monaco

•  La Global Ocean Commission

•  L’Institut de recherche sur les politiques, l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri)

•  L’organisation de recherche scientifique française Tara Expeditions

 

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Climax, une web série animée pour comprendre l’Océan à la COP21

Pour le lancement de la COP21, Surfrider, membre de la Plateforme Océan et Climat a diffusé le dernier épisode de sa web série animée sur le changement climatique « Climax ». Au nombre de 5, les épisodes traitent ainsi différentes problématiques liées aux océans: la montée des eaux, les menaces sur la biodiversité, l’intensification des événements climatiques extrêmes, l’acidification et enfin les énergies marines renouvelables (EMR).

Constat, conséquences et surtout solutions sont ainsi évoqués dans des histoires racontées par différents personnages représentés sous les traits de personnages dessinés par la société de production de films d’animation en 2D « Donc voilà Productions ».

« Nous avons souhaité ramener plus d’humanité et de poésie. Avec ce choix de la technique animée nous voulions montrer des personnages que nous pouvons côtoyer dans la vraie vie et montrer ces difficultés à une échelle humaine. Nous ne voulons pas accentuer le drama, ni poser des dogmes, cette série est avant tout faite pour poser des questions, permettre aux enfants d’en parler avec leur parent » Timothée Baschet, chef de projet digital Surfrider

Pour le dernier épisode nous découvrons l’histoire d’une institutrice qui aborde avec ses élèves les formidables sources d’énergie que peuvent apporter les océans. Un sujet approfondi dans le web documentaire avec des fiches pédagogiques ainsi que l’interview de Yann-Hervé De Roeck, ingénieur et directeur général de l’Institut France Energies Marines (FEM) qui accompagne depuis 2012 la France dans sa transition énergétique et vers l’optimisation des EMR.

Ces contenus s'inscrivent dans un ambitieux projet digital d'éducation à l'environnement et au développement durable : Open Campus. Cette initiative mise en ligne en décembre, permettra au plus grand nombre de découvrir de nombreux contenus pédagogiques et ludiques sur les Océans à la maison comme en classe.

La web série et le web documentaire seront diffusés sur le site du Bourget pendant la COP 21 et vous pouvez également les découvrir ou les revoir sur le site surfrider.eu/climax.


Retrouvez la communauté Océan au coeur des négociations au Bourget le 3 décembre, ouvert à tous

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Le Climat, les hommes et la Mer, sur Thalassa

Diffusé pour la première fois le 27 novembre sur France 3  dans l'émission Thalassa, ce film de Christophe Cousin co-produit par  Tara Expéditions et Via Découvertes avec la participation de France Télévisions, explore les liens intimes qui unissent le climat, l'océan et les hommes.

En partant à la rencontre de ceux qui vivent au rythme des océans, nous découvrons les témoignages des pêcheurs, nomades des mers, météorologues des glaces et marins scientifiques, véritables sentinelles des bouleversements de la planète, à l’heure où la Conférence sur le Climat se tient à Paris.

« Avec la forêt, l’océan est une pièce majeure de la machine climatique par la chaleur qu’il stocke, le CO2 qu’il absorbe et l’oxygène qu’il nous fournit. Comme la forêt, il doit trouver sa place au coeur des enjeux environnementaux et humains de ce XXIème siècle, à Paris Climat 2015 - la COP21 - comme à l’avenir. Tara Expéditions propose ce nouveau film qui révèle, aux quatre coins de la planète, l’importance de l’Océan pour notre vie. Sa santé est l’affaire de tous. »  note Romain Troublé, Secrétaire général de Tara Expéditions.

Christophe Cousin, auteur et réalisateur de ce documentaire, est un conteur d'histoire : avec une caméra ou un stylo, il pose un regard sensible sur le monde qui l'entoure. L'été dernier, lors du tournage à bord de Tara, en mission au Groenland, alors qu'il filmait une partie des images que vous découvrirez ce soir sur France 3, Christophe nous confiait : « Dans chaque voyage, à chaque rencontre, pour chaque peuple rencontré, à chaque problématique soulevée, il y a une part de notre histoire à tous. Essayer de comprendre pourquoi on est là, ce qu'on fait là, où on va... Finalement ce qui m'intéresse dans cette multitude et dans leurs différences, c'est l'universalité des émotions... »

Pour Tara Expéditions, qui a souhaité coproduire ce film, il s'agit de poursuivre son le travail de sensibilisation auprès du public. « Ce film s'attache à faire comprendre l'importance de l'océan pour le climat », souligne Romain Troublé, « l'Appel de l'Océan pour le Climat va aussi dans ce sens. A travers le récit de 4 personnes vivant en lien direct avec la mer, Christophe Cousin remet l'humain au centre de la machine climatique ; il démontre l'importance de la bonne santé de l'océan pour le climat mais aussi pour l'Homme. Ce documentaire est un voyage initiatique, poétique, pas un film scientifique ou technique. »

Les téléspectateurs découvriront pour la première fois sur leurs écrans la campagne #OceanForClimate, menée avec la Plateforme Océan et Climat, un collectif de la Communauté Océan dont Tara Expéditions est un membre très actif. Ils pourront ainsi poursuivre l'aventure et devenir les propres acteurs de leur histoire, de celle du climat en signant l'Appel de l'Océan pour le Climat sur Change.org. Les signatures seront remises aux décideurs du monde entier lors de la COP21 qui débutera dans quelques jours, afin que l'océan trouve enfin sa place dans les négociations climatiques mondiales. « Ensemble, faisons entendre la voix de l'océan à la COP21, on a besoin de vous » conclut Romain Troublé.

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Rencontres avec...

Baisaran et son fils Kolnirdati, Badjaus Laut, nomades des mers : « Les anciens pouvaient faire venir la pluie rien qu’en soufflant sur les nuages mais nous on ne sait plus comment faire. Ils avaient des formules magiques. » Baisaran et son fils Kolnirdati font partie du dernier peuple nomade des mers, les Badjaus Laut. Ils se déplacent au rythme des vents et des courants de la Mer des Célèbes, entre  Indonésie et Philippines, avec leurs embarcations de fortune pour seul abri. S’il y a bien un peuple capable de déjouer en apparence les changements climatiques, c’est donc bien les Badjaus. Pourtant, leur monde se dérègle, inexorablement.

Slava, Polarnik : « Avant on avait la banquise. L’année dernière il n’y en avait  plus du tout. Tandis qu’il y a 3-4-5 ans la banquise s’étendait sur 2-3 kms. » Slava est polarnik à Khodovarika, une petite station météo située au bord de la Mer de Barents.  Les polarniks ne sont plus qu’une poignée à vivre dans de vieilles stations météo abandonnées par le communisme. Leur vie est rythmée par les relevés météo et par la course du soleil, quand il veut bien apparaître. Quasiment coupé du monde Slava vit là, à la jonction du temps qu'il fait et du temps qui passe sur les bords de l’Océan Arctique.

Victor, pêcheur de calamar : « Moi ça fait plus de 20 ans que je suis pêcheur et chaque jour, je vois que la température grimpe un peu plus que la veille. J’aimerais bien qu’on m’entende parce qu’on doit savoir tout le mal que l’homme fait à la mer et à la faune marine. » Victor vit à Païta au Pérou. Cette petite ville côtière a prospéré grâce à la pêche à la « pota », le calamar géant. Les eaux de l’Océan Pacifique sont en effet particulièrement poissonneuses dans cette région du monde où l’Océan reprend sa respiration grâce au courant de Humboldt. Mais ici comme ailleurs les choses changent. Victor voit bien que l’océan se réchauffe, modifiant progressivement ce courant océanique et entraînant avec lui la migration du « calamar de Humbolt »…

Gaby, Olivier et Brigitte, scientifiques à bord de Tara
« C’est vrai que la nature s’adaptera d’une façon ou d’une autre. Il y aura des espèces qui vont disparaître. Aujourd’hui on parle beaucoup du réchauffement climatique parce que c’est l’homme qui va être atteint. »
Un couple d’ornithologues, ont embarqué à bord du navire scientifique Tara pour une expédition le long des côtes du Groenland. Avec l'océanographe Gaby Gorsky, ils ont en commun un même objectif : comprendre l’impact du changement climatique sur les écosystèmes marins. C’est donc une à véritable course contre la montre que se livrent ces hommes et ces femmes face aux craintes d’un réchauffement de la planète de plus de deux degrés d’ici là fin du siècle. Leur ambition : comprendre, alerter, sensibiliser...

 

Le Climat, les Hommes et la Mer

 

Retrouvez la communauté Océan au coeur des négociations au Bourget le 3 décembre, ouvert à tous

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5 gestes simples pour combattre l’acidification des océans

La semaine dernière, l’équipe de Lemonsea vous sensibilisait à l’acidification des océans. Pour combattre ce phénomène, tout ne repose pas uniquement entre les mains des politiques. Même si vous habitez loin de la mer, chacune de vos actions est connectée aux océans. Il est possible, à travers de gestes simples et quotidiens de diminuer son empreinte écologique et son bilan carbone, et ainsi ralentir les effets de l’acidification. 

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1 - Réduire les émissions de CO2

En 2012, le bilan carbone se situait à 10,1 tonnes équivalent CO2 par personne en moyenne, d’après l’organisation Carbone 4. La grande majorité des émissions de dioxyde de carbone générées par les particuliers provient du transport ou du chauffage (et refroidissement) des maisons. Selon le Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie, le secteur du transport est en France le premier secteur émetteur de gaz a effet de serre, représentant environ 28% des émissions nationales, suivi par les secteurs résidentiel, tertiaire et du bâtiment avec 23,5% des émissions.

Par conséquent, il est recommandé de se diriger vers des solutions écologiques, comme le co-voiturage, de choisir des véhicules hybrides ou électriques, ou bien de se déplacer à vélo ou à pied. L’Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Energie recommande également de diminuer la consommation d’énergie dans les logements. Le site EcoCitoyen présente plusieurs astuces pour économiser de l’énergie dans votre maison. Si vous en avez la possibilité, orientez vous vers les énergies renouvelables, comme l’énergie solaire, éolienne ou géothermique.

2 - Utiliser des produits écologiques dans vos jardins

Les ruissellements de nutriments agricoles ou provenant de votre jardin ont des niveaux élevés d'azote et de carbone qui contribuent à l'acidification des océans (Mathis et al. 2011), en particulier si vous habitez sur la côte. Ces nutriments en excès eux aussi modifient la composition chimique de nos océans, créent des « zones mortes » (zones hypoxiques où aucun organisme marin ne peut survivre), et contribuent à affaiblir les coraux et organismes marins vivant près des côtes. Une équipe de chercheurs de la NOAA a également démontre en 2012 que l’acidification des océans est plus rapide dans les zones à fort taux de nutriments (Sunda et Cai 2012).

Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement conseille d’utiliser des engrais seulement si c’est nécessaire, de planter des plantes indigènes qui peuvent s’adapter et grandir plus facilement, et d’utiliser l'eau et l'énergie de manière durable. Réduire la pollution provenant des engrais et fertilisants agricoles pourrait offrir une solution à court terme contre la progression de l'acidification des océans.

3 – Manger moins de viande

Un rapport datant déjà de 2006 par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture révélait que les élevages de bétail dans le monde émettaient plus de gaz à effet de serre que toutes les formes de transport combinées. En 2015, ce secteur est responsable de 21% des émissions de gaz à effets de serre. De plus, la production de céréales pour nourrir le bétail nécessite d’importantes quantités d’engrais, de carburant, de pesticides, dont les excès finissent inévitablement dans les océans.

Pas d’inquiétudes pour ceux qui aiment la viande; on ne vous demande pas de devenir végétarien du jour au lendemain. D’après les équipes de Discovery News et du film Racing Extinction, ne pas manger de viande juste une seule fois par semaine équivaut à économiser plus de 7000 litres d’eau et à éviter des émissions égales à plus de 500km en voiture. Il est aussi conseillé d’encourager et d’aider les éleveurs locaux, ainsi que ceux qui utilisent des méthodes écologiques et durables dans leurs fermes. Plus votre nourriture vient de loin, plus il faudra d’énergie pour la transporter jusqu'à vos assiettes.

Sans titredf4 – Favoriser la pèche durable

Des écosystèmes marins sains et résistants seront plus en mesure de résister à l'acidification des océans. Pour cela, il est nécessaire de maintenir des populations de poissons abondantes avec une vaste diversité génétique qui pourront ainsi plus facilement s’adapter à l'évolution du monde.

Plusieurs guides d’achat et de consommation sont à votre disposition pour bien choisir vos poissons issus de la pèche durable. Par exemple, la WWF offre un guide de poche présentant les espèces à privilégier, celles à consommer avec modération et celles à éviter entièrement, en fonction des méthodes de pèche et des conséquences sur l’environnement marin.

 

5 – Informez-vous ainsi que vos proches

Un des gestes les plus importants pour lutter contre l’acidification est tout simplement d’en parler à vos amis et à votre famille. Puisque ce problème est assez récent, très peu de gens savent exactement ce qui se passe. Eduquer vos amis et collègues, utiliser les réseaux sociaux et contacter les journaux locaux ou les responsables politiques de votre région peut vraiment créer la différence.

C’est ce que fait Isabella O’Brien une jeune Canadienne de 14 ans, finaliste du Google Science Fair de 2015. Comme elle l’explique dans une interview avec Lemonsea, Isabella a découvert le problème de l’acidification des océans lors d’un voyage au Mexique. Apres quelques expériences, Isabella a démontré qu’il est possible d’amortir l’acidification en utilisant le carbonate de calcium provenant des coquilles d’huitres ou de moules jetées une fois les animaux consommés par les humains. Bien que son projet n’ait pas gagné le concours de Google, Isabella continue à utiliser les réseaux sociaux pour éduquer sa génération sur les problèmes auxquels sont confrontés les océans aujourd’hui.

Christina Marmet

Pour en savoir plus, Lemonsea sera présent durant les évènements de la COP21, et présentera une conférence le 3 Décembre durant la Session Jeunesse à l’Auditorium Nelson Mandela – Espaces Générations Climat.

Pour vous inscrire, cliquez ici

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COP21 : Interview de Jean Jouzel, “Vers une vision plus globale de l’océan dans la machine climatique”

Climatologue et glaciologue, Jean Jouzel est un interlocuteur de choix pour évoquer les enjeux de la Conférence Climat qui débutera le 30 novembre prochain à Paris. Vice-Président du groupe scientifique du GIEC, il revient sur la place de l’océan dans les négociations climatiques et confie ses attentes concernant la COP21 lors de sa venue à bord de Tara, membre de la Plateforme Océan et Climat.

N.Pansiot/Tara Expéditions

 

Est-ce symbolique de mettre le cap sur la COP21 à bord de Tara ?

C’est effectivement une très belle façon d’arriver à Paris, pour la COP21, pour mentionner une fois de plus l’importance de l’océan dans les systèmes climatiques et surtout, l’importance de préserver l’océan. La goélette a fait le tour du monde et sera l’un des ambassadeurs de l’océan lors de la COP21. J’espère que l’exposition au Pavillon Tara et le bateau génèreront beaucoup de visites et d’intérêt.

 

L’océan, son rôle dans la machine climatique sont rarement évoqués lors des négociations, voire même dans les médias… Selon vous, quelle est la raison de cette absence ?

En tant que scientifique, nous parlons des océans dans le climat, mais il est vrai que les COP en parlent peu. Et lorsqu’on évoque l’océan dans les médias c’est plutôt lié à de mauvaises nouvelles : comme l’élévation du niveau de la mer ou lors d’événements extrêmes comme les grands cyclones. On parle moins des effets bénéfiques de l’océan dans le climat.

 

L’océan nous rend pourtant de nombreux services…

Je suis Breton et nous avons la chance de bénéficier d’un climat relativement doux grâce au Gulf Stream ! En fait, on est habitué à ce que l’océan tempère notre climat. Pour les régions côtières, l’océan offre aussi des ressources. Il offre du potentiel en  termes de production d’énergie marine, même si on en parle peu, comme l’éolien en mer…

 

Qu’en est-il des rapports sur le climat du GIEC, l’océan y a-t-il une place ?

Quand on regarde les rapports du GIEC, l’océan est abordé dans toute une série de chapitres mais il n’y a pas vraiment de visibilité pour l’océan. Et je pense que c’est ce qui manque. Il faut aller vers une vision plus globale de l’océan dans la machine climatique, c’est l’objectif. Il existe une proposition d’un rapport spécial du GIEC sur l’océan et, en tant que Vice-président du groupe scientifique du GIEC,  j’y suis favorable.

En ce qui concerne les négociations elles-mêmes, je dirais qu’il n’existe pas de « symétrie » entre ce qui se passe « sur terre » et ce qui se passe « en mer » et ce pour plusieurs raisons. D’abord parce que les terres émergées appartiennent à des pays, à l’exception de l’Antarctique. Ce qui n’est pas le cas de l’océan et c’est très bien ainsi ! Ensuite, quand lorsqu’on regarde les émissions de gaz à effet de serre, mis à part le transport maritime, les émissions de CO2 ne proviennent pas d’activités humaines en lien avec les océans. Il n’y a pas non plus de symétrie concernant les écosystèmes qui stockent le CO2, ce qu’on appelle des puits de CO2.  Sur le continent, pour maîtriser ces puits de carbone, il suffit de gérer la déforestation, en tout cas si les pays le décident, ils peuvent avoir des effets sur la déforestation. C’est beaucoup moins facile de maîtriser les puits de CO2 dans l’océan… Je pense qu’il s’agit là d’une raison fondamentale pour laquelle l’océan n’occupe pas encore une grande place dans les négociations.

 

Quelles sont vos attentes pour cette 21ème Conférence Climat ? 

J’aimerais qu’il y ait une vraie dynamique, que ce ne soit pas une fin, mais un début. Par rapport à l’objectif de maintenir le réchauffement à 2 degrés maximum à long terme, je dirai que nous avons seulement parcouru la moitié du chemin. Il faudrait limiter le réchauffement à 1,5 degré. Pour le moment, ça reste faisable, mais nous n’en prenons pas le chemin ! Selon les mesures actuelles, nous serons plus proche de 3 degrés à long terme. Je dis souvent que si nous voulons limiter le réchauffement à 2 degrés, nous devons mettre de côté l’essentiel des combustibles fossiles qui sont à notre disposition. Ce qui veut dire qu’il faut les remplacer, parce que nous ne pouvons pas évoluer dans un monde sans énergie. Il faut donc développer des initiatives dans le domaine des énergies renouvelables, soutenir l’innovation, apporter des solutions aux problématiques de stockage d’énergie, développer les énergies marines…

 

La prise de conscience doit être suivie d’actions concrètes…

Le premier levier du changement c’est l’efficacité énergique ! Les engagements qui sont pris actuellement sont significatifs pour beaucoup de pays, mais encore insuffisants. S’ils sont respectés, ils se traduiront par des changements dans le mode de développement des sociétés des différents pays. Cela suffirait ensuite à accélérer le mouvement pour réussir à rester en dessous de la barre des 2 degrés, mais c’est un véritable pari.

Il aurait été beaucoup plus facile de s’y prendre il y a environ 20 ans alors que le premier rapport du GIEC arrivait à la même conclusion que celle à laquelle nous arrivons aujourd’hui. Les membres du GIEC prévoyaient que si rien n’était fait pour lutter contre le réchauffement climatique, le niveau d’élévation de la mer serait de 65 cm en plus à la fin du XXIème siècle. Aujourd’hui, la conclusion est la même et nous arrivons toujours au même chiffre ! Ils prévoyaient également un réchauffement de l’ordre de 3 degrés dans la deuxième partie du XXIème siècle. On s’y est pris trop tard. Mais si les engagements pris aujourd’hui par les pays sont respectés, que les mesures de diminution d’utilisation des combustibles fossiles sont suivies, que les énergies renouvelables sont développées… il y aura des effets.

 

Propos recueillis par Noëlie Pansiot

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