Les conquêtes napoléoniennes déclenchent tantôt l'admiration, comme celle du poète allemand
Goethe qui reçoit la
Légion d'honneur par décret du 12 octobre 1808 de
Napoléon ou du philosophe
Hegel, tantôt la haine, comme celle des Espagnols lorsque l'empereur envahit leur pays, ce qui développe une légende noire avec le premier pamphlet diffusé dans toute l'
Europe, le Catéchisme espagnol, préparant les explosions nationales qui mettront fin au
Grand Empire.
Sous le
Consulat puis le premier Empire, la caricature, arme privilégiée des opposants, était d'abord du fait des
Anglais puisqu'elle ne pouvait beaucoup se développer en
France à cause de la censure, puis celle des royalistes le qualifiant d'usurpateur, de même que les républicains.
Elle explose en France en
1814, à la première chute de l'Empereur. Les pamphlets alors les plus cinglants sont De
Buonaparte et des
Bourbons, écrit par le royaliste
François-René de Chateaubriand et De l'esprit de conquête et de l'usurpation par le libéral
Benjamin Constant. Les critiques sont aussi reprises avec talent par le graveur Louis-François
Charon. Concrètement, elles mettent en cause l'Empereur pour avoir « enflammé l'Europe et provoqué des centaines de milliers de morts », avançant des chiffres gonflés comme celui de 1,7 million de
Français victimes des guerres napoléoniennes (« chiffre deux fois supérieur au total communément admis »). Napoléon Iᵉʳ est qualifié d'ogre ou de cannibale et son pouvoir est présenté comme assis sur un « trône de cadavres », fondé sur une « série de crimes » (l'exécution du duc d'Enghien et des principaux chefs de la conspiration
Cadoudal).
Lors de la période des Cent-Jours ou de la Restauration, les avis se retournent (une quinzaine de personnalités sont toujours restées fidèles à l'empereur), oscillant entre la légende dorée et la légende noire, les plus grands adeptes du retournement politique étant
Charles-Louis Huguet de Sémonville,
Joseph Fouché et
Talleyrand. Sous la Restauration, sa politique religieuse, celle à l'égard de la papauté, est aussi mise en cause alors que l'idée que
Bonaparte ne soit même pas français de naissance est avancée par
Chateaubriand. Cependant, dans le contexte de l'époque, cette légende noire ne parvient pas à éclipser le « mythe du grand homme », ce qui aboutira au retour de ses cendres sous le règne de Louis-Philippe Iᵉʳ.
Alors que la légende noire est réactivée par celle de son neveu
Napoléon III dont la politique (et surtout la perte de l'
Alsace et la
Lorraine) est vivement critiquée par
Victor Hugo,
Henri Rochefort ou
Maurice Joly, des hommes politiques comme
Maurice Barrès se retournent vers Napoléon, ses conquêtes victorieuses devant inspirer le sentiment de revanchisme. Au début du régime de
Vichy, cette légende noire réapparaît sous la plume du royaliste
Charles Maurras avant une nouvelle fois de se retourner après la bataille de
Mers el-Kébir qui voit croître l'hostilité française contre le Royaume-Uni. En
1968, au cours d'une série de conférences télévisuelles de la
Télévision suisse romande, l'historien
Henri Guillemin propose une vision documentée et critique d'un Napoléon arriviste et intéressé, uniquement préoccupé de sa réussite personnelle et de celle de sa famille. En
2005,
Claude Ribbe écrit Le
Crime de Napoléon, un pamphlet contre ce dictateur « misogyne, homophobe, antisémite, raciste, fasciste, antirépublicain » qui a rétabli l'esclavage.
Source :
Wikipédia — https://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9gende_noire
━━━━━━━━━━━━━━━━━━━━━━━━━━━━
Au cœur de l’histoire, animé par Franck FERRAND sur Europe 1.
« Napoléon : la légende noire », émission du 26 août
2013.
Franck FERRAND recevait
Jean TULARD, historien membre de l’
Académie des Sciences morales et politiques.
- published: 25 Feb 2016
- views: 37