Les croisades (1095 – 1272) | 2000 ans d’histoire | France Inter
Les croisades du
Moyen Âge sont des pèlerinages armés, prêchés par le pape, une autorité spirituelle de l'
Occident chrétien comme
Bernard de Clairvaux ou un souverain comme Frédéric
Barberousse.
La définition traditionnelle, retenue pour cet article, englobe la période 1095-1291, du concile de
Clermont à la prise de Saint-Jean-d'
Acre, en se limitant aux expéditions en Terre sainte. Une vision plus large va jusqu'à la bataille de Lépante (1571), pour inclure la
Reconquista espagnole, en incluant toutes les guerres contre les Infidèles et les hérétiques sanctionnées par le pape, qui y attache des récompenses spirituelles et des indulgences.
La première croisade débute en 1096 avec des milliers de pèlerins piétons, pour réoccuper une partie des terres perdues lors de l'expansion arabe du ixe siècle, et ainsi rendre
Jérusalem accessible au pèlerinage.
Elle aboutit à la fondation des
États latins d'Orient, dont la défense justifie les sept autres croisades principales, de 1147 à 1291, date de la perte des dernières positions latines en
Orient. À partir de la quatrième croisade, qui s'empare de
Constantinople en 1204, l'idée est parfois dévoyée: des expéditions sont organisées par le pape contre ses opposants chrétiens (
Albigeois, Hohenstaufen,
Aragon, Hussites…) ou païens (baltes). Si elles permettent le maintien des États latins d'Orient, les croisades n'ont plus pour objectif Jérusalem.
L'esprit de la croisade :
Dès l'origine de la croisade, l'expédition est une entreprise féodale réservée à la chevalerie. L'accomplissement du vœu de croix devient une étape indispensable à la formation du parfait chevalier. Dans l'imaginaire chevaleresque, le christ devient le parfait seigneur pour lequel on peut se sacrifier. Le chevalier croisé est donc un miles christi, « chevalier du
Christ ». Les chroniqueurs comparent les croisés au peuple élu qui écrit une nouvelle histoire sainte. Les prédicateurs n'hésitent pas non plus à parler des richesses qui attendent les croisés en Terre sainte. Ils parlent d'une terre riche et fertile qui comblera leurs espérances.
Le fait que des milliers d'hommes et de femmes se soient mis en mouvement et aient accepté de braver le danger et la souffrance pour l'amour de
Dieu est la preuve que les masses humaines de la fin du XIe siècle étaient très réceptives à la promesse de l'indulgence plénière mais surtout à l'espoir que la récupération du Saint-Sépulcre serait le début d'une ère nouvelle dans l'histoire de l'Église et du monde. L'attente eschatologique et millénariste est très forte dans le peuple. Empêcher la venue de l'Antéchrist, hâter la parousie font partie de ses préoccupations. Ceux qui ont répondu à l'appel de la croisade, sont aussi convaincus que Dieu leur a assigné une tâche : libérer les lieux saints et purifier le monde du mal afin de préparer son retour. Les armes de la victoire sont pour ces masses, la pénitence symbolisée par la croix cousue sur le vêtement, les jeûnes, les prières, les processions, d'où les nombreuses mortifications que s'infligent les pèlerins. Les croisades révèlent pour la première fois en Occident l'existence d'une spiritualité populaire tournée vers l'action, moyen de gagner le salut.
Dans les milieux populaires, la croisade fait appel au merveilleux. Les foules voient des signes et des prodiges manifestant la volonté divine au moment des prédications, ce qui les entrainent à partir. Des rumeurs circulent sur les croix marquées dans la chair des croisés morts ou vivants. Ces « prodiges » sont accompagnés de prophéties et entretiennent l'idée que la fin du monde approche. L'attente de la parousie se colore de légendes politiques. Le roi des derniers jours prendra sa couronne sur le
Golgotha et sera un
Franc. De même, la soumission du « roi des Grecs » est dans toutes les traditions, le prélude au retour d'un âge d'or. La foule cherche aussi à imposer l'idéal de pauvreté et de pénitence aux grands notamment lors de la première croisade. Les attentes millénaristes ont pour corollaire le fanatisme et la violence contre les juifs et les musulmans. Les millénaristes « tendent à faire table rase du groupe des autres ». Les croisades répondent ainsi à l'attente des fidèles aspirant à un salut qui semble difficile à atteindre dans la vie quotidienne.
Source :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Croisades
«
2000 ans d'histoire » sur
France Inter
« Les croisades », émission diffusée le 6 avril 2004
Patrice GÉLINET consacre son émission aux croisades en s'attardant sur la première d'entre-elles, en 1095, et reçoit le journaliste
Charles HENNEGHIEN pour son livre "Sur les traces des croisades".