Joris-Karl Huysmans n'est pas que le chantre ardent du symbolisme. Dans À rebours, Huysmans rompt avec l'esthétique naturaliste. Artistes primitifs et impressionnistes vont alors bénéficier de son talent pour la critique d’art.
En publiant À rebours en 1884, Joris-Karl Huysmans crée une esthétique fin de siècle qui va enthousiasmer les lecteurs et en particulier la « jeunesse artiste ». Les « tendances vers l'artifice » de son héros, des Esseintes, son rejet de la modernité, ses goûts décadents, ses manières de dandy excentrique et ses caprices d’esthète prouvent que Huysmans a su faire la synthèse des influences morbides de
Baudelaire ou d’
Edgar Poe, des propensions au rêve exprimées par les poèmes de
Stéphane Mallarmé ou les tableaux de
Gustave Moreau, et du réalisme exigeant des œuvres de la littérature latine de l’époque de la décadence romaine. À rebours reste une œuvre à part dans l’histoire de la littérature et une expérience romanesque jamais réitérée par son auteur. C'est un roman total intégrant au cœur de la narration romanesque des réflexions sur l’art et la littérature, qui, suivant la pensée de
Pascal, s'affirme nécessairement contre le goût des multitudes.
À partir de 1876, Joris-Karl Huysmans collabore, en tant que chroniqueur d’art, à différents journaux pour lesquels il rédige des comptes rendus des Salons de peinture. À cette occasion, Huysmans découvre les tableaux de plusieurs jeunes artistes indépendants qui exposent à l’écart des Salons officiels, où leurs œuvres sont systématiquement refusées par le jury. Joris-Karl Huysmans s’enthousiasme pour un certain
Édouard Manet, dont il vante un tableau intitulé
Nana (inspiré par l’héroïne de
Zola) : « Nana est incontestablement l’une des meilleures toiles qu’il ait jamais signées.
Elle est supérieure à beaucoup des lamentables gaudrioles qui se sont abattues sur le
Salon de 1877 ». Dès lors, Huysmans prend la tête du combat visant à imposer l’impressionnisme au public, auquel il fait successivement découvrir les œuvres de
Monet,
Degas,
Caillebotte,
Henri Gervex,
Cézanne,
Pissarro,
Gauguin,
Seurat,
Jean-Louis Forain… Joris-Karl Huysmans fut par ailleurs un opposant farouche à l’art académique dont il fustige les principaux représentants :
Alexandre Cabanel,
Jean-Léon Gérôme, Carolus-Duran.
Vers 1889, Huysmans découvre les œuvres d’
Odilon Redon, de Gustave Moreau, de
Jean-François Raffaëlli et de
Félicien Rops et participe largement à faire connaître au public le mouvement du symbolisme en peinture. Joris-Karl Huysmans réunira par la suite ses nombreuses chroniques d’art dans deux recueils : L’
Art moderne (1883) et Certains (1889).
Claude Monet, après les avoir lu, dira : «
Jamais on a si bien, si hautement écrit sur les artistes modernes. » Et Stéphane Mallarmé verra en Huysmans « le seul causeur d'art qui puisse faire lire de la première à la dernière page des Salons d'antan, plus neufs que ceux du jour. »
Après sa conversion au catholicisme vers
1895, Joris-Karl Huysmans redécouvre l’art religieux (
Fra Angelico…), et en particulier la peinture des primitifs. Huysmans signe alors de très beaux textes sur
Matthias Grünewald,
Roger van der Weyden,
Quentin Metsys, le
Maître de Flémalle.
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Wikipedia the free encyclopedia Artracaille 25-06-2013
- published: 01 Mar 2014
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