La Monarchie de Juillet 1830-1848 (1/3). Un jour dans l'histoire sur
Canal Académie de
Christophe Dickès avec
Gabriel de Broglie (historien). 07.08.
2011
Délaissée pendant longtemps par l'historiographie, la Monarchie de Juillet fait l'objet d'une réhabilitation depuis quelques années.
La monographie que lui consacre Gabriel de Broglie chez Fayard participe de ce mouvement en offrant un regard extrêmement complet sur cette époque née des
Trois Glorieuses.
Marquée par les victoires et la gloire napoléoniennes, la
France a oublié les bienfaits des régimes pacifiques. D'ailleurs, une des raisons de l'oubli dont a été victime la Monarchie de Juillet se trouve sans doute dans cette affirmation.
Pourtant, grâce à la paix retrouvée, la France de Louis-Philippe a même l'art et la manière d'instruire les enfants
... En somme, la Monarchie de Juillet reprit certes le chemin de la
Révolution - puisqu'elle naquit des Trois Glorieuses -, mais en l'arrêtant à l'extrémisme de 1793 et en asseyant une monarchie parlementaire incarnée par un roi lui-même figure du bourgeois.
Cette classe bourgeoise qui aurait voulu que la Révolution se termine en 1791, avec un bon roi et un bon parlement.
Gabriel de Broglie qualifie la Monarchie de Juillet de régime « du juste milieu » car il fut entre autres fondé sur le soutien de cette « médiocrité bourgeoise plus ou moins satisfaite » qui n'a pas su prendre en compte l'intérêt du plus grand nombre, ce que verra parfaitement Louis-Napoléon en instaurant le suffrage universel...
Au cours de cette émission, Gabriel de Broglie embrasse l'époque en décrivant de manière très précise cette société qui conjuguait à la fois les idéaux de 1789, la paix européenne et la prospérité économique.
Rien n'échappe à son analyse dans ce livre qui n'est en rien une hagiographie et ne cède nullement aux penchants déterministes : « Le fait historique dit l'auteur, au moment où il se produit, contient une large part d'indétermination. Sa nécessité n'apparaît que plus tard, lorsque le nombre et la diversité des forces à l'œuvre ont produit leurs effets, et surtout lorsque le changement est accompli.
L'histoire des germes est souvent plus significative que celle des achèvements ». C'est ainsi que l'auteur vise à mesurer à la fois les tares et les chances, la grandeur et les fautes d'un règne qui s'effondre sous les coups conjugués des forces révolutionnaires renaissantes et du malentendu créé par la trace indélébile de l'usurpation...
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invité:
*Gabriel de Broglie
historien, chancelier de l'
Institut de France
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livre:
*La Monarchie de Juillet 1830-1848
Gabriel de Broglie
Fayard 2011
« Le changement dynastique n'est que l'un des effets de la révolution de 1830.
Les Trois Glorieuses et la monarchie qu'elles engendrèrent, portées par les parties les plus dynamiques de la société - gens de plume, artistes, entrepreneurs, jeunesse étudiante -, par l'impressionnante galerie des « hommes nouveaux », par la frange la plus éclairée de l'aristocratie et des catholiques, ne sacrifièrent guère à l'utopie.
La volonté d'implanter en France des mœurs et des institutions libérales était un projet solide, réaliste, conçu pour l'avenir. C'est lui qu'il faut créditer du progrès des libertés, du développement économique, du maintien de la paix au prix de quelques déconvenues et même de l'exceptionnelle floraison romantique.
Si ces avancées, cette acclimatation au parlementarisme, cet enrichissement , certes bien inégalitaire, du pays ont fini emportés par le torrent de
1848, c'est en partie parce que les équipes dirigeantes, à l'épreuve du pouvoir, n'ont pas bien su accompagner le projet : défaut d'imagination devant l'événement, routine, rivalités personnelles, aveuglement ou sincérité douteuse du roi, scandales, résistance au changement, particulièrement en matière sociale, tout vint pervertir et gauchir une construction qui aurait peut-être assuré à la France un avenir meilleur.
On aurait tort de condamner les idées et les aspirations des hommes de 1830 au motif que le régime a sombré dans le discrédit et a partiellement échoué à unir la nation.
Nourri de l'intime connaissance que son auteur a de l'orléanisme, éclairé par de longs passages dus à d'illustres témoins - de
Hugo à
Chateaubriand, de
Tocqueville à
Guizot, de Rémusat à
Louis Blanc... -, enrichi des recherches et des problématiques les plus récentes, ce livre offre la synthèse précise et vivante qui manquait.
Un grand pan de notre histoire, longtemps négligé, nous est ainsi révélé. »
- published: 08 Dec 2011
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