Les carrières antiques de Vernonnet 2/2

• Report rights infringement
• published: 24 Dec 2012
• views: 1423

Les fronts de carrière, parfois confondus avec des falaises naturelles, atteignent 15 à 20 mètres de hauteur. Sur les plates-formes, entre le front et le versant du coteau, la distance peut atteindre 50 à 100 mètres. L'extraction à ciel ouvert permet l'exploitation de l'intégralité des différentes couches, cela laisse à penser que les volumes extraient à ciel ouvert furent bien supérieurs à ceux obtenus en souterrain. Quelques fronts ont été recouverts à leur base, ultérieurement à leur exploitation, pour pouvoir atteindre et exploiter en souterrain le niveau des couches de qualité supérieure. C'est le cas de la carrière Notre-Dame où l'on voit grâce à un sondage effectué récemment, que la base du front de taille est à un niveau bien plus bas que le niveau actuel. Il est possible que certains fronts aient atteint entre 25 et 30 mètres de hauteur ou plus. Les informations sur la qualité de la pierre, sa finesse, les techniques, le savoir-faire, l'usage, qui en est fait, proviennent de sources qui privilégient toujours l'utilisation noble du calcaire, les blocs pour la construction militaire ou religieuse et la sculpture. Ils négligent toutes ses autres utilisations, notamment civiles, pourtant importantes en matière de volumes extraient. Pour ce qui est du transport, l'iconographie du 20° siècle avec l'embarquement de la pierre sur les berges du Vieux-Moulin où en bas de la ravine nous donne une idée erronée de ce que fut le commerce de la pierre par voie fluviale à Vernonnet. L''île du talus et ses infrastructures n'étaient pas seulement destinées à permettre le passage des embarcations sous l'arche marinière, mais étaient bel et bien un port dont la pierre devait être la principale marchandise depuis le douzième siècle. La minoterie Planter possédait son propre quai d'embarquement au pied de l'ancienne muraille du château fort, reconvertie en entrepôt vers 1765. C'est, en 1859/1860, que la moitié amont de l'île du talus et ses quais furent démolis pour permettre la construction du pont Napoléon. Ce choix priva Vernonnet de l'infrastructure fluviale qui avait assuré sa prospérité durant près de 700 ans. Les promesses de Vernon de bâtir un autre port à Vernonnet ne furent jamais tenues. Les carrières sont totalement méconnues contrairement à celles de Caumont ou celles du calcaire lutétien de Paris ou Saint-Leu-d'Esserent dont l'histoire est similaire à celle de Vernonnet, de l'époque gallo-romaine jusqu'à la période tragique de l'occupation allemande. C'est vrai que pour avoir été, dès l'après-guerre, interdite d'accès par leurs différents propriétaires ou utilisateurs, le LRBA, les transmissions militaires où les champignonnières, elles ont été un peu oubliées. À Paris, Caumont, où St-Leu, l'on annonce deux millénaires d'exploitation à partir de quelques vestiges de l'époque gallo-romaine. À vernonnet, un rempart d'un kilomètre au parement en dalle et Pierre taillée remontant à 150 ans avant notre ère et un sanctuaire gallo-romain dans l'un des plus grands oppidums de la gaule belgique témoigne d'une extraction et transformation du calcaire à l'époque antique. C'est d'ailleurs probablement la proximité des carrières, outre la localisation stratégique dans leur territoire, qui a été déterminant dans le choix du site de Vernonnet pour la construction d'un oppidum. Pour ce qui est des différentes périodes du premier millénaire, l'archéologie d'intervention d'urgence est en train de remettre en question depuis une quinzaine d'années les véritables dogmes qui décrivent les zones urbaines délaissées durant de longues périodes de l'histoire de France. Dans notre région aussi, commence à s'esquisser une histoire qui va à l'encontre des idées reçues d'un abandon des villes et villages par les populations indigènes, fuyant les méchants Vikings et autres barbares. La particularité de Vernoinel ou Vernoinello, deux des anciens noms de Vernonnet berceau de Vernon, est d'être la porte Sud du Vexin normand au carrefour de trois axes économiques important, deux fluviaux, l'Epte et la Seine et un routier Nord/Sud, de cette riche région agricole. Le terme pierre de Vernon englobe en fait la pierre extraite dans les nombreuses carrières de Vernonnet, plus celles de Port-Villez dans les Yvelines et le petit filon de Giverny sur le flanc Est du val d'Heurgival que le village de Monet partage avec Vernonnet. L'importance et le rôle économique de Vernonnet étaient sans commune mesure avec sa démographie, c'est d'ailleurs ce qui provoqua son annexion en 1804 par Vernon. Avant cette date la ville de Vernon n'avait jamais eu la moindre carrière dans son territoire qui est composé d'anciens marais asséchés, remblayés en grande partie par des matériaux des carrières vernoinelienne. Jacques Frélicot (Suticos le Véliocasse).