La France-Afrique n'est pas morte, comme tentent de le faire croire, les discours officiels.
Elle s'est juste transformée en une Atlantafrique. En visite officielle aux Etats-Unis, le ministre de la Défense français,
Jean-Yves Le Drian, dans un discours prononcé devant le
Center for Strategic and
International Studies, a jeté le masque et livré quelques menus détails sur la stratégie militaire que la
France entend mener en
Afrique. M. Le Drian a bien évidemment loué les liens historiques qui unissent l'hexagone au continent africain, avant de révéler les raisons pour lesquelles, ce continent garde une si grande importance aux yeux de
Paris, et, maintenant, à ceux de
Bruxelles.
Selon le Ministre, je cite : « L'Afrique du 21e siècle présente à la fois un potentiel immense de croissance économique et de développement humain et des défis de défense et de sécurité qui sont de premier ordre » fin de citation. Autrement dit, il vaut mieux que les parts de marchés du continent africain profitent au camp atlantiste et néo-libéral, plutôt qu'à n'importe qui d'autre. On sera grée au ministre de s'être abstenu, pour une fois, d'avancer l'argument éculé de l'aventure humanitaire pour justifier le retour, ou plus exactement le renforcement militaire, de la France et de l'
Union européenne, sur le continent africain.
En effet, malgré des coupes drastiques dans le budget de l'
Armée française, réduisant ses capacités opérationnelles, mais surtout les capacités d'innovations et de production de l'industrie d'armement nationale, une base opérationnelle avancée française devrait s'établir à
Abidjan.
La Côte-d'Ivoire est pourtant loin d'être pacifié et les milices continuent à faire régner la terreur sur les populations ivoiriennes insoumises au pouvoir quasi-dictatorial du président Ouattara. Le bilan de l'insécurité ambiante, le chômage, la misère, l'exacerbation de la fracture sociale, les scandales de corruption et le bâillonnement des libertés ne cessent d'entamer la très faible popularité dont jouissait encore le président imposé par Paris. Pour remercier d'ailleurs celui qui le maria, puis qui le fit roi, en destituant militairement le président
Gbagbo, Ouattara a discrètement convié
Nicolas Sarkozy à célébrer son 72ème anniversaire dans son immense propriété, loin des regards indiscrets. Malgré son âge avancé qui, selon un certain Attali, devrait mener à une euthanasie malthusienne pour préserver l'humanité, Ado vient d'annoncer officiellement sa candidature et il mène déjà campagne, sous le couvert d'une visite d'état à travers le pays.
Pour de nombreux observateurs de la vie politique ivoirienne, Ouattara et ses partisans pourraient transgresser les règles démocratiques pour se maintenir au pouvoir en
2015. Qu'importe la légitimité dont il se revendiquera d'ailleurs s'il reçoit la bénédiction de son homologue français qui ne représente plus lui-même que 15 % de satisfaits. Les pions que sont Ouattara et
Hollande, seront maintenus au pouvoir tant qu'ils serviront correctement la même oligarchie. C'est ce qu'ont compris les prétendants ou les chefs d'état en place qui assurent
Washington via Paris, de leurs vassalités en échange d'une «nomination » ou de leur maintien à leur poste. Comme c'est actuellement le cas en
République Centre Africaine, avec l'adoubement par
Laurent Fabius de
Catherine Samba-Panza, qui sait pouvoir compter sur le soutien de la France. D'ailleurs M.
Bricolage a été l'un des premiers chefs d'état à saluer son « élection » tout en précisant que : je cite : «
La France se tient à ses côtés dans cette tâche difficile ».
On sait que le président français aime se tenir très près des femmes, voir même tout près comme le précisait
Tristan Bernard. Si près que l'on se demande d'ailleurs qui décide à
Bangui, comme on se demande qui commande à Paris.
Qui a d'ailleurs décidé de laisser s'envenimer des situations laissant ressurgir des haines religieuses et/ou ethniques qui avaient pourtant quasiment disparues sous l'influence de la colonisation européenne ? Alors comme le précisait en introduction le Ministre de la défense français, « L'Afrique du 21e siècle présente à la fois un potentiel immense de croissance économique et de développement humain et des défis de défense et de sécurité qui sont de premier ordre ». Dommage que les africains soient les derniers à en profiter. La guerre économique et néo-coloniale qui se développe au nom de la mondialisation, a au moins eu le mérite de clore cette partie de l'histoire que certains historiens ont, à tort, nommé la « décolonisation ».
- published: 27 Jan 2014
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