Le coût de la grève étudiante
Ledevoir.com
Le système néolibéral présentement au pouvoir ne cesse de s’attaquer au filet social. Laissez-moi trouver inacceptable que ce soit toujours les copains du parti, les riches et autres magouilleurs qui soient toujours amortis. Vous et moi, citoyens comme tout autre, tomberont lamentablement entre les mailles du filet. Permettez-moi de m’enrager. Permettez-vous de rager.
Voyons comment notre cher gouvernement, celui qui nous coûte cher, oui, nous gouverne :
Bien que l’éducation soit sur tous les fronts présentement, n’oublions pas toutes les autres hausses de frais que nous impose notre gouvernement provincial : taxe santé, coût de l’hydroélectricité, TVQ, services de garde… Il faut aussi tenir compte que toutes ces mesures favorisent toujours les mieux nantis. Ces hausses ne tiennent pas compte du revenu de chacun. Il n’y a aucun palier d’imposition, un taux fixe est établi et est/sera le même pour tous. Ce qui, en somme, contribue encore à enrichir les riches et à appauvrir les plus pauvres.
Bilan rapide des hausses
Frais de scolarité : Hausse de 325$ par année, il en coûtera 5329$ par année pour étudier.
Taxe santé : 100$ cette année, pour grimper à 200$ l’an prochain, donc environ 945 millions pour l’État.
Hydro-Québec : augmentation de 1,7% des tarifs à partir du 1er avril 2012.
TVQ : grimpera à un taux de 9,5% à compter du 1er janvier 2012.
Services de garde : de 7 à 10$ par jour.
Le gouvernement nous pousse vers une marchandisation pure des services publics qui nous sont offerts.
« Pour un ménage du 2e quintile (24 410 $ en revenus annuels), la révolution tarifaire représente une augmentation de 17,98 % des tarifs à payer vis-à-vis de ses revenus si l’un de ses membres va à l’université et de 7,45 % s’il envoie un enfant en service de garde.
À l’opposé, pour un ménage du 5e quintile (194 500 $ en revenus annuels), la révolution tarifaire ne représente qu’une augmentation de 2,40 % des tarifs à payer par rapport à ses revenus si l’un de ses membres va à l’université et de 1,08 % s’il envoie un enfant en service de garde. » IRIS, La révolution tarifaire au Québec, octobre 2010.
Par Simon Tremblay-Pepin
L’IRIS lance aujourd’hui à la fois son blogue, son compte twitter et une série de vidéos sur la hausse des frais de scolarité. En diversifiant nos façons de communiquer, nous croyons pouvoir rejoindre un plus large public. Souvent un petit billet de blog se lit mieux qu’une note socio-économique, parfois une capsule vidéo convainc plus aisément qu’une étude.
Pour les neuf prochains lundi, vous trouverez donc ici des capsules qui s’attaquent aux mythes entourant la hausse des droits de scolarité universitaires. Largement inspirées de notre brochure sur la question, ces vidéos permettent à mon collègue Eric Martin et à moi-même de donner l’essentiel des arguments en deux minutes.
Pour cette entrée en matière, Eric s’attaque au premier argument des défenseurs de la hausse : le sous-financement universitaire. Non seulement il démonte l’idée selon laquelle nos universités seraient pauvres, mais en plus il souligne à quel point c’est l’attribution des ressources à l’intérieur même des université qui pose problème.
L’argument du sous-financement est la justification maîtresse derrière la hausse. Elle a été mise de l’avant par la CRÉPUQ dans son rapport Urgence d’agir pour les universités qui a ensuite été repris par le gouvernement et les médias. Sans cette idée-force de sous-financement une hausse aussi brutale devient injustifiable. Il est donc essentiel d’en comprendre les tenants et aboutissants.
Lors d’une conférence à Paris le 22 mai 2008, le député vert Yves Cochet affirmait : « On n’a pas à choisir si l’on est pour ou contre la décroissance, elle est inéluctable, elle arrivera qu’on le veuille ou non. » Il faisait là de la décroissance un synonyme de restriction, volontaire ou non.
Bien sûr, il faut rompre avec le dogme de la « croissance pour la croissance » : elle est une des causes principales de la crise économique, écologique et sociale qui met à mal la planète et l’humanité ; elle est un pilier indispensable au maintien d’une société inégalitaire.
Mais on ne peut laisser penser que nous souhaitons des restrictions, quand les besoins vitaux d’une partie importante de l’humanité – dans les pays du Sud, mais aussi en Occident – ne sont pas satisfaits.
Les seules statistiques disponibles sur les émissions de CO2 sont par pays ou par région. Elles ne permettent en rien d’appréhender l’empreinte écologique de chaque classe sociale. Ce n’est hélas pas une surprise.
La décroissance, ce doit être avant tout la décroissance des activités socialement inutiles et parasitaires. Il faut supprimer les productions de luxe réalisées « pour les besoins » des classes possédantes ; éliminer les secteurs économiques parasites liés à la domination idéologique, à la répression d’État et à la défense de la propriété capitaliste (publicité et propagande, armée, système pénitentiaire, économie sécuritaire…). Il faut coordonner les activités sociales vitales (eau, énergie, transport, santé, éducation, télécommunication…) dans un service public universel qui permettrait – entre autres – un système de transport en commun généralisé et la quasi-élimination du transport individuel en voiture. Il faut parvenir à la souveraineté alimentaire pour chaque peuple, en développant les cultures vitales au détriment des cultures d’exportation, et en refusant les OGM et les pesticides pour casser la domination des multinationales agro-industrielles.
Il faut réduire drastiquement le transport de marchandises, en relocalisant les industries.
Bref, il faut faire décroître toutes les activités inutiles que le capitalisme, emporté dans sa logique irrationnelle, a hypertrophiées. Et on s’apercevra que, ce faisant, on satisfera mieux les besoins de la grande majorité de la population… sans doute au détriment d’une minorité ulra-riche, qui devra bien se plier devant l’intérêt général.
Les solutions individuelles pour consommer moins voire autoproduire permettent d’agir à la marge sur l’effet de serre. Mais la « simplicité volontaire » prônée par certains « objecteurs de croissance » ne doit pas faire illusion. Il n’y aura pas de solution à la crise écologique sans rupture avec le capitalisme.
Texte de Jacques Dubart, extrait du numéro 190 d'Alternative libertaire.
Ça coûte pas cher et ça fera sûrement pas de tord à la popularité en chûte libre du gouvernement libéral, c'est sans doute ce que ce sont dit les analystes du bunker en préparant les annonces d'indexation de l'aide sociale et du salaire minimum. Une hausse de 2% qui n'accote même pas l'inflation (2,7%), c'est cheap pas mal pour se donner bonne conscience. Surtout après la cascade de hausse de tarif (hydro, transport en commun, garderies, etc.). Faudrait peut-être dire merci?
L'écart continue de se creuser
Ceci dit, l'indexation est quand même une claque sur la gueule. 2% c'est même pas la hausse du coût de la vie! En fait, avec les baisses d'impôts qui s'en viennent et qui ne profiteront ni aux assistés sociaux ni au monde au salaire minimum, l'écart entre les plus riches et les plus pauvres se creuse. En plus, avec la sous-traitance, il y a un chars pis une barge de petits salariéEs de l'État qui risquent de venir nous rejoindre au bas de l'échelle, pendant qu'au passage une méchante gang d'affairistes vont se graisser la patte. Lors de sa conférence de presse de fin d'année, la FTQ identifiait la hausse du salaire minimum comme l'une de ses revendications de 2004. Si c'est ça le bonbon qu'Henri Massé a arraché à Charest lors de leurs "rencontres privées" du début janvier, ça en dit long sur l'état actuel du rapport de force syndical... et on comprend qu'il ne s'en vante pas!
Pour une hausse de 20% du salaire minimum
Aux États-Unis, et de plus en plus dans le reste du Canada, les militantEs contre la pauvreté militent pour un "salaire viable" (living wage). L'idée de base c'est que personne ne devrait être payé en deça du seuil de pauvreté ou de faible revenu. Au Québec, le salaire minimum ne permet que d'aller chercher 80% du seuil de faible revenu. Donc, pour "lutter contre la pauvreté", c'est d'une hausse de 20% minimum dont on aurait besoin et d'une indexation annuelle calculée selon la hausse du coût de la vie et l'évolution du salaire industriel moyen. CertainEs pourraient dire que ça nuirait à l'économie. Ouin, pis? Peut-on sincèrement revendiquer moins que la justice?
Les péquistes n'ont rien à dire
Il y a quelques années, le mouvement communautaire avait lancé le mots d'ordre "Appauvrissement zéro" dans le contexte du Sommet socio-économique péquiste. Même avec un mots d'ordre aussi dilué (le slogan "Pauvreté zéro" est venu ensuite, en réaction), le mouvement avait perdu la bataille sur l'hôtel du Déficit zéro. Ainsi le B.S. a été gelé pendant cinq ans sous les péquistes et les rares hausses du salaire minimum ont été utilisées à des fins bassement politiques (notamment comme prix de consolation lors des deux Marches des femmes). Les péquistes n'ont donc rien à dire, les libéraux étant mieux qu'eux sur ce point précis (et c'est une constance historique présente également sous Boubou).
Rappelons que les 215 000 personnes payées au salaire minimum sont, surprise!, majoritairement des femmes (69,4 %) et des jeunes de moins de 24 ans (60%). Au Québec, près du quart (24 %) des salariéEs gagnent un salaire inférieur à 10 dollars. La dernière hausse du salaire minimum remonte à janvier 2003
(Publié pour la première fois dans Le Trouble février 2004)