De Montmartre à Saas Fee.

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• published: 26 Aug 2015
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Une promenade méditative et poétique autour des lacs alpins d'Italie et de Suisse. Quelques instants perdus dans la cohue estivale de Montmartre. Les rives du Rhin à Neuhausen, puis les chutes du Rhin et le château de Laufen, entre Bâle et le Bodensee ( lac de Constance ). ( Kreisleriana de Schumann, le plus "rhénan" des romantiques allemands. ) Errance autour du lumineux lac des Quatre Cantons ( Vierwaldstättersee ), la chapelle de Guillaume Tell, au coeur des Alpes uranaises. Franz Liszt séjourna en ces lieux altiers et sereins, qui lui inspirèrent quelques pages de ses Années de Pèlerinage. ( Un Sospiro, étude de concert, F. Liszt.) Danse joyeuse du torrent, près du Pont du Diable. Andermatt, dans la vallée d'Urseren, et la rivière Reuss. On aperçoit la Bannwald, la forêt qui protège le village des avalanches, et, de loin, le glacier Gurschen. 9.58 : Petit lac du saint Gothard, au col éponyme, à 2108 mètres au-dessus de la mer, entre Andermatt et Airolo, dans le Tessin. Le col tient son nom de l'évêque clunisien Gothard von Hildesheim, qui vécut au XI ème siècle, et dont l'apostolat fut fervent, aux temps obscurs des "empereurs saxons". Lente descente vers Côme, sur la route sinueuse. Entrée de Côme et le lac lumineux... j'ai fui la ville, trop bruyante, et l'air étouffant, après la grisante fraîcheur des glaciers et des sommets. 12,09 : Le village de Bellagio, "perle" du lac, à la pointe du triangle Lariano ; c'est d'ici que j'aime à contempler le lac de "Côme" ; les deux bras, à vrai dire, entre Côme et Lecca. La "breve", une brise douce et légère, caractéristique du lac, caresse presque constamment la surface des eaux aux bleus oscillant entre le bleu fjord et le cobalt ; au crépuscule une vaporeuse lumière d'or effleure les montagnes aux bleus profonds. Marie d'Agoult et Franz Liszt y séjournèrent. Liszt, enthousiaste et enchanté... Marie d'Agoult, habituée aux fastes princiers, aux réceptions mondaines, se plaignant de " l'horrible solitude " de ces lieux si profondément beaux. 13,20 : Mamans cygnes avec leurs cygnons. Instant de grâce : le contraste prosaïque avec le chenillé jaune est involontaire... Difficile de rendre la lumière vibrante, adamantine du lac. ( Mazurka de Chopin.) 15,00 : Jardins de la villa Melzi, de style néoclassique : partout, autour de Bellagio, et des villages qui se succèdent, cyprès, pins, oliviers et vigne mêlent en une enivrante harmonie leurs essences au chant des cigales. Dans ces jardins, le parfum des azalées, des rhododendrons géants, et des camélias invitent à un songe lointain : un rêve comme hors du temps, à l'ombre des grands cèdres de l'Atlas et des immenses camphriers. 16.45 : Béatrice console Dante d'une obscure prophétie sur l'exil ; les vers de Dante disent : " E quella donna ch'a Dio mi menava disse : " Muta pensier ; pensa ch'i'o sono presso a colui ch'ogne torto disgrave. Io mi rivolsi a l'amoroso suono del mio conforto... " " Et cette Dame, qui à Dieu me conduisait dit : " Ne te tourmente pas ; songes que je suis près de Celui qui pardonne toute offense. " Je me tournai alors vers l'amoureux chant de cette voix qui me console... " Stendhal, dans Rome, Florence et Naples, puis dans La Chartreuse de Parme, peint avec nostalgie, l'âme profondément émue, ces rives enchanteresses, le promontoire évocateur et lumineux, ainsi que le bois des Sfondrati. " la villa Melzi de l’autre côté du lac, vis-à-vis le château, et qui lui sert de point de vue, au-dessus le bois sacré des Sfondrata, et le hardi promontoire qui sépare les deux branches du lac, celle de Côme, si voluptueuse, et celle qui court vers Lecco, pleine de sévérité : aspects sublimes et gracieux, que le site le plus renommé du monde, la baie de Naples, égale, mais ne surpasse point. " ( La Chartreuse de Parme, Ch. II ) 19.45 : comment se cacher derrière un arbre ? ( en l'espèce, un érable ) 20.24 : comment faire semblant d'être seul au milieu de la foule ? 21.53 : Près de Sils-Maria, rencontre avec de gentils ânes montagnards : musiciens, ils ont adopté les cloches des vaches. Puis le lac de Sils et les sommets enneigés de la haute Engadine, si chers à Nietzsche, où il eut, dit-il, la révélation de son Zarathustra, et celle de l’Éternel Retour. Les eaux émeraudes, céruléennes, et améthyste du lac de Sils, où se reflètent, majestueux, les monts du Maloja, de Baselgia, de Silvaplana, la chaîne de la Bernina dominée par les granites colorés du piz Corvatsch, à 3451 mètres d'altitude, et le glacier éblouissant qui descend doucement jusqu'au col de Surlej, apaisent l'âme et élèvent l'esprit.