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Thema

Requiem pour une morte : Aftermath (Cerdà 1994)

Ou l’art paradoxal de réhumaniser le cadavre
Requiem for a Dead Lady : Aftermath (Cerdà 1994) or the Paradoxical Art of Rehumanising the Corpse
Marika Moisseeff
p. 160-179

Résumés

La mort, loin d’être devenue un sujet tabou dans les sociétés occidentales contemporaines, comme il est d’usage de l’affirmer depuis quelques décennies, est au contraire rendue omniprésente dans les médias : elle fait la une des journaux papier ou télévisées, constitue la trame de nombreuses fictions littéraires et cinématographiques, de séries télévisées américaines très prisées et de témoignages autobiographiques, tandis que tout un chacun est sommé, de manière itérative et insistante, de faire un travail de deuil et/ou de mémoire vis-à-vis de ses chers défunts. En revanche, il est bien vrai que la réalité concrète du cadavre tend, elle, à être occultée, phénomène qui ne peut échapper à l’ethnologue travaillant dans des sociétés autres où sa présence préside à la structuration des rites funéraires et à la gestion des réactions émotionnelles des proches. Dans l’Occident d’aujourd’hui, le cadavre humain et son traitement tendent, en effet, à être l’exclusive des institutions médicochirurgicales et médicolégales, un fait, par contraste, fort peu relevé. Les réactions émotionnelles provoquées par la perte et la mort tendent, pour leur part, à être gérées à distance de cette présence lourde et abjecte de la décomposition de l’être aimé, notamment au travers des conseils prodigués par les psy en tous genres. Cet article propose de voir dans la multiplication des films d’horreur une façon de reconnecter l’abjection du corps mort avec les réactions fortes qu’elle suscite lorsque les personnes y sont directement confrontées. Or, s’il revient aux institutions médicochirurgicales de faire le “sale boulot” à l’écart du monde profane pour rendre aux morts un aspect tolérable, il revient, par contre, aux films d’horreur de réintroduire la dimension effroyable des corps morts en voie de putréfaction. C’est du moins l’hypothèse que tentera de soutenir cet article en montrant que si la gestion du cadavre renvoie, dans le monde réel, à des formes de transgression légitimées par l’appareil juridique, il faut ajouter de la transgression à la transgression légitime pour restituer, sur un plan fictionnel, son véritable aspect horrifique et son aptitude à nous affecter profondément. Et quoi de plus transgressif, de ce point de vue, qu’un viol perpétré par un médecin légiste nécrophile dans une morgue, sujet même du court métrage du réalisateur espagnol Nacho Cerdà analysé ici ?

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Plan

La contingence de la mort
La descente aux enfers
Une transgression légale
La perversion
Home, sweet home
Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas

Aperçu du début du texte

Chanson d’étudiants

Chanson d’étudiants

Illustration extraite de l’ouvrage Chanson d’étudiants, auteur inconnu : 247-250.

© Dépositaire Librairie Maloine Paris.

Dans un amphithéâtre (Ter)
Phithéâtre, phithéâtre, phithéâtre,
Tsouin, tsouin !
Y’avait un macchabée (Ter)
Macchabée (Ter)
Tsouin, tsouin
Qui sentait fort des pieds (Ter)
Fort des pieds (Ter)
Tsouin, tsouin
Ce macchabée disait (Ter)
Il disait (Ter)
Tsouin, tsouin
Ce macchabée gueulait (Ter)
Il gueulait (Ter)
Tsouin, tsouin
« Ah ! c’qu’on s’emmerde ici (Ter)
Merde ici, (Ter)
Tsouin, tsouin
On va le disséquer (Ter)
Disséquer (Ter)
Tsouin, tsouin
Avec un spéculum (Ter)
Spéculum (Ter)
Tsouin, tsouin
On enf’ra du pâté (Ter)
Du pâté (Ter)
Tsouin, tsouin
Qui nous f’ra dégueuler (Ter)
Dégueuler (Ter)
Tsouin, tsouin
Chanson de salle de garde

La mort, loin d’être devenue un sujet tabou dans les sociétés occidentales contemporaines, comme il est d’usage de l’affirmer depuis quelques décennies , est au contraire rendue omniprésente dans les médias : elle fait l...

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Pour citer cet article

Référence papier

Marika Moisseeff, « Requiem pour une morte : Aftermath (Cerdà 1994) », Techniques & Culture, 60 | 2013, 160-179.

Référence électronique

Marika Moisseeff, « Requiem pour une morte : Aftermath (Cerdà 1994) », Techniques & Culture [En ligne], 60 | 2013, mis en ligne le 19 juin 2016, consulté le 01 juin 2015. URL : http://tc.revues.org/6991

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