Erich Raeder

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Erich Johann Albert Raeder
Image illustrative de l'article Erich Raeder

Naissance
Wandsbek, Allemagne
Décès (à 84 ans)
Nuremberg, Allemagne
Origine Drapeau de l'Empire allemand Empire d'Allemagne
Drapeau de l'Allemagne République de Weimar
Drapeau de l'Allemagne nazie IIIème Reich
Arme
War Ensign of Germany 1903-1918.svg Kaiserliche Marine
Flag of Weimar Republic (jack).svg Reichsmarine
War Ensign of Germany 1935-1938.svg Kriegsmarine
Grade Grand amiral
Années de service 1894 – 1943
Conflits Première Guerre mondiale
Seconde Guerre mondiale
Faits d'armes bataille de Dogger Bank (1915)
bataille du Jutland (1916)
opération Weserübung (1940)
Distinctions Croix de fer

Erich Johann Albert Raeder, né le à Wandsbek (région de Hambourg, Allemagne), mort le à Kiel, a servi dans la Marine allemande au cours de la Grande Guerre et de la Seconde Guerre mondiale. Officier général de la Reichsmarine pendant l'entre-deux guerres, puis de la Kriegsmarine dès l'avènement du Troisième Reich, il atteint le plus haut rang de la hiérarchie militaire navale, celui de grand-amiral, en 1939. Il dirige la Marine allemande jusqu'à sa démission en 1943, date à laquelle il est remplacé par Karl Dönitz. Il est condamné à la prison à vie au procès de Nuremberg puis est libéré en 1955, à près de quatre-vingts ans, pour raisons médicales.

Débuts[modifier | modifier le code]

Jeunesse et débuts dans la Marine[modifier | modifier le code]

Erich Raeder naît en 1876 d'une famille de la classe moyenne de Wandsbek (province du Schleswig-Holstein) dans l'Empire d'Allemagne. Il rejoint la Kaiserliche Marine en 1894, juste après avoir fini ses études secondaires et progresse rapidement dans la hiérarchie militaire et sert même comme officier du yacht de Guillaume II, le SMY Hohenzollern. Il accompagne le prince Henri de Prusse en audience auprès de l'empereur de Chine Kouang-Hsou (Guangxu) et de sa tante l'impératrice Tseu-Hi (Cixi) en 1898 à Pékin. En 1912, il est fait chef d'état-major de Franz von Hipper.

Première Guerre mondiale et années 1920[modifier | modifier le code]

Erich Rader (2e à gauche) et le vice-amiral Franz von Hipper.

Durant la Première Guerre mondiale, il participe en tant que tel aux combats de la bataille de Dogger Bank en 1915, ainsi qu'à la bataille du Jutland en 1916, à chaque fois contre la Marine Royale Britannique[1].

Après-guerre, Erich Raeder bénéficie de promotions régulières.

En 1922 il reçoit le grade de contre-amiral, puis en 1925 celui de vice-amiral.

Il est enfin nommé amiral en octobre 1928 et devient du même coup commandant en chef de la Reichsmarine, la marine réduite conformément au traité de Versailles, pour la République de Weimar.

Redressement de la Marine allemande[modifier | modifier le code]

Erich Raeder en mai 1935.
Erich Raeder en 1939.

Bien que très sceptique quant à l'idéologie nationale-socialiste[réf. souhaitée], il se rallie à Hitler à la suite de la décision de celui-ci de réarmer l'Allemagne, en 1933.

Il devient alors l'un des artisans du renouveau de la marine allemande, notamment avec le traité naval germano-britannique et le plan Z de 1935 où sa préférence pour une flotte de surface l'emporte sur le choix d'une flotte principalement sous-marine, défendu, par exemple, par l'amiral Karl Dönitz.

Ses efforts pour rétablir la puissance maritime allemande sont toutefois entravés par les priorités budgétaires attribuées à la Wehrmacht et à la Luftwaffe de Göring.

Il rejoint en avril 1936 le cabinet d'Hitler en tant que commandant en chef de la Kriegsmarine. En 1939, à quelques jours de son soixantième anniversaire, Hitler le nomme Grand Amiral (großadmiral) de la Kriegsmarine. Il devient le premier récipiendaire de ce titre prestigieux depuis Alfred von Tirpitz.

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Invasion du Danemark et de la Norvège[modifier | modifier le code]

C'est en tant que commandant en chef des forces navales qu'il conseille à Hitler l’invasion de la Norvège et du Danemark[réf. nécessaire]. Il souhaite en effet sécuriser les routes d'approvisionnement en fer venant de Suède, vitales pour la construction des gros cuirassés type Bismarck. Il s'agissait en outre de contrer l'installation d'hypothétiques bases britanniques dans la région. Enfin, les fjords de Scandinavie permettaient de protéger efficacement les navires à l'ancrage. L'invasion, l'opération Weserübung, fut préparé outre par Raeder, par les chefs de l'OKW (Haut Commandement de la Wehrmacht), les généraux Jodl et Keitel, ainsi que par Hitler lui-même, de janvier à avril 1940[réf. nécessaire]. L'action fut déclenchée le et s'avère un succès. Même si la Wehrmacht souffre de pertes importantes, les projets d'implantation français et britannique sont devancés et les objectifs sont atteints.

Désaccords sur la conduite de la guerre[modifier | modifier le code]

Erich Raeder et Hitler en 1943.

Raeder s'oppose rapidement aux projets d'Hitler sur la question des objectifs militaires[réf. nécessaire]. À une invasion de la Grande-Bretagne (opération Seelöwe) nécessitant un affrontement frontal avec la toute puissante flotte britannique, Raeder préconise, cette fois, une stratégie plus transversale passant par le développement de petites unités et de sous-marins. Il aurait d'ailleurs déclaré que tout ce que pouvaient faire les cuirassés était de mourir vaillamment[réf. nécessaire].

Par ailleurs, il privilégie une stratégie axée sur le théâtre méditerranéen, avec comme objectif le renforcement de la présence allemande en Afrique du Nord et au Proche-Orient. Il est convaincu que la capture des territoires britanniques stratégiques tels que Malte, Gibraltar, les îles Canaries et le canal de Suez porterait un coup décisif, voire funeste à l'Empire britannique[réf. nécessaire]. Il aurait expliqué au Führer que la prise de contrôle de l'Égypte et de son canal serait encore plus terrible pour l'Empire britannique que la capture de Londres elle-même.

Le déclenchement de l'opération Seelöwe est sans cesse repoussé, du fait de l'incapacité de Göring à obtenir la maîtrise de l'air, prérequis au lancement de la phase navale du plan.

Perte d'influence[modifier | modifier le code]

Souhaitant contrebalancer l'échec de la bataille d'Angleterre, Hitler envisage une attaque contre l'URSS de Staline au printemps 1941. Raeder s'oppose très vivement à cette idée et tente de mettre en garde Hitler contre le danger d'envahir une nation aussi vaste[réf. nécessaire]. Le choix d'Hitler d'engager l'opération Barbarossa traduit la perte d'influence du grand amiral.

Les défaites de la marine de surface, par exemple avec la bataille de la mer de Barents et la perte du cuirassé Bismarck, jouent contre lui, ainsi, paradoxalement, que les victoires de la flotte sous-marine dirigée par l'amiral Karl Dönitz, qui a pour lui l'avantage d'être un nazi convaincu[réf. nécessaire]. Erich Raeder finit par démissionner de ses fonctions le . Karl Dönitz lui succède en tant que commandant en chef de la Kriegsmarine et est aussitôt élevé au rang de grand amiral.

Erich Raeder passe la fin de la guerre à l'écart du pouvoir. Soupçonné d'avoir participé au complot du 20 juillet 1944, il va immédiatement à Rastenburg assurer personnellement Hitler de sa totale loyauté[réf. nécessaire].

Promotions grades[modifier | modifier le code]

Suites de la guerre[modifier | modifier le code]

Lors du procès de Nuremberg, Erich Raeder au deuxième rang en deuxième position à partir de la gauche.
Erich Raeder à sa sortie de prison en 1955, accompagné de sa femme.

Erich Raeder est capturé à la fin de la guerre par les Soviétiques. Il comparaît au tribunal de Nuremberg en 1946.

L'accusation parvient à démontrer que le réarmement de la marine allemande commencé par Raeder était une violation du traité de Versailles et faisait donc bien partie d'un complot en vue de commettre un crime contre la paix. De plus, étant donné que la Norvège et le Danemark avaient annoncé leur souhait de demeurer neutres dans le conflit, l'opération Weserübung constitue un crime contre la paix. Ces deux pays ne s'étaient, en effet, en aucune façon montrés hostiles à l'encontre du Troisième Reich. Enfin, l'« ordre Laconia » donné par son second, l'amiral Dönitz, visant à interdire aux sous-marins de secourir les naufragés, est déclaré constitutif de crime de guerre. Les grands amiraux, qui ont plaidé non-coupables, présentent pour leur défense une lettre officielle de l'amiral Chester Nimitz attestant que l'United States Navy avait appliqué des ordres similaires.

Le grand amiral Raeder est jugé coupable des trois chefs d'accusation de plan concerté ou complot, crime contre la paix, et crime de guerre. Le 1er octobre 1946, il est condamné à la détention à perpétuité. Dans son pourvoi, Raeder demande à être fusillé plutôt que de purger une peine d'emprisonnement à vie. Son pourvoi est rejeté par le conseil de contrôle le 10 octobre 1946.

Il purge sa peine à la prison de Spandau jusqu'au , date à laquelle il est libéré pour raisons médicales.

Il s'installe après sa libération dans la ville de Lippstadt, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, où il écrit, en 1957, son autobiographie Mein Leben.

Erich Raeder meurt à Kiel, le . Il est enterré au Nordfriedhof de Kiel.

Décorations[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. http://www.histoire-de-guerre.net/article/item/2443-jutland
  2. a, b, c, d, e, f, g, h et i Dörr 1996, p. 142.
  3. Scherzer 2007, p. 611.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]