Dire l’indicible : Événement biblique et iconographie (la représentation de Dieu)

Le Christ-Emmanuel – Simon Ouchakov (Domaine public)

par Michel Niqueux

Comment représenter le divin, par essence invisible ?

Cette interrogation traverse toute l’histoire de la pensée et de l’art européen et s’avère d’une grande actualité, comme l’a montré la tragédie de Charlie Hebdo.

L’événement biblique, et avant tout Dieu, est d’une nature telle que le dire ou le représenter a été considéré comme interdit (dans le judaïsme et l’islam) ou nécessitant le recours à différentes médiations. C’est l’émergence de la représentabilité de Dieu que nous suivrons, depuis les débuts jusqu’à nos jours. L’art chrétien, après s’en être tenu à des symboles christiques pendant les deux premiers siècles, s’est attaché, en s’appuyant sur les dogmes de l’Incarnation et de la Trinité, à représenter Dieu à travers son Fils (christomorphisme), puis à partir du deuxième millénaire, à représenter Dieu le Père lui-même dans différents types de Trinités.

La représentation du divin dans l’art sacré a cependant connu diverses crises : l’iconoclasme aux VIIIe-IXe siècles, la Renaissance, avec une humanisation du divin, la modernité avec le détournement de l’image de Dieu à des fins militantes ou publicitaires, à côté d’un art moderne tendant à l’abstraction apophatique (irreprésentabilité de Dieu). Lire la suite

La presse du POUM pendant l’événement de la guerre civile : entre engagement politique et contraintes conjoncturelles

par Cindy COIGNARD

espurnaLe Parti Ouvrier d’Unification Marxiste (POUM) est né de la fusion de la Gauche Communiste (Izquierda Comunista) et du Bloc Ouvrier et Paysan (Bloque Obrero y Campesino) le 29 septembre 1935 à Barcelone. Dirigé conjointement par Andrés Nin et Joaquín Maurín, le parti a été très actif pendant la guerre civile espagnole malgré un nombre de militants peu élevé (on en dénombre 6.000 au tout début de la guerre en juillet 1936, puis près de 30.000 en décembre de la même année)[1]. Principalement ancré en Catalogne, le POUM a joué un rôle non négligeable pendant l’événement de la guerre civile espagnole s’opposant frontalement aux forces franquistes mais aussi aux communistes du écouterPCE qui suivaient la ligne officiel de Moscou. En ce sens, le POUM fut qualifié de parti dissident ; cette opposition interne, qui a culminé avec les Evénements de Mai 1937, lui valut d’ailleurs d’être déclaré illégal et l’obligea à continuer son activité dans la clandestinité. A ce propos, nous pouvons nous interroger sur la façon dont ces différents événements peuvent influer sur le contenu des journaux du parti. Lire la suite

Dire l’évènement… et le nommer : L’Amérique, découverte ? Inventée ? Rencontrée ? De la difficulté à être lorsque les mots ne sont pas là pour le dire.

par Estrella Ruiz-Galvez Priego

lopez de gomara iconografia EstrellaEdmundo O’Gorman, Marcel Bataillon, Silvio Zavala, Miguel León Portilla Leopoldo Zea et autres devant l’évènement.

  1. Nommer ce Monde Inconnu

« Très souverain seigneur : Le plus grand évènement depuis la création du monde, à part l’incarnation et la écoutermort de celui qui l’a créé, c’est la découverte des Indes qui par conséquent furent appelées le Monde Nouveau. On ne l’appela pas tant Nouveau parce qu’il était nouvellement découvert mais plutôt parce qu’il est très grand, presque aussi grand que l’ancien, qui contient l’Europe, l’Afrique et l’Asie. On peut aussi l’appeler nouveau pour toutes ses choses très différentes de celles de notre monde. Les animaux en général, bien qu’il y en a peu d’espèces, sont faits autrement, le poisson dans l’eau, les oiseaux du ciel, les arbres, les fruits, les herbes et le grain de la terre, qui n’est pas petite considération du Créateur, étant les éléments de même nature ici comme là-bas… ».

C’est dans ces termes que Francisco Gomez de Gómara (1511-1566) s’adresse à Charles V pour lui présenter son livre sur l’Histoire Générale des Indes, qui comprend – comme il est dit dans son titre- une première et une seconde partie de l’Histoire générale des Indes avec toute la découverte et les choses notables qui ont eu lieu depuis qu’elles ont été gagnées jusqu’à l’année de 1551, avec la conquête du Mexique de la Nouvelle Espagne[1]. Lire la suite

Les élections présidentielles françaises de 1965 vues depuis l´Espagne. La lecture interne d´un événement extérieur

par Álvaro Fleites Marcos

Image1_La_Vanguardia_Española_5_11_1965Cet article vise à examiner la vision de l’élection présidentielle française de 1965 par la presse de l´Espagne franquiste pour montrer la tendance de cette dernière à réaliser une interprétation des événements externes dans une clé de lecture interne. Ainsi, à travers l’analyse du traitement par les journaux espagnols de ces élections on va tenter de mettre en évidence la façon dont la position idéologique de ces quotidiens au sujet de la possible évolution politique de leur propre pays a été déterminante dans leur image des principaux épisodes de la vie politique de certains états étrangers.

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« Madame se meurt, Madame est morte » : de l’annonce d’un décès comme événement en littérature

par Anne-Marie Gresser

camusIl nous semble que toute la richesse et la complexité de ce séminaire vient de l’ambigüité du terme « événement ».

En essayant de se replacer dans une perspective de neutralité, de perception générale du terme – hors approfondissement scientifique – il apparaît à première vue que écouterl’événement relève plutôt des catégories de l’histoire que de celles de la littérature. On pourrait même presque dire que le rapprochement des deux termes « événement » et «littérature » a en soi quelque chose de suspect. Lire la suite

Le Siège de Cuzco en 1536-1537: interprétations à travers le temps. Regards croisés

par  Natividad Ferri Carreres et Emilio Fernando Orihuela

cuzco

Le siège de Cuzco : un fait marquant de la conquête du Pérou

Les Incas étaient vaincus depuis la fin de 1532, avec la capture, puis l’exécution d’Atahualpa. Mais, certains membres de l’élite indienne, surtout ceux liés à Huáscar, l’inca assassiné sur ordre d’Atahualpa, pensant racheter leur autonomie et s’affirmer face à l’armée de celui-ci, collaboraient avec les conquérants. Ainsi, Manco, frère de Huáscar, mit à disposition des Espagnols les structures étatiques de l’empire et fut ensuite couronné inca par Francisco Pizarro. Cependant, dès les premières années de l’occupation espagnole, Manco et ses hommes se rendirent compte que les Espagnols tentaient de détruire leur gouvernement, de désintégrer les bases morales de leur société et de les réduire pratiquement en esclavage ; c’est pourquoi, il décida de mettre un terme à sa collaboration. Lire la suite

Dire l’événement – Langage, mémoire, société

Mise en page 1Ce volume rassemble les contributions de chercheurs de différentes aires culturelles autour de la notion d’événement, objet porteur de sens différents et, de ce fait, transversal à différentes disciplines des sciences humaines et sociales (histoire, sociologie, sciences du langage, sciences de la communication, sciences politiques), ici représentées. Si, comme dit le dictionnaire d’usage, l’événement est « ce qui arrive », c’est également « ce qu’il devient » au fil du temps, c’est-à-dire comment on le raconte, le nomme, le qualifie, le mémorise, et comment il se transforme lorsqu’il est « saisi » par la langue et la communication et qu’il devient ainsi objet de discours.

https://lectures.revues.org/13534

La bataille de Pavie (1525) entre faits et représentations

par Valeria Caldarella Allaire

L’ Invasione del campo francese e fuga delle dame e dei civili al seguito di Francesci I, Arazzo di Bernard van Orley (1491/1492 circa-1542) e William Dermoyen, conservato al Museo Capodimonte

D’après l’historien Yves Marie Bercé : « […] la compréhension de la culture d’un temps révolu ne doit pas emprunter ses matériaux aux seuls faits vrais mais aussi bien aux simples vraisemblances, les rumeurs et les erreurs, les créations du talent ou du génie, les imaginations communes, les espérances et les angoisses, conscientes ou inavouées, prennent crédit à nos yeux »[1]. Lire la suite

Comment la nouvelle dit l’événement : l’exemple de la nouvelle contemporaine (domaines américain, français et italien)

Par Claire Colin

Introduction

lectriceL’événement est facilement associé au genre de la nouvelle. Les premières approches théoriques du genre insistent déjà sur ce lien : « Une nouvelle est-elle autre chose qu’un événement inouï qui a lieu[1] ? » affirme ainsi dès 1827 Goethe, qui conçoit le texte narratif bref comme une histoire de caractère avant tout anecdotique. écouter Lire la suite

La question de l’événement, bibliographie

Bibliographie proposée par Claire Colin

ACQUIER Marie-Laure, MERLO Philippe (éds.), La relation de la littérature à l’événement, Paris, L’Harmattan, 2012, 302 p.  ML-Acquier
ALEXANDRE Didier, FRÉDÉRIC Madeleine, PARENT Sabrina et TOURET Michèle (éds.), Que se passe-t-il ? Événements, sciences humaines et littérature, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, coll. « Interférences », 2004, 253 p.  quesepasse-t-il

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Charles Quint et le sac de Tunis dans quelques chroniques européennes du XVIe siècle

par Anne-Lise Richard

La lutte contre l’islam est un thème récurrent dans l’historiographie de l’époque moderne. Si les Rois Catholiques ont mis un terme à la Reconquête en 1492, la chute de Grenade n’a pas signifié pour autant la fin de cette confrontation, d’une part en raison des projets espagnols dans le nord de l’Afrique, et d’autre part à cause des avancées ottomanes en Méditerranée. En effet, peu de temps après la fin de la Reconquête, craignant un retour des musulmans sur leur territoire, les rois espagnols décident d’implanter des présides[1] afin de créer des contacts diplomatiques dans cette partie du monde. Lire la suite

La notion d’événement : une nouvelle perspective en sciences humaines et sociales ?

Pensée plurielle n° 13, 2006/3( Éditeur : De Boeck Supérieur )PP_013_L204

Dans le cadre de l’École doctorale ACCES, une journée d’étude « La notion d’événement, une nouvelle perspective en Sciences humaines et sociales ? », a été mise en œuvre, animée et coordonnée par Mireille Prestini, doctorante en Sciences de l’Éducation, sous la direction du professeur Francis Danvers, responsable de l’axe 3 du laboratoire PROFEOR. Cette réflexion sur l’événement s’inscrit dans un travail de thèse menée à propos de la formation d’adultes.

http://www.cairn.info/revue-pensee-plurielle-2006-3.htm