par Michel Niqueux
Comment représenter le divin, par essence invisible ?
Cette interrogation traverse toute l’histoire de la pensée et de l’art européen et s’avère d’une grande actualité, comme l’a montré la tragédie de Charlie Hebdo.
L’événement biblique, et avant tout Dieu, est d’une nature telle que le dire ou le représenter a été considéré comme interdit (dans le judaïsme et l’islam) ou nécessitant le recours à différentes médiations. C’est l’émergence de la représentabilité de Dieu que nous suivrons, depuis les débuts jusqu’à nos jours. L’art chrétien, après s’en être tenu à des symboles christiques pendant les deux premiers siècles, s’est attaché, en s’appuyant sur les dogmes de l’Incarnation et de la Trinité, à représenter Dieu à travers son Fils (christomorphisme), puis à partir du deuxième millénaire, à représenter Dieu le Père lui-même dans différents types de Trinités.
La représentation du divin dans l’art sacré a cependant connu diverses crises : l’iconoclasme aux VIIIe-IXe siècles, la Renaissance, avec une humanisation du divin, la modernité avec le détournement de l’image de Dieu à des fins militantes ou publicitaires, à côté d’un art moderne tendant à l’abstraction apophatique (irreprésentabilité de Dieu). Lire la suite