Reportage sur L'
Ecole Nationale de la Magistrature à télécharger sur
http://www.imineo.com/documentaires/societe/faits-de-societe/ecole-magistrature-video-9840
.htm
Ils sont un peu moins de 8000.
Tous issus de la prestigieuse Ecole Nationale de la Magistrature créée en
1958, à
Bordeaux, pour assurer la formation, initiale et continue, de tous nos magistrats.
Régulièrement, comme dans tant d'autres domaines il est vrai, cette formation fait l'objet d'attaques venant de divers fronts.
Mais sous les feux de l'affaire dite d'
Outreau, ce fut l'hallali : trop jeunes, inexpérimentés, socialement inadaptés. On
a tout entendu jusqu'à la demande de suppression pure et simple de l'Ecole. Une commission d'enquête parlementaire s'est réunie, convoquant tous les acteurs du fiasco pour des confessions télévisées en direct, avec en tête, le jeune juge d'instruction Fabrice Burgaud, désigné à la vindicte comme quasiment le seul et unique responsable de la déroute. A travers lui, c'était bien sûr l'
ENM qui était, une fois de plus, visée et le corps des magistrats dont l'indépendance agace toujours un peu.
Avant son départ de la
Cour de Cassation, autorité suprême de la très hiérarchisée justice française, dont il était le
Premier Président,
Guy Canivet, sans doute encore sous le coup du traumatisme d'Outreau lui aussi, prononçait un véritable plaidoyer pour le métier de juge à l'occasion de l'audience annuelle solennelle de la Cour de
Paris : " parce qu'il est mêlé à la cité, parce qu'il est marqué par les contextes locaux, parce qu'il est soumis à des contraintes culturelles et sociales, à l'influence des media, parce qu'il doit résister à toutes formes de pouvoirs et de puissance, parce qu'il est recruté très jeune et investi très tôt des plus grandes responsabilités, parce qu'il n'est pas toujours armé pour se protéger de la tentation du héros purificateur, ou, au contraire, parce qu'il est guetté par l'habitude, le renoncement, le cynisme, la fatigue, la paresse ou l'encombrement, le juge a besoin de repères éthiques précis, forts et solides ".
Tout y est. La solitude et la difficulté du métier, les tentations du pouvoir, la responsabilité, lourde, parfois trop lourde.
C'est dans ce contexte que
Brigitte Thévenot et Irène
Richard, les auteurs de ce documentaire, ont voulu voir et comprendre comment nos jeunes magistrats étaient réellement formés, par qui et comment, et qui ils étaient eux-mêmes, d'où ils venaient, et pourquoi ils avaient choisi ce difficile métier. Etaient-ils vraiment aussi peu aptes à juger comme certains le prétendaient ? Une immersion au sein de cette Ecole s'imposait. Pour une réalité bien loin des préjugés qui incite à conclure avec
Beaumarchais :
" Aux qualités qu'on demande d'un magistrat
bien peu d'homme seraient dignes d'être leur propre juge "
- published: 17 Mar 2010
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