Yvelines, Encore un contrôle de police qui tourne mal
- Duration: 3:32
- Updated: 21 Mar 2015
A l’heure où le procès de Zyed et Bouna attire l’attention de la communauté musulmane, nous allons vous relater une autre histoire qui n’est pas sans rappeler cette dernière. Celle d’un contrôle de police qui comme d’habitude se présente comme une banalité sans faille, puis qui dégénère. Cette fois-ci c’est dans les Yvelines, à Saint-Germain-en-Laye que cela se passe, le mardi 17 mars 2015.
Le contrôle, la routine pour ces jeunes
Ce mardi aux alentours de 18h30, Karim*, assistant d’éducation dans un collège et propriétaire du véhicule, ainsi que 4 autres jeunes âgés d’environ 20 ans sont interpellés par les forces de l’ordre pour un stationnement gênant. Ils vivent dans un petit quartier où il y a peu de places dans le parking, les habitants ont donc pris pour habitude de se garer sur le côté droit de la chaussée. Ces contrôles incessants peuvent, par moment, agacer ces jeunes qui sont amenés à se faire contrôler plusieurs fois par jour. La maman de Karim évoque des journées pouvant aller jusqu’à 3 ou 4 contrôles, elle explique alors :
Du balcon, depuis chez moi, je vois le bout de la rue. J’ai vu mon fils et, près de lui, une voiture de police à l’arrêt. Comme il se fait régulièrement contrôler, j’ai décidé d’aller voir ce qui se passait, les jeunes peuvent se faire contrôler trois ou quatre fois dans une même journée, jamais par les mêmes policiers.
Le commentaire qui va durcir le contrôle
Le contrôle se déroule normalement, Karim coopère, présente ses papiers d’identité et les papiers du véhicule, qui plus est en règle. Face à l’ironie de la situation, il sourit, un des agents le lui reproche en ajoutant que ça ne le faisait pas rire. Quelques enfants jouaient et se partageaient des bonbons non loin des policiers, le contrôle se poursuit dans la “norme”, jusqu’à ce qu’une policière emploie le mot “dresser” pour évoquer l’éducation des enfants présents, un terme qui n’était pas du goût du contrôlé du jour. En effet, Karim aurait alors par la suite suggéré à la policière en question d’employer des mots plus adéquats, “éduquer” par exemple, Karim raconte :
Ils nous ont demandé de nous mettre sur le côté, et à moi de leur donner les papiers de ma voiture. Ce que j’ai fait… (Après son sourire) Si on n’a pas le droit de sourire en se faisant contrôler, pas étonnant qu’ils se plaignent d’avoir de mauvaises relations avec la population… Il y avait plein d’enfants près de nous, ils se distribuaient des bonbons, bougeaient autour des policiers, etc. Une policière leur a alors lancé qu’ils étaient mal dressés. Ce n’est pas une façon de parler à des enfants. Je lui ai dit : “Pourquoi ne pas dire mal éduqués ?”. Le ton monte, et la tension s’installe.
La version des policiers
Sont évoqués refus de contrôle, insultes, et coups de la part des jeunes, une source proche des policiers donne sa version :
Le contrôle tourne assez rapidement à l’échange verbal. Il y a un refus de contrôle d’un individu et l’agrégation de jeunes auprès de leur camarade. Les policiers ont été insultés. Il y a eu outrage, des coups ont été portés. La procédure en cours porte là-dessus.
Le fin mot de l’histoire
Les 5 jeunes seront ensuite emmenés en garde à vue pour y passer 2 jours. Des témoins ont filmé la scène où l’on peut voir des coups portés de part et d’autre, de la résistance de la part des jeunes, une bombe lacrymogène et des riverains ahuris. Il est cependant difficile de déterminer les responsabilités. Karim relate la suite du contrôle :
Une deuxième voiture de police est arrivée à ce moment-là par la rue en sens interdit, avec le gyrophare allumé, ce qui prouve qu’ils ont appelé du renfort.Ils attrapent deux de mes amis, l’un prend un coup de poing. Et quand j’ai essayé d’éloigner ma mère, un policier m’a ordonné de ne pas bouger et de me retourner, pour qu’il me passe les menottes. J’ai refusé.
Après les deux jours de garde à vue, les jeunes sont relâchés et une plainte est déposée à leur encontre par les policiers. La mère de Karim, apaisée de retrouver son fils, confie donc :
Ce n’est pas plus mal, comme ça, cela nous laisse le temps de nous organiser, de consulter un avocat pour voir ce que l’on peut faire.
*Les prénoms des témoins ont été modifiés pour préserver leur anonymat.
http://wn.com/Yvelines,_Encore_un_contrôle_de_police_qui_tourne_mal
A l’heure où le procès de Zyed et Bouna attire l’attention de la communauté musulmane, nous allons vous relater une autre histoire qui n’est pas sans rappeler cette dernière. Celle d’un contrôle de police qui comme d’habitude se présente comme une banalité sans faille, puis qui dégénère. Cette fois-ci c’est dans les Yvelines, à Saint-Germain-en-Laye que cela se passe, le mardi 17 mars 2015.
Le contrôle, la routine pour ces jeunes
Ce mardi aux alentours de 18h30, Karim*, assistant d’éducation dans un collège et propriétaire du véhicule, ainsi que 4 autres jeunes âgés d’environ 20 ans sont interpellés par les forces de l’ordre pour un stationnement gênant. Ils vivent dans un petit quartier où il y a peu de places dans le parking, les habitants ont donc pris pour habitude de se garer sur le côté droit de la chaussée. Ces contrôles incessants peuvent, par moment, agacer ces jeunes qui sont amenés à se faire contrôler plusieurs fois par jour. La maman de Karim évoque des journées pouvant aller jusqu’à 3 ou 4 contrôles, elle explique alors :
Du balcon, depuis chez moi, je vois le bout de la rue. J’ai vu mon fils et, près de lui, une voiture de police à l’arrêt. Comme il se fait régulièrement contrôler, j’ai décidé d’aller voir ce qui se passait, les jeunes peuvent se faire contrôler trois ou quatre fois dans une même journée, jamais par les mêmes policiers.
Le commentaire qui va durcir le contrôle
Le contrôle se déroule normalement, Karim coopère, présente ses papiers d’identité et les papiers du véhicule, qui plus est en règle. Face à l’ironie de la situation, il sourit, un des agents le lui reproche en ajoutant que ça ne le faisait pas rire. Quelques enfants jouaient et se partageaient des bonbons non loin des policiers, le contrôle se poursuit dans la “norme”, jusqu’à ce qu’une policière emploie le mot “dresser” pour évoquer l’éducation des enfants présents, un terme qui n’était pas du goût du contrôlé du jour. En effet, Karim aurait alors par la suite suggéré à la policière en question d’employer des mots plus adéquats, “éduquer” par exemple, Karim raconte :
Ils nous ont demandé de nous mettre sur le côté, et à moi de leur donner les papiers de ma voiture. Ce que j’ai fait… (Après son sourire) Si on n’a pas le droit de sourire en se faisant contrôler, pas étonnant qu’ils se plaignent d’avoir de mauvaises relations avec la population… Il y avait plein d’enfants près de nous, ils se distribuaient des bonbons, bougeaient autour des policiers, etc. Une policière leur a alors lancé qu’ils étaient mal dressés. Ce n’est pas une façon de parler à des enfants. Je lui ai dit : “Pourquoi ne pas dire mal éduqués ?”. Le ton monte, et la tension s’installe.
La version des policiers
Sont évoqués refus de contrôle, insultes, et coups de la part des jeunes, une source proche des policiers donne sa version :
Le contrôle tourne assez rapidement à l’échange verbal. Il y a un refus de contrôle d’un individu et l’agrégation de jeunes auprès de leur camarade. Les policiers ont été insultés. Il y a eu outrage, des coups ont été portés. La procédure en cours porte là-dessus.
Le fin mot de l’histoire
Les 5 jeunes seront ensuite emmenés en garde à vue pour y passer 2 jours. Des témoins ont filmé la scène où l’on peut voir des coups portés de part et d’autre, de la résistance de la part des jeunes, une bombe lacrymogène et des riverains ahuris. Il est cependant difficile de déterminer les responsabilités. Karim relate la suite du contrôle :
Une deuxième voiture de police est arrivée à ce moment-là par la rue en sens interdit, avec le gyrophare allumé, ce qui prouve qu’ils ont appelé du renfort.Ils attrapent deux de mes amis, l’un prend un coup de poing. Et quand j’ai essayé d’éloigner ma mère, un policier m’a ordonné de ne pas bouger et de me retourner, pour qu’il me passe les menottes. J’ai refusé.
Après les deux jours de garde à vue, les jeunes sont relâchés et une plainte est déposée à leur encontre par les policiers. La mère de Karim, apaisée de retrouver son fils, confie donc :
Ce n’est pas plus mal, comme ça, cela nous laisse le temps de nous organiser, de consulter un avocat pour voir ce que l’on peut faire.
*Les prénoms des témoins ont été modifiés pour préserver leur anonymat.
- published: 21 Mar 2015
- views: 181