Sex, Sadism, Spain and Cinema : The Spanish Horror Film de Nicholas G. Schlegel

  Book cover

        Depuis une vingtaine d’années, les ouvrages universitaires sur le cinéma d’horreur se multiplient. Si la grande majorité de ceux-ci porte sur le cinéma d’exploitation italien, l’épouvante gothique britannique et bien sûr la production américaine, le fantaterror reste quant à lui peu exploré au sein  de la recherche. Pour celles et ceux qui souhaiterai découvrir plus en profondeur l’histoire de ce cinéma d’exploitation éphémère mais ô combien passionnant (et lucratif), le choix demeure assez restreint. Qui plus est, la bibliographie disponible montre à quel point le sujet est devenu un objet d’étude très récent. Citons par exemple Spanish Horror de Victor Matellano (2009), Profanando el sueño de los muertos. La historia jamás contada del cine fantástico español de Ángel Sala (2010), La década de oro del cine de terror español , 1967-1976, de Javier Pulido (2012), Spanish Horror Film de Antonio Lazaro-Reboll (2012), ou encore Silencios de pánico. La historia del cine fantástico y de terror español, 1897-2010 de Diego Lopez & David Pizarro (2014). Des ouvrages qui apportent tous un éclairage approfondi sur le genre et des analyses convaincantes sur de nombreux films. L’intérêt de ces livres reste aussi leur ambition de réhabiliter un genre soit déprécié soit mal connu, et de ce fait participent d’un mouvement plus global de mélange entre la recherche universitaire et la cinéphilie déviante[1]. Lire la suite

  1. Pour une bibliographie plus développée, voir https://proyectonaschy.wordpress.com/2010/10/28/profanando-el-sueno-de-los-muertos-escribiendo-sobre-el-cine-fantastico-y-de-terror-espanol/. []

Attendus et sous-entendus dans La Noche del terror ciego d’Amando de Ossorio (1971)

Ce texte est issu d’une communication intitulée “Sous-entendre dans le cinéma de genre espagnol sous le franquisme tardif : l’exemple de La Noche del terror ciego d’Amando de Ossorio (1971)”, présentée le 1er avril 2015 à l’Université de Caen Basse-Normandie lors de la journée d’étude de jeunes chercheurs organisée par les doctorants du LASLAR sur le thème Sous-entendre dans les œuvres d’art : pratiques et techniques.

Cette communication se propose de voir quels sont les sous-entendus et la place de l’implicite dans ce film d’épouvante espagnol, propice à une lecture politique, réalisé sous le franquisme, et dont les techniques et pratiques découlent des contraintes liées au contexte politique et aux conditions de réalisation d’un film d’horreur de série B avec un faible budget.

La Noche del terror ciego

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Répression et retour du refoulé dans Exorcismo de Juan Bosch (1975)

        Le cinéma fantastique est un formidable révélateur des tensions sociales et politiques d’un moment donné. Le cas d’Exorcismo, réalisé par l’Espagnol Juan Bosch en 1975, est assez symptomatique d’une certaine tendance conservatrice du cinéma fantastique et d’horreur espagnol de la fin du franquisme, période trouble s’il en est. Par l’analyse du scénario et de la mise en scène, nous proposons de voir en quoi ce film d’exploitation renforce l’idéologie franquiste officielle et rend compte du réflexe d’auto-défense d’une dictature qui connaît ses derniers jours d’existence.

Affiches multiples d'Exorcismo

Affiches multiples d’Exorcismo

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Odio mi cuerpo (León Klimovsky, 1974) : questionner le corps dans l’Espagne franquiste

L'affiche américaine. Crédit : cerebrin.wordpress.com

L’affiche américaine, avec le nom anglicisé d’Alexandra Bastedo.
                              Crédit : cerebrin.wordpress.com

        León Klimovsky (1906-1996) est bien connu des cinéphiles ayant un intérêt pour le cinéma espagnol. D’origine argentine et installé en Espagne dans le courant des années 1950, il réalise un grand nombre de westerns spaghettis dans la décennie suivante, puis devient l’un des principaux représentants du cinéma d’exploitation espagnol qui explose dans les années 1970, avec à son actif La Noche de Walpurgis (1971), le deuxième film consacré au personnage de Waldemar Daninsky, le lycanthrope créé et interprété par Paul Naschy, ou encore le giallo très sombre Una Libélula para cada muerto (1974). La même année que ce giallo qui comprend les aspects essentiels du genre, à savoir un mélange de violence et de nudité associé à une décadence politique et sociale nihiliste, il réalise un autre film significatif du courant d’exploitation des années 70 : Odio mi cuerpo / I Hate my body. Lire la suite

Raúl Artigot (1936-2014)

Artigot

Raúl Artigot. Photographie d’archive. Source : Heraldo.es, 28 décembre 2014.

        Nouveau coup dur pour le cinéma fantastique espagnol de l’Age d’or. Après le réalisateur Carlos Aured en 2008, l’acteur/scénariste/réalisateur Paul Naschy (Jacinto Molina) en 2009 et les réalisateurs José Ramón Larraz et Jess Franco en 2013, c’est un nom moins connu des amateurs mais pourtant mémorable dans l’histoire du fantaterror : Raúl Artigot.  Lire la suite

99 Women (Jess Franco, 1969) : un film politique ?

        Dans la filmographie protéiforme et boulimique de Jess Franco, 99 Women constitue une étape importante pour plusieurs raisons. Il demeure encore aujourd’hui un film idéal pour aborder l’univers fantasmagorique du réalisateur espagnol, alors que bon nombre des films qu’il réalise après peuvent laisser dubitatif même le plus expert en matière de cinéma bizarre ou marginal. Retour sur ce parfait prototype du sous-genre dit du “Women in prison” (WIP), appelé à connaitre une carrière qui perdure encore de nos jours.

L'affiche espagnole de 99 Mujeres. Crédit : http://wrongsideoftheart.com/

      L’affiche espagnole de 99 Mujeres.
     Crédit : http://wrongsideoftheart.com/

Synopsis : 

Plusieurs jeunes femmes sont incarcérées à El Castillo de la Muerte, une prison pour femmes au milieu de l’océan. Cette prison n’est pas tout à fait habituelle car elle est tenue par la directrice Diaz (Mercedes McCambridge), une directrice sadique qui, avec le gouverneur de la région (Herbert Lom), abusent sexuellement des prisonnières, particulièrement de l’une d’entre elles, le numéro 99, Marie (Maria Rohm). Mais un événement inattendu vient bouleverser la prison : l’État vient de nommer un nouveau ministre de la justice qui ouvre une enquête sur les décès suspects à la prison. Il décide d’envoyer sur place une jeune femme (Maria Schell) chargée de lui faire rapport; celle-ci bouleverse la vie de la prison par sa gentillesse et son humanité envers les prisonnières. Diaz et le gouverneur décident alors de lui tendre un piège…   Lire la suite

“La Tour des Sept Bossus” (1944) : quand Edgar Neville prépare l’Espagne au cinéma fantastique

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Pour le premier billet de ce carnet de thèse, j’ai choisi de traiter d”un film antérieur à la période sur laquelle porte mon sujet de recherche, mais qui permet aussi de faire un éclairage sur les racines ou premiers essais très dispersés du cinéma fantastique en Espagne.

        Il y a tout juste soixante-dix ans, le 23 novembre 1944, sortait dans un seul cinéma de Madrid – Le Capitol – un film singulier et totalement en marge de la production cinématographique de son époque, La Torre de los Siete Jorobados (La Tour des Sept Bossus en français) d’Edgar Neville. Retour sur ce film maudit et néanmoins primordial dans l’histoire du cinéma fantastique – et du cinéma tout court – de l’Espagne du XXème siècle.

Synopsis :

 « Madrid, fin du XIXème siècle : Basilio Beltran est un jeune amateur de jeu très superstitieux qui est tombé sous le charme d’une chanteuse de variétés surnommée « La Belle Médusa ». Afin de pouvoir l’emmener dîner, en compagnie de son inséparable mère si gloutonne, Basilio se rend au casino et suit les indications que lui donne le spectre de Don Robinson de Mantua à la roulette. En échange, le fantôme lui demande de découvrir qui l’a assassiné et de s’occuper de sa nièce Inès, également menacée. Avec l’aide d’un ami, l’agent Martinez, Basilio devra résoudre le mystère d’un lieu où une bande de bossus se réunit pour mettre au point ses plans criminels : une synagogue secrète et souterraine appelée « la Tour des Sept Bossus ». Lire la suite