C’est en lisant le livre de Catherine Nay paru en 1984 Le Noir et le Rouge. Histoire d’une ambition, consacré à François Mitterrand, que j’ai trouvé mon sujet de maîtrise. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Mitterrand, en stalag, a participé à la rédaction du journal de son camp. Comme l’étude des journaux constitue généralement les premiers pas d’une recherche historique, je me suis lancée, sur les conseils de Jean-Jacques Becker et Jean-François Sirinelli, dans l’analyse des journaux de trois stalags : L’Equipe du stalag XVIIA, L’Ephémère du stalag IXA – auquel François Mitterrand a participé – et L’Optimiste puis le Piaf, du stalag IIB. Mes axes de recherche étaient doubles : comprendre comment des hommes mobilisés ont vécu une captivité dont la durée leur était inconnue, et tenter d’apporter un éclairage nouveau sur ces hommes de l’entre-deux guerres qui restèrent captifs, en pleine force de l’âge, durant cinq années. Je soutins ma maîtrise en 1987.
Je souhaitais continuer sur ce sujet et notamment sur la propagande notamment celle réalisée par le maréchal Pétain dans les camps mais Yves Durand l’avait déjà largement abordé dans le livre fondateur des recherches sur les prisonniers de guerre paru en 1980 : La captivité : Histoire des prisonniers de guerre français : 1939-1945, FNCPG-CAMT. Une maîtrise, soutenue par Philippe Goldman, avait étudié La propagande allemande auprès des prisonniers de guerre à travers le Trait d’Union, 1940-1945. D’anciens prisonniers de guerre, rencontrés pour ma maîtrise, m’avaient majoritairement exprimé leur déception de ne pas avoir été objets de recherche jusqu’alors. Ils l’expliquaient par le fait que les Français ne les aimaient pas car ils avaient été particulièrement soutenus par la propagande du Maréchal pendant la guerre. Cette réflexion m’avait marqué, mais je n’y avais pas vu (encore) un sujet possible.
Cherchant un sujet de DEA, Jean-Pierre Rioux me signale que les archives du Centre national de la cinématographie sont très peu exploitées. Je commence alors une recherche sur La politique du festival de Cannes (1946-1959) sous la direction de Serge Berstein, que je soutiens en 1994 à l’institut d’études politiques de Paris. Pouvais-je continuer dans cette voie ? Difficilement et pour deux raisons : il est difficile de travailler dans les milieux du cinéma, très fermés et les archives du CNC n’étaient pas classées. Plusieurs années de travail en perspective avant de pouvoir commencer les recherches ! Néanmoins, je ne me suis pas fourvoyée dans ce thème puisque de multiples discussions avec mon frère m’amène à comprendre que je peux continuer à travailler sur le cinéma tout en y associant les prisonniers de guerre, le nombre de films sur ce thème étant important. J’ai élargi cette idée et j’ai donc finalement commencé une thèse sur L’Image des prisonniers de guerre français de la Seconde Guerre mondiale – 1940-2000, sous la direction de Jean-Jacques Becker, que j’ai soutenu en décembre 2002. La réalisation de cette thèse a duré huit années, car je travaillais à temps plein en même temps, professeur d’histoire-géographie en lycée depuis 1992.