De la servitude moderne…..
Il n’est jamais question de « prolétariat », « de lutte de classes », de « communisme », comme si ces concepts n’étaient pas assez… »modernes »!
Une espèce de démocratisme radical…radical! Comme un petit goût de « l’Insurrection qui vient »…..
Ca reste démocrate mais ça à de la gueule…. A voir quand même!
Je n’ai regardé que la première partie. Près de 18 mn de texte et d’images qui, exceptés « téléphone portable » et la queue sur la culpabilisation « pseudo-écologique », pourraient avoir quarante ans, de l’analyse superficielle sous-néo-situ, son vocabulaire datée, à la voix off singeant Debord. Le « capitalisme sauvage », « la société spectatculaire marchande » n’ont pas changé… C’est tellement décalé, et finalement, tellement répandu bien au-delà de toute « radicalité », que franchement, j’ai ressenti un certain malaise devant autant de certitudes que les gens seraient aussi volontaires que cela dans leur servitude moderne.
Besoin d’un entr’acte, et d’un esquimau glacé.
Besoin d’un entr’acte, et d’un esquimau glacé.
Les Esquimaux glacés sont devenus des Inuits alcoolisés.
Patlotch tu sembles prendre le massacre de la nature avec un max de légèreté, dis donc…
Pas si volontaire que ça, la servitude? Faudrait savoir ce qu’on entend par volontaire, mais n’importe comment tu t’y cognes quand même. C’est « gênant ».
D’autre part dire que » “la société spectatculaire marchande” n’a pas changé… » pour toi c’est trivial, ou bien? mais pour d’autres qui n’étaient pas là à l’heure de gloire des situs? Qui connaît ce courant, à part des militants, comme nous, comme eux. Des analyses théoriques, on revient toujours à ça, il n’y a que cela à faire et de la façon dont c’est fait, sinon gare aux épithètes…puis c’est vrai quoi ça manque de Prolétariat, de communisme et de rapport contradictoire, on voit bien qu’ils sont pas à la pointe de la pointe de la pointe(etc), qu’est-ce qui attendent donc pour se convertir à la communisation intégrale et à la théorisation implacable…
Cher AD,
La théorie situationniste était à l’époque de sa gloire en phase avec le moment historique. LE SITUATIONNISME EST PROGRAMMATISTE (la solution, pour Debord, c’est la révolution, avec les conseils ouvriers, les automates pourvoyant à la force de travail, etc.). Pour ne pas voir cet aspect, le situationnisme comme dernier avatar du programmatisme, tu te retrouves en porte-à-faux, à justifier ce qui te semble précisément mort. Mais je t’accorde que cette amère victoire peut s’emparer, sinon des masses, de ceux qui ont soif d’une radicalité sans racines.
On ne va pas éplucher ce texte (je parle de la première partie), mais tout y est à un niveau caricatural de retard historique sur ce qui s’est passé depuis, comme si, effectivement, le monde n’avait pas changé. L’analyse du capitalisme passe à côté de ce qui le définit, l’exploitation (il y est question d’aliénation, de domination…), à côté de la restructuration globale du capitalisme et du rapport de classe. Toutes les formules piquées aux situs, réchauffées en moins beau, ont pris un coup de vieux. C’est ce qui frappe. Pas besoin de cette mascarade, on trouve ça aujourd’hui même dans des films grand public. Pas de quoi casser trois pattes à un patron, à un flic, peut-être. Dans quel milieu, avec quels contacts sociaux, quelles informations sur ce qui se passe dans les cités, dans les zones de surexploitation… vivent ceux qui s’autorisent à un pareil mépris : « le capital est méchant mais les gens sont trop cons, c’est leur faute finalement, on va leur expliquer – sur cette base, il n’est pas difficile de deviner le contenu des des deux volts suivants [je termine mon esquimau, il fond]. Rapporté à ce niveau théorique pitoyable, il faut une suffisance incroyable pour produire un navet pareil, avec une voix pareille, qui va leur expliquer, à ces « consommateurs » serviles… Vous avez vu une crise, vous ?
AD » Patlotch tu sembles prendre le massacre de la nature avec un max de légèreté, dis donc… »
Pas besoin de radicaux, c’est devenu un discours d’Etat… Al Gore, Juppé, Sarko, Borloo, Grenelle, tous sont écolos. Bové débordé sur sa droite (ou sa gauche sarkozienne, on ne sait plus, qu’importe…). Les situs annonçaient avec panache la montée de cette idéologie, qui ne s’était pas encore emparée de la politique, ni des grandes surfaces, au demeurant. Gage que Debord trouverait aujourd’hui, dans les productions bio des grandes surfaces, de quoi soulager sa nostalgie des bons crus.
« Le massacre de la nature », c’est devenu un fond de commerce (y compris de la « nature humaine », à tel point que le Ministre de la Culture s’en émeut). Vive le capitalisme propre !
« LE SITUATIONNISME EST PROGRAMMATISTE
-les conseils ouvriers, les automates pourvoyant à la force de travail, etc.).
– ceux qui ont soif d’une radicalité sans racines.
-Pas besoin de radicaux, c’est devenu un discours d’Etat… Al Gore, Juppé, Sarko, Borloo, Grenelle, tous sont écolos » Patlotch ( extraits)
Les Situs étaient programmatistes, faisaient partie de l' »ancien mouvement ouvrier », certes et Marx de quoi faisait-il partie celui-là? Pourtant, ceux qui ont soif et même faim d’une radicalité sûrement très roots( enracinée) s’en insiprent encore et toujours, ou j’erre, explique-nous cette curiosité : les situs derniers ( fin en 1969)des groupes issus du « Programmatisme » et K.Marx, un siècle plus tôt ; les uns sont vidés de tout intérêt( autre que culturel), l’Autre respîre la fraîcheur communisatrice ad vitam eternam…
D’autre part il y a un petit hic : « Ne travaillez jamais » et tout le toutim qui va avec , ça fait tache pour des conseillistes…D’ailleurs Debord avait insisté sur le caractère transitoire du conseillisme, il ne s’agit pas d’un programmatisme socialiste et productiviste, comme la plupart des adeptes des conseils ouvrier à cette date…c’est mentir que de dire : les situs étaient pour le pouvoir ouvrier et l’automation, sans dire cette contradiction.
Que l’écologie se vende en tant que bain moussant, que les centre commerciaux soient bio-dégradés, ou autre ministre vert pomme, tout cela ne signifie pas pour autant que l’affaire de la destruction de la nature ne soit pas une très sérieuse affaire. Ou qu’il faille la laisser aux récupérateurs en tout genre car comme ils disaient( et finalement, c’est aussi ton point de vue) : tout ce qui est dépassé est pourri, tout ce qui est pourri incite au dépassement.
Le capitalisme ne sera jamais vert, comme le socialisme ne produira jamais de communisme ; as-tu remarqué que le social se vend par correspondance, ou en boutique, même les gouvernants font dans le social, tous sociaux, très n’est-ce-pas?
J’ai regardé les volets deux et trois.
Derrière la description apparemment objective de ce qui se passe*, en permanence cette litanie idéaliste, « la société totalitaire marchande » est « idéologie »; les « esclaves » sont abrutis par ce qui n’est que propagande médiatico-politique du « pouvoir ». Tout serait affaire de « domination », de « pouvoir » policier, politique ou idéolgique, sur les corps et les esprits. L’analyse est même ici édulcorée par rapport au concept de Spectacle chez Debord. Même le mot « capitalisme », qui a pourtant fait, depuis une douzaine d’années, un retour notoire avec la critique démocrate radicale et/ou alternativiste, se fait ici singulièrement rare, sans doute parce qu’il ne fait pas assez « classe », vu la hauteur culturelle de cette leçon de morale aux masses serviles.
* Remarque « esthétique » : ce qui est présenté comme musiques ou images « détournées », dans le générique, n’a la plupart du temps qu’un fonction très classique d’illustration, et non de détournement, du mins tel que l’utilisaient les situationnistes et particulièrement Debord dans ses films.
Le capitalisme n’étant pas posé pour ce qu’il est (exploitation), « la révolution » se présente comme « la seule solution », alternative « annoncée par les émeutes » et le « bouleversement de la vie quotidienne », surmontant « la peur de prendre des risques », moyennant « l’organisation » d’un « front commun des révolutionnaires », qui conduira à l’authentique démocratie, « participative », et à « l’autogestion »… d’une auto-exploitation sans patrons, ni Etat, ni police ?
Bizarrement, mais somme toute logiquement, alors que tout était au départ « aliénation par le travail », il n’est pas évoqué à la fin la nécessité de l’abolir.
Quant au capital, à la valeur, au prolétariat… ce qui n’est pas nommé, pourquoi le détruire ?
AD
« explique-nous cette curiosité : les situs derniers ( fin en 1969)des groupes issus du “Programmatisme” et K.Marx, un siècle plus tôt ; les uns sont vidés de tout intérêt( autre que culturel), l’Autre respîre la fraîcheur communisatrice ad vitam eternam…»
Cela n’a rien d’une « curiosité ». Marx est bel et bien l’inventeur du programmatisme – de l’idée du passage au communisme par la montée en puissance du mouvement ouvrier, qu’il avait « sous les yeux ». Marx n’utilise certes pas le mot, et pour cause, il ne pouvait entendre le concept. Au demeurant, je crois qu’on ne trouve pas « capitalisme » non plus, sous sa plume, sans doute parce qu’il refusait de le considérer comme un « système ».
Les situationnistes ne sont pas « vidés de tout intérêt, sauf culturel » -je n’ai pas dit ça. Ils en ont un, rapporté à la période où ils étaient pertinents, en prise sur leur temps (65-68 en gros). Aujourd’hui c’est un point important de la critique que de comprendre leur théorie et leur rôle en leur temps. Ce n’est pas ce que fait ce film – qui les singe, le talent en moins – pour produire une critique que les situs auraient qualifié de « fausse » (ils adoraient ça, le « vrai », le « faux »…, bien plus que le réel et la praxis). En partant du premier Lukacs (« Classe et conscience de classe », via Henri Lefebvre et la montée de l’humanisme marxiste autour du concept d’aliénation -celui du premier Marx, cf débat TC avec les Anglais d’Aufhebing-Endnotes-, se plantant sur le premier Marx en miroir d’Althusser avec sa « coupure épistémologique », enfants perdus des avants-gardes littéraires, le situs perdent en chemin la critique fondamentale du capital, qu’avait élaboré Marx autour du concept d’exploitation et de la loi de la valeur, tout ce que conchient les Négristes, Multitudes, Stengers, les Temps critiquistes, Zizek on sait pas trop… et les divers groupes altenativistes, activistes ou autres « insurrectionnistes » en manque d’une théorie révolutionnaire. Ce Marx là n’a rien de programmatiste, ni de subjectiviste. L’exploitation, c’est le moteur du capitalisme, point barre. C’est pourquoi Marx est encore fécond, et la fille des situs aveugle.
AD « ceux qui ont soif et même faim d’une radicalité sûrement très roots ( enracinée) s’en insiprent encore et toujours [des situationnistes].
Patloch : Quand on a soif, encore faut-il aller la bonne source, non tarie. Ceux qui s’en inspirent [des situs], tombent dans ce genre de film, ou quelques-uns des leurres Ils sont le Canada dry de la radicalité.
PS : j’ai oublié de dire que, dans ce film, on parle très peu des luttes, et même fort peu de la souffrance matérielle. Davantage du danger des médicaments que de la faim dans le monde (ce qui est oublier que la grande majorité du monde prolétaire n’a pas accès aux médicaments qui sauvent la vie, cf aux USA, pas plus qu’à la chirurgie sauf pour le trafic d’organes). Or c’est une dimension majeure dans la cause des émeutes des dernières années, et le revers d’une réalité présente du capital : il n’a pas besoin – via le crédit – de reproduire toute la force de travail disponible.
AD » Debord avait insisté sur le caractère transitoire du conseillisme »
Ben évidemment, et ne t’en déplaise, c’est bel et bien la même fonction que tous les avatars de socialisme, comme première phase du communisme, une idée programmatiste de Marx et plus encore d’Engels après lui.
Quant à la question dite écologiste, elle est bien sûr sérieuse, mais c’est comme pour le genre – plus prosaïquement la surexploitation des femmes -, tant quelle ne s’articule pas avec l’abolition du capital, toute solution se heurte à ses limites. Autrement dit, la destruction de la nature est aujourd’hui d’essence capitaliste -subsomption réelle -, encore plus que le genre, mais c’est une autre histoire… S’ouvre par contre la perspective, non d’un « front commun » de révolutionnaires lanellisés rouges et verts, mais la convergence des luttes à partir de la nature intriquée de la question de classes et de celle de la place des humains dans la nature. c’est ce qu’annoncent, par exemple, les luttes en Chine.
en 78 on pouvait déplorer dans les films de Debord une pose d’esthète par l’emploi du noir et blanc ainsi que la difficulté de lire les sous-titre tout en écoutant,en même temps le commentaire.
Trente ans plus tard, ces quelques erreurs de formes corrigées, le discours du maitre (philosophe le plus lu de canal+) apparait visiblement tel qu’il était essentiellement.
Cher Norman, nonobstant tout le « mal » que j’ai dit de Debord, je défendrai l’esthète et le cinéaste, dont l’oeuvre, sans image avant d’être en noir et blanc, commence en 1953 (voir Debord cinéaste http://www.cinemas-de-recherche.com/soutien_fichefilm.asp?id=907) et se présente d’emblée (après Walter Benjamin) comme une critique radicale du langage cinématographique. pour reprendre l’intro du site au film « De la servitude moderne », ça avait de la gueule !
Ce film ne corrige pas des erreurs, mais régresse également sur le plan esthétique de l’invention formelle, pour rejoindre les montages documentaires chers à la télévision cultureuse (ç’aurait pu être du Frédéric Mitterrand). Cela dit, je partage l’idée que, ce faisant, il dévoile, sous l’apparence trompeuse du discours au regard des choses de la vie présente, la réalité de l’essentiel situationniste.
1) Lien corrigé pour Debord cinéaste http://www.cinemas-de-recherche.com/soutien_fichefilm.asp?id=907
2) Ma réponse à AD du 11 octobre, corrigée et complétée, ici (dossier perso sur Debord et les Situs) : http://patlotch.free.fr/text/1e9b5431-1103.html
3) Tableau comparatif : Extraits de « In Girum imus nocte et consumimur igni « nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes dévorés par le feu » » http://www.dailymotion.com/video/xfnaq_guy-debord-in-girum-extraits_shortfilms
L’apocalypse qu’ils nous promettent n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle que nous promettent les nouveaux leaders philosophiques du gauchisme tacticien post-gauchiste, à la seule différence comptable que celle-ci viendrait plus tard que l’autre.
(extrait de X sur émeute à Poitiers)
Je peux me rendre sans arrière-pensée à tes arguments_Patlotch, surtout l’esthétique et l’affadissement du discours, etc…Mais, (In cauda Venenum) à l’instar des »coups de gueule » au sujet des rebelles, insurrectionistes, activistes, interventionnistes, etc, ces discours tombent sous le coup d’une impossible positivation de sa source.
Que faire donc, si le discours porte, la réplique sera : que faire ? : de la théorie, de la lecture, de la production de thèses?
C’est pour cela que je cite X sur « Les émeutes à Poitiers ».
A propos des Situationnistes et de leur place en fin de parcours « programmatique »: la critique du travail et l’explicitation de son abolition comme but (certes médiat) est la critique de l’exploitation. NE TRAVAILLEZ JAMAIS/TOUT LE POUVOIR AUX CONSEILS!
Je ne comprends pas grand chose, AD, à ce que tu dis, alors peut-être je réponds à côté.
Quand tu as la rage, face à ce qui t’empêche de vivre, tu agis dans une nécessité qui est un mélange de ‘sauver ta peau’ et d’idées de ce qu’il convient de faire pour ça, immédiatement. Ça ne se présente pas comme une réponse à « Que faire ? ». Faire de la théorie n’est pas une réponse à un « Que faire ? ». La théorie n’est pas faite pour apporter des réponses à « Que faire ». « Que faire ? » est le plus souvent la question de ceux qui ne sont pas confrontés à une obligation matérielle de faire, mais morale, subjective, dans une posture militante de conseiller à d’autres « Faites ça ! ». La plupart de ceux qui se posent la question « Que faire ? » ne feront jamais ce qu’ils assignent aux autres, masses serviles fantasmées en troupes potentielles, vu qu’on se passe de morale davantage que de pain. Ceux qui font de la théorie communisatrice n’ont pas moins la rage que ceux qui étaient à Poitiers, même s’ils ne ressentent pas, n’y étant pas confrontés de force, les mêmes nécessités immédiates. Mais gage qu’un jour, on verra beaucoup moins de différences, ou de séparation, entre ces diverses pratiques, et plus du tout entre théorie et pratique, parce que détruire le capital pour ce qu’il est deviendra une nécessité immédiate, et que les capitalistes n’auront plus que la police, ou le conseillisme (dans tous les sens du terme).
En attendant ce dîner de gala, il ne me viendrait pas à l’idée de donner des leçons, ni à la théorie, ni aux pratiques quelles qu’elles soient.
L’échec du marxisme,
comme son succès historique, sont absolument liés
à la posture classique de retrait qu’il autorise, au fait,
finalement, d’être resté dans le giron de la méta-
physique moderne de la subjectivité. La première dis-
cussion venue avec un marxiste suffit à comprendre
la raison véritable de sa croyance : le marxisme fait
office de béquille existentielle à beaucoup de gens
qui redoutent tant que leur monde cesse d’aller de soi.
Sous prétexte de matérialisme, il permet de passer en
contrebande, drapé dans les habits du plus fier dog-
matisme, la plus vulgaire des métaphysiques. Il est
bien certain que sans l’apport pratique, vital, du blan-
quisme, le marxisme n’aurait pu accomplir seul la
« révolution » d’Octobre.
C’est quelque chose de cet ordre : la critique, la position critique entretient toujours , au moins implicitement, parfois très explicitement une relation de type prescriptif avec le sujet qui l’énonce. Il s’agit d’une positivation du sujet énonçant, de l’instance critique sans quoi l’énoncé et l’énonçant rejettent toute conclusion dans un après : Le moment venu, le dîner de gala, le grand soir, la révolution…
Peut-être que la théorie de la communisation se heurte à ne pouvoir exister qu’en tant que discours post-programmatique, pour la théorie, le prolétariat c’est la théorie, celle-ci ne pouvant s’affirmer sans affirmation de celui-là. La théorie comme auto-organisation. La suite se produit contre elle.
Le succès du capital, comme son échec historique, sont absolument liés à la posture praxique qu’il interdit, d’être resté dans le giron de la métaphysique de l’objectivité [de l’objectivisme]. S’il n’a pas besoin de prétexte matérialiste, c’est qu’il est essentiellement matériel [on pourrait jouer ad nauseum à ce petit jeu, ça finit par n’avoir aucun intérêt et surtout aucun sens ici]
L’idéologie qui l’accompagne [le capital] lui est consubstancielle, elle n’est pas un discours surajouté, mais un corpus d’idées produites par son essence comme mode d’exploitation du travail humain. Si les esprits sont aliénés, c’est parce que l’activité des corps (prolétaires) est aliénée, vendue comme marchandise.
LE « marxisme » n’existe pas (pas plus que LA femme). Ta « première discussion avec un marxiste » n’est – pour des raisons qui te concernent – que la projection de tes vaines rages contre la théorie, contre l’idée même que tu te fais, toi, des thèses communisatrices et de la communisation. Relis-toi pour comprendre en quelles basses eaux tu noyes tes interventions contradictoires, ce que tu écris pouvant parfois tenir sous la plume du premier réactionnaire venu.
L’art d’avoir toujours raison, la dialectique selon Schopenhauer, te conduisent à tourner en rond (« In girum nocte… ») et vainement consumer [« consumimur… »] ton talent; tu fais des phrases creuses pour te justifier sans fin – de quoi, nul ne sait – mais ton ego-esthétisme vide de plus en plus de sens tes interventions, rapportées sur ce site. Ça devient un art de faire chier pour le plaisir, finalement plus adolescent qu’anarchiste.
AD « la théorie de la communisation se heurte à ne pouvoir exister qu’en tant que discours post-programmatique, pour la théorie, le prolétariat c’est la théorie, celle-ci ne pouvant s’affirmer sans affirmation de celui-là. »
Faut pas Charrier ! Mais tu voudrais démontrer que t’as rien compris, tu t’y prendrais pas autrement.
Allez, bonne survie, et bonnes rêvoltes.
« Travailler fatigue », écrivait Pavese. God Bless the Child !
Il semble que la première partie du message d’AD du 13 oct. 20h18 soit tirée de Tiqqun, » Contributions à la guerre en cours » (La Fabrique, avril 2009), ce que je n’ai pas vu, d’où ma réponse comme s’il s’agissait de la position d’ AD lui-même, qui n’a pas signalé cette source.
Désolé pour cette méprise, bien que ça ne change pas grand chose au fond, puisqu’AD revendique » quelque chose de cet ordre « .
Depuis octobre 1917, il est devenu facile de savoir, sauf pour Tiqqun, quel « marxisme » a « accompli // la « révolution » d’Octobre. Au demeurant, Lenine repeint en blanquiste est adorable.
« Quelque chose de cet ordre », si je comprends bien, serait pour AD que la théorie de la communisation accomplisse celle-ci, et qu’elle le prétende A ma connaissance, la théorie de la communisation possède au moins une qualité « marxiste » : elle ne croit pas qu’aucune révolution puisse jamais être accomplie par une quelconque théorie « seule ».
ou lala, ça s’embrouille dans la negation de la negation de l’affirmation
» la theorie ne croit pas qu’aucune « – donc « elle croit qu’une »
c’est bien ça ?
Cher Norman,
Avant d’être, avec et sans Marx, praxistes (11ème thèse sur Feuerbach), nous (« communisateurs ») sommes a minima matérialistes. Nos idées – nos théories de/sur la communisation – ne transformeront pas le monde par elles-mêmes, d’abord parce qu’aucune idée ne change rien aux choses, qui ne se transforment radicalement que dans/par leur mouvement propre, et de plus parce que la théorie ne prouve son efficience qu’en accord au mouvement des choses (ie lutte de classes/ économie politique).
AD, Tiqqun, Debord, et tous les activistes éperdus de « pratiques » sont de fait idéalistes philosophiquement – ce qui se retourne contre AD accusant la théorie de « croyance ».
« Thomas, appelé Didyme, l’un des douze, n’était pas avec eux lorsque Jésus vint. Les autres disciples lui dirent donc : “Nous avons vu le Seigneur.” Mais il leur dit : “Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point.” Huit jours après, les disciples de Jésus étaient de nouveau dans la maison, et Thomas se trouvait avec eux.“ Jésus vint, les portes étant fermées, se présenta au milieu d’eux, et dit : “La paix soit avec vous !” Puis il dit à Thomas : “Avance ici ton doigt, et regarde mes mains ; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais crois.” Thomas lui répondit : “Mon Seigneur et mon Dieu !” Jésus lui dit : “Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru !” » (Jn 20, 24-29).
Heureux ceux qui ne croient que ce qu’ils voient !
le materialisme, poussé jusqu’au bout de sa logique, conduit à l’absence de matière (physique quantique),alors que l’idealisme doit continuer à faire vivre la matière pour la nier.
ce ne sont pas deux chemins differents ,mais les deux faces trompeuses d’une bande de Moebius (vous etes amateur d’ESCHER ? http://pedagogie.ac-toulouse.fr/lotec/EspaceGourdon/TEMP/MathArt/declinaison/Mobius/page3.html ).
le matérialisme peut donc etre defini comme un ultra idéalisme.
Ce que je vois est toujours mediatisé par un fantasme.
la vraie formule est:
« je ne vois que ce que je crois »
« Nos idées – nos théories de/sur la communisation – ne transformeront pas le monde par elles-mêmes, d’abord parce qu’aucune idée ne change rien aux choses, qui ne se transforment radicalement que dans/par leur mouvement propre… »
Le mouvement qui change les choses est essentiellement le mouvement de ceux et celles qui ont des idées et des pratiques qui se font échos, un mouvement d’autotransformation. Une idée en soi ne change pas le monde, mais une idée qui se discute et s’expérimente n’est déjà plus une simple idée mais la coïncidence de ceux et celles qui changent leurs idées sur le monde en changeant les circonstances qui donnent forment à leurs idées. À trop vouloir voir le mouvement qui change le monde comme une totalité historique ont en vient à perdre de vue ce qui fait l’existence concrète de ce mouvement comme totalité, la singularité de ceux et celles qui agissent avec leurs idées dans la bouche et de cette pratique comme langage de leurs idées communes : les luttes sont bavardes. Donc, le mouvement qui se transforme dans/par son mouvement propre n’a de réalité pour nous qu’au travers les luttes concrètes, le reste n’est qu’abstraction qui nous permet de faire de la théorie.
« … et de plus parce que la théorie ne prouve son efficience qu’en accord au mouvement des choses (ie lutte de classes/ économie politique). »
La théorie n’est jamais en accord avec le mouvement qui transforme les choses, sinon elle n’est plus théorie mais la simple pratique des idées comme un mouvement qui transforme les choses selon les idées qui les font et les défont, parce que cette pratique est elle-même ce mouvement. La théorie est discours sur le mouvement à l’intérieure du mouvement et non simple coïncidence des idées et des circonstances comme mouvement d’autotransformation. À trop vouloir faire corresponde la théorie avec la réalité, on oublie à la fois ce qu’est la théorie et ce qu’est la réalité, on n’oublie que la théorie est nécessairement distance critique d’avec la réalité et donc un désaccord. Quand je fais de la théorie, je sais pertinemment que je fige le mouvement selon une abstraction qui me permet d’en tirer un discours, mais par cette fixation je crée une distance par rapport au mouvement qui lui ne cesse d’être en mouvement et donc s’éloigne de mon discours.
« Le matérialisme peut donc être défini comme un ultra idéalisme.
Ce que je vois est toujours médiatisé par un fantasme.
La vraie formule est:
“je ne vois que ce que je crois” »
La théorie rend compte de la réalité mais ne peut être confondu avec elle; par exemple, la théorie matérialiste dans ses conclusions ultimes ne peut que découvrir qu’elle est une idée sur le monde, une théorie, mais rien empêche cette idée d’être dans la bouche de beaucoup de têtes et de faire écho à une pratique très bavarde : le cours quotidien de la lutte de classe. En somme, ce qui est amusant avec la théorie, c’est qu’on peut lui faire dire pleins de choses sans pour autant changer quoi que ce soit aux choses qui nous font dire de la théorie : je peux bien essayer de voir ce que je crois voir, mais ce qui m’est permis de croire n’est pas toujours ce qui m’est permis de voir… par exemple, je crois que l’argent n’a pas de valeur (contrairement à son odeur de papier et d’encre) et pourtant, ce petit bout de papier pleins d’encre a une valeur symbolique qu’il est difficile de ne pas voir. Y a-t-il quelque chose de pertinent dans ce que je viens de dire ???
« Y a-t-il quelque chose de pertinent dans ce que je viens de dire ??? »
très certainement
mais comme l’exprimait Marx,cette question du fétichisme est bien plus complexe qu’elle en a l’air. J’ai beau le savoir, cela agit quand même.
je peux lire tous les livres m’expliquant les mécanismes de l’aliénation, je n’en reste pas moins aliéné. Ce paradoxe est même dangereux si j’argue de mon savoir pour me croire libéré de ce qui agit quand même à mon insu.
En d’autres termes, je sais que l’argent n’a pas de valeur, mais l’argent,lui ne le sait pas,et continue d’agir sur moi.
y a-t-il quelque chose de compréhensible dans ce que je viens de dire???
POST FESTUM
Aucune théorie ne peut aujourd’hui s’affirmer, ou se scinder en tant que position à partir de laquelle il serait possible de juger, critiquer, jauger un mouvement en cours. Impossible de définir une doxa, la théorie est commentaire, tout comme la critique sociale. La superficialité de l’usage de la théorie engendre la critique théorique de la critique pratique pour elle-même.
J’ai bien aimé la première partie du texte de Amersimpson, « les idées », pour l’autre, j’aime idéaliste, qui pour moi signifie intègre et désintéressé, je ne rejette pas l’idéalisme, ni l’oppose au matérialisme, « un ultra-matérialisme », comme écrit Norman, une espèce de matérialisme, « une idée sur le monde ».
Donc, pas de base « théorique » à partir de laquelle s’élancer pour pourfendre les « déviants », ceux qui n’ont pas pigé, etc…les rebelles, les agitateurs agités, les insurrectionnistes post-blanquistes communistes des communes, anarchaos. Les AUTRES….
Je ne parle pas de la théorie en général et hors du temps, mais de la théorie de la communisation aujourd’hui, qui n’a d’intérêt – et espérons d’efficience à terme – que si elle émane des choses, en l’occurrence des luttes présentes, du mouvement de la valeur en procès, bref de l’état actuel de la contradiction capital-prolétariat, de la crise, de la lutte entre classes telle qu’elle est et évolue, ce que s’attache à formaliser la théorie en tant qu’abstraction. Ce sont les choses qui parlent. La théorie n’est pas, n’est plus ou ne devrait pas être, ou pas être lue, aujourd’hui, comme un commentaire intellectuel après coup. Elle est une leçon de choses dans la mesure où ce sont les choses qui font la leçon, et les choses, c’est ce qu’on fait dans la lutte, y compris de la théorie.
Dans le contexte plus haut, j’ai écrit « Heureux ceux qui croient ce qu’ils voient », mais il faut ajouter « qui voient ce qu’ils font » (ça c’est plus proche de la 11ème thèse ad Feuerbach, parce qu’il est question de l’activité comme un tout, et non d’une dichotomie idéalisme-matérialisme, ou théorie-pratique).
Je pense qu’Amer Simpson expose une vision trop séparée de la théorie, limitée à son versant abstrait. C’est strictement vrai, mais il est indispensable que la théorie de la communisation devienne une activité intégrée aux luttes – ce qui n’est effectivement pas un discours distribuant bons et mauvais points communsiateurs. J’imagine dans la suite des choses une sorte de confluence entre les formulations les plus abstraites du concret pensé, et la pratique concrète des luttes porteuses de théorie. Le mot même de théorie n’est pas adéquat pour en rendre compte. Praxis ?
« En d’autres termes, je sais que l’argent n’a pas de valeur, mais l’argent, lui ne le sait pas, et continue d’agir sur moi »
L’argent ne croit rien, ne sait rien, ne pense rien… seuls ceux qui ont intérêts à ce que l’argent ait de la valeur font en sorte que l’argent en ait. Maintenant, le fait que moi je crois le contraire ne change absolument rien, car le problème n’est jamais une question de croyance, mais d’un ensemble de rapports que se donne les individus entre eux et ce sont ces rapports qui agissent sur moi. J’ai beau expliquer à mon épicier que l’argent n’a aucune valeur, que le temps de travail est sans fondement, donc incalculable et que tout ça n’est que poudre aux yeux, il ne va pas me laisser… Bref, pour tous et chacun, il n’y a que les rapports sociaux existants qui donne à croire que l’argent a de la valeur. Sous cet angle, le fétichisme n’est pas si complexe, mais il vrai que de savoir ça ne m’avance pas à grand chose. La théorie a ses propres limites qu’il ne faut pas ignorer.
« Ce sont les choses qui parlent. La théorie n’est pas, n’est plus ou ne devrait pas être, ou pas être lue, aujourd’hui, comme un commentaire intellectuel après coup. »
Je devine ici que CHOSE est une abstraction qui désigne la totalité des rapports sociaux dans la division de ses parties comme rapports de classes. Ce qui veut dire que pour la théorie de la révolution, ce sont les luttes qui sont bavardes et donc que la théorie est l’oreille qui écoute ce qui se dit et se fait quand les prolétaires agissent contre le Capital et contre ce que le Capital fait d’eux. Cette écoute est nécessairement une distance, cette distance un décalage et ce décalage un après coup… qu’on le veille ou non, la théorie ne sera jamais totalement immédiate avec le mouvement par rapport auquel elle prend un recule.
« Je pense qu’Amer Simpson expose une vision trop séparée de la théorie, limitée à son versant abstrait. »
Ce que je veux définir par activité théorique, c’est que la théorie est une activité spécifique, différente de la simple conscience qui dit ce qu’elle fait et fait ce qu’elle dit, une activité donc qui théorise, prend une distance critique par rapport à ce qui se dit et se fait dans les luttes concrètes, mais que là s’arrête sont champ d’activités. Car dans une lutte concrète avec des gens qui débattent d’idées pratiques dans le but d’agir sur les circonstances qui définissent leur lutte, dans un contexte général où ce qui définit leur lutte leur échappe et ce qu’ils veulent leur appartient, la théorie devient un corpus d’idées abstraites qui peut servir à alimenter le débat concret mais, parce qu’il efface sa distance par rapport à la lutte, n’agit plus comme théorie mais comme prise de position concrète dans une lutte concrète et qui va jusqu’à remettre en cause la théorie elle-même, car la théorie est toujours en retard sur ce qui se fait de nouveau dans la lutte. En d’autres mots, une théorie qui ignore ce qu’est une théorie devient un dogme.
« C’est strictement vrai, mais il est indispensable que la théorie de la communisation devienne une activité intégrée aux luttes – ce qui n’est effectivement pas un discours distribuant bons et mauvais points communsiateurs. »
Personnellement, je ne cherche pas à défendre la théorie de la communisation en elle-même, car lorsque je suis interpellé par une lutte, je cherche plutôt à défendre les prises de position qui s’imposent d’elles-mêmes et par rapport aux quelles la théorie de la communisation est une boite à outils théoriques qui accompagne mes réflexions et alimente parfois les débats mais sans plus. Si en tant que prolétaires ayant dans nos têtes une théorie de la révolution nous n’avons pas de rôle à jouer comme telle, c’est bien parce que la théorie à ses limites par rapport aux luttes et donc qu’elle n’est rien de plus qu’un ensemble de concepts fort utiles mais très vite dépassés par la dynamique des changements de circonstances qui imposent de nouvelles problématiques, de nouveaux débats et donc de nouvelles prises de position à défendre. Aucune théorie ne peut résister à l’épreuve des faits et c’est pourquoi, une théorie qui cherche son propre fondement doit se définir dans cette limite; c’est là pour moi un des points les plus intéressants de la théorie de la communisation, se reconnaître pour ce qu’elle est en tant que théorie de la révolution.
« J’imagine dans la suite des choses une sorte de confluence entre les formulations les plus abstraites du concret pensé, et la pratique concrète des luttes porteuses de théorie. Le mot même de théorie n’est pas adéquat pour en rendre compte. Praxis ? »
Moi ce que j’imagine c’est que la théorie fera effectivement partie du mouvement qui transforme le monde en transformant les individus mais toujours en tant qu’activité théorique spécifique qui prend un recul par rapport au mouvement, au risque parfois de se dénaturer en une norme idéologique à partir de laquelle la théorie juge des luttes comme la morale juge le bien et le mal. Toutefois, que la théorie participe aux débats qui animent les luttes ne fait pas de la théorie une activité qui se confond avec la conscience du faire comme être conscient de ce qu’il fait dans les luttes. Car toutes théories de la révolution, en dehors des sectes révolutionnaires et des rackets idéologiques, ne peuvent que tendre l’oreille et transcrire ce qui se passe dans un langage fixe, abstrait et critique mais qui permet de conceptualiser et définir ce qui est mouvant dans le concret et donc de l’alimenter en retour. Voilà à mon avis ce qui différencie la théorie comme activité spécifique où l’individu prend un recul par rapport à ce qu’il fait pour revenir mieux outillé devant ce qu’il faisait, de la praxis comme activité général où l’individu se définit et se reconnaît directement dans ce qu’il fait.
Je ne suis pas capable de réagir point par point de façon rigoureuse dans cette forme discursive. Désolé. Néanmoins, je vois quelques points d’accord et des nuances, ou plus.
Si on garde à la théorie son strict caractère de formulation abstraite (« activité spécifique »), tout ce que tu dit, Amer Simpson, me semble juste (quasi tautologique), mais cela pose un problème quant à son rapport, de distanciation, dans la montée de la perspective communisatrice. D’autant plus que tu la poses par ailleurs comme « boîte à outils », car là, ça lui confère au contraire un caractère de guide théorique; et certes, tant qu’on n’est pas en mesure de franchir le pas, de communiser pratiquement, ce risque menace la théorie, d’être utilisée comme ça, disons de façon « militante », objectiviste/subjectiviste. Ce faisant, paradoxalement, on la fait sortir de son caractère d’activité strictement abstraite. Il y a donc bien un problème…
La théorie n’est pas seulement l' »oreille » dans les luttes, si elles-mêmes sont « théoriciennes » (TC). Se présentent comme deux formes de la théorie, du moins de l’activité de penser ce qu’on fait, une immédiate, inhérente aux luttes, une d’élaboration plus intellectuelle, spécialité des théoriciens. Quant je parle d’un confluence de ces deux formes, je veux dire que ce rapport change dès que s’engage le processus de communisation concret. Il est vrai qu’avant, la théorie ne peut dépasser par elle-même les limites de la lutte (c’est d’ailleurs pourquoi le terme de « boîte à outils » me paraît dangereux : outils pour faire quoi de plus, que sans théorie ?).
La théorie telle que je la conçois, et parfois perçois chez TC d’un texte à l’autre, n’est pas figée avec des concepts qui deviendraient caducs du jour au lendemain en raison de telle lutte singulière mettant en évidence un aspect nouveau de la situation générale. Elle vit dans une dynamique qui tend à coller aux choses (je dis « choses » pour ce qui n’a rien d’une abstraction, justement. Au sens de « Les choses non les mots » comme disait JL Godard)
Je suis donc d’accord quand tu dis » je ne cherche pas à défendre la théorie de la communisation en elle-même « , mais pourtant, tu me sembles presque considérer l’activité spécifique de théorisation pour elle-même, dans le temps du « recul », à la manière d’une stratégie avec une tactique à affiner.
Toute lutte est vécue en temps réel. La perception de ce qui est faisable, qu’il vaut la peine et le risque d’entreprendre, pour mener chaque lutte le plus loin possible, ne va pas sans être malmenée par la lucidité quant au fait qu’aucune lutte aujourd’hui ne saurait dépasser ses limites dans le contexte global, et conduire à la communisation. C’est ce qui fait d’une part le fond des polémiques entre théoriciens et activistes qui reprochent à ceux-là leur attentisme, d’autre part, toute lutte ayant ses propres déterminations, causes et objectifs, ceux qui les mènent se passent de théorie – même comme « boîte à outils ».
Mais plus la crise avance, plus la perspective communisatrice acquierant une dimension réaliste (et populaire, sic), plus ce rapport classique et alternatif en allers-retours théorie-pratique-théorie, va devenir insuffisant et lourd d’inertie. Le courant communisateur n’est pas alternatif… La communisation se fera en temps réel, avec le recul… du canon.
Précision :
Si la théorie des cordes s’avère exacte, déclarait récemment un physicien quantique, alors il se pourrait bien que le secret de la matière réside dans une simple onde, une vibration sonore.
A propos de musique, Hegel ne disait-il pas que l’accord parfait exprime au mieux la nature de « l’idée » en général, car « nous avons une tonalité de divers sons qui manifestent à la fois leur diversité et leur inaltérable unité. »
La boucle est bouclée, le matérialisme comme promotion de l’idée, et l’idéalisme comme promotion de la matière.
Praxis :
La compréhension est un long cheminement qui s’apparente à une spirale s’approchant lentement de son centre. Elle est rarement immédiate. On peut déclarer subitement « j’ai compris », pour s’étonner quelques jours, semaines ou années plus tard que l’on comprend encore.
La psychanalyse nomme « métabolisation »ou « perlaboration » le moment ou son patient passe d’une pure compréhension intellectuelle à une compréhension ressentie.(incarnée)On dit que c’est parfois très long.
Les neurosciences indiquent que la rationalisation n’occupe que l’hémisphère gauche du cerveau, l’hémisphère droit étant celui de l’affect.
On peut en déduire que les conditions d’une compréhension parfaite nécessite une harmonie entre les pensées et les sensations. De ce point de vue, étant donné que les conditions de vie qui nous sont faites ne procurent que des sensations négatives, la théorie communiste reste incompréhensible, sinon négativement. Il nous faut des sensations positives pour comprendre la théorie !
Salut la compagnie,
Je suis bien avec les considérations d’Amer Simpson ( puis mes enfants aiment aussi ..Les Simpsons!).
Pour en revenir à ce film « De la servitude moderne », une dénonciation, en montage, voix off..etc aisément identifiable et comparable par là même – pas en sa faveur, par exemple-, mais simplement qui peut donner à penser, je dirais pareil, mais pour des raisons très autres de Tiqqun que j’ai introduit dans la polémique. Ce que nous avons de commun, ce que nous sommes : le temps et les nécessités communes et divergentes.
Je pense que la communisation traverse les groupes, passe par la rebellion ou la révolte parfois -question de casi-rite initiatique de passage et d’affirmation,etc-, par la dénonciation, et bien d’autres manifestations de rejet, d’être contre tout, de conflits salariaux plus expressement classistes. Ces différentes expressions de communisation trouvent leur écho chez des intellectuels, de Badiou, à Rancière, Agamben, ou Zizec, je constate un infléchissement, un retour, comme qui dirait de la question communiste.
Tout ce qui tourne autour et donne à penser, peut-être aussi un peu : à faire, discuter, ou regarder la tournure des choses qui ne se laissent pas emprisonner, qui filent. Je suis éclectique et en cela contradictoire.
Derniers propos filmique : faire du film communisateur, qui a une idée?
Norman « Hegel ne disait-il pas que l’accord parfait exprime au mieux la nature de « l’idée » en général, car « nous avons une tonalité de divers sons qui manifestent à la fois leur diversité et leur inaltérable unité. » »
Qu’Hegel soit hegelien, idéaliste, n’étonnera personne, et tu nous en donnes un merveilleux exemple. L’accord parfait (disons do-mi-sol) est composé d’harmoniques naturelles de la note de base : do, fondamentale et première harmonique; sol, quinte et 3ème harmonique; mi, tierce et cinquième harmonique; les trois ramenées dans l’octave de la note de base pour former cet accord dit parfait. C’est un phénomène on ne plus naturel, que peut décrire la physique des corps sonores, et qui ne tient pas à « l’idée » qu’on s’en fait. Cela reste vrai dans l’harmonie tempérée, la tonalité occidentale chère à Hegel, où ces notes sont justes, soit les mêmes que dans la nature, par exemple, un tuyau ou… une corde. L’accord parfait peut être produit par un même et seul tuyau, une seul et même corde, les harmoniques étant plus ou moins présentes, et définissant le « timbre » par leurs proportions relatives.
Sans parler de la praxis du jeu d’un instrument de musique, à cordes (ex guitare), ou à tuyaux (ex orgue), le matérialisme élémentaire consiste à considérer que l’accord parfait ‘est’ davantage la nature (la matière, philosophiquement parlant) qu’il n’exprime « l’idée », et, si on a pu longtemps le considérer comme « harmonieux », c’est tout simplement parce qu’il est on ne peut plus naturel.
Au demeurant, ce que tu expliques est intéressant, mais n’a rien à voir avec la considérations sur l’opposition classique de la philosophie, entre idéalisme et matérialisme, et leur dépassement, à partir de Marx, par les philosophies de la praxis. Les sciences cognitives ne font pas avancer d’un pouce les théories de la représentation et de l’activité de classe, telle que Marx en ouvre la perspective à partir des thèses sur Feuerbach.
faire du film communisateur, qui a une idée?
je rêve d’un monde ou la seule idée de passer du temps devant un écran serait vécu comme la plus absurde des inepties.
quand on aime la vie on se passe très bien du cinéma
AD « Je pense que la communisation traverse les groupes, passe par la rebellion ou la révolte parfois -question de casi-rite initiatique de passage et d’affirmation,etc-, par la dénonciation, et bien d’autres manifestations de rejet, d’être contre tout, de conflits salariaux plus expressement classistes. Ces différentes expressions de communisation trouvent leur écho chez des intellectuels, de Badiou, à Rancière, Agamben, ou Zizec, je constate un infléchissement, un retour, comme qui dirait de la question communiste. »
Sauf, une fois de plus, à laisser noyer le bébé du poisson théorique dans les eaux tièdes du démocratisme radical, je ne peux laiser passer ça, AD. On ne peut pas parler à la légère de « communisation qui traverse les groupes », et encore » d' »échos de ces diverses expressions de la communisation » chez ces intellectuels de la radicalité démocratique. C’est un abus de langage théorique.
La communisation est le concept de la révolution communiste comme immédiateté, qui se pose à notre époque, sans reproduire ni la phase socialiste soc’dem), ni le lendemain radieux du Grand soir (stalinien ou pas). Chez ceux que tu cites, à mois qu’ils aient sérieusement changer de point de vue sur le communisme, on constate bien sûr l’effondrement du programmatisme ouvrier – concept qu’ils n’utilisent pas, phénomène qu’ils ne cernent pas théoriquement – on ne trouve en rien de cette idée, et je ne les ai pas vu utiliser le concept de communisation, même sans le dire.
Salut,
Je voulais parler d’une thématique communiste, au sujet de ces intellectuels/médiatiques.
En fait je n’ai lu de près que Badiou : « l’hypothèse communiste », une tentative d’en finir avec la période de transition, le constat de la caducité du socialisme et du gradualisme qui va avec. Zizec me paraît plus superficiel, malgré, ou est-ce à cause, son côté « lacanien », Rancière, d’ouï-dire le plus démocrate de tous.
Pour Giorgio Agamben, un des inspirateurs de Tiqqun, il faudrait vérifier s’il utilise « communisation »( comme défini par Patlotch), ou non ; en tout cas chez tous une tentative de sortie du socialisme. Communisation est employé dans Tiqqun, dans un sens voisin (…) de celui de révolution comme immédiateté, et le rejet de la période de transition mène vers là…
A.D: “Zizec me paraît plus superficiel”
comme disait Nietzsche:”ceux qui volent trop haut paraissent petits à ceux qui ne savent pas voler”
Slavoj Zizek est une somme d’intelligence d’une profondeur inouï.
mais il faut le lire entre les lignes et ne pas se buter sur sa fascination pour Robespierre.
AD « Badiou : “l’hypothèse communiste”, une tentative d’en finir avec la période de transition, le constat de la caducité du socialisme et du gradualisme qui va avec.»
Hé bien, au moins est-il fidèle à sa jeunesse maoïste…
AD » Zizec me paraît plus superficiel, malgré, ou est-ce à cause, son côté “lacanien”»
C’est quand même un de ceux qui parlent le plus de lutte de classes, et sans doute un des moins occidentalo-centriste dans sa manière de considérer le monde. Cf, en 2002 « Le spectre rôde toujours, Actualité du manifeste du parti communiste », mais bon, même Derida s’y était mis en 1993 (« Spectres de Marx »).
« Rancière, d’ouï-dire le plus démocrate de tous.»
Oui, un peu moins fidèle à sa jeunesse althussérienne, c’est le moins qu’on puisse dire. Ct « Aux bords du politique », 1998; « La Haine de la démocratie ». La Fabrique, 2005.
AD « Pour Giorgio Agamben, un des inspirateurs de Tiqqun, il faudrait vérifier s’il utilise “communisation” (comme défini par Patlotch), ou non »
Je prends le pari. Mais ne te fatigue pas inutilement.. Fatiguer travaille.
Tout ce beau linge post-post-Althusser-Deleuze-etc. s’est retrouvé pour fêter Marx à Londres et y causer de « l’idée de communisme » > http://socio13.wordpress.com/2009/04/05/%C2%ABlidee-de-communisme%C2%BB-selon-badiou-ranciere-zizek-negri-de-notre-envoyee-speciale-a-londres-marx-contre-attaque-par-aude-lancelin/
Encore une fois, je ne vois pas le rapport avec le concept de communisation tel que formulée par les groupes de théoriciens communistes dans les années 70, concept qui ne doit rien à ce qui serait « ma définition ». Quand on veut débattre, il faut bien partir d’un sens partagé des mots-concepts, même pour exprimer des désaccords. Conférer à « communisation » un sens aussi flou que tu le fais, c’est vider le débat de toute possibilité de clarté et de rigueur. Quel intérêt ICI, vu le fond de commerce théorique ?
Tu peux retrouver la brochette élargie au « théoricien » de la LCR, Ben Saïd, dans » Démocratie, dans quel état ?, avec Giorgio Agamben, Alain Badiou, Daniel Bensaïd, Wendy Brown, Jean-Luc Nancy, Kristin Ross et Slavoj Zizek , La Fabrique, 2009.
Manquent à ton inventaire, entre autres, Balibar (« Marx démocrate. Le Manuscrit de 1843″), Abensour (« La démocratie contre l’Etat »), très en vogue chez les anrs du démocratisme radical. Macherey est plus solide (« Marx 1845, Les thèses sur Feuerbach », 2008), mais ne tient pas face à Roland Simon, « Karl Marx et la fin de la philosophie allemande », Théorie communiste n°21, février 2007. Le communisme philosophique, abrégé, Roland SIMON, 14 avril 2007 http://www.anglemort.net/article.php3?id_article=88
Si ça t’intéresse, tu peux jeter un oeil sur les textes diffusés par Multitudes > http://multitudes.samizdat.net/ et même t’inscrire sur leur liste, où pleuvent des pages de bla bla très sélect autour de ces auteurs. J’ai pu vérifié, dans ma jeunesse dévoyée, il y a maintenant cinq ans, que le genre de problématique ouverte par nos camarades du « courant communisateur » y étaient tout sauf bien accueillies, le cerbère de service m’ayant explicitement dit « Ce que vous dites, Monsieur…, ne nous intéresse pas », avant de me censurer purement et simplement.
Tu voudras bien m’excuser si je ne donne pas suite dans ce registre. Je pense que nous nous engagerions dans tout sauf une discussion interne aux problèmes de la communisation. Pour ma part, en vieux sectaire, je considère que cela est sans intérêt ICI.
Avant tout, J’aimerais souligner que j’apprécie les débats que permet ce site. Depuis la mort de la revue/collectif Meeting, auquel je ne participais plus vraiment faute de moyen informatique et de temps pour m’y consacrer, il était difficile de trouver un site où les débats autour de la communisation comme théorie puissent prendre leur élan sans être trop contraint par des concepts rigides qui refusent la remise en cause devant l’épreuve des faits. Je suis désolé si ma forme discursive rebute un peu, mais sachez que c’est là pour moi une façon d’explorer des chemins théoriques sans trop savoir si mes propres propositions conceptuelles résisteront à la leur démonstration. En espérant que cela ne vous ennui pas trop… et soit toujours pertinent.
J’avoue que le terme « boite-à-outil » peut paraître ambigu, mais l’idée n’est pas d’en faire un « guide théorique » qui éclaire la route vers les avenues communisatrices à l’intérieure des limites de la lutte du prolétariat qui agit en tant que classe contre le Capital. Non, l’idée est que dans une situation concrète les concepts théoriques existent pour contribuer à définir la situation et si les concepts existants ne suffisent pas, d’autres seront créées. Mais bien entendu, chacun et chacune auront leur part de concepts théoriques à mettre dans la balance et c’est dans ce sens que la théorie alimente les débats. À savoir s’il y a vraiment des gens qui se passent de théorie, aussi basique fut-elle, quand ils sont embarqués dans une « lutte ayant ses propres déterminations, causes et objectifs », j’en doute fort. Si les luttes sont théoriciennes, ceux et celles qui agissent dans les luttes ont tous et toutes leur part de théorie. Inversement, seuls ceux et celles qui ont intérêt à faire croire que la théorie est un privilège affirment que la théorie est un fait privilégier qui n’est pas donné à tous et toutes.
En fait de boite-à outils théorique, Normand nous en donne un aperçu un peu comique avec sa marmite où bouillonne en famille la théorie des cordes, de la musique selon Hegel, de la psychologie et de la neuroscience. On peut très bien s’imaginer que les prolétaires de tous horizons apporteront à leur façon les ingrédients les plus inusités aux menus de leurs luttes respectives. Bien sûr, les théories mêmes les plus scientifiques trouveront leur raison d’être que si elle répondre sérieusement aux questions que posent les luttes elles-mêmes face aux limites et exigences qu’elles produisent, d’autant plus sérieux que les débats les plus importants seront en réalité de véritables conflits entre différentes prises de position… parfois armées, souvent déterminant dans la suite des événements.
Que la théorie de la communisation prétende que ses concepts ne sont pas fixes, qu’elle « vit dans une dynamique qui tend à coller aux choses » est justement l’aspect de cette théorie qui la rend particulièrement intéressante, puisque qu’elle tend, comme je l’ai déjà dit, à « se reconnaître pour ce qu’elle est en tant que théorie de la révolution », soit une théorie vivante qui accepte de remettre en cause ses concepts lorsqu’ils ne suffisent plus à élucider les situations nouvelles que la lutte produit. Mais rien empêche que la théorie garde sa propre dynamique qui la distance de la réalité en mouvement, car si « elle se colle aux choses » c’est bien parce qu’elle n’est pas la « chose » elle-même et donc, qu’elle ne cesse de produire une distance qui l’éloigne du réel malgré sa volonté de marché aux pas de la réalité.
Jusqu’à quel point le rapport entre théorie restreinte et théorie générale, pour reprendre les concepts chers à TC, peut-il changer dans la monté du processus révolutionnaire de la communisation ? Est-il réaliste de penser que la distanciation théorique va disparaître dans l’immédiatisme de la praxis du fait que les rapports entre les individus seront directement sociaux, que les médiations par lesquelles l’existence sociale prend forme pour les individus auront été abolit ? Personnellement, je continu à croire que la théorie est une dynamique propre à l’esprit humain qui risque fort d’être autre chose que ce qui a été connu jusqu’à maintenant – car la révolution est une transformation sociale qui produira des rapports nouveaux entre les individus qui n’ont aucune équivalence dans les rapports actuels même en germe et que les prolétaires n’ont rien d’autre à affirmer dans ce qui les constitue comme classe en rapport avec le Capital que leur négation – mais la théorie comme dynamique spécifique de la connaissance ne disparaîtra pas pour autant. Cela peut donner l’impression que je considère « l’activité spécifique de théorisation pour elle-même », ce qui n’est pas tout à fait faux, car mon but est de cerner l’activité théorique pour comprendre sa dynamique propre par rapport à l’ensemble des activités sociales, mais en revanche, je ne cherche pas à lui donner un statut quelconque la rendant par ce fait autonome et donc capable de servir de guide « à la manière d’une stratégie avec une tactique à affiner. »
Je comprends ce que tu veux dire Patloch quand tu parle « d’une confluence de ces deux formes » (théorie restreinte et théorie général) dans le processus de communisation concret. C’est en quelque sorte dire que les débats théoriques et les mesures communistes qui s’imposeront d’elles-mêmes se confondront dans le seul et même mouvement d’autotransformation. Que la théorie se renouvèlera au rythme des changements qui s’opère; que les conflits qui traverseront les luttes seront aussi les arènes où les théories auront pour seule vérité d’être efficientes; que l’activité théorique ne sera plus à des années lumière des faits ou de « choses » mais embarqué dans l’action des prolétaires comme le moment où ils se questionnent dans ce qu’ils sont contre ce que le rapport de classes a fait d’eux. Mais le hic c’est que les « choses » qui parlent sont le fait de singularités qui pensent et questionnent les faits eux-mêmes et dans ce mouvement d’autocritique une distance se crée toujours et c’est cette distance qui fait pour moi la dynamique de l’activité qui théorise en prenant une distance sur les « choses ». Que la théorie ne se fasse plus dans les écoles ou dans les cafés philosophiques mais plutôt dans la lutte, cela n’empêche pas que la conscience immédiate et la théorie sont deux moments distincts de la coïncidence des idées et des circonstances, ne serait-ce que dans le fait que l’on comprend toujours les erreurs ou les conséquences imprévues de nos activités après un certain recule.
Ou encore, pour reprendre un concept cher à TC, on comprend toujours qu’un cycle de luttes vient de se terminer et qu’elle était le contenue de ce cycle de luttes achevé du fait que nous sommes embarqué dans un nouveau cycle, c’est donc après coup et depuis l’observatoire de l’ici maintenant que se comprend ce qui s’est passé avant nous. Bien sûr, dans cet exemple, c’est plus parce que la dynamique du nouveau cycle de luttes nous pousse à voir ce qui est dépassé que nous comprenons que quelque chose a changé… tautologique ? Non, parce que la nouveauté permettent de comparer avec ce qui n’a plus cours et de comprendre ce qu’implique la nouveauté pour les individus qui agissent sur et sont agis par cette nouveauté, mais pour ça il faut un certain recule théorique.
Bref, qu’on le veuille ou non, il y a toujours une distance qui se crée lorsqu’on cherche à élucider une situation, aussi embarqué de près que peut se faire dans cette situation… encore une fois, par sa dynamique propre, la théorie saura toujours en retard sur le mouvement des changements concrets qu’elle cherche à faire sienne. Lorsque l’on prend position dans une lutte concrète, l’aspect théorique de cette position se révélera inévitablement lorsque la position sera devenue intenable parce que théoriquement elle ne répond plus aux questions que pose le développement de la lutte. De plus, définir consciemment les nouvelles positions que la lutte produit d’elle-même demande inévitablement de prendre un recule et de remette en mouvement la théorie sur de nouvelles bases. Je suis d’accord pour dire que le rapport entre la théorie et le mouvement de luttes ne sera plus le même dans le processus révolutionnaire communisateur, qu’il changera lui aussi comme les individus et les circonstances, mais il sera toujours question d’un rapport entre deux moments différents ayant chacun leur propre dynamique.
Bon, je m’arrête ici et la prochaine fois, j’essayerai d’être plus concis.
Vraiment, c’est un plaisir que te retrouver et te lire ici. J’espère que tu ne seras pas trop déçu par le fait que les camarades, de TC ou autres, à l’origine des échanges et de la confrontation de Meeting, ne s’expriment guère ici qu’avec parcimonie, alors même qu’à bon escient leur théorie justifie l’existence et la pertinence de ce site (merci Pepe). Comme quoi la question du rapport de la théorie (telle que tu la définis très bien comme spécialité, « métier ») à la pratique, ne serait-ce que du débat, n’est pas aussi ouverte que souhaitable.
Cet échange serait sans fin et se croirait utile, s’il n’était conscient de son caractère ‘méta’, blabla sur la théorie de la théorie, en dehors des situations spécifiques dans lesquelles cela peut seulement revêtir un intérêt pratique… En passant, si j’ai pu dire que les lutteurs se passent de théorie, fallait-il le comprendre, dans le contexte, comme parlant de théorie ‘de la communisation'; car, sauf sous-information ou d’en avoir été convaincu par ceux qui voudrait bien mais…, elle n’a produit jusque-là aucune différence dans les luttes – ni dans leurs causes ni dans leurs conduites, ni dans leurs résultats matériels – sauf par contre-sens immédiatiste (ou tiqquniste, pour complaire à ce bon AD). Nous ne faisons que souhaiter, subjectivement, que cela vienne à l’ordre du jour-, sans quoi, effectivement, pas de « luttes théoriennes », ni de lutte causeuses. Par principe éthique (la mienne), je ne prends personne pour un con, et comme on disait par chez moi, ceux qui se battent, même quand ils on tort (sont « illégitimes »), ils ont encore raison.
Omer Siméon « Bien sûr, les théories mêmes les plus scientifiques trouveront leur raison d’être, etc.» Là, tu es dans le schéma occidental de la raison, de la rationnalité scientifique et des Lumières, dont d’ailleurs TC ne parvient à sortir qu’en contorsions sur le papier, vu sa problématique ouverte en coulisses (aisée à deviner sans avoir à en connaître les détails dignes du scoutisme, des témoins des Jéovache et de la direction de la Xième Internationale européenne), du parti communisateur européen, contradiction dans les termes de ladite théorie (pas étonnant que l’anarchiste génétique AD en appelle aux purs et durs ex-maos pour siginifier que « l’idée de communisme » (sic) serait dans l’air du temps – à ce niveau d’exigence intellectuelle et pratique, faut vraiment que la crise provoque des dégâts collatéraux confusionnels dans la gensse au net cultivo-progressiste . Comme on dit, ça ne mange pas de pain. Heureusement que la pensée franchouillle – quelle qu’elle soit – pèse de moins en moins dans le monde, du côté droite ou gauche de Sarko, ou dans le Schmilblick’s’Krieg intemporel des héritiers de Proud’Hom., gentilhommes zé femmes de nos genres.
A lire les ‘Nouvelles du monde’, et à propos de quoi les « esclaves » et autres supposés ‘abrutis’ selon le film « De la servitude moderne… » se mettent en pétards, ya vraiment des claques et des coups de pieds au cultes qui se perdent, dans le cynisme contemporain tous azimuts que draîne, à l’insu de son plein gré, toute « radicalité », hors l’hypothèse heureuse de la communisation. Amen.
« …elle n’a produit jusque-là aucune différence dans les luttes – ni dans leurs causes ni dans leurs conduites, ni dans leurs résultats matériels – »
On peut effectivement débattre infiniment sur la théorie mais il y a une chose que tout ça me fait comprendre c’est que la théorie même communisatrice n’est pas là pour créer une « différence dans la lutte » sinon la théorie comme « guide » qu’on a chassé revient au galop. Ce n’est pas la théorie qui influence les luttes mais les prises de position qui s’imposent comme exigence des luttes elles-mêmes, la théorie n’est là que pour définir après-coup pourquoi ces prises de position ont lieu et à quelle exigence elles tentaient de répondre.
« …sauf par contre-sens immédiatiste. »
Quand la théorie devient un dogme, un corpus conceptuel devant servir de règles de conduites, c’est parce que ceux et celles qui adoptent ce dogme cherchent à justifier leur existence ritualisée. Et puisque que cette existence se vit maintenant et que c’est à partir d’elle que les luttes prennent tout leur sens, et non dans le cours quotidien des luttes elles-mêmes comme contradiction entre Capital/Travail, la théorie de ces Tiqqunniens et autres autonomistes ne peut faire autrement que de devenir immédiatiste. Sans compter que ces théories trop souvent psychologisantes – parce qu’elles s’enferment dans la conception étriquée de l’individu isolé n’ayant d’autre horizon que les rapports sociaux capitalistes – seront contraintes de révéler leur nature dogmatique au moment où elles rentreront en conflit avec les changements sociaux en cours et surtout avec les positions de ceux et celles qui sont au cœur de ces changements; d’autant plus que leur existence ritualisée n’auront plus aucune assise dans la réalité.
« Sans compter que ces théories trop souvent psychologisantes »
je ne vois pas comment la théorie pourrait éviter de se confronter à la réification (telle qu’elle a été définie par le jeune Luckas) et à la fausse conscience (Gabel).
Oui, on ne fait pas l’impasse de la réalité sensible mais encore faut-il, comme luckacs et Gabel, situer très exactement sa base matérielle. Le côté “psychologisant” du tiqqunisme, c’est cet étalage interminable de considérations nombrilistes sur le désastre du monde, délié des rapports sociaux de production ( au non d’une sortie du capital ). Il n’y a plus que des “affects” et des “mondes”, mais on se garde bien de spécifier leur « mode de production ».
Je partage ta reformulation, amersimpson, avec encore quelques états d’âme à propos de « la théorie n’est là que pour définir après-coup pourquoi ces prises de position ont lieu et à quelle exigence elles tentaient de répondre ». Je pense que dans le processus de communisation, il ne pourra y avoir une succession de moments. Le besoin sera d’une réactivité incessante au présent des luttes, sans quoi, on attendra la sainte parole du comité central théorique d’un parti théoriquement supposé inutile et néfaste : belle contradiction dans les termes ! Et donc d’ici là, cette nécessité de la pénétration théorique des luttes – de son internalisation – est un enjeu capital, jusqu’à une nécessité qui me semble évidente : autant la révolution ne pourra se faire sans théorie, autant devra-t-elle se passer de théoriciens.
J’introduis une autre question, car nous ne sommes pas, contrairement aux apparences, dans une discussion froide. Il n’y a aucun automatisme à la sortie d’une crise majeure par un processus communisateur. Pour l’heure, nous ne pouvons en avoir aucune certitude, tant l’essentiel de ce qui se passe, quantitativement, y compris les causes, la nature et la formes des luttes les plus puissantes, des émeutes les plus violentes, n’indique que des limites et ne pointe pas leur dépassement, au sens d’abolition radicale que nous entendons. Sauf erreur, la perspective communisatrice, sur une base sérieuse d’abolition du capital et du prolétariat, ne se manifeste explicitement nulle part ailleurs que dans la théorie communisatrice. Le communisme reste une hypothèse de sortie du capital, une alouette d’espoir pour un cheval au galop vers un effroyable chaos.
C’est dire que l’enjeu théorique est essentiel, car il sera bien nécessaire à ceux qui se battront de savoir ce qu’ils font, contre quoi, sinon pour quoi (ça c’est la question de la définition positive du communisme). Sinon ils perdront, contre eux-mêmes. Il n’y aura pas de révolution communiste sans théorie, une théorie qui ne se fera pas « après-coup’, parce qu’il sera trop tard.
Il est effectivement vrai que pour l’heure la révolution comme communisation ne fait que s’annoncer comme un écart que la théorie pour la communisation tente d’identifier et de définir. De ce point de vue, l’activité théorique est bel et bien un après coup de théoriciens. Pour le reste, c’est-à-dire que deviendra l’activité théorique dans le processus révolutionnaire, ce n’est que pure spéculation. Vouloir anticiper la théorie dans la révolution à partir des questions que posent les conditions présentes de notre époque, et qui sont les seules auxquelles nous pouvons répondre sérieusement, rend totalement impossible toutes conclusions sur le sujet sinon celle que la théorie est actuellement une activité qui prend un recul critique par rapports aux luttes afin d’élucider ce que ces mêmes luttes produisent comme théorie. Nous ne pouvons donc pas savoir ce que deviendra l’activité théorique au-delà de ce qu’elle est déjà dans le mouvement contradictoire de la lutte entre capital/travail.
J’en crois pas moins qu’il y a une différence entre conscience immédiate et recul théorique, mais je sens bien que c’est là justement une croyance qui s’alimente à la table des conditions présentes. Toutefois, je garde en tête que les idées que je me fais du monde sont le produit des rapports sociaux qui sont cœur de ce monde, et puisque que ce monde est le produit des rapports sociaux capitalistes et il va de soit que se sont les luttes qui incarnent concrètement ces rapports qui sont à l’origine de mes idées. Je sens bien que je me répète mais le but est d’essayer de mettre le doigt sur ce qui ressort de cette discussion et surtout de souligner que le fil qui sépare nos deux point de vue (moi et Patlotch) est très mince, car nous semblons partager l’idée que toutes théories qui se présentent dans les luttes comme un mode d’emploi sera dépassé par le mouvement d’autotransformation et se révélera comme un dogme idéologique dont les positions concrètes dans les luttes concrètes feront de l’enjeu théorique un domaine qui échappe et contraint l’activité théorique de ceux et celles qui transforment le monde en se transformant eux et elles-mêmes. Bref, comme tu le dis toi-même, il y a des nécessités qui semblent évidentes, dont celle-ci : « autant la révolution ne pourra se faire sans théorie, autant devra-t-elle se passer de théoriciens. »
Par rapport à la crise, je comprends qu’il y a des trucs qui ont changé mais je suis encore à me demander dans quelle mesure cela a-t-il changé. Je ne partage pas complètement les dernières thèses de TC qui semble affirmer que le démocratisme radical est chose du passé. Car si j’ai bien compris, le démocratisme radical est le produit de la contradiction au niveau de sa reproduction – c’est-à-dire que les prolétaires en tant que classe n’ont d’autres choix que d’agir comme classe contre le capital et dans le même mouvement de se remettre en cause comme classe au travers leur agir contre le capital. Mais alors, si le démocratisme radical est le produit d’un nouveau cycle de luttes, c’est donc dire qu’un cycle de luttes vient d’être dépassé parce que le démocratisme radical serait actuellement dépassé… j’avoue que maintenant j’ai de la misère à saisir ce qu’est pour TC le démocratisme radical.
Personnellement, je crois que la crise actuelle révèle par un certain aboutissement ce qu’impliquait la restructuration au niveau de la valorisation globale du capital et donc de l’exploitation mondiale du prolétariat. Par conséquent, je crois également que le contenu des luttes s’annonce au travers la crise comme une confrontation de plus en plus concrète et parfois violente entre le démocratisme radical qui prendra de nouvelles formes à partir des luttes elles-mêmes et ceux et celles qui poseront la remise en cause de la totalité des rapports sociaux qui les définissent comme une exigence de la lutte elle-même. Bon, je ne suis pas encore convaincu de ce que j’avance mais c’est du moins là les questions aux quels je tente de répondre théoriquement. Libre à quiconque de me partager leurs idées là-dessus.
amersimpson : « Je sens bien que je me répète mais le but est d’essayer de mettre le doigt sur ce qui ressort de cette discussion et surtout de souligner que le fil qui sépare nos deux point de vue (moi et Patlotch) est très mince… »
Oui, je vais me répéter aussi…
amersimpson ; » Il est effectivement vrai que pour l’heure la révolution comme communisation ne fait que s’annoncer comme un écart que la théorie pour la communisation tente d’identifier et de définir »
J’ai utilisé de fait le concept d' »écart », mais sans le dire, mais ce que j’en ai exprimé, c’est qu’il concerne AUSSI le rapport entre la théorie (de la communisation) et le moment actuel, l’état de la contradiction de classes. Il ne saurait en être autrement. Mais c’est précisément parce qu’il y a écart, butée des luttes sur les limites du capitalisme, et parce que cela ne dépend pas de la « conscience », même celle des théoriciens, que cet écart concerne le rapport de la théorie à ce présent. Je suis donc d’accord avec ce que tu en dis jusqu’au déclenchement des activités communisatrices proprement dites, pour autant qu’on puisse définir cet instant, ce qui supposerait de lister des activités concrètes, dans la crise, qui possèderaient cette nature « communisatrice », hors d’atteinte aujourd’hui (image du « plancher de verre », et même plus, vu le seuil quantitatif pour changer la qualité des luttes au niveau global-mondial).
Je suis assez d’accord avec le statut que tu conserves la théorie, sa définition même d’activité abstraite et séparée, qui fait cette « différence entre conscience immédiate et recul théorique »). Je n’aime pas conscience parce que c’est plus que ça, une réelle intelligence pratique, stratégique, une activité pratique ‘armée’ d’une théorie qui oublie qu’elle en est une (Meschonnic parle d’oublier-savoir, pour la geste poétique, typique de l’improvisation en jazz, ou du geste du peintre ou du sculpteur, qui ne souffrent pas de repentirs). Il s’agit donc que cette théorie (telle que la définit TC, dans son caratère brut émanant des luttes et sa formulation abstraite pris ensembles, et à mon avis, c’est encore un point de vue abstrait de théoricien), que cette théorie puisse devenir autre chose, une praxis. Une praxis qui franchisse le pas et abolisse du même coup l’écart. S’il n’y en a plus, c’est une action en temps réel, par définition (ça veut pas dire qu’on ne réfléchit pas… mais on ne demandera pas une trêve pour faire de la théorie et reprendre le combat sur de « plus justes bases »). Alors peu importe qu’il demeure dans la communisation des théoriciens séparés, ce n’est pas leur activité théorique qui sera déterminante, au mieux seront-ils appelés à participer aux luttes comme les autres, et à préparer leur reconversion en historiens de la communisation, si ça leur chante.
amersimpson : » Bref, comme tu le dis toi-même, il y a des nécessités qui semblent évidentes, dont celle-ci : « autant la révolution ne pourra se faire sans théorie, autant devra-t-elle se passer de théoriciens. » »
En vérité, je pensais provoquer d’autres réactions, parce que la formule est excessivement provocatrice. On pourrait aussi bien la renverser et affirmer : ceux qui procèderont à des activités communisatrices formeront un « théoricien collectif ».
Ce dépassement de la théorie est déjà annoncé aujourd’hui, pas seulement par la théorie elle même, à la manière dont Marx affirmait, en substance, pour que la philosophie meure, il faudra la réaliser. Car l’écart n’est pas ENTRE la théorie et la pratique, à réduire puis supprimer. Etant intrinsèque à la contradiction en procès, dans la crise de l’économie politique et les luttes de classes qui vont avec, c’est de ce mouvement total que peut surgir la communisation, et l’activité, volontaire et choisie car informée, de communiser, sera insécablement théorique et pratique, jusqu’à rendre ces termes inadéquats.
Donc pour conclure sur ce sujet, quand tu affirmes « Nous ne pouvons donc pas savoir ce que deviendra l’activité théorique au-delà de ce qu’elle est déjà dans le mouvement contradictoire de la lutte entre capital/travail », je ne suis pas d’accord, nous avons intérêt à savoir ce qu’elle ne devra pas devenir, et même si nous le savons, cela va être excessivement difficile à éviter. Cela n’est pas une affaire pour plus tard, ça se prépare…
(Pour les autres points de ton dernier post, plus tard peut-être, et peut-être que ce n’est pas un dialogue…)
Juste là-dessus
amersimpson « Mais alors, si le démocratisme radical est le produit d’un nouveau cycle de luttes, c’est donc dire qu’un cycle de luttes vient d’être dépassé parce que le démocratisme radical serait actuellement dépassé… j’avoue que maintenant j’ai de la misère à saisir ce qu’est pour TC le démocratisme radical. »
J’ai eu il y quelques temps cette même interrogation, parce qu’au début de mon intérêt pour TC, j’avais cru comprendre que le nouveau cycle de luttes était défini comme celui du démocratisme radical, et je ne suis pas certain qu’à l’origine du concept (de DR, 1995 ?), ce n’était pas comme cela qu’il pouvait apparaître. Je ne pense pas que le point de vue (entre période du DR et cycle de luttes), soit le même, ce n’est pas le même niveau d’analyse, à moins de parler de sous-périodisation du cycle sur une base idéologique. De fait le label recouvre davantage qu’il n’exprime, mais pas tout le cycle.
Pour ma part, j’ai fini par considérer que l’insistance avait été trop grande sur « démocratisme radical », pour la raison qu’il définit les choses d’un point de vue rapporté, davantage qu’à ce qui caractérise les luttes dans l’économie politique, à leur versant idéologique, à la politique plus qu’à l’économie. La critique était ainsi plus parlante, et plus porteuse alors que TC cherchait à sortir de l’isolement théoriciste. C’était a minima un moyen de rencontrer les anticitoyennistes, et activistes « anti-démocrates », ce qui fit les beaux jours de Meeting. La sortie du DR s’est manifestée, chronologiquement, de façon progressive entre la perte d’importance des sommets altermondialistes et les effets de la crise dite financière, ce qui a conduit (TC) à recentrer l’analyse sur le cours de la contradiction en termes économiques, sous les thèses de « revendiquer pour le salaire » pour ce qui est de la nature des luttes actuelles. Cette vision ‘après coup’ (sic) n’engage que moi.
C’est donc une question parallèle à celle de la restructuration, acquise dans ce qui la définit, mais constamment conduite à se mettre à jour dans la crise, sans qu’on puisse parler d’une nouvelle restructuration de même niveau, sans quoi il faudrait effectivement revoir la définition des cycles, ou du moins de celui-ci (l’appartenance de classe comme limite).
L’important me semble de définir ce qui fait la dynamique essentielle de la période, et la caducité du démocratisme radical comme détermination principale ne semble pas faire de doute, même si le discours peut encore avoir quelques traînes marginales et religieuses, à la manière des fossiles programmatistes il y a quelques années. Il suffit de constater, du moins en France, à quelle vitesse gauche et droite se repositionnent dans un méli-mélo où l’idéologie démocratique est carrément bazardée par les uns et les autres, comme l’impossible percée du NPA de Besancenot, pour sentir qu’une page est tournée. Les limites du capitalisme apparaissent de plus en plus pour ce qu’elles sont, et celles de l’anticapitalisme avec.
Sur ton dernier paragraphe, amersimpson
« Personnellement, je crois que la crise actuelle révèle par un certain aboutissement ce qu’impliquait la restructuration au niveau de la valorisation globale du capital et donc de l’exploitation mondiale du prolétariat.»
Jusque-là, pas de problème, sauf sur le terme « aboutissement », dans la mesure où ce n’est qu’un début…
as « Par conséquent, je crois également que le contenu des luttes s’annonce au travers la crise comme une confrontation de plus en plus concrète et parfois violente entre le démocratisme radical qui prendra de nouvelles formes à partir des luttes elles-mêmes et ceux et celles qui poseront la remise en cause de la totalité des rapports sociaux qui les définissent comme une exigence de la lutte elle-même.»
Je ne comprends pas le « Par conséquent », dans la mesure où le démocratisme radical n’est plus central dans l’affrontement actuel, du fait même de la crise. Ce que nous constatons n’est pas « de nouvelles formes du démocratisme radical », mais au contraire, en est revenu (Grèce, Guadeloupe, Algérie…), l’a dépassé, y compris son frère ennemi, l’activisme anticitoyenniste, voire l’insurrectionnisme. L’affrontement ne porte pas sur l’opposition entre démocratisme radical politique et citoyen, et lutteurs violents peu ou prou immédiatistes, mais directement sur la contradiction de l’exploitation, même par la médiation de ces luttes. Autrement dit « ceux et celles qui poseront la remise en cause de la totalité des rapports sociaux qui les définissent comme une exigence de la lutte elle-même » n’auront pas en face d’eux d’abord les militants du démocratisme radical, mais le capital en personne, et naturellement son management étatique, patronal, et sa police.
« ceux et celles qui poseront la remise en cause de la totalité des rapports sociaux qui les définissent comme une exigence de la lutte elle-même » n’auront pas en face d’eux d’abord les militants du démocratisme radical, mais le capital en personne, et naturellement son management étatique, patronal, et sa police. »
il va donc falloir s’armer
(de pioches ou de patience?)
S’allarmer des faux cils et de Marx tôt, cher Norman
« Donc pour conclure sur ce sujet, quand tu affirmes “Nous ne pouvons donc pas savoir ce que deviendra l’activité théorique au-delà de ce qu’elle est déjà dans le mouvement contradictoire de la lutte entre capital/travail”, je ne suis pas d’accord, nous avons intérêt à savoir ce qu’elle ne devra pas devenir, et même si nous le savons, cela va être excessivement difficile à éviter. »
Ce que la théorie ne doit pas devenir c’est un dogme, car elle inverse son rapport avec la réalité ou plutôt elle nie ce rapport. Ainsi, la théorie n’est plus le mouvement d’autocritique qui prend forme dans les luttes comme un écart – le fait que les prolétaires se remettent en cause comme classe dans leur action comme classe – mais une position figée qui cherche dans les faits sa propre confirmation et pour y arriver se permet de déformer les faits car le dogme se doit d’être le seul fait qui tiennent. Comme je l’ai déjà dit, le dogme est la justification d’une existence qui part d’elle-même pour se construire un corpus de règles applicables à toutes les situations. Pour le dogme, les luttes ne sont plus théoriciennes car l’activité d’autocritique n’existe plus. C’est pourquoi les individus qui tiennent une position dogmatique considèrent les luttes comme un contexte où doivent s’appliquer leurs théories et donc ne reconnaît plus la théorie là où elle se produit réellement : dans les luttes comme l’autocritique de ce que font les prolétaires en tant qu’ils sont une classe qui combat leur propre existence dans et pour le capital.
« Une praxis qui franchisse le pas et abolisse du même coup l’écart. S’il n’y en a plus, c’est une action en temps réel, par définition (ça veut pas dire qu’on ne réfléchit pas… mais on ne demandera pas une trêve pour faire de la théorie et reprendre le combat sur de “plus justes bases”). »
Personnellement, je n’ai jamais cherché à définir le recule théorique comme « une trêve pour faire de la théorie » mais comme un mouvement qui implique de réfléchir à la situation car la situation demande d’être réfléchit. C’est là une activité qui est en rapport avec le présent de la situation et qui se détache un instant de la situation pour la comparer avec les situations antérieures afin de déterminer ce qu’il y a de nouveau dans la situation; c’est dans ce sens que l’activité théorique est un rapport avec ce qui se crée comme situation tout en étant embarqué dans cette création.
Avec un certain « recule », je comprends maintenant ce que le concept de « recule théorique » peut comporter en zones d’ombre qui donnent à croire que la théorie est une activité qui se situe en dehors du « temps réel » et qui n’est donc pas une production des luttes réelles. Après avoir réfléchit à cette confusion conceptuelle, j’en suis venu à me dire que le concept de « mouvement d’autocritique » était amplement plus adéquat : 1- parce qu’un rapport implique nécessairement un mouvement; 2- parce que si les luttes sont théoriciennes sait bien parce qu’il y a des prolétaires en luttent qui critique en parole et en acte ce que leur appartenance de classe les contraint à être dans leur rapport contre le capital. Le concept de « mouvement autocritique » possède aussi l’avantage de ne plus isoler l’activité théorique en soi des autres activités, mais d’en devenir un aspect qui accompagne toute pratique. Enfin de compte, cette discussion m’aura au moins permis de clarifier cette idée.
« Car l’écart n’est pas ENTRE la théorie et la pratique, à réduire puis supprimer. »
Bien sûr que l’écart n’est pas entre théorie et pratique, car c’est le mouvement d’autocritique qui crée l’écart, en tenant compte que ce mouvement est incarné par des prolétaires qui réfléchissent, parlent et agissent concrètement envers et contre les rapports sociaux qui les définissent comme classe et qui sont là des exigences de leur lutte elle-même. L’écart est ce que nous identifions et définissons comme étant le mouvement d’autocritique à l’intérieure des luttes et qui nous donne l’heure juste sur les limites auxquels se butent les prolétaires. S’il faut séparer théorie et pratique c’est dans le seul et unique but de les étudier séparément pour comprendre ce qui les unit comme mouvement d’autocritique et expliquer en quoi les luttes sont théoriciennes… il ne faut pas prendre la vessie théorique pour la lanterne du réel.
En ce qui concerne le démocratisme radical, j’y reviendrai plus tard.
Retour vers le futur
A.S. : « Sans compter que ces théories trop souvent psychologisantes – parce qu’elles s’enferment dans la conception étriquée de l’individu isolé n’ayant d’autre horizon que les rapports sociaux capitalistes – seront contraintes de révéler leur nature dogmatique au moment où elles rentreront en conflit avec les changements sociaux en cours et surtout avec les positions de ceux et celles qui sont au cœur de ces changements; d’autant plus que leur existence ritualisée n’auront plus aucune assise dans la réalité. » Amen?
Ennemi secondaire, on peut l’espérer, vu l’importance accordée à leur existence d’un autre côté jugée insignifiante. » Ceux qui sont au coeur, » celles aussi, pour le genre, mais qui est au coeur? et qui n’y est pas?
« Le communisme reste une hypothèse de sortie du capital, une alouette d’espoir pour un cheval au galop vers un effroyable chaos. »
Communisme ou chaos, oui mais avec un chaos produit, non un chaos vers lequel on filerait, comme « on va droit dans le mur », un chaos peut-être déjà là. Ou, comme dirait Timocrate d’Eponne….
Réification, Extranéisation, Aliénation : l’abrutissement, c’est ce que j’en comprends, tient à ceux-là (R.E.A.), la distance consiste à ne serait-ce que s’en douter ; mais l’abrutissement, la soumission volontaire à l’alénation, sa revendication même ne sauraient exclure la possibilité de la révolte…
A.D. (le bon)
» ceux qui se battent, même quand ils on tort (sont “illégitimes”), ils ont encore raison. »
« Toutefois, je garde en tête que les idées que je me fais du monde sont le produit des rapports sociaux qui sont cœur de ce monde, et puisque que ce monde est le produit des rapports sociaux capitalistes et il va de soit que se sont les luttes qui incarnent concrètement ces rapports qui sont à l’origine de mes idées. » :A.S.
Excusez l’oubli : je ne comprends pas la démonstration « puisque ce monde…IL VA DE SOI(T) que ce sont les luttes qui incarnent… »
Tout comme ce » que le Prolétariat ne peut que faire », ce qui à l’air d’aller de soi…file peut-être mauvais coton : celui de l’hypostase ?
AmerSimpson « P « Car l’écart n’est pas ENTRE la théorie et la pratique, à réduire puis supprimer. » Bien sûr que l’écart n’est pas entre théorie et pratique, car c’est le mouvement d’autocritique qui crée l’écart… »
Je précise : cette phrase était rapportée à l’écart en général -, qui caractérise la distance entre le point actuel où conduisent les luttes remettant en cause le prolétariat dans son essence capitaliste, et d’autre part le dépassement de cette limite – mais en ce qu’il concerne spécifiquement la théorie. Si ces luttes sont « théoriciennes » (nous apprennent où en est la lutte de classes, par ce qu’elle produit, ou pas), alors l’écart concerne la théorie, mais pas au sens où elle aurait une distance avec la pratique, qu’il s’agirait d’abolir.
Praxis me semble préférable à « auto-critique », qui conserve la même nature que théorie dans le rapport aux luttes.
as » S’il faut séparer théorie et pratique c’est dans le seul et unique but de les étudier séparément pour comprendre ce qui les unit comme mouvement d’autocritique et expliquer en quoi les luttes sont théoriciennes »
L’unité EST déjà réalisée dans la lutte, par définition. Il n’y a pas deux aspects de la lutte, un pratique et un théorique, et ce qui les unit n’est pas le « mouvement d’autocritique » mais ce qu’elles produisent face au capital. Jusqu’à « produire son dépassement ».
Je pense qu’il est préférable de considérer que l’on part de la lutte de classes, et non de l’utilité en elle-même de la théorie, parce qu’inévitablement, se posant la question de « la théorie » en soi, ou même dans son rapport à « la pratique », on n’obtient que des réponses maintenant cette séparation. On demeure quelque part « philosophe ». La lutte de classes comme tout peut devenir révolutionnaire (communisatrice), mais ce jour là, comme disait le Grand Autre, c’est que les armes de la critique auraont été remplacées, ou dépassées, par la critique des armes.
Normand : « je ne vois pas comment la théorie pourrait éviter de se confronter à la réification (telle qu’elle a été définie par le jeune Luckas) et à la fausse conscience (Gabel). »
Je n’ignore pas que la psychologie ait son mot à dire dans la théorie révolutionnaire mais je suis également conscient que l’approche psychologique ne vaut que dalle quand elle quitte ses origines de classes. Et de mon point de vue personnel, je suis conscient qu’en tant que prolétaire tout ce que je peux faire contre la réification est de répondre le plus clairement possibles aux questions sociales qui ne peuvent faire autrement que m’interpeller parce que je suis contraint par les rapports sociaux capitalistes à désirer une vie plus passionnante et libre. Au-delà de ce fait théorique, le problème revient sans cesse à faire du « je me révolte » un « donc nous sommes » qui transforme le monde en changeant la vie.
A.D. : « Excusez l’oubli : je ne comprends pas la démonstration “puisque ce monde…IL VA DE SOI(T) que ce sont les luttes qui incarnent…” » (…) « Ceux qui sont au coeur,” celles aussi, pour le genre, mais qui est au coeur? et qui n’y est pas? »
Tout ce que je cherchais à dire est que je tente de répondre aux questions que pose mon époque et que mes réponses sont nécessairement déterminées par les rapports sociaux qui posent les questions : soit la lutte de classes dans la société capitaliste. L’idée n’était pas non plus de déterminer qui sera au cœur des changements sociaux, mais de comprendre que ceux et celles qui s’acharneront à défendre un mode d’emploi qui a réponse à tout risque de se positionner contre ceux et celles qui avance des réponses au fur et à mesure que les questions se posent autrement.
Patlotch : « L’unité EST déjà réalisée dans la lutte, par définition. Il n’y a pas deux aspects de la lutte, un pratique et un théorique, et ce qui les unit n’est pas le “mouvement d’autocritique” mais ce qu’elles produisent face au capital. Jusqu’à “produire son dépassement”. »
Que la théorie et la pratique ne fasse qu’un dans la lutte, soit; mais si les luttes sont théoriciennes, c’est bien parce qu’il y a des prolétaires qui critiquent les rapports sociaux capitalistes, c’est-à-dire critiquent ce que le capitalisme fait d’eux et elles pour valoriser le capital, donc critiquent ce qu’ils et elles sont dans et pour l’exploitation capitaliste; c’est pourquoi je dis que la critique du capital par le prolétariat est aussi autocritique du prolétariat dans ses propres luttes.
Ceci étant dit, je crois que la pensée est toujours plus que ce qui est fait immédiatement, la pensée est aussi anticipation de ce qui peut être fait, donc réflexion sur ce qu’offre comme possibilité la nouvelle situation, un certain questionnement à partir des circonstances et de ce que font les individus, voilà pourquoi je persiste à dire que dans la praxis il y a un aspect théorique qui fait que les «choses » sont pensées, qu’une idée est un acte et qu’une idée admise par tous et toutes est un fait historique. Et si par ce que je dis je suis un philosophe qui s’ignore ou un ignorant qui philosophe, ou encore plus comique, un idéaliste de la matérielle ou matérialiste de l’idée, et bien j’en suis !
D’une meilleure facture que la farce néo-situ, le documentaire « La mise à mort du travail » http://programmes.france3.fr/mise-a-mort-du-travail/ … C’était ce soir et la VOD est payante sur le service public… alors 3ème partie mercredi 23h.
as « Que la théorie et la pratique ne fasse qu’un dans la lutte, soit; mais si les luttes sont théoriciennes, c’est bien parce qu’il y a des prolétaires qui critiquent les rapports sociaux capitalistes, c’est-à-dire critiquent ce que le capitalisme fait d’eux et elles pour valoriser le capital, donc critiquent ce qu’ils et elles sont dans et pour l’exploitation capitaliste; c’est pourquoi je dis que la critique du capital par le prolétariat est aussi autocritique du prolétariat dans ses propres luttes. »
Je pense que tu inverses le processus, de façon quasi idéaliste. Ce que TC (RS) nomme « luttes théoriciennes », par raccourci de langage, ne tient pas à la pensée qui déterminerait le contenu et la forme de telle lutte, ni au discours qui l’accompagne, que l’on pourrait séparer. Lutte « bavarde » ne tient pas tant au texte de tel tract, qu’à ce qui est fait, telles actions, contre ou pour ceci ou cela, etc. dont le tract ne fait que marquer la trace, comme niveau atteint par la lutte – compréhension de son contexte, assignation militante de ses objectifs (sic). Trace dont peut s’emparer la « théorie après coup », mais bon… c’est pour ça qu’elle demeure théorie. Bref c’est la matière de la lutte qui est « théoricienne », pas, en lui-même, son discours sur elle-même. Le qualificatif d’ « autocritique » nous reverse a priori – et partant a postériori – dans cette séparation théorie-pratique, parce qu’il saisit la lutte comme « théoricienne » dans le discours qu’elle tient pendant et après elle, sur elle, et non dans ce qu’elle produit IMMEDIATEMENT.
Comparons avec la musique improvisée. Les grands virtuoses du jazz modernes et post., armés de savoirs musicologiques et de techniques instrumentales, témoignent qu’en situation de concert, sans penser ni réfléchir, ils leur arrivent de jouer des choses qui ne leur sont jamais passées par les doigts, ni à fortiori, par l’esprit. Choses qu’ils ne joueraient pas sans savoir ni technique, mais que ceux-ci ne suffisent pas à produire. Ce qui se passe dépasse le rapport d’une théorie (musicale ou instrumentale) à une pratique (collective, qui plus est), c’est un lâché total qui shunte la pensée dans une situation qui le rend possible. Voilà ce que n’imagine pas un esprit occidental rationnaliste ni un musicien formé à « interpréter » une partition. Au fond c’est peut-être ça, le fil de notre désaccord, la séparation du corps et de l’esprit, qui fait que l’Occident ignore les modes d’agir africain ou asiatique, pour faire court). Aucune dialectique, aussi raffinée soit-elle, ne peut combler ce « gap », cet « écart ». Parce que le discours dialectique relève encore du rationnalisme, et de la séparation, il est de nature philosophique – y compris sous couvert « scientifique » – on trouve ça même chez Deleuze-Guattarii, cette sorte de formalisme un peu coincé, on comprend qu’ils aient aimé Boulez.
C’est le genre de chose dont on ne se persuade qu’en le faisant (« zen et tir à l’arc », aucune théorie ne t’expliquera pourquoi tu mets dans le mille en fermant les yeux). La communisation sera de cet ordre, avec sa « théorie » intégrée, digérée, ni dogme avant, ni auto-critique après. Ni trop tôt (immédiatisme), ni trop tard (anciens combattants de la défaite).
Aucune lutte à enjeu réel ne se mène comme fonction d’un discours (sauf une lutte « électorale », ou encore notre présent débat méta-théorique sur DNDF).
Communiser, ce sera improviser, dans le meilleur sens du terme. Le « recul théorique » ne sera bon que pour les Spectateurs, les contemplatifs de la révolution. Et la théorie qu’elle devra produire ne sera plus celle de la communisation, mais du « faire » au-delà du capital, contre le capital, la théorie du communisme : que faire de notre révolution ? Sans le prolétariat. Evidemment.
La révolution sera « poétique » ou ne sera pas.
Beasse « D’une meilleure facture que la farce néo-situ, le documentaire “La mise à mort du travail” http://programmes.france3.fr/mise-a-mort-du-travail/ … C’était ce soir et la VOD est payante sur le service public… alors 3ème partie mercredi 23h. »
J’ai pas la télé. Mon dossier de futur combattant : http://patlotch.free.fr/text/1e9b5431-879.html
il manque un lien dans ce dossier:
http://www.geocities.com/~johngray/mondtitl.htm
retour vers le futur 2 : reconnaissance et affirmation.
Je ne comprends pas ce qu’est l’affirmation d’une classe, mais je peux constater l’affirmation d’un individu ou d’un groupe, aussi ce point de départ inclut une dimension de reconnaissance ; s’affirmer pour être reconnu. Etre reconnu, point de départ et d’arrivée, s’agit d’être reconnu pour ce que l’On est. Cette soif de reconnaissance est le fondement, le carburant du véhicule de l’affirmation, plus abstraite nécessairement médiée, plus théorique. Le socialisme du programme ouvrier rejette le communisme dans un appendice qui ne peut se penser que négativement : c’est un monde sans… La reconnaissance pour elle même, c’est à dire sans à venir, voilà qui fonde dans la sphère du discours ennemi les idéologies démagogiques : identité, populisme, sécuritaire.
Axel Honneth s’intéresse à cette « reconnaissance ».
S’affirmer, être reconnu, cela va de soi, c’est le progrès, s’abolir, c’est moins engageant, non?
A.D :s’abolir, c’est moins engageant, non?
c’est pourtant le sens de la négation de la négation
dans une première négation l’esclave se libère, mais il reste « un esclave sans chaines », il lui faut une seconde négation, s’abolir en tant qu’esclave pour être vraiment libre
Un phénomène tout à fait surprenant de la « viréelle ». Le nombre de lectures de ce fil de discussion, qui avait atteint il y a quelques jours 732, est redescendu progressivement à 621. Comme si certains n’avaient pas lu ce qu’ils ont lu. Je suis venu, je n’ai rien lu, je n’ai rien dû : effacez-moi.
Les trois singes de la sagesse communisatrice > http://fr.wikipedia.org/wiki/Singes_de_la_sagesse
PS : Je n’ai rien bu. Faut bien rigoler aussi, en attendant la fin…
Cela s’appelle la relativité: le fil de discussion dont tu mentionnes les stats est celui des DERNIERS 30 jours(Les 25 articles les plus lus depuis un mois)……… Ca change donc chaque jour!!!!!!
Dont acte. A ce train-train quotidien, j’aurais raté la Révolution d’Octobre en novembre. M…. !
Cela dit, les statisticiens, comme les juristes – et l’habitude ajoutait Lénine – sont par défaut contre révolutionnaires.