Babette Babich:" Heidegger et ses juifs"
- Duration: 84:29
- Updated: 05 Feb 2015
Résumé
L’actualité des Juifs de Heidegger démontre que la lecture de Heidegger donne des richesses extraordinaires pour la pensée. Même si j’ai des doutes que l’exigence obligatoire de débattre des Cahiers noirs fonctionnerait dans la même manière, cette intervention a eu une seule touche: c’est la centralité de la lecture in lento que nous avons appris de Nietzsche et Heidegger, et que Heidegger, pour devenir Heidegger, a employé dans son travail. C’est ce qui est nécessaire pour lire Heidegger.
Aujourd’hui nous lisons trop rapidement, nous lisons comme des philologues digitalisés (ou peut-être avons-nous besoin d’un terme plus précis) en chasse pour le texte qui révèle la clé de l’antisémitisme de Heidegger. Car si nous commençons, comme nous le faisons en parlant comme Peter Trawny suggère attentivement que nous devons parler de l’histoire mondiale, de l’onto-historique antisémitisme de Heidegger, nous finirons commenous avons commencé avec une connaissance tout court de son antisémitisme. Nous sommes tous, comme Adorno l’a souligné, que Sartre souligne, antisémite, que ce soit d’une façon ou d’une autre. Nous sommes tous, comme Heidegger le souligne dans Être et Temps, déjà coupables, impliqués à l’avance.
Nous savons qui sont ces Juifs de Heidegger, nous les condamnons, Hannah Arendt en première ligne, mais d’autres aussi, quand et si elles ne s’acharnent suffisamment de se distancier de Heidegger et de le dénoncer, ce qui a toujours été, comme disent les Allemands, keine Kunst. Donc, nous avons surtout perdu la manière de lire qui nous permettrait de lire les Cahiers parce que comme je l’ai affirmé nous considérons le contexte de la préoccupation de Heidegger avec la technique et la science comme une distraction (c’est aussi la raison pour laquelle nous ne lisons pas Anders). Nous commençons donc comme nous finissons en lecteurs qui se sont passés du context. Ceci serait une question de technique, d’une lecture au-delà des clichés de «science allemande» comme Pierre Duhem nous l’avait montré et qui aujourd’hui, sans le moindre soupçon pour l’importance que Duhem trouvait dans la « science française» : on sacrifie au dieu de scandale, hélas pour Bachelard et Serres mais aussi hélas pour l’auteur nous oublions parce que nous le lisons pas, Louis Basso. Et mon point ici est que la plupart de vous ne connaitrons pas son nom.
Nous avons à faire avec un silence non seulement sur les noms réputés insignifiants dans l’académie, mais sur les noms des juifs dans le cercle de Heidegger. Hannah Arendt avait raison de se plaindre, comme je l’ai fait valoir , car beaucoup de ses textes avait inclus en code (mais pas si codés qu’on ne peut pas les voir) des références prévues pour les yeux de Heidegger.
http://wn.com/Babette_Babich_"_Heidegger_et_ses_juifs"
Résumé
L’actualité des Juifs de Heidegger démontre que la lecture de Heidegger donne des richesses extraordinaires pour la pensée. Même si j’ai des doutes que l’exigence obligatoire de débattre des Cahiers noirs fonctionnerait dans la même manière, cette intervention a eu une seule touche: c’est la centralité de la lecture in lento que nous avons appris de Nietzsche et Heidegger, et que Heidegger, pour devenir Heidegger, a employé dans son travail. C’est ce qui est nécessaire pour lire Heidegger.
Aujourd’hui nous lisons trop rapidement, nous lisons comme des philologues digitalisés (ou peut-être avons-nous besoin d’un terme plus précis) en chasse pour le texte qui révèle la clé de l’antisémitisme de Heidegger. Car si nous commençons, comme nous le faisons en parlant comme Peter Trawny suggère attentivement que nous devons parler de l’histoire mondiale, de l’onto-historique antisémitisme de Heidegger, nous finirons commenous avons commencé avec une connaissance tout court de son antisémitisme. Nous sommes tous, comme Adorno l’a souligné, que Sartre souligne, antisémite, que ce soit d’une façon ou d’une autre. Nous sommes tous, comme Heidegger le souligne dans Être et Temps, déjà coupables, impliqués à l’avance.
Nous savons qui sont ces Juifs de Heidegger, nous les condamnons, Hannah Arendt en première ligne, mais d’autres aussi, quand et si elles ne s’acharnent suffisamment de se distancier de Heidegger et de le dénoncer, ce qui a toujours été, comme disent les Allemands, keine Kunst. Donc, nous avons surtout perdu la manière de lire qui nous permettrait de lire les Cahiers parce que comme je l’ai affirmé nous considérons le contexte de la préoccupation de Heidegger avec la technique et la science comme une distraction (c’est aussi la raison pour laquelle nous ne lisons pas Anders). Nous commençons donc comme nous finissons en lecteurs qui se sont passés du context. Ceci serait une question de technique, d’une lecture au-delà des clichés de «science allemande» comme Pierre Duhem nous l’avait montré et qui aujourd’hui, sans le moindre soupçon pour l’importance que Duhem trouvait dans la « science française» : on sacrifie au dieu de scandale, hélas pour Bachelard et Serres mais aussi hélas pour l’auteur nous oublions parce que nous le lisons pas, Louis Basso. Et mon point ici est que la plupart de vous ne connaitrons pas son nom.
Nous avons à faire avec un silence non seulement sur les noms réputés insignifiants dans l’académie, mais sur les noms des juifs dans le cercle de Heidegger. Hannah Arendt avait raison de se plaindre, comme je l’ai fait valoir , car beaucoup de ses textes avait inclus en code (mais pas si codés qu’on ne peut pas les voir) des références prévues pour les yeux de Heidegger.
- published: 05 Feb 2015
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