Ecraser le FN c’est possible !

La menace fasciste n’a jamais été aussi forte en France depuis les années 1930. La situation semble désespérée. Elle ne l’est pas du tout.

Si Le Pen effectue une percée le 21 avril, il n’a gagné que 300 000 votes par rapport aux élections présidentielles de 1995. En comptant les voix de Megret, les fascistes ont attiré 900 000 électeurs de plus. Ils obtiennent en tout 5,5 millions de voix. Ils restent une petite minorité des 41 millions d’électeurs inscrits et des 29 millions de votants.

Ce sont d’abord les partis du patronat (RPR, UDF, Démocratie libérale, etc.) qui subissent un désastre : ils obtiennent près de 9,5 millions de suffrages, mais en perdent près de 4 millions par rapport à 1995.

C’est ensuite la gauche social-libérale, gestionnaire du capitalisme, qui est sanctionnée. Les partis de la " Gauche plurielle " perdent 1,5 million de votes par rapport à 1995. Ils obtiennent pourtant un total de 9 millions de voix si l’on compte une partie de l’électorat de Chevènement et de Jean Saint-Josse. En singeant le libéralisme de la droite, la gauche plurielle a déboussolé et démobilisé les milieux populaires. Les résultats du Nord-Pas-de-Calais l’ont tragiquement illustré. Su toute la France, près de 12 millions de personnes se sont abstenues.

La montée de la volonté d’un changement immédiat s’est traduite confusément par l’abstention, le rejet de la droite et de la gauche molle, mais aussi par une autre percée : celle de la gauche révolutionnaire. Ses candidats (LCR, LO, PT), avec 3 millions de voix, doublent leur score de 1995.

Pourquoi Le Pen perce-t-il alors ? Le système capitaliste porte en lui le fascisme comme la nuée porte l’orage. Ce système désespère les masses pauvres et laborieuses, les jeunes et les vieux, les opprimés. Les richesses s’entassent à une extrémité de la société alors que la pauvreté et la misère envahissent progressivement la vie de la majorité. Les masses veulent des solutions immédiates parce que ça a trop duré.

Chirac et les fascistes

Chirac et la droite affirment leur détermination à lutter contre l’extrême droite. Pourtant il n’ont pas grand’chose à offrir.

Pour dévoyer la colère qui s’exprime en révoltes, le patronat et ses représentants politiques les plus fidèles, les partis de droite, n’ont à offrir que le renforcement des préjugés pour diviser les exploiter, l’ordre et la répression, l’unité derrière un chef providentiel, le mythe de la nation solidaire. Les partis de la droite, RPR, UDF, Démocratie libérale et autres, ont mené une campagne de panique, sur l’ordre et la sécurité. Et c’est Le Pen qui en a profité. En ces domaines les nazis seront toujours les plus déterminés et les plus conséquents.

Pour les législatives et échéances suivantes, la droite, menacée par des triangulaires dans plus de 350 circonscriptions, se prépare à multiplier les alliances avec les fascistes pour sauver la peau de ses députés. Chirac, qui se pose en nouveau Bonaparte, a beau proclamer son refus de toute alliance avec le FN, c’est vers lui qu’il laissera ses députés se tourner s’il est menacé. Il jouera du discours sécuritaire, du nationalisme pour conquérir les voix de Le Pen. Il ne fera que le servir encore plus. Il n’est pas un rempart contre l’extrême droite.

Les nazis peuvent alors s’appuyer sur les préjugés courants dans cette société, le racisme, le sexisme, l’hostilité aux minorités nationales et religieuses, l’homophobie pour attirer à lui des couches déboussolées des classes laborieuses et des jeunes. Il les utilise pour les retourner contre les organisations syndicales, de gauche et démocratiques, contre d’autres exploités et opprimés. Le fascisme est un char d’assaut du capitalisme contre les classes populaires.

Briser le FN c’est possible

Mais s’il parvient à enrôler des masses déboussolées, c’est en raison de l’indécision du mouvement ouvrier et de l’adaptation des directions politiques de gauche aux idées du patronat et du capitalisme. Les masses veulent des solutions immédiates et non de vagues promesses programmatiques. L’ouvrier qui vote Le Pen parce qu’il espère que contre le travailleur arabe il profitera de la " préférence nationale " fasciste exprime son désespoir en la gauche. Pour le ramener à la solidarité avec la classe des travailleurs, il faut au contraire une direction politique non seulement implacable contre le noyau nazi des organisations fascistes, mais aussi exprimant une opposition déteminée au système capitaliste et à tous les préjugés qu’il engendre.

Le Front national est bien moins fort qu’il n’y paraît. Bien sur, il a récupéré, en nombre, les voix que la scission de 1998 lui avait fait perdre. Mais il n’a pas encore reconstruit un appareil fort, des meetings de masse, des démonstrations de forces dans les rues comme il le faisait à grande échelle dans les années 1988-1995. Sa campagne des présidentielles de 2002 a été principalement médiatique. Il n’a tenu que très peu de meetings de masse pendant cette campagne présidentielle.

Il faut isoler et briser le noyau fasciste du FN, mais convaincre ceux qui ont voté pour lui de s’en éloigner.

Le mouvement de grève de novembre-décembre 1995, sans être directement orienté contre le Front national avait néanmoins provoqué sa scission à peine deux ans plus tard. Aujourd’hui que les luttes salariales croissent et que des centaines de milliers personnes sortent dans la rue contre le FN, il est possible de l’écraser.

Pas une voix pour Le Pen

Dans la rue, dans les quartiers, écrasons le FN

Construisons une alternative anticapitaliste révolutionnaire
 
 

Connaître l'ennemi :
la nature du fascisme

On entend souvent le mot "fasciste" utilisé pour décrire n'importe quel politicien réactionnaire ou chef de police répressif. Mais pour combattre le fascisme il est essentiel de comprendre ce qu'il a de spécifique.
 
 

Le Pen et Chirac défendent tous les deux le patronat et veulent rendre plus profitable le capitalisme français malgré la crise. Ils veulent tous les deux que ce soient les salariés qui paient la crise, en sacrifiant leurs retraites, leurs services publics, leurs conditions de travail. Ils veulent tous les deux mater la contestation, en réprimant durement si nécessaire.

Mais il y a une différence fondamentale. Chirac croit qu'il est possible de gagner contre les salariés en utilisant les institutions de la société actuelle (police, parlement, directions syndicales, justice etc). Le Pen voudrait à terme transformer ces institutions directement en dictature.

Liquider la démocratie

La caractéristique du fascisme est de proposer une solution à la crise dans la liquidation (au besoin physique) de toute organisation de résistance des salariés et des opprimés. Le Pen a besoin pour l'instant, tout comme Hitler à ses débuts, d'une certaine légitimité démocratique. Mais son projet est de liquider tous les partis politiques de gauche, toutes les associations radicales ou sociales, et les syndicats, par la violence directe de milices fascistes. Le Front national est très loin de pouvoir faire ceci, mais c'est son objectif. Entre temps, bien sûr il est prêt à tout type de collaboration avec la droite classique, comme nous l'avons vu en Italie et en Autriche récemment, ou en France en 1998 quand le FN a gouverné des assemblées régionales en alliance avec des sections de la droite dite parlementaire.

Le Pen utilise les procédures de la démocratie parlementaire, mais n'y croit pas du tout. Il espère développer un mouvement fasciste de masse, capable de proposer au grand patronat, lors d'une crise sociale sévère, ses services pour écraser la résistance en échange du pouvoir de l'Etat.

C'est pourquoi ce qui importe au dirigeant fasciste est la construction d'un mouvement militant solide et déterminé. Les sièges d'élus peuvent y contribuer, mais ils ne sont qu'un moyen. Ainsi Le Pen se permet parfois des expressions de haine antisémite ou de défense de l'holocauste qui ne peuvent pas lui faire gagner des voix, mais qui servent à radicaliser ses militants.

Un discours mensonger

Le discours du fascisme est celui de la défense des "petites gens". Le soutien pour Le Pen vient de groupes sociaux qui ont des intérêts très diverses. Les petits patrons, tout comme les chômeurs (38% de ses électeurs) sont très présents, mais aussi des ouvriers (30 %) souvent précarisés. Ces groupes n'ont pas les mêmes intérêts. Le patron qui licencie n'a pas des intérêts communs avec le licencié. Le fascisme essaie de les réunir, mais il ne peut le faire que dans le domaine de l'imaginaire, et surtout dans la lutte contre l'ennemi symbolique

Le fascisme a besoin d'ennemis.

Les solutions simplistes proposées par le fascisme ressoudent les militants fascistes autour d'une opposition à une série d'ennemis - l'immigré, le communiste, le Juif, l'homosexuel, le criminel, le syndicaliste, "l'Europe téchnocratique" ou la "finance internationale". Le plus souvent les différents ennemis sont présentés comme liés dans une conspiration. La peine de mort rétablie, de nouvelles prisons construites ("200 000 nouvelles cellules"), les immigrés chassés, les "petites gens" jouiront, promet le fascisme, d'une vengeance sur un monde qui les dépasse.

De là vient la centralité de la "préférence nationale" dans le programme de Le Pen. Il appelle à séparer les caisses de retraite français de celles des immigrés, à réserver les aides sociales aux seuls français. Ces mesures, basées sur des mensonges racistes (qui prétendent que ce sont les immigrés la cause de la misère, et du bas niveau des retraites) ont comme seule fin d'unir, dans la peur et dans la haine, les différents groupes sociaux que les fascistes veulent utiliser.

Mais si le fascisme tente de réunir un soutien socialement hétérogène, le noyau de ses cadres et de ses militants, et beaucoup de ses électeurs viennent des classes moyennes, et particulièrement des petits commerçants et chefs d'entreprise. Trente deux pour cent de ces derniers ont voté pour Le Pen. Son programme reflète cette base. C'est ainsi qu'il propose de réduire les prélèvements sociaux patronaux, "combattre le matraquage fiscal des petits entrepreneurs", abolir l'impôt sur le revenu, réduire massivement les impôts sur la succession, réduire les dépenses publiques et sociales "de 75 milliards de francs par an", protéger les entreprises françaises par une politique de protectionnisme, et "mettre fin à l'extension de la grande distribution". Le petit patron, écrasé par la concurrence des grands groupes, profitant beaucoup moins que les grandes entreprises des subventions étatiques ou européennes, et sous pression par les acquis sociaux des salariés dus aux syndicats, menacé sans cesse par la faillite, rêve d'une force qui le sauverait

Si l'organisation militante du fascisme est celle de la panique petite bourgeoise, le fascisme fait appel à des éléments de la jeunesse marginalisée pour former son aile militaire. Pour l'instant, Le Pen n'a pas développé une aile armée de masse de son mouvement, mais il s'y emploiera de plus en plus si son mouvement monte.
 
 

Le fascisme au pouvoir

Car le fascisme, s'il est basé dans les classes moyennes, ne peut prendre le pouvoir qu'avec le soutien d'une section significative des grands patrons. Il peut acquérir ce soutien en montrant que son mouvement a la taille et la force pour s'opposer physiquement aux "ennemis du système" (c'est nous). C'est exactement ce qui s'est passé en 1933 en Allemagne. Le grand capital, lors d'une crise sociale sans précédent, a vu dans le mouvement hitlérien une solution : l'écrasement par la force des syndicats et de la gauche.

Une fois que le fascisme prend le pouvoir d'Etat, il ne sert que les intérêts du grand capital. Toutes les promesses faites aux petits commerçants, petits patrons et au " peuple" sont oubliées. Dans le cas de Hitler, c'est physiquement que la direction du parti nazi élimine la section liée à la petite bourgeoisie.

Nous sommes très loin aujourd'hui d'une prise de pouvoir du fascisme. Mais le danger est réel - Le Pen suit au ralenti les mêmes étapes que Hitler (qui, n'oublions pas, jurait qu'il respectait le système démocratique jusqu'à ce qu'il ait pris le pouvoir). La crise économique et sociale progresse bien plus lentement que dans les années trente, mais le processus est le même. Il est primordial d'écraser le Front national avant qu'il ne puisse passer à une étape supérieure.

John Mullen

Comment vaincre le nazi Le Pen ?

Si dans les élections, Le Pen obtient beaucoup de voix, il a peu de militants dans les quartiers et les facs, les usines et les bureaux, etc. En raison même de la nature hétérogène de son mouvement le fascisme, il a pourtant besoin de lancer des démonstration de force dans les rues et les quartier afin de convaincre les hésitants de sa détermination et d’emporter leur adhésion.. C’est le sens de l’appel du leader fasciste à manifester le 1er mai et en d’autres occasions. C’est là qu’ils peuvent enraciner leur force, c’est là que nous pouvons la détruire.

Briser le noyau, convaincre la périphérie.

Les forces syndicales, associatives et politiques de gauche sont implantées dans les lieux de travail, d’étude comme dans les quartiers. Leurs effectifs et leurs implantation sont bien supérieurs à ceux des fascistes. Le Front national est composé d’abord d’un noyau de fascistes aguerris, même s’ils présentent souvent une face respectable. Il est entouré d’une périphérie populaire d’électeurs influencés par le racisme et trompés par la démagogie fasciste.

Le noyau ne peut être convaincu, il doit être isolé et paralysé, puis brisé. La périphérie électorale partage souvent la même misère que le reste d’entre nous. Il faut la convaincre de changer de camp. Comment faire tout cela ?

Front unique d’action contre le fascisme

*Il faut d’abord rassembler toutes les forces antifascistes, organisations syndicales comme partis de gauche, organisations de la jeunesse et associations démocratiques en un seul objectif, une seul : action de masse pour écraser le fascisme. Nous n’avons pas besoin d’être d’accord sur le vote du 5 mai. Beaucoup voteront Chirac, comme nous à Socialisme ne le feront pas. Nous devons nous unir sur un objectif, traduit par le slogan " Pas une voix pour Le Pen ". Dans les quartiers, à l’exemple du slogan du collectif unitaire antifasciste du XVIIIè arrondissement de Paris, il faut ajouter : " Pas de quartier pour le FN ".Les démonstrations de rue antifascistes ont une grande importante pour donner du courage et de la visibilité à à notre détermination à combattre Le Pen.

* Il faut aussi encourager tous les antifascistes à s’exprimer et s’engager. Des badges et autocollants diffusés massivement, tels " Jeunes contre le Front nazi ", " Postiers contre le Front nazi ", " Enseignants contre le Front nazi ", " Homosexuels contre les nazis ",etc. sont extrêmement importants. Chaque expression individuelle contre le fascisme est une pierre apportée au grand mouvement de masse antifasciste en France.

* Il faut isoler le noyau du FN. Pour cela il faut paralyser sa capacité à monter des grands rassemblements publics. On ne doit pas laisser se tenir une seule conférence de presse, un seul passage télévisé, une seule manifestation, un seul meeting de Le Pen sans riposte. A Bruxelles, le 24 avril 2002, une manifestation pacifique d’antifascistes a abouti à l’annulation de la conférence presse de Le Pende. Le leader fasciste a fait le voyage pour rien. Des contre-manifestations les plus massives à leurs meetings ou manifestations peuvent les disperser par la force de notre nombre. Les fascistes se montreront bien plus fragiles qu’il n’y paraît. Il faut les harceler.

* Enfin, nous devons nous adresser à ceux qui ont voté Front national. A leur égard notre démarche doit être différente. Il faut aller discuter dans les quartiers qui ont exprimé un fort vote lepeniste. Il faut argumenter avec chacun. Il faut les convaincre du danger de suivre Le Pen. Il faut des argumentaires détaillés contre le programme du FN. Le leader fasciste est pour l’expulsion de dizaines de nos amis sans papier, contre les 35 heures pour les salariés, pour soumettre nos retraites à la spéculation en créant des fonds de pension. Ce milliardaire conservateur veut remettre en cause le droit à l’avortement, envoyer l’armée dans nos cités au lieu de nous donner du travail, réprimer nos collègues homosexuels, les très nombreux jeunes qui fument qui cannabis, etc.

Nous pouvons écraser le Front national et redonner une formidable impulsion tant au mouvement syndical qu’à la gauche et la gauche révolutionnaire dans ce pays.

Hassan Berber
 

Chirac n'est pas un rempart contre Le Pen

Les partis de gauche, les Verts et la majorité des organisations syndicales ont appelé à voter Chirac pour combattre le FN au deuxième tour des présidentielles. Demain ils pourraient aux législatives appeler à voter à droite contre l’extrême-droite. Ils appellent à un front républicain, un alignement derrière la droite contre le FN. Des millions de personnes jeunes et de salariés pensent aussi qu’il faut appuyer Chirac contre Le Pen, voter à droite contre l’extrême droite. Tout semble leur donner raison.

Nous ne mettons pas sur le même plan la candidature de Le Pen et celle de Chirac. Le premier représente un danger immédiat que nous devons écarter dans la rue comme dans les urnes. Toutes nos énergies doivent aller à convaincre ceux qui ont voté pour l’extrême droite de ne plus le faire. Mais penser que Chirac serait un rempart contre le fascisme est une tragique erreur.

Le candidat-président sortant a rencontré le leader de l’extrême droite entre les deux tours des élections de 1988 pour négocier avec lui. Il renforce le racisme en déclarant que le " bruit et l’odeur " des immigrés " gêne les Français ".

La droite a fourni des milliers de militants au FN. En 1986, une scission de près de 6 000 adhérents du parti gaulliste a rejoint Le Pen. Bruno Megret ainsi que des centaines de cadres du FN et du MNR viennent de la droite dure, qu’on appelait la " droite carrefour ". La liste pourrait être allongée.

Les partis de droite ont contracté des alliances avec les fascistes tant aux régionales qu’aux législatives au cours des années 1990. Face aux plus de 350 triangulaires des prochaines législatives nombreux seront les candidats de droite qui s’allieront au FN pour sauver leur siège parlementaire.

S’unir avec Chirac contre Le Pen, c’est en réalité désarmer la gauche au profit du représentant le plus en vue des politiciens corrompus de la bourgeoisie. C’est accrocher notre espoir au char d’un politicien qui devrait déjà être en prison.

Ce serait jouer contre notre camp. Pendant que les dirigeants de la gauche officielle aident Chirac, celui poursuit son combat contre la gauche et les salariés. Il mène la guerre aux 35 heures et aux quelques timides avancées sociales que la gauche plurielle a introduit au cours de l’exercice de son pouvoir. Il ne manquera pas d’utiliser sa victoire présidentielle en la retournant contre la gauche aux législatives.

S’unir à son adversaire de classe c’est laisser libre voie à la démagogie fasciste. Le Pen pourra dénoncer la corruption des politiciens de droite et attirer à lui des millions d’autres salariés et de jeunes abandonnés par une gauche qui capitule devant les politiciens corrompus.

Seuls la droite et l’extrême droite en profiteront.

Nous ne sommes pas à la veille d’une contre-révolution national-socialiste. Mais le danger d’un scénario à l’italienne est présent : celui d’une alliance gouvernementale entre la droite et l’extrême droite. En Italie, n’oublions pas que loin de faire obstacle aux fasciste, Berlusconi s’est allié à eux pour former son gouvernement.

L’expérience historique plus ancienne montre la même chose. En Allemagne en 1932 les partis de gauche ont appelé à voter pour un dirigeant de droite, Hindenbourg, contre Hitler. Quelques mois plus tard, le premier nommait le second chancelier. En France, à la veille de la guerre, la gauche vota à l’assemblée, aux côtés de la droite, les pleins pouvoirs à Pétain. C’est celui-ci qui instaura deux ans plus tard le gouvernement fasciste de Vichy.

Le front républicain renforce ceux qui affirment que gauche et droite c’est la même chose. Il facilite le travail à la démagogie fasciste.

Il faut au contraire s’attaquer directement au fascisme, dans les rues, les quartiers, sur les plateaux de télévision et de radio. Il faut un front unique d’action de masse contre les fascistes qui réunisse toute la gauche, le mouvement ouvrier, les associations populaires. Il faut convaincre chaque électeur de Le Pen en démontant les un à un les arguments du Front national.

Chirac n’est pas un rempart contre Le Pen

Dans la rue, partout, brisons le FN

Hassan Berber
 
 

Pour battre durablement le fascisme, il faut un nouveau parti anticapitaliste

Il est urgent de construire rapidement un front antifasciste large pour pouvoir réduire l'influence des idées lepenistes, isoler le noyau dur des fascistes, et les empêcher de reconstruire un mouvement militant fort.

Mais cette action antifasciste ne suffit pas. C'est le désespoir et le manque d'alternative politique qui pousse les gens dans les bras de Le Pen. Seul un espoir, une alternative politique peut durablement empêcher la montée du fascisme.

Tant que, de plus en plus, ils ne voient pas une grande différence entre gauche et droite au gouvernement, tant que rien n'est fait pour empêcher les privatisations, la précarisation, les licenciements, le terreau restera fertile pour les fascistes. Si les travailleurs voient leurs retraites menacés, de la même façon par les gouvernements de gauche et de droite, ils pourront être attiré par la démagogie de Le Pen.

Seule une nouvelle gauche combative, anticapitaliste peut attirer le soutien des millions de radicalisés qui cherchent des solutions réelles à leurs problèmes. Bien des travailleurs qui ont voté Le Pen pourraient être gagnés à une telle gauche. Nous avons vu que dans les anciens bastions du PCF, il y a eu un vote fort pour Le Pen, parce que depuis quelques années, la direction du PCF s'est beaucoup plus intéressée à mendier des strapontins au gouvernement qu'à organsier la résistance à l'ultra-libéralisme.

Les trois millions d'électeurs des candidats révolutionnaires au premier tour des présidentielles montrent le potentiel pour un nouveau parti. La montée rapide depuis deux ans de l'organisation ATTAC et des mobilisations contre la mondialisation libérale le montre également. Les mobilisations de solidarité avec la Palestine aussi.

Dans cette situation, les organisations de l'extrême gauche ont une responsabilité particulière. Il faut savoir rassembler infiniment plus largement que dans la période précédente. Il faut pouvoir proposer à la nouvelle génération de jeunes descendus dans la rue contre Le Pen des perspectives dans une organisation qui travaille à la fois à construire les combats et à clarifier les analyses du capitalisme. Une organisation qui peut coordonner les initiatives locales et organiser des débats sur les questions politiques y compris les plus difficiles. C'est un nouveau parti qu'il faut.

L'essentiel de la nouvelle génération de jeunes militants sont des sans-partis. Ils ont préféré les associations locales, ou des organisations qui se concentrent sur une seule question politique. La généralisation est maintenant nécessaire.

Il faut suivre de près l'appel de Olivier Besancenot à un regroupement de la gauche radicale, et contribuer à construire un parti basé sur les luttes, pas uniquement sur les élections, un parti fait de combats et pas de compromissions, un parti engagé à œuvrer au renversement du capitalisme.

John Mullen
 
 

Charivari

Contre le fascisme, contre l'ultra-libéralisme, contre la guerre

Festival Charivari pour "une mondialisation des alternatives, des luttes et des solidarités ".

Du 1er mai au 12 mai à Paris et Région Parisienne

(Du 8 au 12 mai à l'Université de Saint Denis)

Avec le succès de la seconde édition du Forum Social Mondial à Porto Alegre, le mouvement qui lutte pour une autre mondialisation trouve un écho de plus en plus large au niveau international. En se développant, ce mouvement alternatif se confronte à des défis nouveaux :

Comment rassembler tous ceux qui participent des résistances à l’ordre social actuel ?

Comment élaborer des projets alternatifs dans lesquels le plus grand nombre de gens puissent se reconnaître et reprendre à leur compte ?

Comment rendre possible l’avènement d’un autre monde ?

Le Festival CHARIVARI s'inscrit dans cette volonté de réflexion

Pour rassembler ici et maintenant tous ceux qui pensent que changer ce monde est possible

Pour ancrer plus fortement l’expérience des mobilisations des contre-sommets dans nos réalités

locales.

Des dizaines de débats, de films, d'expositions, de forums; du théâtre, des concerts …

Avec la participation, entre autres, de Christophe Aguitton, Yves Salesse, Bertrand Tavernier, Serge Halimi, Gérard Filoche, Gilbert Achcar, Catherine Samary, Janette Habel, Michel Collon, Luz, des syndicalistes de chez Macdo…

Le programme entier sur http://festival.charivari.free.fr ou renseignez-vous auprès des vendeurs de Socialisme
 
 

A Lire
 
 

Sur notre page web http://www.anticapitalisme.org , parmi de très nombreux articles, vous trouverez les suivants sur le fascisme et l'antifascisme.

L'exemple de la Ligue anti-nazie en Angleterre, par John Mullen

Le bilan du mouvement antifasciste français dans les années 1980, par Hassan Berber

Comment combattre le fascisme, par Tony Cliff

La prise de pouvoir de Hitler n'était pas inévitable!, par Alexandre Mamarbachi

Vichy - qui en a profité? par Stéphane Lanchon

Vous trouverez aussi le livre classique (et indispensable) de Léon Trotsky : Comment vaincre le fascisme gratuit sur le web au

www.marxists.org/francais/trotsky/livres/cvf/cvf.htm

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