Hé, donne-moi ta bouche, eh, ma jolie fraise
L?aube a mis des fraises plein notre horizon
Garde tes dindons, moi mes porcs, Thérèse
Ne r?pousse pas du pied mes p?tits cochons
Va, comme hier, comme hier, comme hier
Si tu ne m?aimes point, c?est moi qui t?aimerons
L?un tient le couteau, l?autre la cuiller
La vie c?est toujours les mêmes chansons
Pour sauter l?gros sourceau de pierre en pierre
Comme tous les jours mes bras t?enlèveront
Nos dindes, nos truies nous suivront légères
Ne r?pousse pas du pied mes p?tits cochons
Va, comme hier, comme hier, comme hier
Si tu ne m?aimes pas, c?est moi qui t?aimerons
La vie c?est toujours amour et misère
La vie c?est toujours les mêmes chansons
J?ai tant de respect pour ton c?ur, Thérèse
Et pour tes dindons, quand nous nous aimons
Quand nous nous fâchons, hé, ma jolie fraise
Ne r?pousse pas du pied mes p?tits cochons
Va, comme hier, comme hier, comme hier
Si tu ne m?aimes point c?est moi qui t?aimerons
L?un tient le couteau, l?autre la cuiller
Tu vas au bal ? - qu'y m'dit
J'ui dis : qui ? - y m'dit toi
J'ui dis : moi ? - y m'dit oui
J'ui dis : non, je peux pas
C'est trop loin - y m'dit bon
Et toi, t'y vas ? - qu'j'ui dis
Y m'dit : qui ? - j'ui dis toi
Y m'dit : moi ? - j'ui dis oui
Y m'dit : non, j'y vais pas
J'ai un rhume et j'ai froid
Alors on n'a pas dansé
On est restés à parler
On n'a rien regretté
Y paraît d'toute façon
que c'était un bal con
Tu vas aux putes ? - qu'y m'dit
J'ui dis : qui ? - y m'dit toi
J'ui dis : moi ? - y m'dit oui
J'ui dis : non, je peux pas
C'est trop loin - y m'dit bon
Et toi, t'y vas ? - qu'j'ui dis
Y m'dit : qui ? - j'ui dis toi
Y m'dit : moi ? - j'ui dis oui
Y m'dit : non, j'y vais pas
J'ai malade et j'ai froid
Alors on n'a pas baisé
On est restés à parler
On n'a rien regretté
On n'avait pas d'argent
Pi y paraît qu'c'est payant
Tu vas à l'église ? - qu'y m'dit
J'ui dis : qui ? - y m'dit toi
J'ui dis : moi ? - y m'dit oui
J'ui dis : non, je peux pas
C'est trop loin, j't'ai déjà dit, y m'dit bon
Et toi, t'y vas ? - qu'j'ui dis
Y m'dit : qui ? - j'ui dis toi
Y m'dit : moi ? - j'ui dis oui
Y m'dit : non, j'y vais pas
Y fait froid et j'ai froid
Alors on n'a pas prié
On est restés à parler
On n'a rien regretté
Car nos âmes sont tordues
Pour pécher c'est le pied
Mon pote est mort de froid
D'toute façon y m'gonflait
Voulait jamais bouger
Y savait que poser
Des questions un peu con (comme vous)
Alors j'l'ai enterré
Pi j'suis allé danser
Avec les putes du quartier
Dans l'église ravagée
Et j'ai rien regretté
Nous étions trois jeunes matelots
trois beaux marins grands et costauds
embarqués un jour à Toulon
sans uniformes et sans galons
sur le porte-avions Clemenceau
Nous étions trois jeunes militaires
pas trop amoureux de la guerre
mais nous voulions bien nous faire tondre
en échange d'un tour du monde
sur un joli bateau en fer
Le premier de ces matelots
était Breton jusqu'au mégot
mais il était con comme un manche
comme un déjeuner du dimanche
comme un article du Figaro
L'avait grandi au bord de l'eau
mais n'en avait jamais bu trop
à quinze ans pour une donzelle
il a déserté La Rochelle
pour les remparts de Saint-Malo
Rue de la Soif on le vit beau
à écumer tous les tripots
et lorsque s'en venait l'aurore
roulait de bâbord à tribord
et s'échouait dans le ruisseau
Voulut partir sur un bateau
goûter un peu du sirocco
en pensant avec raison
que l'océan rendait moins con
mais pour lui y'avait du boulot
Dieu qu'elle est belle
l'histoire des trois matelots
presque aussi belle
que l'pont du Clemenceau
Le deuxième de ces matelots
était Corse dans toute sa peau
il était méchant comme la tourmente
vicieux comme une déferlante
comme un article de Jean Cau
L'avait grandi au bord de l'eau
mais n'en buvait que dans l'Pernod
à quinze ans par un légionnaire
s'est fait tailler une boutonnière
près d'la citadelle d'Ajaccio
L'est devenu un vrai salaud
s'est fait tatouer les biscottos
entre le prénom de sa mère
des loups des serpents des panthères
et le Christ au milieu du dos
Voulut partir sur un bateau
pour ne jamais vivre comme un veau
et pour faire voyager sa haine
de cette putain de race humaine
peuplée de rats et de blaireaux
Dieu qu'elle est longue
l'histoire des trois matelots
presque aussi longue
que l'pont du Clemenceau
Le dernier de ces matelots
c'était moi, j'étais Parigot
j'étais bon comme la romaine
rusé malin comme une hyène
musclé comme un flan aux pruneaux
J'avais grandi très loin de l'eau
j'en buvais autant qu'un moineau
à quinze ans j'ai quitté Paname
pour chasser d'mon coeur une femme
qui voulait y faire son berceau
J'ai bourlingué comme un clodo
j'ai rencontré des écolos
qui m'ont dit : Va voir les baleines
qui vivent dans les eaux lointaines
tu verras que ce monde est beau
Voulus partir sur un bateau
pour voir la terre d'un peu plus haut
doubler l'cap Horn dans les deux sens
et voyager de Recouvrance
jusqu'aux bordels de Macao
Dieu qu'elle est dure
l'histoire des trois matelots
presque aussi dure
que l'pont du Clemenceau
Le premier de ces matelots
qui était con comme un drapeau
il a fini plein de galons
plein de sardines sur son veston
et plein de merde sous son calot
Le deuxième de ces matelots
qui était méchant comme un corbeau
il a fini dans une vitrine
au ministère de la marine
petit chef derrière un bureau
Le dernier de ces matelots
s'est fait virer de son bateau
pour avoir offert son pompon
à une trop jolie Ninon
contre un baiser sucré et chaud
Si votre enfant est un salaud
un vrai connard, une tête pleine d'eau
faites-en donc un militaire
alors il fera carrière
sur un navire, dans un bureau
Mais s'il est bon, mais s'il est beau
même s'il est un peu alcoolo
qu'il fasse son tour de la terre
tout seul sur un bateau en fer
mais pas sur l'pont du Clemenceau
Simple soldat, brave matelot
surtout ne m'en veuillez pas trop
cette chanson je ne l'ai chantée
que pour les planqués, les gradés
Bon, d'accord, j'ai triché
j'ai r'posé l'w
discrèt'ment.
J'savais pas où l'placer,
J'pensais pas qu' tu m'voyais
sincèrement.
On annule la partie,
si tu veux on l'oublie,
on l'efface.
J'ai quatre cents points d'avance,
et ça c'est pas d'la chance,
c'est la classe.
Mais si t'es mon pote,
tu m'laisses tricher au scrabble,
tu ramènes pas ta gueule
quand tu m'vois magouiller.
Moi je veux juste gagner,
ça m'amuse pas de jouer,
si t'es mon pote : tu t'tais !
Bon, d'accord, il est tard,
pi t'en as un peu marre
des bistrots.
T'as beau boire comme un trou,
t'arrives pas à être saoul,
t'as pas d'pot.
Mais faut pas m'planter là,
moi j'suis fait comme un rat,
allumé.
Je m'en fous, arrache-toi,
la tournée c'est pour moi,
enfoiré !
Mais si t'es mon pote,
tu m'laisses pas boire tout seul,
et tu m'fais pas la gueule
quand tu m'vois délirer.
J't'offre un verre chez Ali,
le dernier, c'est promis,
si t'es mon pote : tu m'suis !
Bon, d'accord, elle est bonne,
mais j'vois pas c'qu'elle te donne
de plus que moi.
Des s'maines que tu m'délaisses
pour une histoire de fesses,
j'le crois pas !
Fais gaffe que l'amitié
se laisse pas enterrer
par cette peste
qu'est jalouse comme un pou,
qui t'connaît pas du tout,
et qui m'déteste.
Mais si t'es mon pote,
t'avoues qu'c'est un peu la crainte,
c'est pas franch'ment une sainte,
c'est pas Christine Ockrent.
Pi elle a l'intellect
plutôt près d'la moquette,
si t'es mon pote : tu jettes !
Bon, d'accord, j'suis taré,
frimeur comme une voiture
de pompiers.
C'est qu'j'ai été bercé
un peu trop prés du mur
tout bébé.
Mais faut tout m'pardonner,
parc' que d'main j'peux crever,
c'est la vie.
Jamais tu t'en r'mettrais
et qu'est-ce qui t'resterait
comme ami ?
Mais si t'es mon pote,
tu meurs un peu avant moi.
J'te promets qu'toutes les s'maines,
t'auras des chrysantémes.
Mais tant que je suis là,
n'oublie pas que je t'aime
et qu'si t'es mon pote : tu m'aimes !
Si t'es mon pote : tu n'aimes
Tu m'excus'ras, mignonne
d'avoir pas pu marcher
derrière les couronnes
de tes amis branchés
parce que ton dealer
était peut-être là,
parmi ces gens en pleurs
qui parlaient de toi
en regardant leurs montres,
en se plaignant du froid,
en assumant la honte
de t'avoir poussée là...
P'tite conne
tu leur en veux même pas
tu sais que ces charognes
sont bien plus morts que toi...
Tu fréquentais un monde
d'imbéciles mondains
où cette poudre immonde
se consomme au matin,
où le fric autorise
à se croire à l'abri
et de la cour d'assises
et de notre mépris
que ton triste univers
nous inspirait, malins
en sirotant nos bières
ou en fumant nos joints...
P'tite conne
Tu rêvais de Byzance
Mais c'était la Pologne
jusque dans tes silences...
On se connaissait pas
aussi tu me pardonnes,
j'ai pas chialé quand t'as
cassé ta pipe d'opium,
J'ai pensé à l'enfer
d'un téléphone qui crie
pour réveiller ta mère
au milieu de la nuit.
J'aurais voulu lui dire
que c'était pas ta faute
qu'à pas vouloir vieillir
on meurt avant les autres...
P'tite conne
Tu voulais pas mûrir,
Tu tombes avant l'automne
Juste avant de fleurir...
Mais t'aurais-je connu
que ça n'eût rien changé,
petite enfant perdue
m'aurais-tu accepté ?
Moi j'aime le soleil
tout autant que la pluie
et quand je me réveille
et que je suis en vie
C'est tout ce qui m'importe,
bien plus que le bonheur
qui est affaire de médiocres
et qui use le coeur...
P'tite conne
c'est oublier que toi
t'étais là pour personne
et que personne élût là...
Tu m'excus'ras, mignonne,
d'avoir pas pu pleurer
en suivant les couronnes,
de tes amis branchés,
parce que ton dealer
était peut-être là
à respirer ces fleurs
que tu n'aimerais pas,
à recompter ces roses
qu'il a payé au prix
de ta dernière dose
et de ton demier cri...
P'tite conne
allez, repose-toi
tout près de Morisson
Chiffon imbibé d'essence
un enfant meurt en silence
sur le trottoir de Bogota
on ne s'arrête pas
Déchiquetés au champ de mines
décimés aux premières lignes
morts les enfants de la guerre
pour les idées de leurs pères
Bal à l'ambassade
quelques vieux malades
imbéciles et grabataires
se partagent l'univers
Morts les enfants de Bophal
d'industrie occidentale
partis dans les eaux du Gange
les avocats s'arrangent
Morts les enfants de la haine
près de nous ou plus lointaine
morts les enfants de la peur
chevrotine dans le coeur
Bal à l'ambassade
quelques vieux malades
imbéciles et militaires
se partagent l'univers
Morts les enfants du Sahel
on accuse le soleil
morts les enfants de Seveso
morts les arbres, les oiseaux
Morts les enfants de la route
demier week-end du mois d'août
papa picolait sans doute
deux ou trois verres, quelques gouttes
Bal à l'ambassade
quelques vieux malades
imbéciles et tortionnaires
se partagent l'univers
Mort l'enfant qui vivait en moi
qui voyait en ce monde-là
un jardin, une rivière
et des hommes plutôt frères
Le jardin est une jungle
les hommes sont devenus dingues
la rivière charrie des larmes
un jour l'enfant prend une arme
Balles sur l'ambassade
attentat, grenade
hécatombe au ministère
Ah... m'asseoir sur un banc
cinq minutes avec toi
et regarder les gens
tant qu'y en a
Te parler du bon temps
qu'est mort ou qui r'viendra
en serrant dans ma main
tes p'tits doigts
Pi donner à bouffer
à des pigeons idiots
leur filer des coups d'pied
pour de faux
Et entendre ton rire
qui lézarde les murs
qui sait surtout guérir
mes blessures
Te raconter un peu
comment j'étais, mino
les bombecs fabuleux
qu'on piquait chez l'marchand
car en sac et Mintho
caramels à un franc
et les Mistral gagnants
Ah... marcher sous la pluie
cinq minutes avec toi
et regarder la vie
tant qu'y en a
Te raconter la Terre
en te bouffant des yeux
Te parler de ta mère
un p'tit peu
Et sauter dans les flaques
pour la faire râler
Bousiller nos godasses
et s'marrer
Et entendre ton rire
comme on entend la mer
s'arrêter, repartir
en arrière
Te raconter surtout
les Carambars d'antan
et les coco-boërs
et les vrais roudoudous
qui nous coupaient les lèvres
et nous niquaient les dents
et les Mistral gagnants
Ah... m'asseoir sur un banc
cinq minutes avec toi
regarder le soleil
qui s'en va
Te parler du bon temps
qu'est mort et je m'en fous
Te dire que les méchants
c'est pas nous
Que si moi je suis barge
ce n'est que de tes yeux
car ils ont l'avantage
d'être deux
Et entendre ton rire
s'envoler aussi haut
que s'envolent les cris
des oiseaux
Te raconter enfin
qu'il faut aimer la vie
et l'aimer même si
le temps est assassin
et emporte avec lui
les rires des enfants
et les Mistral gagnants
Femmes du monde ou bien putains
qui, bien souvent, êtes les mêmes
Femmes normales, stars ou boudins
femelles en tout genre, je vous aime
Même à la demiére des connes
je veux dédier ces quelques vers
issus de mon dégoût des hommes
et de leur morale guerrière
Car aucune femme sur la planète
n's'ra jamais plus con que son frère
ni plus fière ni plus malhonnête
à part, peut-être, Madame Thatcher
Femme je t'aime parce que
lorsque le sport devient la guerre
y'a pas de gonzesses, ou si peu
dans les hordes des supporters
Ces fanatiques fous furieux
abreuvés de haine et de bière
déifiant les crétins en bleu
insultant les salauds en vert
Y'a pas de gonzesse hooligan
imbécile et meurtrière
Y'en a pas, même en Grande-Bretagne
à part, bien sûr, Madame Thatcher
Femme je t'aime parce que
une bagnole entre les pognes
tu n'deviens pas aussi con qu'eux
ces pauvres tarés qui se cognent
Pour un phare un peu amoché
ou pour un doigt tendu bien haut
Y'en a qui vont jusqu'à flinguer
pour sauver leur autoradio
Le bras d'honneur de ces cons-là
aucune femme n'est assez vulgaire
pour l'employer à tour de bras
à part, peut-être, Madame Thatcher
Femme je t'aime parce que
tu vas pas mourir à la guerre
parc' que la vue d'une arme à feu
fait pas frissonner tes ovaires
Parc' que dans les rangs des chasseurs
qui dégomment la tourterelle
et occasionnellement les beurs
j'ai jamais vu une femelle
Pas une femme n'est assez minable
pour astiquer un revolver
et se sentir invulnérable
à part, bien sûr, Madame Thatcher
C'est pas d'un cerveau féminin
qu'est sortie la bombe atomique
et pas une femme n'a sur les mains
le sang des indiens d'Amérique
Palestiniens et Arméniens
témoignent du fond de leurs tombeaux
qu'un génocide c'est masculin
comme un SS, un torero
Dans cette putain d'humanité
les assassins sont tous des frères
pas une femme pour rivaliser
à part, peut-être, Madame Thatcher
Femme je t'aime, surtout, enfin
pour ta faiblesse et pour tes yeux
quand la force de l'homme ne tient
que dans son flingue ou dans sa queue
Et quand viendra l'heure dernière
l'enfer s'ra peuplé de crétins
jouant au foot ou à la guerre
à celui qui pisse le plus loin
Moi je me changerai en chien
si je peux rester sur la terre
et comme réverbère quotidien
Eh Manu rentre chez toi
Y a des larmes plein ta bière
Le bistrot va fermer
Pi tu gonfles la taulière
J'croyais qu'un mec en cuir
Ça pouvait pas chialer
J'pensais même que souffrir
Ça pouvais pas t'arriver
J'oubliais qu'tes tatouages
Et ta lame de couteau
C'est surtout un blindage
Pour ton c?ur d'artichaut
Eh déconne pas Manu
Va pas t'tailler les veines
Une gonzesse de perdue
C'est dix copains qui r'viennent
On était tous maqués
Quand toi t'étais tous seul
Tu disais j'me fais chier
Et j'voudrais sauver ma gueule
T'as croisé cette nana
Qu'était faite pour personne
T'as dit elle pour moi
Ou alors y a maldonne
T'as été un peu vite
Pour t'tatouer son prénom
A l'endroit où palpite
Ton grand c?ur de grand con
Eh déconne pas Manu
C't'à moi qu'tu fais d'la peine
Une gonzesse de perdue
C'est dix copains qui r'viennent
J'vais dire on est des loups
On est fait pour vivre en bande
Mais surtout pas en couple
Ou alors pas longtemps
Nous autres ça fait un bail
Qu'on a largué nos p'tites
Toi t'es toujours en rade
Avec la tienne et tu flippes
Eh Manu vivre libre
C'est souvent vivre seul
Ça fait p't'être mal au bide
Mais c'est bon pour la gueule
Eh déconne pas Manu
Ça sert à rien la haine
Une gonzesse de perdue
C'est dix copains qui r'viennent
Elle est plus amoureuse
Manu faut qu'tu t'arraches
Elle peut pas être heureuse
Dans les bras d'un apache
Quand tu lui dis je t'aime
Si elle te d'mande du feu
Si elle a la migraine
Dès qu'elle est dans ton pieu
Dis lui qu't'es désolé
Qu't'as dû t'gourrer de trottoir
Quand tu l'as rencontrée
T'as dû t'tromper d'histoire
Eh déconne pas Manu
Va pas t'tailler les veines
Une gonzesse de perdue
C'est dix copains qui r'viennent
Eh déconne pas Manu
Va pas t'tailler les veines
Une gonzesse de perdue
C'est dix copains qui r'viennent
Eh déconne pas Manu
C't'à moi qu'tu fais d'la peine
Une gonzesse de perdue
Y'en a une une qu'est vach'ment impatiente
c'est la Pépette qui part en vacances
demain elle s'en va planter sa tente
sur une plage au bord de la France
Elle prépare ses affaires énervée
elle s'agite elle s'affaire elle panique
depuis le temps qu'elle est paniquée
elle rêve d'un grand amour exotique
Elle a pris un cache-col un chandail
sa robe jaune un p'tit peu déchirée
un poisson surgelé des tenailles
sa valise en carton va craquer
Elle est quand même heureuse d'être contente
l'a réussi à plier sa tente...
Premier jour de vacances infernal
la Pépette a voulu s'éclater
elle a pris une leçon d'planche à voile
même la planche a failli se noyer
Pépette a bu la moitié d'la mer
pis elle s'est fait mal à le genou
et tout le pétrole du Finistère
a fini dans ses grands cheveux mous
Elle est allée s'doucher au camping
pis elle a commencé à flipper
à cause des marques blanches sous son string
pis du reste de sa peau toute brûlée
L'est quand même furieuse d'être en colère
y'a moins d'risques avec le nucléaire...
(couplet intéressant)
Elle se oint elle s'enduit elle s'pommade
de Monoï et de crème Nivéa
elle veut pas qu'son p'tit corps se dégrade
car ce soir elle va au Macumba
Une giclée d'opium pour sentir bon
sur la nuque et puis derrière les bras
un coup d'brosse pour refaire son chignon
elle est prête à tomber Travolta
Elle hésite la robe jaune l'écossaise
les collants les chaussettes ou les bas
qu'est-c'qui s'ra l'plus pratique si elle baise
qu'est-c'qui f'ra flipper les autres nanas
L'est quand même étonnée d'être surprise
devant la contenance de sa valise...
Finalement elle se fringue en Pépette
en Madone des machines agricoles
au bout d'cinq heures elle est enfin prête
mais la boîte est fermée manque de bol
Alors elle va s'manger une pizza
au jambon et au centre commercial
et elle sanglote en pensant à moi
ce qui est complètement immoral
Un troufion qui arrosait la quille
vient lui faire un compliment grotesque
genre vous êtes belle comme quéqu'chose qui brille
elle en tombe amoureuse aussi sec
Elle est quand même déçue d'être triste
d'pas tomber sur un parachutiste...
(couplet euh. . . pathétique)
Y s'font dévorer par les moustiques,
toute la nuit sous la tente sur la plage
au matin y s'font un p'tit pique-nique
un sandwich aux fourmis et fromage
Alors avec un bâton en bois
y'z'écrivent leurs prénoms sur le sable
elle dessine un coeur et lui un foie
pis y r'gardent l'horizon lamentable
Elle va lui chercher des cigarettes
au village dix bornes à pied c'est long
quand elle revient il a fait basket
en lui gaulant sa valise en carton
Dedans y'avait ses robes et ses sous
ses papiers des tenailles un poisson
ses vacances sont foutues pour de bon
l'avait qu'à faire un peu attention
Jamais une statue ne sera assez grande
pour dépasser la cime du moindre peuplier
et les arbres ont le coeur infiniment plus tendre
que celui des hommes qui les ont plantés
Pour toucher la sagesse qui ne viendra jamais
j'échangerais la sève du premier olivier
contre mon sang impur d'être civilisé
responsable anonyme de tout le sang versé
Fatigué, fatigué
fatigué du mensonge et de la vérité
que je croyais si belle, que je voulais aimer
et qui est si cruelle que je m'y suis brûlé
Fatigué, fatigué
Fatigué d'habiter sur la planète terre
sur ce grain de poussière, sur ce caillou minable
sur cette fausse étoile perdue dans l'univers
berceau de la bêtise et royaume du mal
où la plus évoluée parmi les créatures
a inventé la haine, le racisme et la guerre
et le pouvoir maudit qui corrompt les plus purs
et amène le sage à cracher sur son frère
Fatigué, fatigué
fatigué de parler, fatigué de me taire
quand on blesse un enfant, quand on viole sa mère
quand la moitié du monde en assassine un tiers
Fatigué, fatigué
Fatigué de ces hommes qui ont tué les indiens,
massacré les baleines et bâillonné la vie,
exterminé les loups, mis des colliers aux chiens
qui ont même réussi à pourrir la pluie
La liste est bien trop longue de tout ce qui m'écoeure
depuis l'horreur banale du moindre fait divers
il n'y a plus assez de place dans mon coeur
pour loger la révolte, le dégoût, la colère
Fatigué, fatigué
fatigué d'espérer et fatigué de croire
à ces idées brandies comme des étendards
et pour lesquelles tant d'hommes ont connu l'abattoir
Fatigué, fatigué
Je voudrais être un arbre, boire l'eau des orages
me nourrir de la terre, être ami des oiseaux,
et puis avoir la tête si haut dans les nuages
qu'aucun homme ne puisse y planter un drapeau
Je voudrais être un arbre et plonger mes racines
au coeur de cette terre que j'aime tellement
et que ce putain d'homme chaque jour assassine
je voudrais le silence enfin, et puis le vent...
Fatigué, fatigué
Fatigué de haïr et fatigué d'aimer
surtout ne plus rien dire, ne plus jamais crier
fatigué des discours, des paroles sacrées
Fatigué, fatigué
Fatigué, fatigué fatigué de sourire, fatigué de pleurer
fatigué de chercher quelques traces d'amour
dans l'océan de boue où sombre la pensée
T'es pas né dans la rue
T'es pas né dans l' ruisseau
T'es pas un enfant perdu
Pas un enfant d' salaud
Vu qu' t'es né dans ma tête
Et qu' tu vis dans ma peau
J'ai construit ta planète
Au fond de mon cerveau
Pierrot, mon gosse, mon frangin, mon poteau
Mon copain tu m' tiens chaud
Pierrot
Depuis l' temps que j' te rêve
Depuis l' temps que j' t'invente
De pas te voir j'en crève
Et j' te sens dans mon ventre
Le jour où tu ramène
J'arrête de boire promis
Au moins toute une semaine
Ce s'ra dur, mais tant pis
Pierrot, mon gosse, mon frangin, mon poteau
Mon copain tu m' tiens chaud
Pierrot
Qu' tu sois fils de princesse
Ou qu' tu sois fils de rien
Tu s'ras fils de tendresse
Tu s'ras pas pas orphelin
Mais j' connais pas ta mère
Je la cherche en vain
Je connais qu' la misère
D'être tout seul sur le ch'min
Pierrot, mon gosse, mon frangin, mon poteau
Mon copain tu m' tiens chaud
Pierrot
Dans un coin de ma tête
Y a déjà ton trousseau
Un jean, une mobylette
Une paire de Santiago
T'iras pas à l'école
J' t'apprendrai les gros mots
On jouera au football
On ira au bistrot
Pierrot, mon gosse, mon frangin, mon poteau
Mon copain tu m' tiens chaud
Pierrot
Tu t' lav'ras pas les pognes
Avant d' venir à table
Et tu m' trait'ras d'ivrogne
Quand j' piquerai ton cartable
J' t'apprendrai des chansons
Tu les trouveras débiles
T'auras p't' être bien raison
Mais j' s'rai vexé quand même
Pierrot, mon gosse, mon frangin, mon poteau
Mon copain tu m' tiens chaud
Pierrot
Allez viens mon Pierrot
Tu s'ras l' chef de ma bande
J' te r'filerai mon couteau
J' t'apprendrai la truande
Allez viens mon copain
J' t'ai trouvé une maman
Tous les trois ça s'ra bien
Allez viens, je t'attends
Pierrot, mon gosse, mon frangin, mon poteau
Mon copain tu m' tiens chaud
Samedi soir, on est d'virée
on a confié la gamine
à la gonzesse d'à côté
la voisine
On lui a dit : tu peux manger
y'a des oeufs dans l'frigidaire
tu peux r'garder la télé
y'a Drucker
Réponds pas au téléphone
sauf si on te téléphone
pi surtout t'ouvres à personne
si on sonne
Si la p'tite elle fait la foire
tu lui racontes une histoire
si elle a soif, tu la fais boire
mais pas trop
Baby-siting blues, baby-sitting blues
c'est l'blues de maman-papa
qui s'en vont pi qu'assument pas
c'est l'blues de papa-maman
le feu à l'appartement
ceci, cela
La voisine est étudiante
mais elle est quand même gentille
elle prépare une thèse sur Kant
elle m'la f'ra lire
Elle a monté ses affaires
ses lunettes et son cartable
posé son gros dictionnaire
sur la table
Y'avait pas beaucoup d'images
la gamine a pas aimé
lui a arraché toutes les pages
sans s'presser
C'était plutôt mal barré
entre la grande et la p'tite
z'étaient pas vraiment branchées
sur l'même trip
Baby-sitting blues, baby-sitting blues
c'est l'blues de maman-papa
qui s'en vont pi qu'assument pas
c'est l'blues de papa-maman
qui s'emmerdent au restaurant
puis ça s'voit
La p'tite a voulu manger
l'étudiante lui a dit : bon,
j'vais t'préparer une purée
au jambon
Ma fille a dit : l'a du gras
a foutu l'assiette par terre
c'est normal, elle aime pas l'gras
elle aime que son père
Ta purée elle est caca
je veux une omelette aux oeufs
et un grand verre de Coca
ou même deux
L'baby-sitter, excédée,
lui r'file un Choco BN
un yaourt pas très sucré
pi une beigne
Baby-sitting blues, baby-sitting blues
c'est l'blues de maman-papa
Qui s'en vont pi qu'assument pas
C'est l'blues de papa-maman
qui balisent en attendant
la fin du r'pas
La grande va bientôt craquer
déjà elle veut plus d'enfants
s'écroule devant la télé
pas longtemps
Ma gamine arrive en pleurs
veut voir une cassette maint'nant
celle des Schtroumpfs et d'leur bonheur
écoeurant
Pi qu'après on lui raconte
une histoire où l'a des loups
une princesse et puis un monstre
et c'est tout
Le baby-sitter veut bien
mais seulement après Drucker
la gamine y colle un pain
par derrière
Baby-sitting blues, baby-sitting blues
c'est le blues de maman-papa
qui s'en vont pi qu'assument pas
c'est le blues de papa-maman
qui s'demandent si en rentrant
ça ira
Samedi soir, ça a baigné
on a paniqué pour rien
la p'tite avait assuré
plutôt bien
Elle bouquinait dans sa piaule
« la Critique de la raison pure »
trouvait ça presque aussi drôle
que Ben Hur
La grande dormait comme un veau
l'a fallu la réveiller
en lui jetant des seaux d'eau
bien glacés
L'est partie en titubant
pi ça m'a coûté dix sacs
les baby-sitters maint'nant
quelle amaque
Baby-sitting blues, baby-sitting blues
c'est l'blues de maman-papa
qui s'en vont pi qu'assument pas
c'est l'blues de papa-maman
Enchristé depuis six mois, je t'écris
Mon poteau
De derrière les murs, de derrière la vie
Dis, est-ce qu'il fait beau?
Est-ce que dehors y a des oiseaux
Ceux qu' je vois ici sont tatoués sur ma peau
J'avais déjà purgé ma peine
Avant même d'être ici toute ma vie
Y z'ont pas compris ça les teignes
Qui m'ont punis
Que la vie fut une chienne
Avec moi comme avec ceux
Qui ont dans les yeux
Trop d'amour ou trop de haine
Ou trop des deux
Enchristé parc' qu'un beau jour, sans remord
J'ai taxé
Un putain d' vélo même pas en or
Et puis, deux trois conneries
Des trucs de pauvres, des trucs pas beaux
Un auto-radio, une montre ou un stylo
J'avais déjà purgé ma peine
Avant même d'être ici toute ma vie
On m'a jamais dis: "Je t'aime"
Et ben tant pis
Si la vie fut une chienne
Avec moi comme avec ceux
Qui ont dans le yeux
De la braise, la cendre, le feu
Tu ris
Tu pleures
Tu vies,
Pis tu meurs
Trois p'tits tours et puis s'en vont
Les p'tits voleurs
Barreaux
Garot
Une corde
A bientôt
En Enfer
Au Paradis ou au bistrot
Salue
Manu
Pierrot
Et Angelo
Dis leurs bien que l'amitié
Ça tient chaud
Tu ris
Tu pleures
Tu vies
Pis tu meurs
Trois p'tits tours et puis s'en vont
Les p'tits malheurs
Tu ris
Tu pleures
Tu vies
Bonhomme qui va aust? re
Au milieu des landes, des bruy? res
Silhouette insolites
Bloc de granit
Tonton foule la terre
Lentement
Comme le temps
Le temps qui, pourtant, emporte
Les id? es, les hommes et les amours mortes
Le temps qui lui reste
Dans la m? me veste
Avant de n'? tre plus
Qu'une statue
Un nom de rue
Il a son beau chapeau
Il a son long manteau
Il a son chien, le brave
Le gros qui bave
Il a le regard des sages
Il est la force tranquille, sereine
Il est comme un grand ch? ne
Il sait la futilit?
De toute chose
La douceur et
La fragilit? des roses
Bonhomme qui va aust? re
Au milieu des landes, des bruy? res
Silhouette insolite
Bloc de granit
Tonton foule la terre
En sifflotant
Comme le vent
Le vent qui, pourtant, emporte
Son joli chapeau que le chien rapporte
Il est plein de bave
Ce n'est pas bien grave
Un chapeau? a se lave
Mais? a fait sale
Et tonton r? le
Tonton est col? re
Tout va de travers
L'Histoire, la gloire, tout foire
Parc'que ce soir
Le vieille homme a, c'est dur
Un caillou dans sa chaussure
Un vieux rhume qui dure
Et puis cette nuit, mis? re
Il a r? v?
Qu'un beau jour
La gauche revenait
Tonton s'en va
Baltique
lls ont peut-être eu peur que je pisse
Sur le marbre du bénitier
Ou pire que je m'accroupisse
Devant l'autel immaculé
Peur que je ne lève la patte
Quelque part dans les allées
Où siège cette foule ingrate
Qui nous parle d'humanité
Ils ont considéré peut-être
Que c'est un amour pas très catholique
Que celui d'un chien pour son maître
Alors, ils m'ont privé de cantiques
Un jour pourtant je le sais bien
Dieu reconnaîtra les chiens
Me voilà devant la chapelle
Sous cette pluie qui m'indiffère
Tenu en laisse par un fidèle
Allergique aux lieux de prières
Les gens parlent à côté de moi
Tu as de la chance toi au moins
La souffrance ne t'atteint pas
L'émotion c'est pour les humains
Et dire que ça se veut chrétien
Et ça ne comprend même pas
Que l'amour dans le cur d'un chien
C'est le plus grand amour qu'il soit
Un jour pourtant je le sais bien
Dieu reconnaîtra les chiens
Je pourrais vivre dans la rue
Etre bourré de coups de pieds
Manger beaucoup moins que mon dû
Dormir sur le pavé mouillé
En échange d'une caresse
De temps en temps d'un bout de pain
Je donne toute ma tendresse
Pour l'éternité ou plus loin
Prévenez-moi lorsque quelqu'un
Aimera un homme comme moi
Comme j'ai aimé cet humain
Que je pleure tout autant que toi
Un jour pourtant je le sais bien
Dieu reconnaîtra les chiens
Un jour pourtant je le sais bien
Prolo ordinaire
Peuple de Paris
Rouge-gorge est fier
D'? tre n? ici
Quartier populaire
Bistrots et bougnats
Et march? s couverts
Rues des enfants rois
Rouge-gorge doit
Son surnom bizarre
A sa jolie voix
Et? son foulard
Rouge son foulard
Autour de son cou
Rouge sa m? moire
A jamais debout
Rouge-gorge chante
Le Temps des Cerises
Dans les rues vivantes
Lorsqu'un jour arrive
Le temps des noyaux
Et des bulldozers
Et des vrais salauds
En costumes clairs
Quelque sous-ministre
A attach?-case
Et mine sinistre
L'? me versaillaise
D? cr? te trop vieux
Tout ce quartier-l?
Y foutra le feu
Si l' vieux s'en va pas
Ras? e la maison
D? truit l'atelier
Des cages en b? ton
Les ont remplac? s
Adieu, r? verb? res
Ampoules au plafond
Bonjour la lumi? re
Des tristes n? ons
Chass? s les prolos
Et chass? e la vie
Parkings et bureaux
Ont bouff? Paris
Les petites gens
Sont des gens s? rieux
Iront gentiment
Peupler les banlieues
Chante, Rouge-gorge
Les Temps des Cerises
Savigny-sur-Orge
Para? tra moins grise
Chante aussi Paname
Que les assassins
Ont livr? aux flammes
Sans br? ler leurs mains
Chante la m? moire
Que Doisneau pr? serve
De Paris, le soir
D'avant qu'elle cr? ve
Chante la b? tarde
Paris-la-soumise
Que Doisneau regarde
J'ai l' cur comme une éponge
Spécial pour fille en pleurs
Heureus'ment pa'c'que ma tronche
C'est pas vraiment une fleur
J'emballe tout c' qui s' présente
Les cousines les belles-surs
J'ai l' démon du bas ventre
Mon métier c'est dragueur
Dès que j' rencontre une frangine
J' lui dis: salut toi ça va
Viens chez moi j' habite chez une copine
Sur les bords au milieu c'est vrai qu' je crains un peu
Je glande un peu partout
Avec mon sac de couchage
Je suis dans tous les coups foireux
Tous les naufrages
J'ai des potes qu'ont d' l'argent
Ben y travaillent c'est normal
Moi mon métier c'est feignant
He mec t'as pas cent balles
J'ai des plans des combines
Pour vivre comme un pacha
Hé viens chez moi j'habite chez une copine
Sur les bords au milieu c'est vrai qu' je crains un peu
J'ai même été étudiant
Chômeur baby-sitter
Quand j' pense que mes parents
Voulaient qu' je sois docteur
Parfois quand j'ai du bléJe flambe comme un malade
L' pognon j' l'ai pas gagnéMais mon métier c'est minable
Ouah super la rouquine
Hé salut toi ça va
Viens chez moi j'habite chez une copine
Sur les bords au milieu c'est vrai qu' je crains un peu
He viens chez moi j'habite chez une copine
J'ai mon mat'las dans la cuisine
Alors tu viens si tu veux tranquille
Allez viens
Viens chez moi j' habite chez une copine
Allez viens la frangine
Allez viens
Quand il est arrivé
A la belle de Mai
Y connaissait dégun
Le parisien,
Qu'es aco ce fadòli
Avéses yeux de gòbi?
A dit tout le quartier
Qui l'espinchait
Y fait le fier ce pébronnasse
Oh, Bonne Mère, qué counas
L'est pas de la Marsiale
C'est un con à la voile
On va lui esquicher
Le bout du nez
Premier jour au bistrot
L'a payé l'apéro
A tous ces enfévés
Pas rancunier
Y se sont empégués
Jusqu'à la nuit tombée
A la santé peuchère
De l'estranger
Y fait le fier parc'qu'il est riche
Oh, Bonne Mère, qué stoquefiche!
C'est un vrai rompe-figue
Dis, il est de Martigues?
Qu'est-c'qu'on peut s'en séguer
De ses lovés
Le lendemain le cacou
Se promenait partout
Avè sa fiancée
Comme un trophée
C'était un belle nine
Au long cou de galine
L'avait dû la furer
Au poulailler
Y fait le fier le parigot
Oh, Bonne mère, qué cafalo
Vé, elle a le cul presque
Comme la porte d'aix
Va caguer à Endoume,
Oh, fangoule
Un jour, à des nistons
Qui jouaient au ballon
Il dit : "Oh, les minots
Y'a du boulot !
pour remporter le match
Faut se lever le maffre,
Et allez ! Bouleguez
Les bras-cassés
Y fait le fier, fatche de con
Mets-y peuchère un pastisson
Et qu'il aille au Vieux Port
Faire ses estrambords
Peut même s'y néguer
L'estranger !
La caraque était née
Avé la crépine
Son équipe a brillé
A été digne !
Avé le cul, ma foi,
Un peu bordé déanchois
L'a fait des Phocéens
Européens
Y fait le fier et y parade
La Cannebière elle le bade
Mais il nous casse aussi
Un peu les alibòfi
Car si on a la Coupe,
Il l'a aussi
Après cette aventure
L'est devenu madur
L'a voulu remplacé
Le député !
Il est bon, ce jobastre,
Pour le 54 !
Y va se retrouver
A Montfavet
Y fait le fier et y voudrait
Oh, Bonne Mère, nous escaner
R'tourne à la capitale
Ou bien au pégal
Ou au PSG
Chez les papés
A la belle de Mai,
Aux Goudes et au Panier,
Il a salut dégun
Le Parisien
Quand il est remonté
Dedans son TGV
Avé sa fiancée
Et ses lovés
Y fait le fier, ce pebronnasse
Oh, Bonne Mère, c'est une estrasse
Méfi ! Les trains s'arrêtent
Quelques fois aux Baumettes
Aprés un pénéquet
A l'Evêché !
Ecoute ma quique belle,
Cette histoire c'est celle
D'un fada, d'une brêle,
D'une bordille
Qui savait pas qu'ici
On aime les bandits,
Qu'on donne l'amitié
Aux estrangers
mais si y sont fiers comme le pape
Oh, Bonne Mère, allez, escape!
Fais du bien à Bertrand
Il te le rend en caguant
Donne lui le ballon
De nos nistons,
Dès qu'il sera champion
Il voudra, ce pébron,
Remplacer le Gaston
Mon disque était terminé
Y m' restait trois quatre chansons
Qu' j' voulais pas mettre au panier
Qu'étaient vraiment trop canon
'lors je m' suis dit : " Rebelote "
Une fois d' plus j' vais essayer
De les r' fourguer à des potes
Des fois qu'eux y s'raient plantés
'lors j'ai filé en banlieue
Voir un groupe de rap d'enfer
C'était c' qui s' faisait de mieux
Ca plaisait même à ma mère
Pi au niveau des paroles
Ca plaisait même à mon chien !
J' dis au chanteur : Hé Brother !
J'ai une chanson en béton !
Ell' s'appelle " On est tous frères
Sauf Hamid qu'est un sale con ! "
C'est un mec y s' sent exclu
D' cette société inhumaine
'lors un jour il en peut plus
Et il crie toute sa haine
En graffitant sur les murs
Son prénom un peu partout
Mais comme y' s'appelle Maurice
Ca fait pas joli du tout !
Qu'est ce t'en pense de ma chanson ?
Tu la veux pas, ah bon ?
C'est pas grave j' vais aller voir
Un chanteur de rock, un noir !
'lors j'ai filé au Québec
Pour rencontrer Roch Voisine
J' l'ai trouvé tell'ment beau mec
Que j'ai pris trois aspirines
Ma maman avait raison
J'aurais dû me faire bûcheron !
J'ui ai dit 'vec un grand sourire :
Ecoute un peu ça, calice !
Ma chanson elle est pas pire
Elle s'appelle " je l'aime en crisse "
C'est l'histoire un peu niaiseuse
D'un maudit bum de Montréal
Y rencontre une shampouineuse
Un soir sur le Mont Royal
Quand elle voit sa Camaro
Elle tombe vraiment en amour
Quand y voit ses gosses, le salaud
Il l'abandonne dans la neige !
Qu'est ce t'en pense de ma chanson ?
Tu la veux pas, ah bon ?
C'est pas grave j' vais aller voir
Un chanteur de blues, un noir !
'lors j'ai filé un rencard
A Goldman dans un milk-bar
En train d' convaincre en esquimeau
Qu'y faut aimer son bâton
Qu' la vie n'est qu'un long glaçon
Ma chanson est bonne bonne
Elle chante la différence
Entre la poire et la pomme
Entre le bol et la chance
C'est tout ce qui nous divise
Nous rapproche et nous éloigne
De tout ce que les gens disent
Et de tout ce que j'empoigne
Sur les miettes du balcon
Où je vois trimer la bonne
Quand sont passés les pigeons
Qui souillent mes géraniums
Qu'est ce t'en pense de ma chanson ?
Tu la veux pas, ah bon ?
C'est pas grave j' vais aller voir
Un chanteur de jazz, un noir !
Manque de bol y m' restait plus
Qu'une chanson vraiment craignos
Je tombe sur un trou du cul
Qui rev'nait de Roland-Garros
Une espèce de tête pleine d'eau
Robinet derrière la nuque !
J'ui ai dit : Excuse-moi mecton
Tu voudrais pas faire chanteur ?
T'es largement assez cons
Et t'es beau comme un docteur
J'ai une chanson qui s'appelle
" Ell' f'sait du vélo sans selle "
On l'enregistre dès ce soir
Et demain t'es un rock star
On a fait effectiv'ment
Numéro Un tout l'été
Et c'était tell'ment navrant
Que Libé a adoré !
Alors pour les remercier
Je m' suis abonné, pas con
J'ai toujours besoin d' papier
Au rez-d'-chaussée, dans mon HLM
Y'a une espèce de barbouze
Qui surveille les entrées,
Qui tire sur tout c' qui bouge,
Surtout si c'est bronzé,
Passe ses nuits dans les caves
Avec son Beretta,
Traque les mômes qui chouravent
Le pinard aux bourgeois.
Y s' recrée l'Indochine
Dans sa p'tite vie d' peigne cul.
Sa femme sort pas d' la cuisine,
Sinon y cogne dessus.
Il est tellement givré
Que même dans la Légion
Z'ont fini par le j'ter,
C'est vous dire s'il est con!
Putain c' qu'il est blême, mon HLM!
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime!
Au premier, dans mon HLM,
Y'a l' jeune cadre dynamique,
Costard en alpaga,
C'ui qu'a payé vingt briques
Son deux pièces plus loggia.
Il en a chié vingt ans
Pour en arriver là,
Maintenant il est content
Mais y parle de s' casser.
Toute façon, y peut pas,
Y lui reste à payer
Le lave vaisselle, la télé,
Et la sciure pour ses chats,
Parc' que naturellement
C' bon contribuable centriste,
Il aime pas les enfants,
C'est vous dire s'il est triste!
Putain c' qu'il est blême, mon HLM!
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime!
Au deuxième, dans mon HLM,
Y'a une bande d'allumés
Qui vivent à six ou huit
Dans soixante mètres carrés,
Y'a tout l' temps d' la musique.
Des anciens d' soixante-huit,
Y'en a un qu'est chômeur
Y'en a un qu'est instit',
Y'en a une, c'est ma soeur.
Y vivent comme ça, relax
Y'a des mat'lats par terre,
Les voisins sont furax;
Y font un boucan d'enfer,
Y payent jamais leur loyer,
Quand les huissiers déboulent
Y écrivent à Libé,
C'est vous dire s'ils sont cools!
Putain, c' qu'il est blême, mon HLM!
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime!
Au troisième, dans mon HLM;
Y'a l'espèce de connasse,
Celle qui bosse dans la pub',
L'hiver à Avoriaz,
Le mois d' juillet au Club.
Comme toutes les décolorées,
Elle a sa Mini-Cooper,
Elle allume tout l' quartier
Quand elle sort son cocker.
Aux manifs de gonzesses,
Elle est au premier rang,
Mais elle veut pas d'enfants
Parc' que ça fait vieillir,
Ca ramollit les fesses
Et pi ça fout des rides,
Elle l'a lu dans l'Express,
C'est vous dire si elle lit!
Putain c' qu'il est blême, mon HLM!
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime!
Au quatrième, dans mon HLM,
Y'a celui qu' les voisins
Appellent " le communiste ",
Même qu'ça lui plaît pas bien,
Y dit qu'il est trotskiste!
J'ai jamais bien pigé
La différence profonde,
Y pourrait m'expliquer
Mais ça prendrait des plombes.
Depuis sa pétition,
Y'a trois ans pour l' Chili,
Tout l'immeuble le soupçonne
A chaque nouveau graffiti,
N'empêche que " Mort aux cons "
Dans la cage d'escalier,
C'est moi qui l'ai marqué,
C'est vous dire si j'ai raison!
Putain c' qu'il est blême, mon HLM!
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime!
Pi y'a aussi, dans mon HLM,
Un nouveau romantique,
Un ancien combattant,
Un loubard, et un flic
Qui s' balade en survêtement
Y fait chaque jour son jogging
Avec son berger all'mand,
De la cave au parking,
C'est vachement enrichissant.
Quand j'en ai marre d' ces braves gens
J' fais un saut au huitième
Pour construire un moment
'vec ma copine Germaine,
Un monde rempli d'enfants.
Et quand l' jour se lève
On s' quitte en y croyant,
C'est vous dire si on rêve!
Putain c' qu'il est blême, mon HLM!
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime!
Putain c' qu'il est blême, mon HLM!
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime!
Putain c' qu'il est blême, mon HLM!
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime!
Putain c' qu'il est blême, mon HLM!
Et la môme du huitième, le hasch, elle aime!
Putain c' qu'il est blême, mon HLM!
Tu peux pas t' casser, y pleut
Ca va tout mouiller tes ch'veux
J' sais qu' tu s'ras jolie quand m? me
Mais quand m? me tu s'ras partie
Moi y m' restera? peine
Que ma peine et mon envie
De te coller quelques beignes
Et quelques baisers aussi
Fais gaffe, dehors c'est pas mieux
Y'a d' la haine dans tous les yeux
Y'a des salauds tr? s dangereux
Et des imb? ciles heureux
Je suis mille fois meilleur qu'eux
Pour soigner tes petits bleus
Tu peux pas t' casser, y pleut
Ca va tout mouiller tes ch'veux
Tu peux pas t' casser parc' que
T'as pas l' droit, c'est pas du jeu
On avait dit qu' tous les deux
On resterait pr? s du feu
T'aurais pu attendre un peu
J'allais bient? t? tre vieux
Tu peux pas t' casser, y pleut
Ca va tout mouiller tes ch'veux
Tu peux pas t' casser, je t'aime
A m'en taillader les veines
Et pi d'abord? a suffit
On s' casse pas? six ans et d'mi
Allez, d'accord, t'as gagn?
Je te rallume la t? l?
Mais tu peux pas t' casser, y pleut
Ca va tout mouiller tes ch'veux
Tu peux pas t' casser, y pleut
C'est pas l'homme qui prend la mer
C'est la mer qui prend l'homme, Tatatin
Moi la mer elle m'a pris
Je m' souviens un Mardi
J'ai troqué mes santiags
Et mon cuir un peu zone
Contre une paire de docksides
Et un vieux ciré jaune
J'ai déserté les crasses
Qui m' disaient "Sois prudent"
La mer c'est dégueulasse
Les poissons baisent dedans
Refrain
Dès que le vent soufflera
Je repartira
Dès que les vents tourneront
Nous nous en allerons
C'est pas l'homme qui prend la mer
C'est la mer qui prend l'homme
Moi la mer elle m'a pris
Au dépourvu tans pis
J'ai eu si mal au coeur
Sur la mer en furie
Qu' j'ai vomi mon quatre heures
Et mon minuit aussi
J' me suis cogné partout
J'ai dormi dans des draps mouillés
Ca m'a coûté ses sous
C'est d' la plaisance, c'est le pied
Refrain
Ho ho ho ho ho hissez haut ho ho ho
C'est pas l'homme qui prend la mer
C'est la mer qui prend l'homme
Mais elle prend pas la femme
Qui préfère la campagne
La mienne m'attend au port
Au bout de la jetée
L'horizon est bien mort
Dans ses yeux délavés
Assise sur une bitte
D'amarrage, elle pleure
Son homme qui la quitte
La mer c'est son malheur
Refrain
C'est pas l'homme qui prend la mer
C'est la mer qui prends l'homme
Moi la mer elle m'a pris
Comme on prend un taxi
Je ferai le tour du monde
Pour voir à chaque étape
Si tous les gars du monde
Veulent bien m' lâcher la grappe
J'irais aux quatre vents
Foutre un peu le boxon
Jamais les océans
N'oublieront mon prénom
Refrain
Ho ho ho ho ho hissez haut ho ho ho
C'est pas l'homme qui prend la mer
C'est la mer qui prends l'homme
Moi la mer elle m'a pris
Et mon bateau aussi
Il est fier mon navire
Il est est beau mon bateau
C'est un fameux trois mats
Fin comme un oiseau (Hissez haut)
Tabarly, Pageot
Kersauson ou Riguidel
Naviguent pas sur des cageots
Ni sur des poubelles
Refrain
C'est pas l'homme qui prend la mer
C'est la mer qui prends l'homme
Moi la mer elle m'a pris
Je m' souviens un Vendredi
Ne pleure plus ma mère
Ton fils est matelot
Ne pleure plus mon père
Je vis au fil de l'eau
Regardez votre enfant
Il est parti marin
Je sais c'est pas marrant
Mais c'était mon destin
Refrain (ter)
Dès que le vent soufflera
Nous repartira
Dès que les vents tourneront
Malgré le blouson clouté,
Sur mes épaules de v'lours.
J'aim'rais bien parfois chanter,
Autre chose que la zone.
Un genre de chanson d'amour
Pour ma p'tite amazone.
Pour celle qui tous les jours
Partage mon cassoulet.
Ma gonzesse, celle que j'suis avec.
Ma princesse, celle que j'suis son mec.
Oh oh oh
Faut dire qu'elle mérite bien,
Qu'j'y consacre une chanson.
Vu que j'suis amoureux d'elle,
Un peu comme dans les films,
Ou y a tous pleins de violons
Quand le héros y meure.
Dans les bras d'une infirmière,
Qu'est très belle et qui pleure.
Et pis elle est balancée,
Un peu comme un Mayol,
Tu sais bien les statues,
Du jardin des Tuileries.
Qui hiver comme été
Exhibent leur guibolles,
Et se gèlent le cul
Et le reste aussi.
Ma gonzesse, celle que j'suis avec.
Ma princesse, celle que j'suis son mec.
Oh oh oh
Pis faut dire qu'elle a les yeux,
Tell'ment qui sont beaux,
On dirait bien qu'ils sont bleus,
On dirait des calots.
Parfois quand elle me regarde,
J'imagine des tas de choses,
Que je réalise plus tard
Quand on se retrouve tout seul.
Si tu dis qu'elle est moche,
Tu y manques de respect,
Je t'allonge une avoine
Ce sera pas du cinoche.
Mais si tu dis qu'elle est belle,
Comme je suis très jaloux,
Je t'éclate la cervelle
Faut rien dire du tout.
De ma gonzesse, celle que j'suis avec.
Ma princesse, celle que j'suis son mec.
Oh oh oh
J'aimerais bien un c'est jour,
Y collé un marmot,
Ouais un vrai qui chiale et tout
Et qu'a tout le temps les crocs.
Elle aussi elle aimerais ça,
Mais c'est pas possible,
Son mari y veut pas
Y dis qu'on est trop jeune.
Ma gonzesse, celle que j'suis avec.
Ma princesse, celle que j'suis son mec.
Ma gonzesse, celle que j'suis avec.
Ma princesse, celle que j'suis son mec.
Elle a mis sur l' mur
Au dessus du berceau
Une photo d'Arthur
Rimbaud
Avec ses cheveux en brosse
Elle trouve qu'il est beau
Dans la chambre du gosse
Bravo
Déjà les p'tits anges
Sur le papier peint
J' trouvais ça étrange
J' dis rien
Elle me font marrer
Ses idées loufoques
Depuis qu'elle est
En cloque
Elle s' réveille la nuit
Veut bouffer des fraises
Elle a des envies
Balaises
Moi, j' suis aux p'tits soins
J' me défonces en huit
Pour qu'elle manque de rien
Ma p'tite
C'est comme si j' pissais
Dans un violoncelle
Comme si j'existais
Plus pour elle
Je m' retrouve planté
Tout seul dans mon froc
Depuis qu'elle est
En cloque
Le soir elle tricote
En buvant d' la verveine
Moi j' démêle ses pelotes
De laine
Elle use les miroirs
A s' regarder dedans
A s' trouver bizarre
Tout le temps
J' lui dit qu'elle est belle
Comme un fruit trop mûr
Elle croit qu' je m' fous d'elle
C'est sûr
Faut bien dire s' qu'y est
Moi aussi j' débloque
Depuis qu'elle est
En cloque
Faut qu' j' retire mes grolles
Quand j' rentre dans la chambre
Du p'tit rossignol
Qu'elle couve
C'est qu' son p'tit bonhomme
Qu'arrive en Décembre
Elle le protège comme
Une louve
Même le chat pépère
Elle en dit du mal
Sous prétexte qu'il perd
Ses poils
Elle veut plus l' voir traîner
Autour du paddock
Depuis qu'elle est
En cloque
Quand j' promène mes mains
D' l'autre côté d' son dos
J' sens comme des coups de poings
Ça bouge
J' lui dis "t'es un jardin"
"Une fleur, un ruisseau"
Alors elle devient
Toute rouge
Parfois c' qu'y m' désole
C' qu'y fait du chagrin
Quand j' regarde son ventre
Puis l' mien
C'est qu' même si j' devenais
Pédé comme un phoque
Moi j' serai jamais
J'ai plaqué mon chêne comme un saligaud
Mon copain le chêne mon alter ego
On était du même bois, un peu rustique un peu brut
Dont on fait n'importe quoi, sauf naturellement les flûtes
J'ai maintenant des frênes, des arbres de Judée
Tous de bonne graine, de haute futaie
Mais toi, tu manque à l'appel, ma vieille branche de campagne
Mon seul arbre de Noël, mon mât de cocagne
Auprès de mon arbre je vivais heureux
J'aurais jamais dû m'éloigner d'mon arbre
Auprès de mon arbre je vivais heureux
J'aurais jamais dû le quitter des yeux
Je suis un pauvre type, j'aurais plus de joie
J'ai jeté ma pipe, ma vieille pipe en bois
Qu'avait fumé sans s'fâcher, sans jamais m'brûler la lippe
L'tabac d'la vache enragée dans sa bonne vieille tête de pipe
J'ai des pipes d'écume ornées de fleurons
De ces pipes qu'on fume en levant le front
Mais j'retrouverai plus ma foi, dans mon coeur ni sur ma lippe
Le goût d'ma vieille pipe en bois, sacré nom d'une pipe
Auprès de mon arbre je vivais heureux
J'aurais jamais dû m'éloigner d'mon arbre
Auprès de mon arbre je vivais heureux
J'aurais jamais dû le quitter des yeux
Le surnom d'infâme me va comme un gant
D'avecque ma femme, j'ai foutu le camp
Parce que depuis tant d'années c'était pas une sinécure
De lui voir tout l'temps le nez au milieu de la figure
Je bas la campagne pour dénicher la
Nouvelle compagne valant celle-là
Qui, bien sûr, laissait beaucoup trop de pierres dans les lentilles
Mais se pendait à mon cou quand j'perdais mes billes
Auprès de mon arbre je vivais heureux
J'aurais jamais dû m'éloigner d' mon arbre
Auprès de mon arbre je vivais heureux
J'aurais jamais dû le quitter des yeux
J'avais une mansarde pour tout logement
Avec des lézardes sur le firmament
Je l'savais par coeur depuis et pour un baiser la course
J'emmenais mes belle-de-nuit faire un tour sur la grande ourse
J'habite plus d' mansarde, il peut désormais
Tomber des hallebardes, je m'en bats l'oeil mais
Mais si quelqu'un monte aux cieux, moins que moi j'y paie des prunes
Y a cent sept ans qui dit mieux, que j'ai pas vu la lune
Auprès de mon arbre je vivais heureux
J'aurais jamais dû m'éloigner d' mon arbre
Auprès de mon arbre je vivais heureux
Marche près de moi,
Va pas t'éloigner
Attention, Lola,
Les rues sont piégées.
Tâche, ma colombe,
De pas mettre un pied
Sur les ligne sombres
Entre les pavés,
Sinon c'est l'enfer
Archi assuré,
Sinon c'est galère
Pour l'éternité.
C'est pas des histoires,
C'est pas du pipeau
Fais gaffe à la mine
Près du caniveau.
Y a que les enfants
Qui savent éviter
Ces sacrées rayures
Qui nous font tomber
Tu sais que les grands,
Ce qu'on s'ra jamais,
Suivent leurs chaussures
Sans rien regarder
Nous piétineraient même,
Tranquilles, pour peu ;
Tout ça parce qu'on s'aime,
Qu'on vit pas comme eux.
C'est pas des histoires, non,
C'est pas du pipeau
Fais gaffe aux adultes,
A leurs godillots.
N'ouvre pas la porte,
Y a sur'ment un loup,
Faudrait pas qu'y sorte
Du fond de son trou
Pourrait bien, la bête,
Nous bouffer tout cru,
En voyant nos têtes,
A nous, qui avons cru
Si souvent le soir
L'entendre hurler
Au bout du couloir,
Ou sous l'escalier.
C'est pas des histoires,
C'est pas du pipeau
Fais gaffe à ses griffes,
Évite ses crocs.
Y a que les enfants
Qui savent aimer
Les loups noirs ou blancs
Qui nous font trembler.
Tu sais que les grands,
Ce qu'on s'ra jamais,
Méprisent souvent
Les chiens sans collier,
Leur préférant même
Les agneaux, pour peu
Qu'ils plient sous les chaînes,
Et bêlent comme eux.
C'est pas des histoires,
C'est pas du pipeau
Fais gaffe à jamais
Suivre les troupeaux.
C'est pas des histoires,
C'est pas du pipeau
Fais gaffe à jamais
Quand elle est mont? sur ma mouche
Je l'ai ferr? e comme un salaud
Mais je l'ai embrass? e sur la bouche
Avant de la remettre? l'eau
Ma jolie farouche
Retourne vite te cacher
Sous un caillou sous une souche
Pour vivre libre vis planqu? e
Tu viens d'? chapper? la mort
Te crois pas pour autant sauver
Chaque fois que reviens l'aurore
C'est la vie le vrai danger...
C'est un jeu cruel
Mais c'est la vie ma jolie condamn? e
C'est parc'que tu es belle
Parc'que je t'aime que je suis sans piti?...
C'est un jeu cruel
Mais c'est la vie pour l'? ternit?
C'est parc'que tu es belle
Parc'que je t'aime qu'un jour je te tuerai...
Quand tu t'es pendue? mon cou
Je t'ai ferr? e comme un salaud
Je t'ai embrass? e partout
Mais je t'ai gard? e tout contre ma peau
Joli coeur et jolie bouche
Tu peux toujours te planquer
Sous un caillou sous une souche
Je t'ai pris ta libert?
C'est un jeu cruel
Mais c'est l'amour ma jolie sucr? e
J'ai coup? tes ailes
Lorsque je t'ai prise dans mes filets
C'est un jeu cruel Mais c'est l'amour pour l'? ternit?
C'est parc'que tu es belle
Il est pas né le mec qui m'f'ra
Dire qu'j'ai d'la tendresse pour les rois
Ou pour les chefs
Z'ont tous mérité dans l'histoire
Les foudres de mon encre noire
Mais Gorbatchev
Est un p'tit bonhomme épatant
Contre qui je n'ai pour l'instant
Aucun grief
Personne méritait plus que lui
L'prix Nobel de la pénurie
Et de la dèche
Welcome Gorby, bienv'nue ici
Où on est quelques-uns, je crois
Un copain à moi et pi moi
A espérer
Qu'tu vas v'nir avec tes blindés
Nous délivrer
T'as fait tomber le mur de Berlin
Si tu sais pas quoi faire des parpaings
Pour ta gouverne
Y a d'la place ici, mon pépère
Autour de tous les ministères
Toutes les casernes
ça évit'ra qu'le populo
Un jour nous pende tous ces barjots
A la lanterne
Quoiqu' pour une fois ça s'rait justice
De contempler ces pauvres sinistres
La gueule en berne
Ici y a des chaînes à briser
Commence par les chaînes de la télé
Ça serait Byzance
Que tu nous débarrasses un peu
De ce "Big Brother" de mes deux
J'te fais confiance
Tu pourras aussi liquider
Les radios FM à gerber
Qui nous balancent
De nos chanteurs hydrocéphales
Et de leur poésie fécale
Toute l'indigence
Welcome Gorby, bienv'nue ici
Où on est quelques-uns, je crois
Un copain à moi et pi moi
A espérer
Qu'tu vas v'nir avec ton armée
Tout balayer
Tu peux construire, si tu t'amènes
Quelques goulags au bord de la Seine
De toute urgence
Ici y a un paquet d'nuisibles
Qui nous font péter les fusibles
De la conscience
Des BHL et des Foucault
Pas l'philosophe, non, l'autre idiot
Des Dorothées
Fort sympathiques au demeurant
Je dirais plus exactement
Aux demeurés
Welcome Gorby, bienv'nue ici
Où on est quelques-uns, je crois
Un copain à moi et pi moi
A espérer
Qu'tu vas v'nir claquer l'beignet
A tous ces tarés
On a ici, c'est bien pratique
Quelques hôpitaux psychiatriques
Qu'tu peux vider
Pour y foutre les psychanalystes
Les députés, les journalistes
Et les Musclés
Ça va te faire un sacré boulot
Mais si tu veux des collabos
Faut pas t'miner
Tu sais, à part dans mon public
En chaque français sommeille un flic
T'as qu'à piocher
Si t'en as marre du communisme
J'te raconte pas l'capitalisme
Comme c'est l'panard
Comment on est manipulés,
Intoxiqués, fichés, blousés
Par ces connards
Viens donc contempler nos idoles
Elles sont un peu plus Rock and Roll
Que ton Lénine
Bernard Tapie et Anne Sinclair
'vec ça tu comprends qu'notr'misère
Soit légitime
Welcome Gorby, bienv'nue ici
Où on est quelques-uns, je crois
Un copain à moi et pi moi
A espérer
Qu'tu vas v'nir éliminer
Nos enfoirés
Welcome Gorby, bienv'nue ici
Où on est quelques-uns, je crois
Un copain à moi et pi moi
A supposer
Qu'si tu v'nais avec tes blindés
Corsic'armes
On se connaissait peu, je le croisais parfois
Dans un bar parisien, a deux pas de chez moi
Nous buvions quelques verres jusque tard dans la nuit
Etait-ce le chemin pour devenir amis?
Il m'expliquait sa terre, son peuple, son pays
J'écoutais en silence, attendri
Me parlais d'Ajaccio, de Calvi, de Bastia
Des corrompus notoires, des élus, des mafias
Et des encagoulés réunis au fond des bois
Pour défier la justice et ce putain d'Etat
Moi qui'ai toujours aimé tous les Robins des Bois
Les peuples insoumis, j'aimais ça...
S'est fait buter un soir aux abords du maquis
S'est fait flinguer, pourquoi? et par quel ennemi?
Avait-il tué d'abord pour être tué aussi?
Etait-il un rebelle, était-il un bandit?
Tu me manques ce soir et je parle de toi
A ta douce compagne qui pleure près de moi
Les mots qu'elle ne dit pas c'est la loi de l'Omerta
De ce pays que j'aime quand il vit libre, épanoui
Des rues de Bogota
Aux trottoirs de Miami
Ça fait trop loin pour moi
Alors je reste ici
Pourquoi je quitterais
Mon pays si joli
Pour aller galérer
Aux Etats-Unis ?
Du travail j'en ai
Le pavot la coca
C'est pas Dieu qui les fait
Pousser, c'est mon Papa et moi
Adios Zapata ! Que viva Marijuana !
Pour eux la mort
Pour nous la samba !
Finie la guérilla
On faisait pas le poids
La lutte armée ça va
Quand t'as pas d'autre choix
Avec les gringos
On a trouvé plus malin
On fait du négoce
La main dans la main
Les banques la CIA
Sont nos meilleurs clients
L'argent de la coca
Eh ! C'est toujours de l'argent
Adios Che Guevara ! Que viva Marijuana !
Pour eux la mort
Pour nous la samba !
Ils ont tué leurs Indiens
Et pillé mon pays
Nous on se venge enfin
Sans prendre le maquis
On fait agriculteurs
Et l'Oncle Sam achète
Et qui c'est le dealer
Qui pourrit la planète ?
C'est mon Papa et moi
Ou bien c'est le yuppie
Qui blanchit, caramba !
Tout l'argent du trafic ?
Adios Pancho Villa ! Que viva Marijuana !
Pour eux la mort
Pour nous la samba !
La vérité c'est que
Ces enfants de salauds
Ça les arrange un peu
La came dans leurs ghettos
Ça tue surtout les pauvres
Les négros, les bandits
Ça justifie les flics
Ça fait vendre des fusils
Mais un jour le quart monde
Dira aussi "Basta"
A la misère du monde
Et chant'ra avec moi
Viva Che Guevara ! Zapata ! Pancho Villa !
Pour eux la mort
On choisit ses copains mais rar'ment sa famille
Y a un gonze mine de rien qu'a marié ma frangine
Depuis c'est mon beau-frère alors y faut faire avec
Mais c'est pas affaire vu qu'c't'un sacré pauv'mec
Mon beauf mon beauf
Il lui a fait quatre gosses pour toucher les allocs
Lui fait l'coup d'la nuit d'noces dès qu'elle est plus en cloque
Cet espèces de trou-duc' qui a fait dix ans d'légion
Ses mômes il les éduque à grands coups d'ceinturon
Le jour où les cons iront pointer
On l'verra au bureau d'embauche
Mon beauf
Il a des rouflaquettes un costard à carreaux
Des moustaches une casquettes et des pompes en croco
Y s'prend pour un vrai mec mais y craint au p'tit jeu
Pour tout dire il est presque à la limite du hors-jeu
Mon beauf mon beauf
A chaque fois qu'y culbute une collègue de bureau
Ou qui va s'faire une pute ce ringard ce blaireau
Y dit qu'c'est pas tromper que c'est juste pour l'hygiène
Mais qu'si ça femme l'imitait il l'assom'rait à coups de beignes
Le jour où les cons s'ront cuisiniers
C'est lui qui préparera les sauces
Mon beauf
Y a dans sa discothèque tout Richard Clayderman
Y trouve ça super chouette c'est l'Mozart du Walkman
Et pi dans sa R 16 y a la C.B. tu penses
"73 la station tête de nœud en fréquence"
Mon beauf mon beauf
Pi bonjour la culture il est 'achment balaise
T'as qu'a voir ses lecture ça casse des barreaux d'chaises
V.S.D Paris-Match et puis Télé 7 jours
Pi bien sûr chaque années y s'offre le prix Goncourt
Le jour où les cons s'ront plusà droite
Y a p't'être une chance pour qui vote à gauche
Mon beauf
L'adore les animaux l'a un berger allemand
Qui protège c'est bibelots son p'tit appartement
Il l'emmène à la chasse flinguer les p'tit oiseaux
Parc'que c'gros dégeulasse y taquine le moineau
Mon beauf
On choisit ses copains mais rar'ment sa famille
Y a un gonze mine de rien qu'a marié ma frangine
Il est d'vnu mon beauf un beauf à la Cabu
Imbécile et facho mais heureusement cocu
Quand l'soleil brillera que pour les cons
Il aura les oreilles qui chauffent
Il a referm? la porte douc? ment
Pour pas r? veiller « Maman »
Il a j? t? l? Huma
Sur l? canap? pr? s du chat
S? est assis dans un coin
La t? te dans ses mains
Cinquante balais c? est pas vieux
Qu? est-c? qu? y va faire de son bleu
De sa gamelle de sa gapette
C? est toute sa vie qu? tait dans sa musette
Y r? voit toutes ses ann? es au chagrin
Et tout l? cambouis sur ses mains
Y r? pense? son gars
Qui vouler faire p? ter tout? a
Ca a p? t? sans lui
Sans douleur et sans cris
O? c? est qu? t? as vu un bon Dieu
Qu? est-c? qu? y va faire de son bleu
De ses bras de travailleur
C? est otute sa vie qu? tait dans sa sueur
Pourquoi y r? pense aujourd? hui au p? tit
V? la dix ans qu? il est parti
« Salut pauv? cave
Tu s? ras toujours un esclave »
Eh ben tu vois gamin
Aujourd? hui j? suis plus rien
Pas fini d? se faire des ch? veux
Qu? est-c? qu? y va faire de son bleu
D? son drapeau rouge de son L? nine
C? est toute sa vie qu? tait dans sa machine
Y va reveiller « Maman » peut-? tre
Lui dire: « Toujours pas de lettre
Il reviendra
Il pense? nous, t? en fait pas, l?-bas
Dans la guerilla
Ben tu vois
Même moi
J'ai craqué
J'ai glissé
Quelquefois
Qu'est-c' tu crois?
Qu' j' suis en bois?
Qu' ces pisseuses
Aguicheuses
Me laissent froid?
Même moi
Qu'est-c' tu crois?
Qu' j' suis un ange?
Qu' ça m' démange
Pas un peu?
Déteste-moi
Mon amour
J'aimerai ça
Pas toujours
Mais un peu
Mais me jette pas
J' suis consigné chez toi
Me jette pas
Ou jette-toi avec moi
Tu r'marqueras
Qu' j'ai pas nié
Pris la main
Dans l' panier
J'ai avoué
J'ai pas dit
C'est pas moi
Cette fille j' la
Connais pas
J' la connais
Après tout
Tu t'en fous
Tu savais
Qu' la vie est
Dégueulasse
Que l'amour
Dure toujours
Et qu' c'est là
Qu'est parfois
L'angoisse
Mais me jette pas
N'existe pas sans moi
Me jette pas
Ou jette-toi avec moi
T'as raison
Les hommes sont
Des salauds
Des pas beaux
C'est pour ça
Que j' préfère
Les nanas
J' les préfère
Un peu trop
Quelquefois
Tu m' dis qu' toi
C' que t'aimes pas
C'est l' mensonge
Que ça t' ronge
Et qu' tu meurs
Moi c'est la
Vérité
Qu' j' trouve triste
A pleurer
Et je pleure
Mais me jette pas
J' me f'rai tout p'tit, tout plat
Me jette pas
Ou jette-toi avec moi
Y a pas d'ange
Sur cette terre
A part dans
Les cimetières
Les églises
Y a qu' des types
Comme il faut
Vec leur bite
Leur couteau
Sous la ch'mise
J' suis qu' un mec
Fais avec
Mais fais pas
Comme moi
Mon amour
Où à peine
Pour t' venger
Mais sans haine
Sans regret
Sans amour
Mais me jette pas
Moi non plus je m'aime pas
Me jette pas
Ou jette-toi avec moi
Question d'histoire d'abord:
Où est la Palestine?
Sous quelle botte étoilée?
Derrière quels barbelés?
Sous quel champ de ruines?
Question d'histoire encore:
Combien de victimes,
Combien de milliers d'enfants
Dans les décombres des camps
Deviendront combattants?
J'en sais rien, j' donne ma langue au chagrin
Si tu sais, toi, souffle-moi
Question d' géographie:
Où est la Kanaky?
Combien de flics, de soldats
Pour tenir Nouméa
Pour flinguer Eloi?
Combien de petits blancs
De colons arrogants
Se partagent la terre?
Et combien de misère
Pour le peuple kanak?
Combien de coups de matraque?
J'en sais rien, j' donne ma langue au chagrin
Si tu sais, toi, souffle-moi
Question de sport:
Qui détiendra le record
Et restera vivant
Libre et innocent
Derrière les barreaux?
Vingt ans pour Otelo
Autant pour Mandela
Et combien de hors-la-loi
Chez ces p'tits juges en bois
Dont on fait les salauds
J'en sais rien, j' donne ma langue ay chagrin
Si tu sais, toi, souffle-moi
Question science et nature:
Où balancer ces ordures?
Allez, à la Vologne!
Ces chiens qui assassinent
Ces rats qui emprisonnent!
Question d' littérature:
Qui a écrit que les hommes
Naissaient libres, égaux?
Libres mais dans le troupeau
Egaux devant les bourreaux?
J'en sais rien, j' donne ma langue au chagrin
si tu sais, toi, souffle-moi
Souffre-moi
C'est la nuit sur la banlieue
Willy ouvre enfin les yeux
Y s'? tait pieut? l'aube
Peut-? tre un peut fracass'
Il se l? ve, se lave, se fringue
Son blouson et son flingue
Il a mal aux ch'veux, tant pis,
Le v'l? parti
Ronde de nuit
Dans les ruelles noires
Dr? le de vie
Pour Willy Brouillard
Le flicard
Baston au Voltigeur
Pas bon, j'irai t't'? l'heure
J'fais pas l'poids tout seul sans les potes
Pis j'ai pas mes menottes
Direction l'Intermarch?
Hier soir ils l'ont pill?
Rien? signaler tout est calme
Y'a rien qui crame
Ronde de nuit
Au milieu des barbares
Dr? le de vie
Pour Willy Brouillard
Le flicard
Quand il? tait p'tit y voulait faire
Gardien de square comme son grand-p? re
Voulait vivre entour? d'minots
Prot? ger les p'louses les moineaux
Ben y vit entour? d'b? ton
Au milieu d'une jungle? la con
Y prot? ge l'Etat, les patrons
Ceux qui r'fourguent la came aux nistons
Pourquoi il a choisi
La loi, pas les bandits?
Pourquoi son vieux l'a d? sh? rit?
Quand il a sign?
Il a jamais fait d'mal? une mouche
M? me? une noire, une louche
Il a choisi entre deux gal? res
Celle o? tu bouffes
Ronde de nuit
Sous les n? ons blafards
Dr? le de vie
pour Willy Brouillard
Le flicard
On va quand m? me pas pleurer
Y'en a des plus paum? s
O? t'as vu qu'j'allais faire une chanson
A la gloire d'un poulet?
Ca s'rait vraiment l'monde? l'envers
Le fond de la mis? re
Est-c'qu'on peut mettre de la musique
Va donc pas pleurer
Y s'balladait pénard
Il avait pas d'collier
Il était libre d'aller
Et d'revenir pour bouffer
Il était même pas prisonnier
De ton amour insensé
T'aurais quand même pas
voulu qu'il vive comme un con
sur le canapé
Loin des gouttiêres des pigeons
C'était un aventurier
T'aurais pas voulu qu'on l'attache
Y t'aurait miaulé 'mort aux vaches!'
Le petit chat est mort
Il est tombé du toit
C'est comme ça
Il a glissé sur j'sais pas quoi
et patatras!
On l'enterrera demain j't'jure
Dans un joli carton à chaussures
Le petit chat est mort
Et toi et moi on va couci-couça
A cause de quoi, a cause que c'est chaque fois comme ça
Pourquoi c'est toujours les p'tits chats
Et jamais les hommes qui tombent des toits?
C'était un vrai sac à puces
Encore plus libre qu'un chien
Pas genre pour un susucre
A te lêcher la main
Mais la liberté tu vois
C'est pas sans danger
C'est pour ça
Qu'il court pas les rues et les toits
C'était un vrai Titi
La terreur des p'tits oiseaux
La nuit y s'faisait gris
Pour les croquer tous chauds
C'est un peu salaud
Mais t'as jamais mangé d'moineau
C'est pas plus dégueu qu'un McDo
Le petit chat est mort
Il est tombé du toit
C'est comme éa
Il a glissé sur j'sais pas quoi
Et patatras!
On ira d'main dans un jardin
L'enterrer au pied d'un arbre en bois
Le petit chat est mort
Et toi et moi on va couci-couça
A cause de quoi, à cause qu'on s'demande bien pourquoi
Y'a jamais un pape sur les toits
Un briquet allum? dans ton p'tit poing lev?
Ton regard qui se noie dans mes yeux d? lav? s
Un keffieh un peu louche jet? sur tes? paules
Mon pr? nom dans ta bouche, ma photo dans ta piaule
Tes l? vres qui murmurent ces futiles refrains
Qui rouvrent des blessures dans ton coeur et le mien
Ton sourire un peu triste, une larme en cadeau
A l'accord? oniste qui fait pleurer mes mots
Quinze ans, seize ans? peine
Garde-moi ton amour
Garde-toi de la haine
Quinze ans, seize ans, je t'aime
Comme j'aime le jour
Petite, qui se l? ve
Une petite main jaune au revers du zomblou
Un c? t? un peu zone pour crier ton d? go? t
De ce monde trop vieux, trop sale et trop m? chant
De ces gens silencieux, endormis et contents
Quinze ans, seize ans? peine
Garde-moi ton amour
Garde-toi de la haine
Quinze ans, seize ans, je t'aime
Comme j'aime le jour
Petite, qui se l? ve
Et puis ce d? chirures? jamais dans ta peau
Comme autant de blessures et de coups de couteau
Cicatrices profondes pour Malik et Abdel
Pour nos frangins qui tombent, pour William et Michel
Quinze ans, seize ans? peine
Garde-moi ton amour
Garde-toi de la haine
Quinze ans, seize ans, je t'aime
Comme j'aime le jour
Où vas tu garçon ou fille
Lolito-Lolita
Où vas tu garçon ou fille
Dans ce monde là
Dans cette grande pyramide
Où les plus nombreux n'ont pas
D'autre choix que cette vie de
Misère et d'effroi
Les damnés sont tout en bas
Lolito-Lolita
Les damnés sont tout en bas
Deux humains sur trois
Sans abri sans pain sans joie
La pyramide les broie
Depuis dix mille ans je crois
Lolita
Puis vient le prolétariat
Lolito-Lolita
Des millions des petits bras
Une armée de forçats
Trahi par les syndicats
Méprisé par les bourgeois
Et qui marche toujours au pas
Lolita
Plus haut viennent les soldats
Lolito-Lolita
Plus haut viennent les soldats
Ils tireront sur toi
Pour protéger l'Etat
La propriété, la loi
Ils piétinneront tes droits
Lolita
Moins nombreux malgré leur poids
Lolito-Lolita
Viennent curés et prélats
Ils prieront pour toi
Ils te diront: "Ferme-là,
Travaille, consomme et tais toi,
Et le ciel t'appartiendras"
Lolita
Tout en haut il y a les rois
Lolito-Lolita
Tout en haut il y a les rois
Qui règnent sur toi
Ils ont décidé des lois
Qui font que tu resteras
Toujours tout en bas
Leur putains c'est les médias
Renverse la pyramide
Lolito-Lolita
Renverse la pyramide
Mets la tête en bas
Mais tu n'seras pas plus libre
Quand le peuple régneras
Y aura toujours des Bastilles
A faire tomber, Lolita
Les hommes entre eux sont bien pires
Que les rats!
Chì l omi in trà di elli
En cherchant les cl? s d' l'auto
J'ai fouill? comme un salaud
Dans ton sac
J'ai mis un sacr? boxon
J'ai tout chamboul? dans ton
Bric-?-brac
C'est pas des plus? l? gants
Ca r'ssemble? un mauvais plan
Une arnaque
J' voulais connaitre tes secrets
Au risque de me manger
Quelques claques
J'ai d? couvert des tr? sors
Qui m'ont fait t'aimer encore
Un peu plus
J' suis rest? merveill?
D'vant un beau carnet d' tickets
D'autobus
Un mouchoir tout bien pli?
Qui t'a jamais vu pleurer
Ou si peu
P't? tre que j' suis si mauvais mec
Qu' j'ai rendu ton coeur tout sec
Pis tes yeux
J' t'ai piqu? un Stimorol
Ca a un vieux go? t d' p? trole
Mais c'est good
J'aime bien? a les bonbons bleus
Pis? a change du vert pisseux
D'Hollywood
Et j'ai pas touch? tes clopes
Tes Rothman j' te les boycote
Sauvagement
Le tabac sur-africain
Ca pollue aussi les mains
J' me comprends
En farfouillant de plus belle
Dans ton d? licieux bordel
J'ai trouv?
Accroch? avec un trombone
Une p'tite carte, un t? l? phone
Griffon?
J'ai failli app'ler pour voir
Si j' tombais sur un grand noir
Culturiste
J'ai pas os?
J'ai eu peur de d? ranger ton coiffeur
Ton dentiste
Bah voyons tu t'emmerdes pas
C'est toi qu'a cette photo l?
Je l'adore
C'est la seule que j'ai d' nous trois
Pis d' mon chien qu'? tait? moi
mais qui est mort
J' pouvais la chercher longtemps
Planqu? e sous ta paire de gants
Au milieu
D' tes crayons? maquillage
Ta collec' de coquillages
Merveilleux
Ton agenda Filofax
Il a d? t' co? ter un max
J'en rigole
Tes copines ont toutes le m? me
Mais il est joli quand m? me
Ma parole
V'l? ton beau stylo dor?
Il s'appelle revient, je l' connais
Pis pas loin
Une souris blanche? gar? e
Pour les s'maines d'amour f? ri? s
Tin tin tin
Faire le sac des dames c'est moches
Si tu veux tu m' fais les poches
Pour t' venger
Mais t'y trouv'ras presque rien
L' plus souvent y'a qu' mes deux poings
Bien serr? s
Si j' les ouvre y' a tout l'amour
Que j'ai pour toi d'puis toujours
Qui s'envole
Alors j' les garde bien ferm? s
Comme? a j' garde aussi les cl? s
Tant qu'il y aura des ombres
Des truites et des vandoises
Croule la terre, craque le monde
Nous irons dans les eaux turquoises
Les rivières profondes ...
Du matin clair au soir qui tombe
Quand le ciel soudain s'embrase
Nous sommes et resterons bon nombre
A guetter la bête sournoise
Et ses reflets d'argent dans l'ombre ...
Tant qu'il y aura des ombres
Nous, les deux pieds dans la vase
Oublierons pour quelques secondes
Qu'il ne changera de base
Cet abominable monde ...
Avant la grande hécatombe
Avant qu'on ne nous écrase
Sous une averse de bombes
Qui noiera ce monde nase
Nous les chevaliers de l'onde
Garderons le cur turquoise
Tant qu'il y aura des ombres
Elles s'en vont toujours par deux
Avant le d? ner, discr? tes,
Pour se recoiffer un peu,
Pour s'? changer en cachette
Quelques potins, quelques aveux
Quelle est la raison secr? te
De cet exil myst? rieux
Qui les retient au petit coin?
Nos gonzesses
Devant les lavabos
Se repoudrent le bout du nez
Se font les l? vres cerise
Nos gonzesses
Sous les n? ons pas beaux
En d? grafant n? gligemment
Un bouton de leur chemise
Elles se retournent dans le miroir
Par-dessus leurs? paules
Pas tr? s rassur? es pour voir
Si par malheur ou par hasard
Leur joli cul n'aurait pas disparu
Puis innocentes mais la t? te haute
Elles nous reviennent enfin
Parfum? es comme pour un autre
Nos gonzesses
Devant les lavabos
Est-c'qu'elles parlent de moi, de nous?
Est-c'qu'elles disent des gros mots?
Nos gonzesses
Sous les n? ons pas beaux
Font semblant de se laver les mains
Qu'elles ont blanches comme du bon pain
Un beau jour elles disparaissent
Sans laisser d'adresse
A peine un petit mot
Sur le miroir du lavabo
De leur rouge? l? vres souvent
Elles? crivent en lettres de sang
Simplement "Adieu salaud "
U jonathane uyi judana
Uyi sihlanyana
U'mngisana uhi nzulana
Kodwa u jonathane u m'afrika
Nge nzalo
Irebele, elehlaza elemile
Entre guitare et fusil
Jonathan a bien choisi
Ses chansons sont des pav? s
Des br? lots
Qui donnent des ailes aux marmots
Sa musique a fait rouiller
Les barbel? s
Et sci? bien des barreaux
A Soweto, dans le ghetto
Jonathan pourtant ne porte aucun drapeau
Entre le noir et le blanc
Jonathan n'a pas choisi
Car depuis la nuit des temps
Il sait aussi
Que tous les salauds sont gris
Que l'homme est un loup pour l'homme
Un peu partout
Jonathan sait pourtant
Qu'? Soweto, dans le ghetto
Les loups blancs sont plus sauvages et plus m? chants
Jonathan est un peu feuj' et un peu fou
Un peu british, un peu zoulou
Mais Jonathan est africain avant tout
Rebelle, vivant et debout
Entre les loups, les agneaux
Jonathan, je t'ai choisi
Tu m'as racont? Neil Aggett
Et Steve Biko
Assassin? s par les fachos
Moi je t'ai parl? d'Eloi Machoro
Des enfoir? s qu'ont eu sa peau
Et puis Lo? c, et puis nos flics
Jonathan, pr? te-moi ta guitare que j' t'explique
Jonathan, je suis comme toi un peu fou
Un peu kanak, un peu zoulou
Un peu beur, un peu basque, un peu tout
Rebelle, vivant et debout
Entre guitare et fusil
Jonathan a bien choisi
Ses chansons sont des pav? s
Des br? lots
Qui donnent des ailes aux marmots
Sa musique a fait rouiller
Les barbel? s
Et sci? s bien des barreaux
A Soweto, dans le ghetto
Le jour se lève sur ma banlieue
J'ai froid c'est pourtant pas l'hiver
Qu'est-ce que j'pourrais foutre nom de Dieu
J'ai pas un rond et j'ai pas l'air
Sérieux
Sérieux
J'suis un loubard parmi tant d'autres
Je crèche pas loin de la Défense
J'ai l'air crado, c'est pas ma faute
Mon HLM c'est pas bizance
Mon pote
Mon pote
A 14 ans mon paternel
M'a fait embaucher à l'usine
2 jours plus tard j'ai fait la belle
Paraît que j'suis un fils indigne
Bordel
Un soir dans une rue déserte
J'ai fauché une Honda 500
A un fils de bourgeois honnête
Avec elle je fonce à 200
Ouais c'est chouette
C'est chouette
Mon copain Pierrot s'est planté
Sur l'autoroute un jour de pluie
Parfois je l'entends rigoler
C'est sûr qu'il est au Paradis
C't'enflé
C't'enflé
Et moi j'continue mon cinoche
Au pieds de ces buildings miteux
J'voudrais crever avant d'être moche
J'voudrai finir comme toi mon vieux
Gavroche
J'suis un loubard périphérique
J'en ai plein les bottes de ce bled
Le France est une banlieue merdique
Comme dit mon copain Mohamed
Aux flics
Aux flics
Le jour se lève sur ma banlieue
J'ai froid c'est pourtant pas l'hiver
C'est drôle le bitume est tout bleu
Y a ma bécane qui crâme par terre
Bon Dieu
Mon Dieu
Oh Bon Dieu
Mon Dieu
Oh mon Dieu
Bon Dieu
Oh Bon Dieu
J' peux pas dire qu'elle était vulgaire
Ou arrongante
L'était même plutôt au contraire
Elégante
Comme une tartine de confiture
Dans l' café
Comme un graffiti sur le mur
Des W.C.
J' l'ai rencontrée dans une manif'
Pacifiste
Ça castagnait sérieux avec
La police
J' m'étais fait mal en balaçant
Un pavé
J' m'étais foulé la ch'ville du bras
Le poignet
Elle était socialiste
Protestante et féministe
Un peu chiante et un peu triste
Institutrice
Croyait qu' le matin du grand soir
Allait v'nir
Croyait au grand souffle d'espoir
Sur l'av'nir
Genre de conn'ries qu' déjà quèqu' part
J'avais lues
Dans Minute ou dans un journal
Je sais plus
Elle m'a parlé d' Bernard Tapie
Enthousiaste
M'a dit qu'il avait du génie
Et d' la classe
J'ui ai dit: t'as raison, Ginette
C'est Karl Marx
En plus balèze, zn plus honnête
En plus efficace
Moi j'étais rien-du-toutiste
Anarcho-mitterandiste
J' sais même pas si ça existe
Mais ça m'excite
Pi elle m'a dit qu'elle avait des
Relations
Qu'elle était potes avec un pote
A Tonton
Qu'elle avait dîné y a un mois
Chez Jack Lang
Que Guy Bedos avait r'pris quatr' fois
De la viande
J'ui ai dit qu' moi j' fréquentais plus
Les salons
Que j'avais connu Charles Hernu
En prison
Qu' j'avais bouffé une fois dans un
Ministère
Qu'objectivement c'était meilleur
Chez ma mère
Elle était socialiste
S' méfiait des écologistes
Détestait les communistes
Et les dentistes
J'ui ai dit: Ginette, faut plus m' parler
D' politique
On va finir par s'engueuler
C'est classique
Comment veux-tu que j' sois d'accord
Avec toi
J'ai d'jà du mal à être d'accord
Avec moi
Elle m'a dit: J' m'appelle pas Ginette
D' toutes façons
J' m'appelle Simone, si ça t' fait rien
J'ai dit: Bon
Pi faut qu' j' m'en aille, faut que j' retourne
Gare de Lyon
Avant qu'on m' vole ma mobylette
Ça s'rait con
C'est comme ça qu' ma socialiste
Qui avait si peur des voleurs
M'a largué en pleine manif
A cause d'un vélomoteur
Comment tu veux changer la vie
Si tu balises pour ton bien?
On peut pas être à la fois
Un mouton et un mutin
On peut pas être à la fois
Et au four et au moulin
On peut pas être à la fois
Elle crèche cité Lénine
Une banlieue ordinaire
Deux pièces et la cuisine
Canapé frigidaire
Péfèrerait habiter
Cité Mireille Mathieu
Au moins elle sait qui c'est
Pi c'est vrai qu'ça f'rait mieux
Sur les cartes de visite
Qu'elle utilise jamais
Ça mettrait du ciel bleu
Sur les quittances de gaz
L'en parlera au syndic
Si elle a une occase
Elle habite quelque part
Dans une banlieue rouge
Mais elle vit nulle part
Y a jamais rien qui bouge
Pour elle la banlieue c'est toujours gris
Comme un mur d'usine comme un graffiti
Elle a cinquante-cinq ans
Quatre gosses qu'ont mis les boûts
Plus d'mari pas d'amant
Et pi quoi des bijoux?
Y a bien qu'son poisson rouge
Qui lui cause pas de souci
Encore que y a des nuits
Quand elle l'entend qui bouge
Elle s'lève pour aller l'voir
Des fois qu'y s'rait parti
Après c'est toute une histoire
Pour s'rendormir ouallou!
Elle essai Guy Des Cars
Mais elle comprend pas tout
Elle habite quelque part
Dans une banlieue rouge
Mais elle vit nulle part
Y a jamais rien qui bouge
Pour elle la banlieue c'est toujours la zone
Même si au fond d'ses yeux y a un peu d'sable jaune
Elle travaille tous les jours
Elle a un super boulot
Sur l'parking de Carrefour
Elle ramasse les chariots
Le week-end c'est l'enfer
Quand tous ces parigots
Viennent remplir l'coffre arrière
D'leur 504 Peugeot
De quinze tonnes de lessive
De monceaux de bidoche
En cas d'guerre en cas d'crise
Ou d'victoire de la gauche
Ce spectacle l'écœure
Alors elle pense à ces gars
Qui sont dev'nus voleurs
Elle comprend mieux pourquoi
Elle habite quelque part
Dans une banlieue rouge
Mais elle vit nulle part
Y a jamais rien qui bouge
Y a qu'le bleu des mobs qui l'emmène en vacances
Ses histoires d'amour elle les vit dans Confidence
Elle a bien ses p'tites joie
A défaut du bonheur
Quand elle nourrit ses chats
Quand elle parle à ses fleurs
Chaque semaine au loto
Elle mise dix ou vingt balles
Elle joue son numéro
D'sécurité sociale
C'est pas dure c'est pas chèr
Mais ça rapporte que dalle
Pi elle écoute la radio
Surtout Michel Drucker
Parc'qu'elle le trouve très beau
Et pas du tout vulgaire
Elle habite quelque part
Dans une banlieue rouge
Mais elle vit nulle part
Y a jamais rien qui bouge
Entre l'chien en plâtre sur la télévision
Et les castagnettes sur le mur du salon
Chez elle c'est du lino
Mais faut mettre les patins
Dehors c't'assez crado
Faut qu'dedans ça soit bien
Ça pue la pisse de chat
Mais ça on y peut rien
Quand t'aime les animaux
Tu t'arrêtes pas à ça
Elle elle dit qu'en tout cas
Elle aime pas les humains
Pourtant ell'amis l'bon dieu
Juste au-dessus d'son paddok
Elle y croit si tu veux
Mais c'est pas réciproque
Elle habite quelque part
Dans une banlieue rouge
Mais elle vit nulle part
Y a jamais rien qui bouge
Pour elle la banlieue c'est toujours gris
Ils s'embrassent au mois de Janvier
Car une nouvelle année commence
Mais depuis des éternités
L'a pas tell'ment changé la France
Passent les jours et les semaines
Y a qu'le décor qui évolue
La mentalité est la même
Tous des tocards, tous des faux culs
Ils sont pas lourds, en février
À se souvenir de Charonne
Des matraqueurs assermentés
Qui fignolèrent leur besogne
La France est un pays de flics
À tous les coins d'rue y'en a 100
Pour faire règner l'ordre public
Ils assassinent impunément
Quand on exécute au mois d'mars
De l'autr' côté des Pyrénées
Un arnachiste du pays basque
Pour lui apprendre à s'révolter
Ils crient, ils pleurent et ils s'indignent
De cette immonde mise à mort
Mais ils oublient qu'la guillotine
Chez nous aussi fonctionne encore
Etre né sous l'signe de l'hexagone
C'est pas c'qu'on fait d'mieux en c'moment
Et le roi des cons, sur son trône
J'parierai pas qu'il est all'mand
On leur a dit, au mois d'avril
À la télé, dans les journaux
De pas se découvrir d'un fil
Que l'printemps c'était pour bientôt
Les vieux principes du seizième siècle
Et les vieilles traditions débiles
Ils les appliquent tous à la lettre
Y m'font pitié ces imbéciles
Ils se souviennent, au mois de mai
D'un sang qui coula rouge et noir
D'une révolution manquée
Qui faillit renverser l'Histoire
J'me souviens surtout d'ces moutons
Effrayés par la Liberté
S'en allant voter par millions
Pour l'ordre et la sécurité
Ils commémorent au mois de juin
Un débarquement d'Normandie
Ils pensent au brave soldat ricain
Qu'est v'nu se faire tuer loin d'chez lui
Ils oublient qu'à l'abri des bombes
Les Francais criaient, 'Vive Pétain'
Qu'ils étaient bien planqués à Londres
Qu'y avait pas beaucoup d'Jean Moulin
Etre né sous l'signe de l'hexagone
C'est pas la gloire, en vérité
Et le roi des cons, sur son trône
Me dites pas qu'il est portugais
Ils font la fête au mois d'juillet
En souv'nir d'une révolution
Qui n'a jamais éliminé
La misère et l'exploitation
Ils s'abreuvent de bals populaires
D'feux d'artifice et de flonflons
Ils pensent oublier dans la bière
Qu'ils sont gourvernés comme des pions
Au mois d'août c'est la liberté
Après une longue année d'usine
Ils crient, "Vive les congés payés"
Ils oublient un peu la machine
En Espagne, en Grèce ou en France
Ils vont polluer toutes les plages
Et par leur unique présence
Abîmer tous les paysages
Lorsqu'en septembre on assassine
Un peuple et une liberté
Au cœur de l'Amérique latine
Ils sont pas nombreux à gueuler
Un ambassadeur se ramène
Bras ouverts il est accueilli
Le fascisme c'est la gangrène
À Santiago comme à Paris
Etre né sous l'signe de l'hexagone
C'est vraiment pas une sinécure
Et le roi des cons, sur son trône
Il est français, ça j'en suis sûr
Finies les vendanges en Octobre
Le raisin fermente en tonneaux
Ils sont très fiers de leurs vignobles
Leurs, 'Côtes-du-Rhône', et leurs, 'Bordeaux'
Ils exportent le sang de la terre
Un peu partout à l'étranger
Leur pinard et leur camenbert
C'est leur seule gloire à ces tarrés
En Novembre, au salon d'l'auto
Ils vont admirer par milliers
L'dernier modèle de chez Peugeot
Qu'ils pourront jamais se payer
La bagnole, la télé, l'tiercé
C'est l'opium du peuple de France
Lui supprimer c'est le tuer
C'est une drogue à accoutumance
En décembre c'est l'apothéose
La grande bouffe et les p'tits cadeaux
Ils sont toujours aussi moroses
Mais y a d'la joie dans les ghettos
La Terre peut s'arrêter d'tourner
Ils rat'ront pas leur réveillon
Moi j'voudrais tous les voir crever
È touffés de dinde aux marrons
Etre né sous l'signe de l'hexagone
On peut pas dire qu'ca soit bandant
Si l'roi des cons perdait son trône
Ecoutez-moi, vous les ringards,
écologistes do sam'di soir,
cette chanson-là vaut pas un clou
mais je la chante rien que pour vous.
Vous qui voulez do beau gazon,
des belles pelouses, des p'tits moutons,
des feuilles de vigne et des p'tites fleurs,
faudrait remettre vos montres à l'heure.
Moi j'suis amoureux de Paname,
do béton et do macadam,
sous les pavés ouais see'est la plage,
mais l'bitume see'est mon paysage,
le bitume see'est mon paysage.
Ecoutez-moi, vous les ringards,
écologistes des boul'vards,
vos beaux discours why'en a plein l'dos,
why a do soleil dans les ruisseaux.
La Tour Montparnasse elle est belle,
et moi j'adore la Tour Eiffel,
why a plein d'amour dans les ruelles
et d'poésie dans les gratt'ciel.
Moi j'suis amoureux de Paname,
do béton et do macadam,
sous les pavés ouais see'est la plage,
mais l'bitume see'est mon paysage,
le bitume see'est mon paysage.
Ecoutez-moi, vous les ringards,
écologistes des grands soirs,
la pollution n'est pas dans l'air,
elle est sur vos visages blèmes.
Moi j'aime encore les pissotières,
J'aime encore l'odeur des poubelles,
J'me parfume pas à l'oxygène,
Le gaz carbonique see'est mon hygiène.
Moi j'suis amoureux de Paname,
do béton et do macadam,
sous les pavés ouais see'est la plage,
mais l'bitume see'est mon paysage,
Dis Papa, quand c'est qu'y passe
Le marchand d' cailloux
J'en voudrais dans mes godasses
A la place des joujoux
Avec mes copines en classe
On comprend pas tout
Pourquoi des gros dégueulasses
Font du mal partout
Pourquoi les enfants de Belfast
Et d' tous les ghettos
Quand y balancent un caillasse
On leur fait la peau
J' croyais qu' David et Goliath
Ça marchait encore
Les plus p'tits pouvaient s' débattrent
Sans être les plus morts
Dis Papa, quand c'est qu'y passe
Le marchand d' liberté
Il en a oublié un max
En f'sant sa tournée
Pourquoi des mômes crèvent de faim
Pendant qu'on étouffe
D'vant nos télés, comme des crétins
Sous des tonnes de bouffe
Dis Papa, quand c'est qu'y passe
Le marchand d' tendresse
S'il est sur l' trottoir d'en face
Dis-y qu'y traverse
J' peux lui en r'filer un peu
Pour ceux qu'en ont b'soin
J'en ai r'çu tellement mon vieux
Qu' j' peux en donner tout plein
J' veux partager mon Mac Do
Avec ceux qui ont faim
J' veux donner d'amour bien chaud
A ceux qu'on plus rien
Est-ce que c'est ça être coco
Ou être un vrai chrétien
Moi j' me fous de tous ces mots
J' veux être un vrai humain
Dis Papa, tous ces discours
Me font mal aux oreilles
Même ceux qui sont plein d'amour
C'est kif-kif-pareil
Ça m' fais comme des trous dans la tête
Ça m' pollue la vie et tout
Ça fait qu' je vois sur ma planète
Des Inti Fada' partout
Dis Papa, quand c'est qu'y passe
Le marchand d' cailloux
J'en voudrais dans mes godasses
A la place des joujoux
Et p't être que sur ta guitare
J'en jetterai aussi
Si tu t' sers de moi, trouillard
Pour chanter tes conneries
Et p't être que sur ta guitare
J'en jetterai aussi
Si tu t' sers de moi, trouillard
Putain c'est trop con
Ce putain d' camion
Mais qu'est-ce qu'y foutait là
Putain de vie d' merde
T'as roulé dans l'herbe
Et nous, tu nous plantes là
J'espère au moins qu' là-haut
Y a beaucoup moins d' salauds
Tu nous laisses avec les chiens
Avec les méchants les crétins
Sous un soleil qui brille moins fort et moins loin
J' voudrais m' blottir dans un coin
Avec Marius avec Romain
Pleurer avec eux jusqu'à la saint-glinglin
Putain j'ai la rage
Contre ce virage
Et contre ce jour-là
Où tu t'es vautré
Dire qu' c'était l'été
Dans ma tête y fait froid
J'espère au moins qu' là-haut
T'as acheté un vélo
Lolita a plus d' parrain
Nous on a plus notre meilleur copain
T'étais un clown mais t'étais pas un pantin
Enfoiré on t'aimait bien
Maintenant on est tous orphelins
Putain d' camion, putain d' destin, tiens ça craint
Enfoiré on t'aimait bien
Maintenant on est tous orphelins
Jamais une statue ne sera assez grande
Pour dépasser la cime du moindre peuplier
Et les arbres ont le cœur infiniment plus tendre
Que celui des hommes qui les ont plantés
Pour toucher la sagesse qui ne viendra jamais
Je changerai la sève du premier olivier
Contre mon sang impur d'être civilisé
Responsable anonyme de tout le sang versé
Fatigué, fatigué
Fatigué du mensonge et de la vérité
Que je croyais si belle, que je voulais aimer
Et qui est si cruelle que je m'y suis brûlé
Fatigué, fatigué
Fatigué d'habiter sur la planète Terre
Sur ce brin de poussière, sur ce caillou minable
Sur cette fausse étoile perdue dans l'univers
Berceau de la bêtise et royaume du mal
Où la plus évoluée parmi les créatures
A inventé la haine, le racisme et la guerre
Et le pouvoir maudit qui corrompt les plus purs
Et amène le sage à cracher sur son frère
Fatigué, fatigué
Fatigué de parler, fatigué de me taire
Quand on blesse un enfant, quand on viole sa mère
Quand la moitié du monde en assassine un tiers
Fatigué, fatigué
Fatigué de ces hommes qui ont tué les indiens
Massacré les baleines, et bâillonné la vie
Exterminé les loups, mis des colliers aux chiens
Qui ont même réussi à pourrir la pluie
La liste est bien trop longue de tout ce qui m'écœure
Depuis l'horreur banale du moindre fait divers
Il n'y a plus assez de place dans mon cœur
Pour loger la révolte, le dégoût, la colère
Fatigué, fatigué
Fatigué d'espérer et fatigué de croire
A ces idées brandies comme des étendards
Et pour lesquelles tant d'hommes ont connu l'abattoir
Fatigué, fatigué
Je voudrais être un arbre, boire à l'eau des orages
Pour nourrir la terre, être ami des oiseaux
Et puis avoir la tête si haut dans les nuages
Pour qu'aucun homme ne puisse y planter un drapeau
Je voudrais être un arbre et plonger mes racines
Au cœur de cette terre que j'aime tellement
Et que ces putains d'hommes chaque jour assassinent
Je voudrais le silence enfin et puis le vent
Fatigué, fatigué
Fatigué de haïr et fatigué d'aimer
Surtout ne plus rien dire, ne plus jamais crier
Fatigué des discours, des paroles sacrées
Fatigué, fatigué
Fatigué de sourire, fatigué de pleurer
Fatigué de chercher quelques traces d'amour
Dans l'océan de boue où sombre la pensée