Suite aux événements dramatiques qui ont précédé l’année de 2012, De la Lune Presse en partenariat avec OCTV et Dounia web organise un Forum sur le phénomène du crime aux Comores. Ce phénomène est souvent confié aux autorités politiques, lesquelles n’amènent pas toujours des enquêtes appropriées, ni n’apportent pas assez des solutions à même de maitriser ou à endiguer la montée des conduites et pratiques délinquantes. Les enquêtes de l’affaire Kouva, et avant elles, l’affaire Combo, montrent à quel degré les politiques manquent d’une volonté de politique sécuritaire et d’un investissement adaptés. La politique de la compassion alors escamotée étouffe celle de l’indignation. N’empêche que la souffrance à distance de ceux qui n’ont pas de contact physique avec les malheureux ne s’exprime pas par la colère ni par la violence. L’entrée de la pitié de ceux qui sont loin se traduit par la mise en question du phénomène du crime. Et leur arme, ce sont les idées. Comment peut-on comprendre ce phénomène du crime ? Qui peut être amené à passer à l’acte délictueux, à troubler la cohésion sociale ? Dans quelles conditions, une personne est- elle prédisposée à violer puis à tuer sans aucune conscience coupable ? Quelles sont ses modes calculatoires qui lui conduisent à maximiser le gain de commettre un acte délinquant ou un crime et de sous-estimer le coût d’être repéré, désigné comme criminel, et par conséquent de se trouver porteuse d’une identité infamante durant tout le reste de sa vie? Comment expliquer qu’un individu socialisé cherche à atteindre des objectifs légitimes (l’enrichissement, le pouvoir) par des moyens illégaux ? Quelles sont les raisons qui lui poussent à passer à l’acte délictueux, à transgresser les règles communes ? Si l’on considère que n’importe qui ne devient pas délinquant criminel, il n’est pas impossible de considérer que toute personne portée à la transgression, à la marginalité, à l’incivilité et à la délinquance ou au crime, suit souvent une trajectoire nourrie par d’expériences vécus en marge de la société. Quel serait donc, le profil qui constitue ce que Howard Becker appelle « la carrière » de déviant ? Comment se caractérise la réaction sociale face à un acte délinquant et quels sont les effets qui se produisent sur les habitudes, les représentations mentales et sur les relations interindividuelles et politiques entre les personnes ? Pour apporter un éclairage à ces différentes questions, nous avons invité des chercheurs issus de différentes disciplines, anthropologiques, linguistiques, sociologiques, théologiques et littéraires pour en apporter les clés de la compréhension