Dans l'émission de Canal Plus Salut les Terriens ! diffusée le 21 décembre 2013, le député béarnais et péripatéticien Jean Lassalle, le cerveau oxygéné par 6.000 km de marche parmi les Français, entrevoit vaguement la démocratie réelle, mais en aristocrate formaté, croit toujours au monarque sauveur. L'animateur Thierry Ardisson présente le dépôt par le député au président François Hollande des doléances des Français « en espérant qu'il sera pas trop occupé par sa passion de la serrurerie » [0'12], allusion l'assimilant au roi Louis XVI aveugle à la révolution qui le destituera. Jean Lassalle relate que les Français « nous détestaient, nous les politiques, que le pacte de confiance était définitivement brisé » [0'22-0'28]. Dans un monde où le libéralisme grignote les traditions et la solidarité (voir Jean-Claude Michéa, L'Empire du moindre mal : Essai sur la civilisation libérale, ou Dany-Robert Dufour, Le Divin Marché, la révolution culturelle libérale), les Français « ne se voyaient pas de futur ; ils n'avaient plus de destin partagé. Une professeure agrégée d'histoire à Amiens que j'ai qualifiée de citoyenne a dit : « Non, Monsieur ; je l'ai été passionnément, mais aujourd'hui je fais partie de ces gens éparpillés aux quatre coins comme après le passage d'un tsunami » [0'55-1'10]. La « montée du racisme » [1'11] est liée à une recherche de boucs émissaires trop évidents, mais provoquée par une ploutocratie qui veut mettre en concurrence les travailleurs les plus pauvres avec les plus protégés (jusqu'à la ringardisation du protectionnisme, en bâillonnant l'unique prix Nobel français d'économie, Maurice Allais), par l'immigration, comme par la délocalisation des usines. La « seule solution » [1'58] qu'entrevoit Jean Lassalle est le retour à la souveraineté populaire, sans qu'il sache comment : « Qui a été le grand absent des 25 dernières années qui ont passé, au pays du peuple souverain? C'est le peuple ; et je crois qu'il faut trouver le moyen de changer de paradigme » [2'02-2'13]. Les citoyens mentionnent en premier la dette comme interrogation, car on les maintient dans l'ignorance de l'arnaque de la création monétaire : « Il faut remettre sur le tapis trois ou quatre dossiers qui reviennent toujours : qu'est-ce que c'est que cette dette ? Pourquoi elle impacte à ce point sur toutes les politiques que vous mettez en œuvre ? Vous nous enlevez toute capacité de pouvoir d'achat. Regardez dans quel état vous avez mis l'industrie : 500.000 emplois à terre en moins de dix ans. Plus de paysans. Donc il faut créer les conditions d'un vivre ensemble que nous avons beaucoup négligé » [2'30-2'56]. « Pour que le peuple joue le rôle du peuple souverain » [2'25-2'29], aucun moyen démocratique réel (référendums, assemblées représentatives par tirage au sort) n'est proposé, car il ne faut pas trop compter sur les personnes qui profitent du système toute leur vie pour vouloir le changer radicalement, comme Lassalle maire de Lourdios-Ichère depuis 36 ans, conseiller général du Canton d'Accous depuis 31 ans et député depuis 11 ans ! Toujours dans l'absence de moyen connu dans l'ignorance entretenue par l'oligarchie, le musicien Orelsan confirme qu' « Il y a des choses à changer. On ne sait pas comment faire. » [3'15] En homme du spectacle et du divertissement, Thierry Ardisson conclut : « Sur le plan symbolique, c'est merveilleux. » [3'20], comme quoi, notre système, c'est : « Cause toujours. »

• published: 05 Jan 2014
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