Depuis le mouvement contre le « CPE » en 2006, un espace reste occupé sur le campus par... un jardin potager. A l’origine de celui-ci, une idée folle : celle de l’autonomie alimentaire, d’une agriculture vivrière sans pesticides ni engrais chimiques. Depuis, les jardins ont été maintes fois menacés de destruction et sauvés par la lutte collective.
En 2008, un campement déterminé protège les cultures, empêchant leur destruction. Motif du projet de tout ratiboiser : les germes de "l’opération Campus". Grenoble, devenue une fac à vocation internationale, ne peut alors plus tolérer le moindre épi de travers pour cause de visites ministérielles probables. Les jardins d’utopie n’entrent pas dans les projets des directions universitaires.
En novembre 2011, l’une des parcelles est rasée, dammée au Bulldozer, et fraîchement semée de gazon neuf. Explication officielle :« un jardin en hiver, ça faisait vraiment dégueulasse ! » C’est sans compter sur la culture de résistance qui anime les jardinier-e-s et sympathisant-e-s de cet îlot agricole : on y replantera de plus belle, fruitiers, céréales, tubercules, et les futures récoltes donneront lieu à un festival : « récolte ton campus ! ».
Fin 2013, rebelote : le PRES (pôle de recherche et d’enseignement supérieur) voudrait imposer en lieu et place du potager une « esplanade de la convivialité verte ». Les jardins ont reçu la visite d’huissiers et de la police dressant un procès verbal aussi hilarant que déconcertant : « constatons la présence de légumes poussant en pleine terre (...) ayant provoqué la disparition de la pelouse en gazon »...
Pourtant, ni la vie ni les projets ne s’arrêtent pour les Jardins d’Utopie : une cabane à outils a été construite, une serre en bambou abrite courgettes et tomates, le lieu acceuille occasionnellement l’AMAR (un groupe de récup et de redistribution de nourriture), des limaces se saoulent à la bière... Sur un campus où l’agitation sociale va et vient au gré des époques, il arrive aussi que les jardins assurent une continuité militante et endossent un rôle de mémoire des luttes. C’est aussi cela que les dirigeants de l’Université veulent briser.
Les jardins d’utopie passent en procès au tribunal administratif de grenoble, le vendredi 24 janvier
Le collectif des jardiniers utopistes appelle à un rassemblement à 14h00 place de Verdun
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