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Y a-t-il quelqu’un pour arrêter Alain Bauer ?

Dans notre série » Parfois, l’ennemi s’incarne  » un article de rue 89
Conseiller ès « ultra-gauche » de Michèle Alliot-Marie, Alain Bauer peut se vanter d’avoir contribué à faire arrêter Julien Coupat, et à le faire maintenir en détention malgré un dossier d’accusation plus que léger. Mais, après avoir vu le journal de France 2 lundi soir, il me semble qu’on doit se poser la question : qui arrêtera Alain Bauer ?[print_link]

Certes, à la différence de cet idéologue sécuritaire, je ne souhaite pas qu’on prive quiconque de liberté – ni de celle d’aller et venir, ni de celle de penser et de s’exprimer.

Mais, quand on voit le « dossier » proposé par la chaîne du service public, qui mélange allègrement des images de Strasbourg, de l’affaire dite de Tarnac, les propos sommaires (mais lui a-t-on laissé le temps d’en tenir d’autres ? ) d’un individu présenté par la télé comme un autonome et… la ronde des obstinés (on voudrait insinuer que les enseignants-chercheurs sont infiltrés par de dangereux individus violents qu’on ne s’y prendrait pas autrement), quand on voit cet étrange ragoût auquel Alain Bauer vient apporter une pincée de théorie, on se demande : comment arrêter ça ?
Un parfait réprésentant de l’« industrie de la peur »

Certes, le personnage est intéressant. Ancien de l’Unef-Id tendance rocardienne, influent franc-maçon il a été administrateur de la Mnef et grand maître du Grand Orient de France. Après un stage au début des années 90 dans une société très liée à la CIA, il enseigne ou a enseigné aussi bien à Paris-I qu’au centre national de formation judiciaire de la gendarmerie et à l’académie de police criminelle de Chine (un haut lieu démocratique, comme chacun sait).

Coauteur de nombreux ouvrages avec Xavier Raufer (Christian de Bongain, ancien d’Ordre nouveau), ami de dirigeants socialistes (Dray, Valls, Huchon, Cambadélis), qu’il a aidés de sa « science » dans le virage sécuritaire du Parti socialiste, il est maintenant dirigeant d’une société, AB Sécurité, de dimensions mondiales. Un parfait représentant de ce que Mike Davis appelle l’« industrie de la peur ».

Sur la fantasmatique « ultra-gauche anarcho-autonome », « l’expert » médiatiquement consacré transpose simplement la leçon apprise outre-Atlantique : de même que, dans le catéchisme néoconservateur, ceux qui cassent des vitres ouvrent la voie à, et sont potentiellement des dealers-tueurs, celui qui commence par contester la loi en ne s’en prenant qu’aux biens doit être traité comme le terroriste qu’il risquerait de devenir.
Une transposition du concept de « guerre préventive »

Faisant fi d’abyssales différences dans les positions politiques comme dans les contextes historiques, Bauer affirme en effet, dans l’émission citée, après des images montrant le livre « L’Insurrection qui vient » et Julien Coupat, que les « prémisses sont les mêmes » que celles d’Action directe et des Brigades rouges.

Dans un simple mémoire de maîtrise, un tel postulat téléologique mériterait à tous coups un refus de validation, mais on sait que l’enracinement de Bauer dans le sarkozisme est si solide qu’on a créé spécialement pour lui une chaire au Cnam, malgré ses titres universitaires vivement constestés.

En réalité, l’individu importe peu. Des gens à carrière, qui savent se placer dans l’air du temps, on n’a eu que trop l’occasion de les voir à l’œuvre, de Kouchner à Tapie et de Val à Dati. Ce qui importe, c’est de quoi Bauer est le nom : une transposition sur le plan intérieur de ce concept de « guerre préventive » qui a si bien réussi à Bush, c’est-à-dire une politique tendant à criminaliser toute dissidence sociale, une politique au nom de laquelle « les mauvaises lectures », des « mœurs dissolues » et la participation à des manifestations occupent des dizaines et des dizaines de pages dans le dossier des Tarnacois.

Une politique au nom de laquelle les policiers se sentent toujours plus tout permis (voir les si nombreux témoignages rapportés sur ce site et ailleurs). Une politique menaçant gravement ce qu’AB Sécurité, par un renversement orwellien, prétend respecter : les libertés publiques. C’est cette politique-là qu’il s’agit d’arrêter.

Rue 89

Par Serge Quadruppani

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  1. moi franc-maçon aussi
    12/04/2009 à 09:33 | #1

    … et aussi ancien militant etudiant, de la génération de Bauer. Des comme ça, j’en ai croisé des tas, carrieristes à mort, près a endosser toutes les etiquettes les unes après ou en même temps que les autres, et à retourner instantanément leur veste du moment que ça leur permet de grimper dans « l’échelle sociale » … On les reconnaît à ça justement : la succession de leurs reniements, l’arrogance de leur mauvaise foi, et leur courtisanerie la plus veule. D’ailleurs, la moustache revèle tout sur l’idée que ce personnage se fait de lu-même.
    Tirons la chasse.

  2. A.D.
    26/05/2012 à 12:33 | #2

    Lire l’article du » Canard enchaîné » (mercredi 23 mai 2012)
    Valls ministre de l’intérieur et de l’immigration s’est efforcé de prendre des distances avec ce Bauer..;
    « Amis de trente ans, ils avaient prévu de fêter, en compagnie d’un troisième larron, la patron d’Euro RSCG, Stéphane Fouks, leur 50 ans respectifs le 5 mai. Mais échaudé par les turbulences qu’avait provoquées l’anniversaire de Julien Dray (et la présence de DSK), Valls a renoncé au dernier moments….En fait, Bauer use de toute son influence pour installer des hommes à lui. Premier placement : le directeur adjoint du cabinet de Valls, Renaud Vedel. Le jeune préfet a été la plume du dernier Livre blanc de la sécurité, cosigné par Bauer et commandé par Guéant ».
    M. Valls s’est rendu à Marseille et discuté police avec les syndicats. Tout ce petit monde avait l’air heureux d’un ministre si « déterminé », et si bien sapé et l’air lui aussi aux anges (gardiens). Ne compte pas revenir sur tout le bon travail fait depuis cinq ans, Ivry c’est plein de vidéosurveillance, alors la France, mais ce n’est pas la solution miracle, faut embaucher, un peu et intégrer (ou sous-traiter ?) la police municipale, les privés, les gendarmes, les policiers, vaste concertation en perspective, c’est-à-dire pareil que sous le Gouvernement précédent, et attention pas de COPWATCH pour Valls.

  3. A.D.
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