ISLANDE • Après la crise, la révolution
La démission du gouvernement, le 26 janvier, est le résultat d’une pression populaire de plus en plus forte depuis la quasi-faillite de l’île à l’automne dernier. Car les citoyens ne cachent plus leur colère et leur désespoir. [print_link]
De Reykjavík
Il y a encore quelques années, l’Islande pouvait être fière de sa réussite. Ses affaires étaient florissantes, ses habitants vivaient dans l’abondance et la capitale Reykjavík était devenue une destination touristique en vue. Rares sont ceux à avoir envisagé que leur fulgurante ascension financière pourrait se solder par une chute tout aussi spectaculaire.
En octobre 2008, les trois principales banques islandaises ont été nationalisées puis déclarées en faillite. Du jour au lendemain, les Islandais – et ils étaient nombreux – qui roulaient en gros 4 x 4 et avaient investi dans l’immobilier de luxe en contractant un emprunt auprès d’une banque étrangère ont vu la valeur de leurs biens s’effondrer, tandis que leurs mensualités grimpaient en flèche.
Les Islandais plus parcimonieux ont été également durement touchés. Des milliers de travailleurs proches de la retraite qui avaient investi leurs économies dans des actions auprès des banques Landbanki, Glitnir et Kaupthing, ont tout perdu. Les prix de l’alimentation et de l’essence ne cessent d’augmenter et, avec des taux d’intérêt proches des 20 %, même les prêts plus modestes deviennent impossibles à honorer.
« Nous avons l’impression d’avoir été incapables de gérer nos affaires », estime Hallgrímur Helgason, l’un des plus célèbres romanciers de l’île. « Nous avons été livrés à nous-mêmes pendant des années et nous sommes allés trop loin, trop vite, en trop peu de temps. A présent, nous sommes ruinés, et nous avons plus de dettes que nous ne pouvons en rembourser. Nous sommes comme des enfants dont les parents se sont absentés pour le week-end et qui ont saccagé la maison. »
Comment cela se traduit-il pour le citoyen ordinaire d’un pays dont les caisses sont vides ? Parle-t-on de soupes populaires, de foyers d’hébergement et de mendicité ? Loin de là. Les rues de la capitale sont propres et les gens sont toujours aussi hospitaliers et charmants. Le vendredi et samedi soir, de nombreux bars et clubs font le plein. Et, à en juger par l’état d’ébriété de la plupart des gens, ils continuent à dépenser de l’argent.
Les problèmes de l’Islande se sont cristallisés lors des événements tumultueux de la semaine dernière. Depuis le mois d’octobre, immédiatement après l’effondrement de l’économie, des manifestations pacifiques ont été organisées sur la place principale de Reykjavík, devant l’Althing, le Parlement. Et, les 20 et 21 janvier, ces manifestations se sont transformées en émeutes. Des projectiles ont été lancés sur la police et sur le Parlement. Les fenêtres de l’Althing ont été brisées et des feux allumés. Plus de 130 manifestants ont dû être soignés à cause des gaz lacrymogènes utilisés par la police pour disperser la foule et un policier a été gravement blessé.
Le 23 janvier, Hördhur Torfason, militant des droits de l’homme et l’un des organisateurs de la manifestation, a raconté une anecdote épouvantable pour illustrer le sentiment de désespoir de ses compatriotes. Il avait reçu un coup de téléphone d’un homme qui lui avait raconté que les quatre générations de sa famille avaient tout perdu. « Il voulait que je les aide à construire une potence devant le Parlement », raconte Torfason. « Je lui ai demandé si c’était censé être symbolique. Il a répondu : ‘Non. Un membre de ma famille a l’intention de se pendre en public.’ Je lui ai dit que j’étais prêt à les aider, mais pas de cette manière », poursuit Torfason. « Mais cette personne s’est suicidée le surlendemain. »
Davantage de gens vont à l’église pour trouver un réconfort spirituel mais aussi parce qu’on peut s’y procurer des denrées alimentaires pour une somme modique. Les soupes populaires ne sont pas à l’ordre du jour. « Les gens auraient honte de faire la queue dans la rue pour avoir à manger », explique Thór Gíslason, de la Croix-Rouge. « Nous comptons plutôt organiser des activités et du bénévolat où les gens pourraient partager un repas. »
Pour les Islandais, la cupidité, la corruption des politiques et l’absence de réglementation sont à l’origine de ce chaos, mais la plupart des gens savent qu’ils portent leur part de responsabilité. « Je me sens responsable », admet l’écrivain Helgason. « Nous admirions l’impudence de ces ‘nouveaux Vikings’ et nous nous sommes tous laissés berner. Nous sommes une société jeune et immature. »
Aujourd’hui, ils veulent la dissolution du Parlement, une nouvelle Constitution et une enquête sur la responsabilité des hommes politiques. « Tout le monde ou presque est ruiné », explique l’un des organisateurs des manifestations, Magnús Björn Ólafsson. « C’est une révolution, et nous voulons rédiger une nouvelle Constitution comme l’ont fait les Français. »
Sophie Morris
The Independent
L’excroissance de la sphère financière a enfanté un monstre et une Islande qui vivait manisfestement au dessus de ses moyens
The problem which arrive to Island is to much liberty in a free market of the new liberalism.
Des nouvelles de l’Ecossaise…
Une enquête et une condamnation de nos dirigents sont bien sur le cas de figure rêvé.
Quant à nous, la muette « vox populi », ce sont hélas nos enfants et l’Histoire qui jugeront notre couardise face aux Terorisants…
Avec les compliments de Micka FRENCH
Faudrait faire juste un peu de Mathématiques : Gagner de l Argent QUE avec de l Argent, cela ne peut QUE mal finir !
Les Banquiers et Financiers sont d infâmes salopards menteurs !
Il Faut les pendre Haut et courts !
L’arbre qui cache la forêt ; le système capitaliste est un tout.
This tree is hiding the forest ; the system is a whole.
La société globale moderne n’est pas soumise aux caprices, arnaques, ou folies de financiers irresponsables et aventureux, du moins cela est secondaire, le système est un tout et on le nomme mode de production capitaliste, à juste raison, et non mode financier. La grande affaire du mode de production capitaliste, son unique affaire qui englobe toutes les autres est l’extraction de plusvalue et donc la production de valeurs, et non de »richesses » ou « d’utilité ». Pour que la finance existe, pour que la banque existe, il faut que des hommes et des femmes soient réellement exploitées par d’autres, c’est le rôle de l’entrepeneur. Sans celui-ci, pas de celui-là, et bien entendu (c’est un système, ça tourne bien), inversément.
Un article de tantquil revient sur la situation en Islande… Pour montrer comment la révolution citoyenne a fait pschitt.
http://www.tantquil.net/2012/09/24/islande-une-revolution-citoyenne-qui-fait-pschitt/